lundi 3 mai 2010

iPad ou pas

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Un magazine (Stuff) titre à la une de son numéro de mai en France : "Révolution ou déception. L'iPad arrive. Est-il vraiment le nouveau messie ?" Voici un titre qui en dit long sur l'horizon des attentes tel que l'a situé le lancement de l'iPad dans les médias ("iPad as Savior" titrent certains journalistes américains !).
En attendant un grand soir numérique, nous nous en tiendrons plus prudemment à quelques premières observations, à la première personne, après deux semaines d'utilisation (aux Etats-Unis puis en France).

  • La configuration de l'iPad est aisée quand on est déjà utilisateur d'iTunes et que l'on a pratiqué l'iPhone. Le transfert d'ergonomie est immédiat (téléchargement, synchronisation), accélérant la prise en main et banalisant l'expérience de la nouveauté. On retrouve les applications auxquelles on a déjà souscrit pour l'iPhone, plus ou moins bien adaptées au format iPad.
  • L'appareil est un peu lourd. On peut se procurer un support pour le poser et le recharger (iPad Dock, 29 $). La batterie semble adéquate à l'usage.
  • Superbes images, lisibilité excellente... mais que de traces de doigts sur l'écran !
  • L'iPad scelle l'entrée définitive de l'édition de livres dans le numérique
    • Avec l'appli Kindle (amazon), on peut lire sur l'iPad les livres numériques achetés sur Amazon, mais à fonctionnalités restreintes : l'outil de recherche et la consultation intégrée du dictionnaire ont disparu. 
    • Avec iBooks, l'appli Apple pour les livres, les fonctionnalités essentielles sont présentes, dont la recherche. 
    • Beaucoup de livres grand public, des classiques gratuits par milliers ; la différence entre outils numériques de lecture viendra aussi de l'accès à la longue traîne, non seulement des "best sellers" (moins de 50 000 titres pour Apple, 500 000 pour Kindle). 
    • L'iPad donne à imaginer des usages documentaires et didactiques. Les éditeurs scolaires doivent s'y mettre. La couleur constitue un atout maître pour la documentation scientifique, artistique, technique. Un livre de géographie ou d'histoire de l'art est impensable sur un Kindle actuel. L'écran tactile facilite la consultation, l'analyse.
    • Formidable pour les livres d'enfant ("Winnie the Pooh" est offert comme premier iBook de la bibliothèque ), facilitant une lecture active.
  • Le format de l'iPad valorise la vidéo. L'appli YouTube est en une par défaut. De plus, Netflix est disponible sur iPad (aux Etats-Unis seulement) donnant accès à un grand nombre de films en téléchargement ; Hulu n'est pas accessible (cf. le rejet d'Adobe par Apple).
  • L'iPad pour sauver la presse ? Fausse solution à un problème mal posé. La question de l'avenir de la presse n'est pas tant celle de son support que celle de la qualité et de l'originalité de son contenu. La pauvreté d'un contenu éclate encore plus nettement sur un bel écran ! Un support de qualité agit comme multiplicateur, de richesse comme de médiocrité. En tout cas, l'iPad (et les tablettes en général) constitue un support particulier qui suppose des développements spécifiques : ce n'est ni le papier, ni l'iPhone, ni Internet... Il réclame une esthétique nouvelle, des ergonomies adaptées (cf. comparer par exemple, l'appli USA Today pour iPhone et celle pour iPad). L'iPad n'est pas un récipient de plus où l'on verse les produits de la rédaction et de la régie. Il faut créer pour l'iPad, selon ses contraintes...
  • La qualité de la connexion reste une condition primordiale de l'usage surtout pour la vidéo et les jeux. L'iPad, comme d'autres appareils, souligne la vulnérabilité de toute technologie numérique à la qualité de la connexion.
A quoi sert l'iPad, entre téléphone et ordinateur ? Quelles places peut-il prendre ? Tout ce que l'on fait avec l'iPad se fait déjà avec l'ordinateur ou le téléphone portables.
Actuellement, l'iPad semble davantage convenir à la consultation qu'à la réalisation : si l'on peut lire ses fichiers, on ne peut les modifier que s'ils ont été réalisés avec des logiciels Mac. Or le cloud computing est indispensable à la mobilité. Ceci contient l'iPad dans les limites d'un rôle de second rang parmi les équipements numériques, venant après téléphone et ordinateur dans l'ordre des urgences et des nécessités. En revanche, des usages de loisirs peuvent émerger avec la VOD (dont iTunes) et la TVen ligne (cf. la proposition de l'opérateur Free), le jeu vidéo, les papotages divers (réseaux sociaux) et les flâneries au hasard d'Internet.
Ce n'est qu'un début, des évolutions de l'iPad auront lieu, des applications originales feront la différence, avec de nouveaux modèles économiques ; et de nouvelles générations d'usagers inventeront, avec de nouveaux usages, l'avenir de l'iPad. 
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3 commentaires:

jnreyt a dit…

Au début, je me disais que l'ipad était complètement inutile. Qui voudrait sortir dans le bus ou dans la rue une tablette si grande? Ça me paraissait ridicule. Quel intérêt d'avoir au bureau une tablette bien moins fonctionnelle qu'un ordinateur portable?

Même si les employés sont de plus en plus mobiles, rares sont ceux qui ne travaillent pas assis à un bureau. Et la majorité des entreprises fonctionnent sur des réseaux windows.

Puis je me suis rendu compte que j'utilisais de plus en plus mon iphone à la maison au détriment de mon ordinateur portable. Mon iphone s'allume plus vite, a des applications mieux pensées, n'a pas besoin d'être branché toutes les deux heures, ... Mais l'écran me parait trop petit pour regarder des vidéos, lire des textes, etc.

Je reviens donc peu à peu sur mon avis et me dis qu'un ipad doit être utile à la maison, dans un usage de consultation (lire les news, regarder les vidéos, administrer ses comptes sur les réseaux sociaux, etc.).

Merci pour votre article!

Anonyme a dit…

Merci pour l'article.

Il est vrai que l'on se pose la question de son placement dans un monde numérique déjà bien rempli.(ordi, iphone...). Je me pose une question simple : où est le place de l'iPad?
A quoi sert-il de plus qu'un ordi ou un iPhone? Quelle est sa valeur ajoutée?

De plus, il est évident, que l'iPad et le support nouveau qu'il représente, (les tablettes), ne doit pas être un support sur lequel on va adapter les média, ou les appli. Il faut créer pour l'iPad!!!!!!
Cela semble évident mais pour l'instant on ne voit pas cela, tout reste à être inventé.

En tous les cas j'ai hâte de l'avoir en main pour tester la prise en main, sa clareté, sa vitesse et surtout les traces de doigts sur l'écran!

Benjamin Griffoul

J. V. Jones a dit…

Effectivement, à mi-chemin entre le smartphone et l'ordinateur portable, quelle est la fonction de l'Ipad? Pour l'instant, ce nouvel outil ne semble pas avoir trouvé sa voie. Si le téléphone sert à téléphoner, l'ordinateur à surfer, traiter textes, vidéos et images, à quoi sert la tablette? Amazone a voulu le transformer en support de lecture à travers son kindle, mais le succès reste modéré. Il pourrait se recycler dans le monde de l'image et de la vidéo, pour lesquels sa haute résolution d'écran semble bien se prêter. Il pourrait aussi devenir le compagnon nomade du voyageur, qui trouve le portable trop grand et le smartphone trop petit. Mais à l'heure où les smartphones adoptent des écrans plus grands et les ordinateurs portables deviennent plus fins qu'une bd sous le nom de "ultrabooks", je doute que cette fonction lui soit propre. Ami du travailleur qui aime le trimballer de bureau en bureau, peut être sa future fonction tient-elle à cela: compagnon de bureau. Veillons donc à le rendre coffeeproof.