vendredi 31 décembre 2010

iPad and the press

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First, people rejoiced that the iPad would save the magazine industry*. No less!
Now, a few months later, the very same people despair : downloads have decreased, it's the end!

Let's be patient. What do we really know, what can we say?
  • According to the Audit Bureau of Circulation (ABC) which certifies the distribution, the number of downloaded magazines has dropped. From 100,000 for the first issue to 23,000 in December for Wired. Vanity Fair, Glamour, GQ (Condé Nast), Mens Health (Rodale) downloads are down too, about 20%.
  • With paper magazines it has always been the same: from launch to next isssue, there is always a serious fall before circulation levels out. With the iPad the same rule applies.
We need longer series of data to detect a trend with any certainty. At first, it was the trap of the so-called "new toy" effect: new iPad owners tried their new toy, rationalized their buy. Now, this effect is probably wearing off.
It is only later that we will know if these first readers keep buying - or if they buy an issue only once in a while, depending on the content, or if they stop buying altogether. And after the New Year, new buyers will come and numbers could bump back.
The business model is not yet stable, negotiations with Apple / iTunes are still continuing. What about subscriptions, for instance? Right now, readers still have to buy their magazine issue after issue and there is no discount for print edition subscribers.
Let's not judge so soon. Analyst and journalists tend to jump to conclusions too quickly. Marketing people should not: they have other responsabilities.

*We do not see how. Cf. in French: about the press and the iPad.
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lundi 27 décembre 2010

Télé diversité ? Revue de presse TV

Lundi 27 décembre 2010, point de vente presse, Paris. Photo CmM.
Lundi télé dans les kiosques
Télé 2 semaines, télé 7 Jours, Télé Star, télé TNT : quatre magazines TV mettent en une le couple phare de la série américaine "Grey's Anatomy" (ABC, saison 6), diffusée sur TF1.
Télé Cable Sat et télé Z titrent sur Claire Keim, présentatrice de l'émission "Passage au Vert" sur la chaîne Ushuaïa TV (groupe TF1).

Télé Poche s'offre "les belles confidences" d'une présentatrice de la météo sur TF1.
Seul Télé Loisirs déroge n'accordant que deux lignes à "Grey's Anatomy" mais le magazine se rattrapera le lundi suivant en titrant pleine page sur une interview "exclusive" de Patrick Dempsey ("Grey's Anatomy").

Bravo TF1 !
Pour qui prend-t-on les lecteurs et les téléspectateurs ? Croit-on que la presse TV s'en portera mieux ?

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Apple Store et téléphonie

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Parmi les innovations éblouissantes en termes de points de vente, l'Appel Store fait l'unanimité. Acheter un produit, se renseigner dans un Apple Store est un plaisir : on n'a pas l'habitude d'être traité si courtoisement, si efficacement, si patiemment.
On n'est donc pas surpris d'apprendre que les consommateurs américains classent l'Apple Store en tête pour l'achat d'un téléphone (enquête auprès de 11 000 lecteurs de Consumer Reports). Pourquoi acheter son téléphone dans un magasin lié à un opérateur ? Pour les Américains, l'expérience des magasins non affiliés est généralement meilleure.
Après le design et l'ergonomie, Apple donne le ton pour la relation client. Faisant le chemin inverse, Google a fermé sa boutique en ligne pour la distribution traditionnelle, laissant à Apple l'originalité d'un circuit de distribution somptueux. Après bientôt dix années et plus de 320 magasins, le design de Eight Inc. reste remarquable ; passer d'un Apple Store à une grande surface spécialisée (GSS) ou à une boutique de téléphonie reste une expérience désolante. 
  • Les opérateurs de téléphonie sont de plus en plus cantonnés par les consommateurs à un métier de fournisseur de bande passante. De l'opérateur, l'abonné n'attend qu'un numéro et la connexion. L'innovation, le choix, l'image sont dans les OS et dans les terminaux, et, bien sûr, dans les applis. Comme le résume Steve Jobs (Apple, au D8), "occupez-vous de la connexion, on s'occupe du terminal" ( "iPhone was the first where we said you worry about the network, we worry about the phone").
  • L'image de marque des opérateurs est forcément négative : l'abonné n'a affaire à eux que lorsque quelque chose ne va pas du côté de la connexion et surtout de la facture. Et les occasions ne manquent pas, effets d'un marketing effarant : tarifs alambiqués, terminologie ésotérique donnent aux consommateurs l'impression d'être piégés. Le comble est atteint avec la facturation des usages à l'étranger (itinérance / roaming). En Europe, la Commission européenne a beau réclamer, cela ne change pas vite. En attendant, il y a le Wi-Fi, Skype et Google Call ! Et puis, en France, certains comptent sur Free...
  • Les sites Web des opérateurs sont confus, "arbres de Noël" hétéroclites, mal personnalisés, répondant à toutes les questions que le client ne se pose pas, juxtaposant toutes sortes de produits sur de pseudo "portails" hérissés de publicité déplacée, touchant des internautes dans un contexte inapproprié. Au client, on ne réserve qu'un petit rectangle dans l'écran. Pour l'interface client, voyez donc Google !
  • Seules exceptions à ce tableau, parfois, quand on réussit à franchir la défense du serveur vocal et des promotions horripilantes qui meublent l'attente, quelques personnes de talent, patientes, claires, règlent en direct les problèmes posés aux clients par un marketing déconcertant. 

mardi 21 décembre 2010

Gouvernance d'Internet

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Voilà que l'ONU s'intéresse à Internet et au Web. "Le machin qu'on appelle l'ONU", comme De Gaulle l'a définitivement stigmatisé, se préoccupe de la gouvernance d'Internet. Beaucoup de ceux qui font Internet s'inquiètent des volontés de contrôle des usages d'Internet et du Web par les gouvernements.
Que les Nations réunies fassent d'abord leur métier : installer et maintenir la paix, les Droits de l'homme et notamment ceux des femmes, virer les dictateurs, leurs collaborateurs et leurs sycophantes, empêcher le pillage des nations affaiblies, garantir la liberté des médias, etc. Le travail ne manque pas et, pour l'instant, les résultats sont navrants. Que la société si peu unie des nations ne s'occupe donc pas de ce qui marche très bien sans elle.

* Note de Vinton Cerf (Google), l'un des "pères fondateurs" d'Internet.
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lundi 20 décembre 2010

L'Oréal : ainsi, You Tube, ce serait de la télé ?

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C'est ce que l'on pourrait conclure du dispositif acheté et mis en place par les agences de publicité de L'Oréal, en exclusivité sur YouTube. Campagne multi-marque européenne d'une durée de cinq jours. Achat numérique ou achat TV ? La question n'est pas de pur nominalisme ! Du point de vue de l'annonceur, qu'importe le média, pourvu que l'objectif soit atteint au meilleur coût. Du point de vue des agences, ce ne sont pas les mêmes acteurs qui interviennent, pas les mêmes savoir-faire mis en oeuvre, pas les mêmes "pouvoirs" : dans la division technique et sociale du travail publicitaire, un basculement s'ébauche qui va prendre de la vitesse. Du point de vue des médias, la différence est radicale.

Plusieurs conséquences techniques s'en suivent qui distinguent une campagne télé sur You Tube d'une campagne sur les chaînes généralistes grand public :
  • Les données opérationnellles d'audience sont fournies par Google (analytics) et non par les différents instituts nationaux qui mesurent l'audience de la télévision dans chacun des pays de diffusion (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie). Elles sont d'emblée pan-européennes.
  • De nouveaux points de repères doivent être établis car le GRP TV n'est plus la monnaie de référence. Par exemple, passer de la répétition attendue, puis modélisée (frequency) à un capping décidé, contrôlé, observé et optimisé en cours de campagne représente un changement de culture. Lorque l'impact s'évalue et s'analyse au fur et à mesure du déroulement de la campagne, le GRP n'est au mieux qu'un indicateur a posteriori, calculé après la bataille !
  • Quelle étude des impacts ? On ne voit guère que des outils dérivés du Web pour analyser, et non seulement mesurer les impacts de telles campagnes. Aucun dipositif de type déclaratif auprès d'un échantillon ou panel ne saurait être à la mesure d'une telle évaluation. Dans ce domaine aussi, une transition s'annonce vers des outils en phase avec le Web.
Ainsi, une campagne à l'air anodin - des parfums avant la fin de l'année, quoi de plus traditionnel - annonce une révolution dans l'usage publicitaire des médias : la télévision n'est plus dans la télévision !

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vendredi 17 décembre 2010

TV mobile à l'arrêt

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Qualcomm mettra fin en mars 2011 à FLO TV, son service de télévision mobile lancé en 2007. FLO TV est un service de télévision payant diffusé par voie terretre sur mobile (broadcast). Il y eut des amateurs, près d'un million d'abonnés, déclare Qualcomm qui admet s'être fourvoyé en imitant le modèle coréen de télévision mobile.
Modèle économique impossible : si la TV est vendue au forfait, la bande passante est très vite embouteillée, et plus rien ne passe. Si la TV est facturée à la durée (à la minute), les consommations s'effondrent. De plus, les abonnés devaient acheter un appareil de réception dédié à cette télévision.
Selon Qualcomm, si les usagers semblent regarder volontiers des événements en direct (sport), ils regardent peu la télévision dite "de rendez-vous" avec horaires. D'ailleurs FLO TV avait dernièrement commencé de mettre en place des possibilités de consommation en différé (time-shifted).
Cette échec éclairant plaide pour les programmes de télévision mobile à la demande (vidéo clips téléchargeables). Il plaide aussi pour l'appareil unique, donc pour le téléphone portable et les opérateurs traditionnels. C'est la voie suivie par son concurrent, MobiTV, lancé en 1999, qui compte une dizaine de millions d'abonnés et propose des programmes de la plupart des grandes chaînes américaines.

En France, l'échec de FLO TV peut donner à penser aux tenants de la Télévision Mobile Personnelle (TMP) dont le lancement des 16 chaînes est prévu, selon le CSA, pour la fin 2011. Notons encore qu'il existe un standard mis en place en Chine, le China Mobile Multimedia Broadcasting (CMMB), proche du standard européen (DVB-SH).
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lundi 13 décembre 2010

S&P' 500 : Netflix arrive, le New York Times s'en va

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Netflix, qui commercialise de la VOD aux Etats-Unis, intègre en fin de semaine l'indice Standard & Poor's 500 ; le quotidien new yorkais le quitte, rétrogradé dans la catégorie des valeurs moyennes (MidCap 400). Quittent également le groupe des 500, en même temps que le NYT : Eastman Kodak et Office Depot (distribution, matériel de bureau). Rejoignent le groupe des 500 : Cablevision Systems Corp., premier câblo-opérateur de New York (cluster de 5 millions d'abonnés) et opérateur de télévision (AMC, Sundance Channel, WE tv, News 12), F5 Networks Inc., une entreprise de IT qui met en oeuvre des infrastructures de communication "agile" (hébergement, cloud computing, etc.).
Difficile de ne pas voir, dans ces substitutions de fin d'année, des symboles et de sérieux avertissements. D'autant que, pour ces médias, l'opinion de la bourse et les comportements du grand public convergent.

Netflix compte plus de 17 millions d'abonnés. Son modèle économique de VOD est mixte : sa librairie de plusieurs dizaines de milliers de films et séries est accessible à la fois par voie postale et en ligne (dont iPad), permettant la conquête simultanée de deux types de publics et faciltant leur conversion progressive au tout numérique. Netflix est aux Etats-Unis un phénomène média considérable. Son accord récent avec ABC Disney pour la distribution en streaming des produits du groupe renforce encore sa puissance.
Le déclin de la presse quotidienne d'information telle que la symbolise le NYT semble aussi inéluctable que celui de la photo argentique. Pour Kodak comme pour le NYT, la transition numérique est douloureuse.
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vendredi 10 décembre 2010

HBO sans bouquet

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HBO, chaîne payante (chaîne sans publicité, dite premium) du groupe Time Warner, est commercialisée auprès des abonnés à un bouquet de base composé et distribué par les opérateurs du câble, du satellite ou des télécoms ("To get HBO, you need to order it from your Cable, Satellite or Telephone Company"). Un téléspectateur américain ne peut donc s'abonner à HBO sans s'être au préalable abonné à un bouquet (60 à 80 $). Depuis une trentaine d'années, ce mode de commercialisation allait de soi. Cette évidence est remise en question par l'évolution numérique de l'offre de médias : avec la télévision numérique terrestre et Internet, les foyers américains peuvent envisager de réallouer leur budget.
  • Ils peuvent accéder gratuitement à un ensemble de stations de télévision et de networks, 20 à 30 selon les régions (DMA), en HD s'ils le souhaitent. 
  • Ils accèdent tout aussi gratuitement à tout ce que propose le Web en matière d'information : ils peuvent suivre l'actualité politique sans CNN ou Fox News, l'actualité sportive sans ESPN, des desssins animés sans Nickelodeon, etc. 
  • L'offre des opérateurs câble et satellite ne leur est pas indispensable ; la constitution de bouquets forfaitisés est même vécue par certaines associations de consommateurs, qui en appellent régulièrement à l'autorité de régulation, comme une vente forcée. La crise économique que subissent les foyers des classes "basses" et "moyennes" (lower class, middle class) accroît leur sensibilité à cette dépense. 
En revanche, ni la télévision numérique terrestre (TNT), ni le Web n'apportent aux téléspectateurs du grand public, sur leur téléviseur, toute la fiction originale qu'ils désirent et qui les a conduits parfois à tester HBO (abonnements promotionnels).
Au lieu d'acquitter un droit d'entrée sous la forme d'un abonnement mensuel au câble de base pour 40 à 80$, ils pourraient consacrer ce budget à un abonnement à HBO (15$ par mois). Le coût d'accès à HBO baisserait sensiblement, permettant à la chaîne de Time Warner d'augmenter son portefeuille d'abonnés (28,6 millions actuellement, selon SNL Kagan). Cette réflexion s'impose d'autant plus que le nombre d'abonnés à la télévision payante, au câble surtout, a tendance à baisser, réduisant d'autant le potentiel de recrutement de HBO qui deviendrait, d'être partout, "l'absente de tous bouquets".

Le passage au numérique de la télévision grand public secoue des habitudes commerciales anciennes et rend plausible leur disparition au profit de modalités plus flexibles, plus en phase avec la culture des consommateurs. Toute télévision doit être aussi à la demande. Sur ce plan, la presse est depuis longtemps en avance qui se vend et à l'abonnement et au numéro.
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mercredi 8 décembre 2010

La presse est régionale

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Même en ligne, la presse est d'abord régionale. L'OJD publie les fréquentations des sites et des groupes de sites du mois de novembre. Pour l'audience France, en nombre de visites, le "Groupe Presse Régionale" talonne le Groupe L'Equipe, devant le Groupe Figaro, largement.
Ce groupe Presse Régionale agrégeant de plus de 240 sites représente une puissance considérable associée à un fort pouvoir de résolution grâce à une couverture fine du territoire et des centres d'intérêt locaux. Et si cet agrégat comptable devenait un produit publicitaire ?
Imaginons une offre Web du type "240x3" (240 fois 3 ou 5 ou 10 insertions) associant puissance nationale et affinité géographique... Un rêve pour bien des annonceurs, surtout si ce rêve se réalise avec des outils publicitaires modernes et des formats créatifs riches. C'est bien la définition du rêve, la réalisation d'un désir... "refoulé" ?

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Le téléphone portable brouille l'audience

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Le MRC (Media Rating Council) chargé par l'interprofession des médias et de la publicité d'auditer les mesures d'audiences des médias aux Etats-Unis vient de retirer son accréditation au National Station Index (NSI) de Nielsen qui mesure les audiences de la télévision dans 154 marchés locaux (DMAs) sur 210. La mesure est effectuée par vagues à l'aide de journaux d'écoute (papier).
Raison de cette décision : les échantillons recrutés représentent mal les populations des différents DMAs.
Certain segments de population, les jeunes adultes, certaines minorités y sont sous-représentés.
Depuis 2009, les échantillons ne sont plus recrutés sur des bases téléphoniques (phone-based sampling) mais sur des bases d'adresses (address-based sampling) afin de prendre en compte les foyers qui n'utilisent pas de téléphonie fixe, sans doute près du tiers de la population (dits parfois "exclusifs mobile"). Or ces populations sans téléphonie fixe, qui ne connaissent que le portable, semblent sociologiquement réticentes au carnet d'écoute, donc il faut les sur-échantillonner, ce qui semble ne pas avoir été fait correctement.
Nielsen a appelé de cette décision, en vain.
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mardi 7 décembre 2010

Les enfants de la télévision et du CSA

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Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) publie un dossier composite sur les enfants et la télévision, "La protection des mineurs à la télévision". Ce dossier comporte son "Bilan de la protection du jeune public en 2009-2010". Exercice annuel, figures imposées. La partie consacrée à l'application de la loi et du réglement prête peu à discussion. En revanche, la notion de protection des mineurs en matière de télévision invite à quelques remarques générales. Nous en retiendrons trois.

Définition de la télévision
Le CSA retient celle qu'en donnent les diffuseurs patentés (les "grandes chaînes"). Il vaudrait mieux partir d'une observation des pratiques des enfants et construire une définition réaliste. Parions que pour nombre d'enfants de 11 à 14 ans (l'une des cibles standard du marché TV), YouTube, Dailymotion et la vidéo regardée via Internet sont "de la télévision". De même que les DVD dont le taux de circulation parmi eux est élevé. Télévision incontrôlable.

Variables explicatives
On s'en tient commodément à la variable "âge" alors que l'on sait bien quelles variables seraient autrement discriminantes : le capital culturel et linguistique de la famille (de la mère, notamment), la filière éducative de l'enfant et sa réussite scolaire, l'habitat, la place du domicile sur la carte scolaire, la taille de la fratrie, etc. Variables moins faciles à mobiliser et qui conduiraient à des explications dérangeantes.
Pour l'analyse de la durée de consommation, on pourrait reprendre la distinction entre télévision passion (choix positif), télévision tapisserie (média d'accompagnement) et télévision bouche trou (consommée faute de mieux, faute d'un environnement culturel, sportif, familial porteur). Cette distinction permettrait de dé-psychologiser l'analyse et de situer la consommation en fonction de la situation socio-économique des foyers : elle prend en compte les degrés de liberté dont disposent les enfants pour leurs loisirs.

Les ados
Il y a manifestement un flottement d'une dizaine d'années dans la perception de la classe d'âge et de ses pratiques sociales. Le "petit guide à l'usage des parents et des enfants" comporte des aspects gaguesques. Exemples :
  • "Evitez que vos enfants ne pratiquent trop le zapping d'un programme à l'autre". D'où sort une telle recommandation ? Sur quoi est-elle fondée ? Et surtout, comment fait-on ? On cache la télécommande ? 
  • Une signalétique à respecter par des adolescents ? Sérieusement, qui sait, qui peut faire respecter une signalétique par des adolescents ("moins de 18 ans") ? 
  • Autre recommandation du même tonneau : choisir avec un ado ce qu'il / elle va regarder à la télé ! Sur quelles planètes vivent les rédacteurs de tels paragraphes ? Sûrement, ils n'ont jamais vécu avec des ado en France ou alors il y a très, très, très longtemps. Regarder la télé avec des ados, c'est carrément contre-productif : presque toujours les ado veulent regarder entre eux. Et si des parents s'en mêlent, ils vont ailleurs. "Pas cool, tes parents". D'ailleurs, quels parents voudraient regarder la télé avec des ados sans y être invités ?
La vision implicite de la télévision qu'exprime ce dossier est celle de la télévision dans une famille de la petite bourgeoisie d'autrefois. Il est temps de remettre tout cela en chantier. Les recommandations valent surtout pour des élèves de maternelle et d'école primaire. Les bonnes intentions éducatives sont servies par une approche désociologisante des problèmes et une apparente méconnaissance de l'adolescence.
A priori, la télévision reste suspecte de corrompre la jeunesse. A qui donner la cigüe ?
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samedi 4 décembre 2010

WikiLeaks. Amazon fuite en arrière, PayPal aussi

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WikiLeaks.
La Une du Monde avec 4 titres extraits
de WikiLeaks. Qui a produit l'info ?
Hors risque de sécurité, un Etat ne doit pas avoir de secret pour son peuple, seulement des comptes à lui rendre. Or, à l'exception de quelques enquêtes et quelques "fuites", les Etats vivent confortablement dans le secret, avec l'argent du peuple. Le peuple a des vies privées, l'Etat n'a qu'une vie publique.
Le scandale, ce ne sont pas les fuites de WikiLeaks, mais que les Etats aient des secrets. WikiLeaks fait un travail de média (cf. le commentaire "Das Informationsmonopol ist gebrochen" dans Die Zeit - en anglais). Le travail et le courage des médias c'est, entre autres, "de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe" (Jean Jaurès), c'est de rendre publiques les actions de l'Etat. Difficile : tant de médias sont contrôlés, achetés par des Etats. Un seul regret : n'avoir de révélation que concernant l'Etat américain, à quand des révélations sur des Etats européens ou du Moyen-Orient ?
Qu'Amazon, PayPal (filiale de eBay) et compagnie trahissent leurs clients sur injonction d'un Etat est l'autre scandale. Suivent dans l'abdication : Tableau Public, logiciel de visualisation de données, et EveryDNS (qui gère des noms de domaine). Voilà qui désenchante Internet et le Web. Et rappelle la longue chaîne de dépendances (dont les hébergeurs sont un maillon faible) sur lesquelles reposent nos fragiles libertés d'internautes, et les pouvoirs dont elles dépendent au bout de la chaîne. Internet et le Web obéissent aux Etats ; c'est pourquoi ils requièrent le contrôle et l'aide constants des citoyens (cf. le manifeste de Berners-Lee).
Le scandale n'est pas où l'on prétend et il se conforme à son étymologie : occasion de chuter, pour les Etats, les entreprises et les internautes, si nous n'y prenons garde.

* La citation de Jean Jaurès, fondateur du journal L'Humanité, est tirée du Discours à la jeunesse de 1903 (au lycée d'Albi) ; la suite de la phrase : "et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques."
* Bien sûr, amazon dément avoir obéi à une quelconque demande de l'Etat américain.
* Notons qu'il s'est trouvé, dans ces entreprises, de zélés "collaborateurs" pour mettre en oeuvre ces demandes si peu conformes à l'esprit d'Internet, et cracher ainsi dans leur propre soupe. Ils n'auront, bien sûr, fait que suivre les ordres !
*Le web est formidable : il y a déjà un moteur de recherche pour guider les internautes dans la lecture des données publiées par WikiLeaks, Cable Search.
*Pour l'instant, ni Facebook ni Google ne semblent se soumettre...
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dimanche 28 novembre 2010

Marmiton, du Web au papier

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Thanksgiving Dinner Photo AiM CmM
Encore un ! Encore un site Web qui commence une double vie média dans les points de vente presse (cf. l'obsession du papier). Pour son dixième anniversaire, Marmiton.org lance une édition papier. Beau magazine bimestriel de 148 pages, dos carré (3,9 €). Agréable à feuilleter. Des recettes (140) bien photographiées (le résultat final, pas les étapes), une cuisine pour les yeux, appétissante, engageante. Ce magazine a comme un penchant livre d'art que l'on garde et regarde.
Des annonceurs ? Bien peu pour un magazine d'une telle qualité, qui sera conservé, repris en main (cumul de contacts). Les annonceurs captifs dominent. Elle et Vire (groupe Bongrain) vend sa crême "entière" en 4 de couv. LG ses fours encastrables (p. 5), Old Dutch Master un fromage hollandais, Monbana du chocolat, Licorne, une bière (p. 24). Des produits liés au Web, monlivregourmand.com (p. 2 de couv), des applis iGourmand pour iPhone (recettes, 3 de couv). Et Jambon d'Aoste qui vante les mérites de son site tout en offrant un coupon à présenter en caisse (p. 37). Pour ces quelques annonceurs malins, bien conseillés, combien d'annonceurs bizarrement absents nous viennent à l'esprit.
Le magazine comprend des contributions d'amateurs (le marmiton est un apprenti), mais retouchées par des pros, des "chefs" (p. 37). Les résultats d'une analyse des déclarations d'internautes fréquentant le site marmiton.org signalent des tendances apparentes : la cuisine comme loisir créatif, une sensibilité déclarée aux aspects environnementaux, à la santé (pp. 35-36). Pas de révélation, mais des indications à suivre.

Cette création est une démonstration convaincante de la division du travail entre magazines papier et site Web. La confrontation, un peu forcée et artificielle, de l'index des recettes du magazine (p. 143) avec l'index des recettes du site est éloquente. Celui du magazine n'est guère qu'un plat sommaire tandis que le site propose un moteur de recherche multicritère adapté aux recettes. Le site alimente le magazine en recettes ; le magazine lui assurera visibilité et publicité. Le site est opérationnel, le magazine est à parcourir en gourmet pour rêver, imaginer des repas festifs, des plats inattendus, avant de se lancer... Dans ce dispositif concertant, il n'est pas certain qu'une tablette ait un rôle à jouer, quant à l'iPhone, il apporte miniaturisation et portabilité, commodité, mobilité.

Pour mémoire :
  • Marmiton.org, fondé en 1999, appartient au groupe Axel Springer qui a racheté auféminin.com en juin 2007 (le site avait racheté Marmiton fin 2006). Marmiton propose depuis 2009 une appli iPhone payante (2,39 €).
  • Si l'on en croit la présence de la cuisine et de la gastronomie dans les points de vente presse, la France marmitonne passionément : 70 titres nouveaux et hors série pour les onze premiers mois de 2010 (84 pour l'année 2009. Source : Base presse MM). 
  • D'après Presstalis, qui le distribue, le titre s'est vendu à 100 000 exemplaires et n'a compté que 20% d'invendus (15 avril 2010).

jeudi 25 novembre 2010

Numérotation des chaînes et linéaire TV

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L'opérateur du câble Comcast et la chaîne Tennis Channel s'opposent à propos du positionnement de la chaîne dans l'offre commercialisée par l'opérateur.
La chaîne est offerte dans le cadre d'un package optionnel de chaînes sportives alors qu'elle demande à être distribuée dans le service de base (basic tier), ce qui lui donnerait une meilleure chance d'être regardée et surtout lui permettrait d'être mieux rémunérée par l'opérateur (sa rémunération dépend du nombre d'abonnés à Comcast qui reçoivent la chaîne). Tennis Channel fait remarquer que deux chaînes de sport, Golf Channel et Versus (chaîne multi-sport), qui appartiennent à Comcast sont placées dans le package basic accessible à tous les abonnés. Tennis Channel y dénonce une discrimination (carriage discrimination). parmi les packages et donc sur la numérotation du canal affecté à la chaîne (lineup). Incapables de s'accorder, Comcast et Tennis Channel attendent l'arbitrage de la FCC.
  • Ce conflit doit être lu dans une double perspective 
    • La fusion NBCU / Comcast. Certains y voient une préfiguration de ce que donnerait une concentration des pouvoirs distributeur / détenteur de contenus : la mise en danger d'une sorte de neutralité de la distribution. Tennis Channel compte profiter de ce contexte.
    • Le lancement de Google TV. Avec Google TV, ou tout moteur de recherche TV, la numérotation, et le nom de la chaîne ne viennent plus qu'au second rang pour le téléspectateur qui choisit son programme à l'aide de requêtes (mots). Le moteur lui permet de trouver et sélectionner des émissions en fonction de leur description (thèmes, acteurs, horaires, etc.), et bien sûr de leur référencement (naturel et payant). Le nom de la chaîne et, a fortiori, son numéro, ne sont qu'un élément taxonomique faible (par opposition à film, sport, documentaire, etc.) auquel succéderont de facto des outils folksonomiques.
  • Ce conflit laisse entrevoir la remise en question prochaine de la logique commerciale du linéaire TV et du référencement des produits vidéo par le distributeur (le basic est comme une tête de gondole). Tennis Channel réclame un meilleur positionnement, une meilleure visibilité par les téléspectateurs. Google TV fournit au distributeur le moyen de gérer son offre plus simplement et plus rationnellement dans l'intérêt du consommateur. On voit poindre la remise en chantier de la politique des prix pratiqués par les distributeurs : le paiement des chaînes intervenant plutôt, par exemple, en fonction de la durée de consommation, que du nombre théorique d'abonnés (cf. initialisation). La notion de "package" (tier, etc.) ne survivra pas longtemps à la remise à plat des offres vidéo par les moteurs de recherche, pas plus que celle, parente et tout aussi surannée, de "portail" que s'efforcent, sur le Web, de faire survivre quelques distributeurs.

mardi 23 novembre 2010

Sport local, sport national

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Le câblo-opérateur américain Comcast (MSO) met en place des éditions régionales numériques (PC, Mac, iPhone, iPad) en collaboration avec SportingNews TODAY dans la dizaine de régions où Comcast Sport Group dispose de chaînes de télévision sportive Comcast SportsNet (CSN) : Philadelphie, Baltimore, Californie, San Francisco, Chicago, Nouvelle Angleterre, New York, Nord-Ouest, The Mountain, Washington D.C.
L'abonnement mensuel à cette version quotidienne en ligne sera vendu 3,99$ contre 2,99 pour l'édition strictement nationale.
The National en été 1990
La régie locale sera assurée dans chaque région par Comcast Sports Group et la régie nationale par SportingNews.
  • Les médias nationaux de toutes sortes poursuivent leur progressive localisation. Plus que tout autre contenu, le sport se lit en deux dimensions, locale et nationale, épousant la logique commerciale de la plupart des annonceurs dont l'image de marque est nationale et la distribution locale. ESPN (Disney / ABC) a déjà lancé des éditions régionales de sa chaîne dans les principaux DMA : New York, Los Angeles, Boston, Chicago, Dallas.
  • Sporting News TODAY se vante d'être "the world's only daily sports magazine" : 365 jours par an, 30 pages d'information sportive. Il aura fallu attendre le numérique pour que se développe aux Etats-Unis une presse sportive quotidienne nationale spécialisée. Celle-ci n'a jamais pu trouver son modèle économique avec le support papier malgré la qualité unanimement reconnue de la dernière tentative, The National Sports Daily. The National n'aura tenu qu'un an et demi, de janvier 1990 à l'été 1991, pour n'avoir pas réussi à couvrir le sport local dans les délais adéquats (les horaires des fins de matchs retardaient trop le bouclage et se trouvaient incompatibles avec ceux de la distribution). The National utilisait les infrastructures du Wall Streeet Journal pour l'impression et la distribution. 
  • Sporting News publie une édition papier, Sporting News Magazine, mais bi-hebdomadaire.

dimanche 21 novembre 2010

Un manifeste politique : Vive Internet et le Web !

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Tim Berners-Lee a inventé le Web. Trente ans après, il en rappelle les principes généraux dans un manifeste publié par Scientific American : ouverture, universalité, neutralité, gratuité. Le Web est désormais fondamental pour les libertés, plus que n'importe lequel des médias. "The Web is now more critical to free speech than any other medium". Le Web est le contre-pouvoir essentiel, pouvoir que les médias ont perdu.

Rappelant les orientations fondatrices du Web, Berners-Lee signale des entreprises et des développements qui mettent le Web en danger. Réquisitoire. Au banc des accusés :
  • S'opposant au principe d'universalité et de neutralité
    • Des sociétés qui féodalisent le Web, créent des fiefs qu'elles entourent de murs ("walling off information") comme AOL autrefois (qui ne s'en n'est pas remis) : iTunes, Facebook qui parasite impunément le Web, LinkedIn...
    • Des fournisseurs d'Internet (opérateurs du câble, par exemple) qui, vendant conjointement l'accès Internet et leurs propres services Web, voudraient se servir du premier pour brider et entraver les concurrents des seconds (discrimination). 
    • Dans la même veine, la législation d'exception pour l'Internet "sans fil" (wireless) que réclament Verizon et Google aux Etats-Unis : elle créerait un privilège pour les contenus des opérateurs de téléphonie, au détriment des consommateurs. Que diable allait faire Google dans cette galère ?
    • Les applis pour appareils mobiles qui segmentent le Web. Ces applications, petits fiefs servants, accablés de suzerains, isolent et séparent les internautes au nom de la communication.
  • S'opposant au principe d'ouverture : tous les Etats qui se mêlent d'Internet 
    • Les Etats totalitaires, Etats criminels où les hommes, et surtout les femmes, sont sans droit
    • La Chine, première nation de l'Internet, qui tente souvent de circonvenir la communication politique sur le Web.
    • Les Etats occidentaux, généreux pourvoyeurs de déclarations grandiloquentes, dérapent parfois. Parmi les législations contraires à l'esprit du Web, dangereuses pour son développement, Berners-Lee cite : la loi Hadopi (France), le Digital Economy Act (Grande-Bretagne), le Combating Online Infringement and Counterfeits Act (Etats-Unis). 
En même temps qu'il dénonce les dangers que court le Web, Berners-Lee rappelle les principes qui en assurent la créativité, la fécondité. 
  • Gratuité et décentralisation. Ce sont des standards ouverts et gratuits qui ont permis la création de richesse sur Internet : transmission Internet (IP, TCP), Web (http, URL, HTML). Grâce à ces standards, nul besoin de solliciter une quelconque autorisation d'une quelconque autorité pour faire circuler de l'information sur le Web. 
  • Séparation des pouvoirs. Il faut continuer de séparer la couche Web (contenus) de la couche Internet (réseau électronique de transport) : c'est un gage de libertés. 
Internet et le Web sont un Droit de l'Homme. De très grandes entreprises, dont certaines doivent tout au Web, sont tentées d'en remettre en question les principes, de le balkaniser pour des profits à court terme. Quant aux Etats, éternels "monstres froids", ils ne peuvent que vouloir l'asservir, au nom du "peuple", comme toujours.
Le Web et ses principes fondamentaux ne vont donc pas de soi : il faut les défendre sans cesse comme il faut défendre les libertés, sans cesse menacées. 

vendredi 19 novembre 2010

Fin d'annuaire

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Google renonce aux Etats-Unis à la fonction d'annuaire téléphonique du moteur de recherche (Google Phonebook). Il y avait trop de plaintes, trop de personnes voulaient voir leur nom et leur numéro désinscrits, numéro personnel et numéro de la résidence (r-phonebook). On ne peut désormais trouver le numéro d'une personne que si l'on connaît également son code postal (5 chiffres).
  • Ceci témoigne de la sensibilité variable de la population américaines aux diverses dimensions de sa vie privée. Tous les aspects de la vie personnelle ne sont pas également privés : le numéro de téléphone l'est plus que d'autres (les cookies, ou une présence sur un réseau scoail, par exemple) car il est accès au domicile, à l'intimité du chez-soi. Résidence réelle et résidence virtuelle ne sont pas sur le même plan.
  • Cette résistance aux annuaires en ligne recoupe celle, tacite, aux enquêtes par téléphone qui utilisent des annuaires et qui reconstituent (random digit dialing) les numéros de ceux qui s'en sont exclus délibérément (numéros inscrits sur liste rouge, "unlisted numbers") pourtant clairs dans leur volonté de ne pas être contactés. Le taux croissant de refus de répondre qu'enregistrent les enquêtes téléphoniques illustre l'évolution de la définition de la sphère privée..

lundi 15 novembre 2010

Les Ch'tis : bienvenue chez TF1

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On a parlé du film "Bienvenue chez les Ch'tis" (février 2008) comme d'un événement social digne de "sociologiquer" la nostalgie, constamment réanimée, de l'autochtone (Les Ch'tis : la fabrication de l'autochtone). La télévision gratuite confirmera sans doute le succès de ce film, et l'incompréhension, souvent condescendante, dont ce succès bénéficie chez les spécialistes des médias et de la culture.

Pour TF1, co-producteur du film aux côtés de Pathé et Hirsch, malgré les entrées en salles (20,5 millions, record des films français), malgré les ventes (plusieurs millions) et les prêts de DVD, malgré les téléchargements et la VOD, malgré la diffusion sur Canal Plus en mars 2009 (2,7 millions de téléspectateurs)... l'audience sera là dimanche soir 28 novembre en prime time. Malgré cette gigantesque accumulation d'audience ? Non, plutôt grâce à elle. Rediffusion, plaisir régulier du téléspectateur.

L'écran de coupure (2140) est commercialisé par la régie de TF1 au tarif de 150 000 € le 30 secondes. Qui dit mieux ?
Après cette (re)diffusion, nous aurons une raison de plus pour nous demander : que nous apprend un tel événement, qu'il vaut mieux énoncer que dénoncer, sur la société française et ses médias ?
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dimanche 14 novembre 2010

L'OJD des applis

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L'OJD publie les résultats mensuels certifiés de la fréquentation des applis de quelques médias. 
Observons tout d'abord que certaines applis de la presse et d'autres médias ne sont pas encore à l'OJD... 
Le Monde domine haut la main le monde de l'information. En pages vues/lues, c'est 4 fois 20 minutes, près de 20 fois Libération, 70 fois Les Echos100 fois La Tribune. La statistique des visiteurs uniques confirme cette hégémonie. 
Le Parisien fait bonne figure dans ce classement. Encore peu de visiteurs uniques mais un nombre élevé de visites par visiteur et de pages vues par visite. Est-ce parce que ce quotidien est à la fois local et national, qu'il est un des seuls à couvrir certains faits divers (pas si divers) ? Seule l'analyse des comportements de lecture sur l'appli peut tester ces hypothèses.
Les applis des magazines, avec moins de 100 000 visiteurs uniques par mois, sont dans les choux ou absentes du contrôle.
La corrélation simpliste, effectuée a priori, entre segmentations socio-démographiques et pratiques d'information sur smartphones est un peu bousculée. A moins que ces segmentations, telles qu'on les pratique encore en média ne veuillent plus rien dire (mais cela peut constituer un objectif, de ne rien dire !). L'équipement en smartphones mais surtout les usages qu'il en est fait ne sont sans doute pas ce que l'on croit. De l'intérêt de ce travail de contrôle et certification par l'OJD.

18 Applications Mobile
VISITES
Octobre 2010
VISITEURS
Octobre 2010
Visites/ Visiteurs
PAGES VUES
Octobre 2010
P.V./ Visites
 Appli LeMonde.fr
12 686 726
1 080 021
11,75
56 884 815
4,48
 Appli La Chaîne-Météo
7 182 111
890 054
8,06
36 383 526
5,06
 Appli Pages Jaunes
5 043 309
1 420 887
3,55
7 419 616
1,47
 Appli LeParisien.fr
4 143 112
272 798
15,19
30 716 614
7,41
 Appli L'Equipe
3 209 744
155 203
20,68
25 573 349
7,97
 Appli 20minutes.fr
2 557 276
341 029
7,50
13 888 303
5,43
 Appli LePoint.fr
904 071
93 447
9,67
5 961 267
6,59
 Appli Liberation.fr
714 553
94 477
7,56
3 075 431
4,30
 Appli Logic-Immo.fr
566 613
76 942
7,36
14 483 346
25,56
 Appli LePost.fr
525 885
50 226
10,47
3 041 267
5,78
 Appli NouvelObs.com
449 732
64 907
6,93
2 131 476
4,74
 Appli Latribune.fr
260 560
90 513
2,88
513 818
1,97
 Appli LeMonde.fr Sport
223 395
61 509
3,63
1 434 500
6,42
 Appli LesEchos.fr
216 545
65 172
3,32
797 209
3,68
 Appli Topannonces.fr
150 074
46 582
3,22
2 132 894
14,21
 Appli ParuVendu
101 628
34 887
2,91
2 604 757
25,63
 Appli Challenges.fr
63 786
15 647
4,08
309 848
4,86
 Appli RegionsJob.fr
55 000
14 816
3,71
768 777
13,98
Source : OJD, 14 novembre 2010, pour le mois d'octobre 2010.

Les consommations mobiles avec applis bouleversent donc les hiérarchies de consommation produites par le web ou le papier. Autres médias, autres pratiques. Autres lecteurs ?
Notons deux cas particuliers de consommations mobiles particulièrement utilitaires, engagées, locales.
  • Les informations météorologiques avec La Chaîne Météo. 
  • L'annuaire Pages Jaunes.
Alors que l'équipement en smartphones se généralise, que le Wi-Fi s'étend, les consommations en mobilité n'ont pas fini d'étonner. Comment les conjuguer aux autres modalités de consommation, fixes ou mobiles ? Quelles données multi-plateforme pour les annonceurs ?
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samedi 13 novembre 2010

The Google School

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Google has become the university for the media. When companies try to hire away Googlers they recognise the added value Google brought to their employees' basic training. Google is for the media today what Procter used to be for marketing. Google experience multiplies the educational investment made at universities. What companies recruting from Google admit is: we need people with a Google experience (i.e. we do not know how to train people for the jobs we need to fill). 

Le débat journalistique sur le débauchage d'employés de Google par des entreprises oeuvrant dans des domaines voisins (dont, dernièrement, Facebook) met en évidence le rôle majeur joué par Google dans la formation aux métiers des médias. Avoir "fait Google" est une référence sur le marché des emplois média ; par conséquent, il est normal de vouloir "faire Google" pour en sortir ensuite mieux diplômé. Google est devenu un lieu éminent de formation et de légitimation des formations, comme le fut Procter and Gamble pour le marketing. En débauchant des Googlers, les entreprises média saluent en acte le travail de formation qui s'accomplit chez Google.
Au lieu d'une approche people de la question, mieux vaudrait s'interroger sur le rôle des entreprises innovantes dans la formation, sur leur relation - dialectique - aux universités, etc. Dans quelles universités recrute Google, comment ? Quelle est la valeur ajoutée de Google à cette formation initiale qui donne un tel prix à certains "Googlers"? La question de la relation des universités aux entreprises, tellement ressassée, devrait être reprise à l'aide de cet exemple. Veut-on que nos étudiants soient recrutables par Google ou prétend-on faire le travail de Google ?
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jeudi 11 novembre 2010

Evolution des régies publicitaires : le cas Weather Channel

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Seule une chaîne météo pouvait donner à un outil publicitaire un nom d'ouragan : la régie du site de The Weather Channel (TWC) s'associe à AdMeld pour mettre en oeuvre sa propre place de marché publicitaire, "Category 5". Son objectif déclaré est de reprendre le contrôle total de la vente de tout son espace publicitaire, donc d'optimiser elle-même ses revenus (yield opimization), en temps réel (Real Time Bidding), et en relation constante avec la vente directe d'espace réalisée par ailleurs. Pour cela, la régie doit se procurer des outils technologiques adaptés à la commercialisation automatique d'un inventaire abondant et complexe.

Appli TWC
Cette opération peut retenir l'attention pour plusieurs raisons.
  •  TWC est, en matière de télévision, un acteur stratégique. Comptant plus de 100 millions d'abonnés, présente dans près de 100% des foyers TV américains, c'est la première des chaînes d'information de la télévision américaine. La météo, c'est central dans la vie quotidienne des Américains (cf. L'avenir média de la météo). Le formatage de la météo, émietté, localisé correspond aux attentes du marché publicitaire (ciblages contextuels, géo-marketing). Cette chaîne thématique est diversifiée dans ses supports : météo locale et hyperlocale, radio, site Internet puissant (45 millions de visiteurs uniques / mois), développements pour mobile (dont appli iPhone). Le site Internet n'est pas en rupture formelle avec la chaîne, bien au contraire. Le passage de l'une à l'autre et au mobile est logique, naturel.
  • The Weather Channel appartient au groupe média Universal NBC, lui-même en cours d'acquisition par le premier câblo-opérateur américain (MSO), Comcast. TWC se trouve donc au coeur d'un groupe tout numérique (studios, jeux vidéo, network généraliste, stations de TV locale, chaînes thématiques) en voie de transformation profonde et qui n'est pas bloqué par des composantes nécessairement conservatrices : pas de papier dans ce groupe, ni presse, ni affichage. Déjà, NBC s'est fait remarquer au début de l'été par une stratégie iconoclaste en constituant son propre ad network, UAP (cf. Réseaux publicitaires : TV networks et Ad networks).
  • Etant donné le dynamisme des acteurs concernés, cette initiative publicitaire de TWC peut, à court terme, s'étendre à la vente d'espace publicitaire de la télévision. Les avancées dans ce secteur de Apple (Apple TV) et de Google (Google TV, qui vient de passer un accord avec l'opérateur de bouquet satellite Dish Network) devraient stimuler l'innovation publicitaire des chaînes et des groupes numériques.
  • Une telle évolution s'étendra-t-elle à d'autres types d'éditeurs ? Est-elle réservée, comme l'ont déclaré des agences média, aux très grands éditeurs ? Il y a de bonnes raisons de penser qu'elle pourrait se propager à des éditeurs moins puissants, ce qui ne ferait pas l'affaire des agences média dont le champ d'activité numérique est menacé par de nouveaux acteurs. 
Alors qu'Internet accède au statut de média publicitaire, les groupes médias numériques, remettent en chantier leur stratégie et reprennent un contrôle confié jusqu'à présent à de petits sous-traitants pendant une fort longue période d'incubation. NBC inaugure sans doute un mouvement qui transformera durablement le marché, par étape.

N.B. A propos du nom, "Category 5" : il désigne l'ouragan de force maximum sur l'échelle de Saffir-Simpson. "Category 5" provoque des dégats considérables, "catastrophic" (cf. Weather Encyclopedia de TWC). La chaîne aime cette métaphore : son appel aux commentaires des internautes est dit "Voice 5".

mardi 9 novembre 2010

Haute définition, basse consommation

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Aux Etats-Unis, la TV haute définition est hégémonique : on en parle comme d'une évidence, qu'il s'agisse des équipements des foyers ou des programmes.  La réalité des consommations révélée par les observations de Nielsen s'avère différente (Source : The Nielsen Company, novembre 2010).
Certes, la HD est présente dans plus de 60% des foyers américains, mais :
  • seuls 56% des possesseurs ont branché la HD et souscrit à un service HD.
  • tous les téléviseurs d'un foyer HD ne sont pas HD : en conséquence, un tiers de la télévision regardée dans un foyer HD reste de la télévision standard (SD).
  • sur un téléviseur HD, 20% de la consommation est encore en SD.     
La HD ne représente donc que 13 à 19% de la télévision consommée aux Etats-Unis. C'est encore un phénomène télévisuel mineur. L'équipement est très en avance sur les pratiques. L'offre de programmes aussi. Et les discours qui les accompagnent le sont encore plus : ils n'ont pas pour fonction de décrire la réalité, mais de la faire advenir, de la promouvoir.
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lundi 8 novembre 2010

Du magazine aux guides d'achat

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L'édition papier du magazine américain U.S. News & World Report ne passera pas l'année. En décembre, c'est fini : le titre ne sera bientôt plus disponible qu'en ligne. Mais ce ne sera plus un magazine.
En kiosque, on trouvera encore en 2011, pour combien de temps, 8 parmi les nombreux guides et classements (U.S. News Rankings) que le groupe publie au terme d'enquêtes : éducation (meilleurs collèges, universités, lycées), santé (meilleurs hôpitaux selon les spécialités, maisons de retraite, assurance), automobile, voyages et vacances, droit (cabinets d'avocats), argent (placements, retraites, carrière), suivi des élus, de la Présidence... Des sortes d'annuaires assortis de conseils sous forme de classements (rankings).
Voici désormais les modalités de présentation du travail d'information effectué par le titre. Finie l'information générale, fini le magazine généraliste qui diffusait encore presque 1,3 millions d'exemplaires en 2009 et 1,7 en 2008 (Source : MPA). Le site compterait  9 millions de visiteurs uniques par mois (déclaration) ; le titre dispose d'une version iPad. Le papier ne sera plus qu'une vitrine du site.

Né en 1948 de la fusion de deux titres, l'hebdomadaire était devenu bi-mensuel puis mensuel en 2008. Le magazine n'avait pas suivi la peopelisation de ses deux concurrents hebdomadaires, Time et Newsweek (respectivement 3,3 et 2,3 millions d'exemplaires diffusés en 2009, Source MPA) et n'avait développé ni rubriques people ni sport.

Des enquêtes aux requêtes, telle est la mutation des métiers d'information : spécialisation, utilité. Les enquêtes alimentent des bases de données. Un article est d'abord la mise en scène d'une requête : Internet s'y prête particulièrement bien, bien mieux que le papier (personnalisation, interactivité).
U.S. News & World Report se targue de fournir à ses lecteurs des outils et des informations pour prendre les aider dans les décisions essentielles (santé, éducation, politique, etc.) : "We continue to look for new ways to provide information that helps people make important decisions" déclare le reponsable de la rédaction. Une telle évolution a commencé en France depuis de nombreuses années. Les guides d'achat sont nombreux (automobile, "grandes écoles", lycées, vin, santé, équipement de la maison, salaires, placements, montres, immobilier, etc.) ; ils représentent une part importante, sans doute croissante, des contenus ; ils semblent essentiels pour l'équilibre économique de beaucoup de titres.
N.B. L'évolution du U.S. News & World Report évoque celle du Washington Post dont le groupe vit principalement des revenus de sa filiale éducation (cf. Newspaper as a hobby).
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