vendredi 17 septembre 2010

Lecture, nature et culture

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Débat en cours sur les "livres électroniques".
En réponse aux arguments du président d'amazon.com contre l'écran tactile, Sony (Sony Electronics' Vice President for Digital Reading) se réfère, pour justifier son choix d'un écran tactile, à la nature de la lecture, à l'expérience naturelle de la lecture : "A touchscreen is an important part of the digital reading experience; it mirrors the natural reading experience" (cité par USA Today). Quelques jours plus tard, on a pu voir sur Internet la publicité pour la nouvelle gamme de "e-readers" de Sony : "A natural reading experience like a real book". amazon a choisi un écran non tactile où il faut appuyer sur un onglet pour "tourner" la page (Kindle). L'iPad a choisi le feuilletage dont le geste est différent du geste effectué avec le papier, feuilletage limité, page après page (comme pour tous les "readers" utilisés sur les PC, par la presse notamment).
Faux arguments en faveur de l'écran tactile qui n'en a d'ailleurs pas besoin pour être justifié.
Il n'y a pas une expérience "naturelle"de la lecture mais des expériences cultivées par les usages : la lecture d'un livre d'aujourd'hui diffère de la lecture d'un rouleau de papyrus (volumen), de tablettes de cire (pugillares) ou de bambou (Chine ancienne) ou d'un journal ; lire du chinois n'est pas lire de l'allemand ou des hiéroglyphes, lire un manuscrit n'est pas lire un imprimé, lire une partition n'est pas lire une encyclopédie, lire un texte sans séparation entre les mots (scripta continua) n'est pas lire un texte où des blancs (ou des points) les séparent, etc. Lire un livre de poche n'est pas lire un "beau livre" (coffee table book)...
Qu'est-ce qu'un habitus de lecteur de livre papier aujourd'hui ? Feuilleter, corner une page, souligner, annoter mais aussi aligner sur des rayonnages, classer, empiler... autrefois, couper les pages...
Il n'y a aucune raison de rapporter la lecture d'un livre électronique à celle d'un livre de papier. Toute l'histoire de la lecture et de ses supports le démontre (que l'on se reporte aux travaux de Roger Chartier). La croyance en une nature universelle et éternelle de la lecture et du livre constitue un obstacle à l'innovation en matière de supports de lecture. Les supports nouveaux inventeront de nouveaux usages, de nouvelles manières de lire. "Feuilleter" est un geste appris, en famille, systématisé à l'école maternelle et renforcé par la pratique de la lecture de livres en papier ; c'est d'ailleurs un geste orienté par le sens de l'écriture (de droite à gauche ou de gauche à droite, selon les langues).
Le livre électronique doit se libérer du culte du livre de papier.
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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Fantastic site, I had not come across mediamediorum.blogspot.com earlier in my searches!
Carry on the wonderful work!

Simona Candrian a dit…

Je suis absolument d’accord avec vous. On est souvent captif de ses habitudes. L’habitude de lire quelque chose sur papier ou de feuiller d’une manière comme on a toujours fait. Il faut se débarrasser des limites d’un objet. Moi, je vois le futur des livres derrière un écran. Mais la technologie doit encore s’améliorer et elle doit être accepté par les consommateurs.
Dans la vie académique, je vois un grand potentiel pour les E-Books. Je déteste imprimer une centaines des pages pour un cours ou apporter des livres qui pèsent 10 kilos. Jusqu’à maintenant la technologie n’est pas prête pour prendre la place des études traditionnelles, bien que la dépense de papier à des universités soit absolument pas écologique. Les conditions pour un succès des E-Books (approprié pour étudier) parmi des étudiants sont prometteuses : 1. Ils utilisent beaucoup des livres, des magazines ou des feuilles en général pour étudier. 2. Il y a plusieurs étudiants qui s’occupe de la nature et les forêts et qui pensent écologiques. 3. Les étudiants sont souvent jeunes est ouverts des nouvelles technologies.
Alors je proposerais à une entreprise comme Amazon, de se spécialiser sur les étudiants et lancer un E-Book approprié pour étudier. S’ils ont convaincu les étudiants, après la technologie se diffusera plus vite.

Marie-Sixtine226 a dit…

Ce qui est sur c'est que les deux types de lectures ne répondent pas aux mêmes attentes en dépit du contenu souvent (en encore) identique des e-books et livres papiers.
Dans un cas on veut s'alléger, éviter de dépenser pour imprimer (ce qui est évidemment génial pour les documents que l'on veut lire pour le travail) mais pour une lecture de confort, le papier reste le support priviligié. Les plus gros lecteurs numériques sont déjà des lecteurs papiers, et peu lisent seulement sur tablette, malgré leur démocratisation.
Le numérique va surement prendre de plus en plus d(importance concernant la lecture mais les deux modèles vont surement coexister. Ce n'est pas une guerre de quel est le meilleur support, mais plutot de quel support pour quelle but et quel contenu !
Les études montrent qu'on retient mieux et on comprend mieux lorsque l'on lit sur du papier. On peut imagineer que des documents longs que l'on lit par plaisir (comme un roman) auront tendance à être lu en paier contre les articles de presse plus courts, demandant moins de temps d'attention ! Marie-Sixtinde226