mardi 14 juin 2011

TV américaine. Station contre network. Etude de cas N°1

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Dernière mise à jour 5 octobre 2011
Au Etats-Unis, une chaîne nationale n'est que le résultat, plus ou moins stable, de la reprise par plus de 200 stations locales, affiliées ou contrôlées directement (O and O), d'un ensemble d'émissions achetées ou produites, puis agrégées en une grille, par un fournisseur de contenus.  Ces 210 stations distributrices constituent un réseau ou network ou, encore, dit autrement, d'une syndication nationale basée sur le troc (programme contre espace publicitaire).
Le network NBCU (groupe Comcast) est confronté cette semaine au refus par KSL-TV (Salt-Lake City), l'une de ses stations affiliées, de retransmettre l'émission, "The Playboy Club". La station estime que le contenu de l'émission n'est pas en phase avec la ligne éditoriale de la station ("objectionable") : cette station est contrôlée par les Mormons  ("Church of Jesus Christ of Latter-day Saints").
Par conséquent, le lundi à 21 heures, à partir de septembre, la station remplacera cette émission par une autre, de son choix. "The Playboy Club" sera repris par une autre station du marché (DMA N°32). Cf. le communiqué de KSL-TV (vidéo, après la pub !). C'est KMYU-TV, station affiliée à MyNetwork TV qui diffusera l'émission de NBC.

L'émission (drama) est consacrée à l'histoire de ce club de Chicago durant les années 1960. Elle se veut à la fois provocatrice et documentaire, un peu à la manière de "Mad Men". Elle est produite par les studios de 20th Century Fox.

Ce type de désistement est rare mais emblématique ;  il souligne l'originalité de la structure d'un network américain et sa vulnérabilité. La notion de chaîne nationale n'a pas le même sens aux Etats-Unis et en Europe : sans stations affiliées, pas de couverture nationale, pas de publicité nationale (network time). Effectuée
pendant les ventes publicitaires upfront, cette annonce de KSL-TV peut faire mauvaise impression auprès des annonceurs. A moins qu'elle n'attire leur attention sur une émission qui sent bon le soufre et peut attirer une audience curieuse - et intéressée.

Suite. Juillet 2011. L'association Parents Television Council demande aux stations affiliées au network NBC de ne pas diffuser "The Playboy Club" : "I am writing to urge you, on behalf of the Parents Television Council's 1.3 million members, to preempt the program in your community". Elle promet également de demander aux parents de déposer une plainte pour indécence auprès de la FCC.
Et fin. Octobre 2011. NBC déprogramme l'émission en raison de sa faible audience (1,2%, 18-49 ans) après 3 épisodes.

4 commentaires:

Sebastien a dit…

A l'heure de la course effrénée à l'audience, la plupart des chaines enchérissent les unes sur les autres pour proposer des programmes de divertissement toujours plus axés sur le "triptyque gagnant": vulgarité , sexe et violence. Je suis assez agréablement surpris de constater que certaines chaines ont encore assez d'indépendance pour se permettre de refuser de diffuser un programme non conforme à ses valeurs, m^me si cela signifie s'assoir sur les recettes publicitaires qui vont avec.

Timothée V a dit…

Cependant, on peut être surpris de la date de la suppression du programme. La chaîne a en quelque sorte trompé les annonceurs en remplaçant ce programme à la dernière minute.

Sébastien a dit…

A l'heure de la course effrénée à l'audience, la plupart des chaines enchérissent les unes sur les autres pour proposer des programmes de divertissement toujours plus axés sur le "triptyque gagnant": vulgarité , sexe et violence. Je suis assez agréablement surpris de constater que certaines chaines ont encore assez d'indépendance pour se permettre de refuser de diffuser un programme non conforme à leurs valeurs, même si cela signifie tirer un trait sur les recettes publicitaires qui vont avec.

PierreSDZ a dit…

La question à la lecture des articles est la suivante. Si par "comparaison", nous procédons au cas français, comment explique t-on le flop des TV locales ?
Pas de culture de la régionalisation et ce par faute de décentralisation des institutions ?
Puissance des grands groupes de médias nationaux ?
Alors la solution serait peut-être (je ne sais pas si cela a déja a été fait), de construire en pyramide inversée au modèle US, un modèle français avec la participation des groupes nationaux. Je sais qu'Hersant média a essayé avec quelques TV à l'instar de Grenoble, en vain.
Mais si TF1, M6 ou Lagardère et j'en passe décidaient de développer au local avec une syndication de programmes, quid du bon fonctionnement de ce nouveau type d'organisation.