mercredi 22 juin 2011

Vices publics et vertus privées

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L'équipe de hockey de Vancouver (Canada), les Canucks, a perdu la finale de la Stanley Cup contre celle de Boston (Bruins). Des "fans" et d'autres profitent de l'occasion pour saccager des quartiers de la ville de Vancouver (incendies de véhicules, vols, etc.). Cf. documents mis en ligne par Mashable.com.
Banal ! Combien de villes françaises ne connaissent-elles pas régulièrement de tels comportements qui leur donnent, certains soirs de matchs de football, des allures de villes assiégées.
Ce qui semble remarquable dans le cas de Vancouver est la demande officielle, adressée par la police et la mairie de Vancouver, aux personnes témoins de ces "manifestations" : prière, à ceux et celles qui ont filmé et photographié, de ne rien effacer et de faire parvenir à la police toutes photos et vidéos de "manifestants", "casseurs" (rioters) en action. Ces documents seront exploités par la police pour retrouver les suspects et effectuer des arrestations. Twitter (#riot), Facebook et Tumblr sont mobilisés à cet effet.

La banalisation des outils de photo et vidéo, leur disponibilité continue grâce aux téléphones portables rendent possible une sorte de crowd sourcing des enquêtes. Les vices publics font l'objet de témoignages privés. "Private vices, public benefits", dit la fable de Mandeville. Le téléphone portable, par nombre de ses attributs, secoue la définition de la vie privée, plus certainement sans doute que les cookies. Quant au droit à l'image....
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7 commentaires:

Timothée R a dit…

Il est très inquiétant que la police utilise les vidéos prises par les individus, ainsi que les informations trouvées sur les réseaux sociaux afin de trouver les casseurs qui ont opéré en parallèle de cet évènement sportif. En effet, d'une part, pousser à la délation n'est jamais une bonne chose. D'autre part, comme vous le dites dans votre article, cela remet en question le droit à l'image. Selon la loi, les individus ne sont pas en droit de filmer ou de prendre en photo d'autres personnes sans leur consentement. De toute évidence, les images prises pendant ces manifestations ne respectent pas cette consigne. Pourtant, cela ne semble pas déranger la police de les exploiter. La police pousse donc la population à enfreindre la loi afin d'améliorer ses résultats. Au demeurant, les individus doivent donc se méfier de tout le monde, car derrière chaque personne possédant un téléphone portable se cache quelqu'un qui a les moyens de fournir des pièces à conviction à la police. Ainsi, le seul lieu où l'on conserve un semblant de vie privée est chez soi.

Timothée V a dit…

Le droit à l'image comporte néanmoins quelques exceptions, notamment une sur les images prises lors de manifestations. On se heurte à un conflit éthique : en effet, si on doit respecter un droit à l'image, l'article 10 du code civil exprime clairement que chacun est tenu d'apporter son concours à la justice. Même si on peut regretter cet appel à la délation, il n'est pas étonnant au vu des images qui sont communiquées à la presse par des particuliers, ou qui circulent sur internet.

Sébastien a dit…

Finalement le recours aux caméras de surveillance semble être le moyen le plus efficace pour dissuader les émeutiers. On aura beau se plaindre de la généralisation de ces engins ("Big Brother"...) , il est tout de même préférable de savoir que seule la police peut exploiter les images enregistrées. Quid des modifications et autres montages effectués sur ces vidéos amateures et envoyées par la suite à la police?

Timothée V a dit…

En effet, on peut douter de la véracité des vidéos et photos apportées à la police. Mais, on ne peut empêcher les individus de filmer les évènements et les partager sur les réseaux sociaux, que ce soit pour témoigner des violences, ou rechercher les erreurs policières comme on l'avait vu lors des émeutes à Lyon à la fin de 2010. Faut-il vraiment inciter les gens à filmer ces évènements ?

Sébastien a dit…

Je ne pense pas qu'il y ait une incitation quelconque à filmer de tels évènements: quand la police fait appel aux vidéos prises par des amateurs, c'est vraiment à défaut d'autre piste et on peut se dire que ce type de témoignage a plus de chance d'être précis et donc utile pour les investigations des policiers que le témoignage des témoins oculaires.
Les cameramen amateurs ont, à la base, conscience de se trouver en présence d'un évènement "choc" et l'enregistrent pour pouvoir el partager ensuite. La grande question est si la diffusion de ces videos doit etre circonscrite au cercle privé ou si une diffusion plus large (youtube...) est souhaitable

Sébastien a dit…

Je ne pense pas qu'il y ait une incitation quelconque à filmer de tels évènements: quand la police fait appel aux vidéos prises par des amateurs, c'est vraiment à défaut d'autres pistes et on peut se dire que ce type de témoignage a plus de chance d'être précis et donc utile pour les investigations des policiers que le témoignage des témoins oculaires.
Les cameramen amateurs ont, à la base, conscience de se trouver en présence d'un évènement "choc" et l'enregistrent pour pouvoir le partager ensuite. La grande question est de savoir si la diffusion de ces videos doit etre circonscrite au cercle privé ou si une diffusion plus large (sites de partage de vidéo comme youtube voire facebook...) est souhaitable

Unknown a dit…

Premièrement, je trouve que c'est vraiment triste que quelques supporteurs n'ont pas de respect vis-à-vis les sportifs et les clubs. C'est la même chose dans tous les pays, aussi en Allemagne. Hier, l'équipe de Dynamo Dresden a été exclut de la Coupe d’Allemagne de football 2013-2014, à cause des bagarres entre des supporteurs lors du match contre l'équipe de Hannover 96, fin octobre.
http://www.teamtalk.com/news/7555/8324274/German-second-division-club-Dynamo-Dresden-are-excluded-from-the-DFB-Pokal-for-one-season

Deuxièmement, je trouve que c'est une super idée de prendre recours aux médias sociaux pour trouver les auteurs des méfaits.
L'émission Aktenzeichen XY ungelöst sur la chaîne allemande ZDF, cherche avec succès des témoins des affaires de meurtres qui n'ont pas encore été résolu.
Pourquoi ne pas demander aux gens sur Facebook ou Twitter,...?
Depuis quelques mois, la Police luxembourgeoise est aussi présente sur Facebook, par cette manière, elle essaye de trouver des témoins, elle prévient la population lorsqu'il y a beaucoup de cambriolages et ainsi de suite.
Pour moi, c'est plus important de trouver les coupables que de s'accrocher aux droits à l'image.