jeudi 13 octobre 2011

On a touché à la chronologie des médias

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Universal Pictures a essayé de secouer la sacro-sainte chronologie des médias. Le studio hollywoodien a voulu diffuser son film Tower Heist en VOD dès trois semaines après sa sortie en salles (le 4 novembre). Le film devait être proposé en VOD pour 60 $ sur les réseaux de trois grandes agglomérations par le câblo-opérateur Comcast. Deux distributeurs du film en salles (Cinemark, National Amusements) ont menacé de boycotter le film si cette offre VOD était maintenue. Cinemark compte 3 825 salles et National Amusements 950 sur les 39 000 existant aux Etats-Unis. National Amusements est contrôlé par Viacom (Paramount et CBS).

Universal a reculé devant cette menace et reporté ("delayed") son test de VOD à 60 $ tout en laissant entendre que cette reculade était tactique. Universal, qui a été acquis récemment par Comcast, déclare que la distribution en salles et la VOD Premium constituent des modèles économiques compatibles ("business models that can coïncide"). De même, la National Association of Theaters Owners (NATO) reconnait dans un communiqué ambigu qu'il faut trouver de nouveaux modèles économiques sur les marchés locaux.
  • Choc de deux groupes aux structures différentes : l'un, Comcast Universal, qui contrôle un network TV (NBC), des studios (Universal) et le premier câblo-opérateur (MSO), l'autre, Viacom, qui contrôle un network TV (CBS) et des studios (Paramount). Comcast avec ses millions d'abonnés est un distributeur déterminant sur le marché des contenus cinématographiques et télévisuels. Donc la bataille n'est pas terminée.
  • Aux Etats-Unis, la bataille pour rendre plus flexible la chronologie des médias n'en est qu'à ses débuts. La multiplication continue des modes de distribution des oeuvres plaide pourtant pour une innovation continue dans l'établissement de cette chronologie, et pour des tests. 

1 commentaire:

Julie Hesnault a dit…

La chronologie des médias est un sujet bien sensible entre les studios, les distributeurs et les médias. Cet exemple de Universal nous prouve bien que malgré le développement de la VOD les distributeurs de films en salle gardent les pleins pouvoirs. Il faut savoir que « normalement » un film est en vente et en location 4 mois après sa sortie.

3 semaines dans ce cas précis semblait donc complètement exceptionnel. Ce qui est sûr c’est que les distributeurs de films en salle ont bien peur que les sites de VOD fassent de l’ombre à leurs marchés. La question qu’il faut se poser serait que la VOD puisse remplacer progressivement le marché du cinéma ?

En France, l’accord du CNC prévoit que les films peuvent être diffusés en VOD dès le 3e mois seulement s’ils ont « réalisé moins de 200 entrées au cours de leur 4e semaine d'exploitation en salles », sinon il faut attendre 4 mois.
Est ce que l’on peut dire que la distribution en salle et la VOD premium sont vraiment compatibles ? La VOD ne risque t-elle pas de faire de l’ombre à aux distributeurs en salle ? Une personne qui a le choix ne se tournera-t-elle pas plus facilement vers de la VOD ?
La tendance n’est-elle pas de consommer toujours plus vite ?

Ce qui est sûr c’est qu’en France, la règle des 4 mois domine au titre de la protection de ses exploitants même si cela est à contre courant de « la révolution digitale ».