lundi 12 juillet 2010

La leçon de foot des amateurs

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L'image du football professionnel français, football spectacle, football people aura atteint en ce début d'été des sommets de vulgarité et de bêtise : pour beaucoup d'amateurs de football, il y a quelque chose de pourri au royaume du football professionnel. Mais ce football malade n'est qu'une partie, certes la plus "médiatisée", mais infime d'un univers social beaucoup plus large et beaucoup plus sain.
Que sait-on du football amateur qui réunit plus de deux millions de bénévoles, de passionnés, dans 18 000 clubs ? Que sait-on de ce que pensent ceux qui jouent au foot, ceux qui, dirigeants, arbitres, éducateurs, font que l'entrainement et le match ont lieu, chaque semaine ?
RIEN.
Les médias spécialisés les ignorent et ne couvrent guère ces événements sportifs locaux, trop petits à leur regards distants.

Avec Footeo, qui anime un réseau de près de 7 000 clubs (répartis dans plus de 5 000 communes), cela va changer. Footeo a consulté le Tiers-Etat du football. Un questionnaire auto-administré, en ligne sur les sites des clubs, a été rempli par plus de 2 000 licenciés : 50% de joueurs, 50% de dirigeants et éducateurs.

Quelques réponses significatives :
  • pour la plupart d'entre ces amateurs, le foot représente 5 à 10 heures du budget-temps de la semaine (plus de 20 heures pour 25% d'entre eux)
  • pour deux tiers des répondants, le meilleur souvenir de foot est un souvenir de jeu, un souvenir de joueur, dans une équipe amateur. Les souvenirs de téléspectateurs sont loin derrière...
  • pour les joueurs, le football est de l'ordre du plaisir et de la passion, d'abord
  • pour les dirigeants et les éducateurs, c'est le partage et la convivialité qui comptent
  • la condamnation d'une équipe française qui s'est si piètrement illustrée lors de la Coupe du Monde est sans discussion (commentaires édifiants). Les pros feraient bien de s'aligner sur les amateurs !
Cette premiere enquête montre la différence qu'introduit Internet dans la culture sportive, dans la connaissance que l'on en a et, surtout, dans la manière dont se forme l'image de cette culture. Quand il s'agit de parler football, les amateurs sont des pros. Enquête doublement intéressante.
  • D'abord, parce qu'elle donne la parole à ceux qui ne la prennent jamais (au mieux, des porte-paroles patentés parlent à leur place). Et Footeo laisse entendre que de telles enquêtes seront régulières. Alors qu'il est un objet "parlé" par quelques spécialistes, le football se donne avec Footeo les moyens de devenir le sujet de ses discours, de son image.
  • Ensuite, parce que cette enquête montre la puissance d'un nouveau média du sport, fonctionnant en réseau, selon une logique en rupture avec celle des médias du football professionnel. Pour Footeo, le football est un sport d'acteurs, et d'acteurs locaux, une communauté dynamique, avec ses valeurs, ses rites, ses principes, ses mots, ses émotions. 
Engagement, esprit sportif, présence nationale, ancrage dans la vie locale : pour les annonceurs, le football amateur représente un support publicitaire alternatif et complémentaire au sport professionnel, à moins qu'il ne faille plutôt considérer le sport professionnel comme un complément publicitaire du sport amateur. Pour paraphraser un fameux slogan publicitaire (Nike) : le football n'est pas qu'un sport de spectateur ("is not a spectator sport").
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il en est du foot "pro" comme d'autres activités humaines fort malmenées (caricaturées) par la TV, au hasard prenons l'amour, si éloigné en réalité du hard porno ou à l'inverse du sirupeux (les feux de l'amour) que nous inflige le petit écran...
signé: la même demoiselle

CMI Arthur Virapin a dit…

Plus d'un an après la Coupe du Monde, la cote des bleus en particulier et du football professionnel en géneral peine encore à remonter.. En effet, comme l'illustre cette étude de Footeo il existe une vraie passion du football et du sport au niveau local et amateur. Le football amateur a bien évidemment beaucoup souffert de cette image négative véhiculée par l'Equipe de France, avec notamment une baisse notable du nombre de licenciés qui se sont tournés vers des sports à l'image plus "propre" comme le rugby, ou le handball. Cependant, beaucoup d'amoureux de ce sport se sont tournés vers un football populaire, amateur et souvent local. L'explosion du football féminin par exemple est un exemple frappant! Le rôle des médias et d'Internet est également déterminant, notamment à travers la multiplication de blogs et réseaux sociaux permettant aux amateurs de football de partager leur passion. Pour les marques, les informations de cette étude de Footeo sont très intéressantes. En effet, celles ci n'hésitent plus désormais à communiquer à travers le sport amateur et à l'échelle locale ce qui leur permet de véhiculer des valeurs de proximité, de convivialité ou de passion. De grands groupes très actifs en sponsoring sportif comme GDF Suez par exemple, sont aujourd'hui engagés à la fois au niveau professionnel comme partenaire majeur de l'Equipe de France de football mais aussi au niveau local et amateur. La part de rêves et de stratification associée au football professionnel reste à mon avis un support majeur de la communication des marques, mais associée à une présence locale cohérente et complémentaire pour toucher le "vrai" fan, la stratégie de sponsoring est encore plus impactante...