dimanche 13 mars 2011

Utilisation d'Internet au domicile : typologie pratique

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L'INSEE publie des données issues d'une enquête d'avril 2010 en France (7 011 ménages) auprès des 15 ans et plus (Vincent Gombault, INSEE Première, N°1430, mars 2011). Nous nous en tiendrons pour l'exploitation secondaire de cette publication à la statistique d'utilisation d'Internet "tous les jours ou presque" et aux variables socio-démo qui la décrivent.
Compte tenu des effectifs de l'enquête et des inévitables approximations dans les définitions qui président aux modalités de classement des réponses (actifs / inactifs, CSP, diplôme, etc.), nous proposons les conclusions suivantes :
  • les écarts hommes / femmes sont peu significatifs (81,5 %/ 75,7 %)
  • les écarts 15-59 ans sont peu significatifs (83,3%/ 75,1 %)
  • pour les emplois actifs (attention, beaucoup d'enquêtes classent les retraités dans leur dernière activité, les chômeurs dans le domaine où ils recherchent un emploi, etc.), 3 groupes peuvent être distingués
    • les "cadres et professions libérales" (91,9 %)
    • les professions intermédiaires (84,5 %)
    • les autres : artisans et commerçants, les employés et les ouvriers (entre 76 et 72,9 %)
  • La variable actif / inactif est discriminante (80,2 % pour les actifs, 76 % pour les chômeurs, 71,1 % pour les retraités)
  • la variable la plus discriminante est le diplôme qui recoupe et surdétermine la variable PCS (cf. supra) :
    • 65,4 % pour les sans diplôme
    • 74,6 % pour les études sans bac
    • 81,2 % pour le bac
    • 87,5 % pour un diplôme d'enseignement supérieur
En pratique 
  • distinguer d'abord les actifs des inactifs, les usages des actifs étant accentués par la pratique professionnelle
  • toutes choses égales par ailleurs, rien ne discrimine mieux le diplôme, que dilate son extension, non mesurée, au "capital culturel"
  • pour les CSP 
    • 3 groupes se distinguent encore (les notions de CSP+ et de CSP++ sont-elles encore utiles?), la pratique professionnelle entérinant et accroissant sans doute les écarts observés au foyer entre chacun des groupes
    • classer les agriculteurs comme ouvriers, technicens, professions intermédiaires, cadres...
  • la pratique des "étudiants" doit être revalorisée par la prise en compte, ignorée par tant d'études, des usages sur le lieu de formation (formations initiale et continue, pendant la formation et pendant les pauses, etc.)
  • ignorer les usages des médias avant 15 ans est sans pertinence marketing pour les médias, et a fortiori pour le Web. Prendre en compte la population des usagers dès 12 ans, au moins, est indispensable du point de vue des annonceurs (on rougit pour la profession publicitaire d'avoir à rabâcher cette évidence) ; l'idéal, au stade du principe, est sans doute de se caler sur la norme européenne en télévision (4 ans et plus).
Comme le note l'auteur de cette étude, Vincent Gombault, la "fracture numérique" s'estompe. En s'estompant, elle ne laisse au "socio-démo" qu'un pouvoir de discrimation et de ciblage limité mais déterminant. Dans ces conditions, passées deux ou trois variables structurantes, les modalités de ciblage issues de l'observation continue des comportements sont les plus raisonnables. 

2 commentaires:

Master-Blerow a dit…

Bonjour François,

Les barrières financières à l'accès semblent en voie d'être franchies (-30% depuis 2008). Les barrières psychologiques ont fortement régressé, à l'exception des craintes concernant la vie privée, toujours très présentes. Comme vous le mentionnez très justement, parmi tous les freins à l'accès, ceux qui ont la peau la plus dure restent de nature cognitive / culturelle. La première raison citée pour expliquer l'absence d'accès à internet reste, en 2010 comme en 2008, le fait de ne "pas se sentir compétent".

Et les exclus sont toujours les mêmes : les moins éduqués, les plus âgés.

Apparemment, l'éducation n'a rien pu y faire. Doit-on parier l'avenir de cette "France d'en bas" du numérique sur des nouveaux terminaux plus faciles à utiliser ? Sur des politiques de formation? Voire.

Hélène a dit…

Ce qui m'interpelle le plus dans cette étude est la non prise en compte des enfants. Je trouve cela cocasse sachant qu'il arrive souvent que ce sont les plus jeunes qui donnent des leçons aux plus âgés en la matière. Dans une émission radio (Dossier Europe 1) une grand-mère expliquait comment sa petite fille de 4 ans lui avait expliqué comment trouver Dora sur le net grâce à l'Ipad de ses parents. A mon avis les pourcentages seraient intéressants, normal pour des têtes blondes nées avec une souris à la main! Un bon filon pour les annonceurs!