mardi 29 novembre 2011

Patrimoine et richesse des ménages

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Hélène Chaput, Kim-Hoa Luu Kim, Lauriane Salembier, Julie Solard
"Les inégalités de patrimoine s'accroissent entre 2004 et 2010", INSEE Première N°1380, novembre 2011

Des études média proposent en France une segmentation de la population selon les revenus déclarés. Les revenus disponibles, même corrigés des transferts sociaux (fiscaux, etc.), même si l'on veut croire à la rectitude des déclarations (il y faut la foi du charbonnier), restituent une image incomplète et sans doute inexacte de la France la plus riche, car il y manque les patrimoines. Or les écarts de patrimoine se sont accrus depuis 2004 (indice de Gini : +1,4%).
L'enquête Patrimoine 2010, réalisée par la division Revenus et patrimoine des ménages de l'INSEE, permet d'y voir plus clair. L'enquête repose sur les déclarations de 15 006 ménages, avec un calage sur la comptabilité nationale (avec la collaboration de la CDC, la BdF, l'INRA, la FFSA, etc.).
Le patrimoine des ménages est défini comme un ensemble d'avoirs : actifs financiers, immobiliers, actifs professionnels, équipement en biens durables, bijoux, oeuvres d'art. Le montant du patrimoine net est le patrimoine total brut dont on a déduit les emprunts en cours.
Que nous apprend, du point de vue de l'activité média et publicité, cette enquête publiée en novembre ?
  • Le patrimoine net croît régulièrement au cours d'une vie, de 30 à 70 ans. Le patrimoine, quant à l'âge, redouble donc les effets du revenu. Ceci renforce le poids de la variable "âge" dans les analyses.
  • Les disparités de patrimoine sont plus discriminantes que les disparités de revenu disponible.
  • Les CSP sont inégalement dotées : les agriculteurs puis les indépendants ont généralement plus de patrimoine, car il leur faut investir dans leur outil de travail (actifs professionnels). De manière plus précise, l'effet patrimoine joue inégalement selon les CSP ; par exemple, il est très important pour les professions libérales, à distinguer nettement des cadres et, plus encore, des professions intermédiaires. Que valent dès lors les notions de CSP+ ou de CSP++ ?  
Mon avis
  • Toujours revenir aux études de base, notamment celles de l'INSEE, lorsqu'elles existent. Leur méthodologie est claire et publique (source).
  • Au terme de cette prise en compte du patrimoine, la segmentation des pratiques média par la fortune paraît moins simpliste. 
  • Ces données favorisent les entreprises média / data disposant d'observations liées à des pratiques de navigation complexes, rares et non à des données ramassées à la fourche, on ne sait où.
  • Ensemble, "Revenus après transferts" + "Patrimoine net" peuvent définir un style de vie économique (propension à dépenser et à épargner, etc.), un parcours familial. Ciblage comportemental discriminant.
  • Resterait encore, pour être complet, à prendre en compte et intégrer le capital culturel (certifié et objectivé, diplômes, capital humain, etc.) et le patrimoine social (relations sociales échangeables et mobilisables), toutes formes de capital qui surdéterminent les données économiques des ménages.

2 commentaires:

Sandra Desain a dit…

Ce que je retiens surtout de cette enquête, et qui m'a choqué quand je l'ai lu dans le journal, c'est que la moitié des ménages français déclarent posséder plus de 150 200 euros de patrimoine brut et concentrent ainsi 93 % des avoirs. Les écarts s'agrandissent de jours en jours et tous les chiffres sont de plus en plus scandaleux!

Sandra Desain a dit…

Ce que je retiens surtout de cette enquête, et qui m'a choqué quand je l'ai lu dans le journal, c'est que la moitié des ménages français déclarent posséder plus de 150 200 euros de patrimoine brut et concentrent ainsi 93 % des avoirs. Les écarts s'agrandissent de jours en jours et tous les chiffres sont de plus en plus scandaleux!