lundi 28 mai 2012

LA Times Magazine. Style de vie en crise

.
Copie d'écran de l'appli iPad
Un magazine ferme. Mensuel, se disant "Lifetime Magazine", le LA Magazine vit certainement ses derniers jours.
  • Abonnement : 10 $ pour 12 numéros. La distribution des 400 000 exemplaires s'effectue essentiellement par portage au domicile (82%) ciblant les "beaux quartiers" de Los Angeles à partir des codes postaux étendus (zip codes) : "The magazine is distributed in select zip codes that are home to affluent and educated tastemakers. Our distribution covers all 5 counties of the LA DMA" (Source : Media Kit).
Le LA Timescomme le Chicago Tribune, appartient au groupe pluri-média Tribune qui détient également plusieurs stations de télévision.

Le lectorat affiche pour le marché publicitaire des caractéristiques dites haut de gamme : population aisée (220 000 $ / an de revenus moyens), 94% ont fréquenté l'université, 89% sont propriétaires de leur domicile.  Prescripteurs de goût (à la mode !), dits tastemakers. Le magazine circule peu (deux lecteurs par numéro). Les annonceurs appartiennent principalement à l'univers du luxe, de la mode, de la décoration (Source : id.). Une appli iPad et un site Web accompagnent et dupliquent le magazine. Magazine célébrant un "style de vie" luxueux, de consommation ostentatoire ("conspicuous consumption", T. Veblen), il est sans doute vulnérable à une conjoncture de crise économique.

Le magazine fermera après le numéro de juin 2012. Licenciements probables. Un trimestriel lui succéderait couvrant les mêmes domaines, éditoriaux et publicitaires, divisant par 4 les coûts de distribution. Explication "langue de bois de la direction" : "the entire magazine industry has been faced with a very challenging environment". Cette fermeture confirme les difficultés de la presse américaine tant au plan des contenus que des recettes publicitaires ; le tout souvent couronné de mauvaise gestion. Petit à petit, une question s'impose : par temps de crise économique, peut-on rafistoler avec des moyens et des talents numériques un secteur sinistré ? Qui disait de la presse qu'elle était "la sidérurgie des bobos" ? Peut-être faut-il tout revoir, de fond en comble.
"We introduced ourselves to a young man we thought to be a social-media mogul
but turned out to be from the catering company". LA Magazine, novembre 2011
.

6 commentaires:

Mara.fr a dit…

Ein Magazin zu produzieren ist sehr zeitaufwändig, vor allem wenn es modisch ganz vorn dabei sein will. Hinzu kommt, dass die Produktion teuer und der Organisationsaufwand enorm ist.
Ein weiterer Faktor sehe ich darin, dass man eine Frauenzeitschrift sehr schnell satt hat, da sich die Themen ständig wiederholen und man selten etwas Innovatives oder Neues zu lesen kriegt.
Auch wenn sich gut Betuchte sicherlich noch immer Zeitschriften oder Zeitungen leisten können, kommt die starke online Konkurrenz hinzu.

Noémie Rossier a dit…

Selon moi il faut effectivement revoir la distribution et la cible de ce genre de magasines. Il serait plus propice de cibler davantage mais également de spécialiser le magasine. Par temps de crise, certains magasines sur la mode s'en sortent mieux. C'est le cas de Vogue, qui parait rarement, mais qui se vend. Malgré la publicité bien présente, les images et les thèmes apportent une touche hors quotidien à ses lectrices (lecteurs) qui se permettent donc cette petite folie de temps en temps...

Yasmine a dit…

C'est malheureusement ce qui attend de nombreux magazines. Cela fait plus de 10 ans que la presse écrite subit une crise qui force les magazines à innover.

Cependant, cette baisse des ventes ne signifie pas une baisse des vues et donc des recettes publicitaires. En effet, sur iPas, d'après une étude de l’association MPA, 46% des utilisateurs d'iPad lisent plus de magazines depuis cette acquisition.

C'est tout de même un magazine qui reste emblématique et dont on regrettera les magnifiques photos de mode et le goût certains pour les belles choses.

Anonyme a dit…

Honnêtement je ne sais pas ce qu'il en est aux Etats-Unis mais sur le vieux continent - et notamment en Suisse - ce ne sont pas les magazines qui sont les plus en danger. La presse écrite ne va pas bien, c'est un fait, mais certains magazines s'en sortent très bien, et accroissent même leur lectorat et leurs bénéfices (cf. "Psychologies"). De l'aveu même d'un journaliste d'un quotidien Romand, le journal (au sens premier du terme) est voué à disparaître. Un support en papier n'a plus de sens quand il cherche à divulguer les dernières informations, il sera toujours en retard sur Internet. Mais certains magazines, qui offent une plus-value physique (de belles photos sur un papier de qualité, un poster, etc.), ont, à mon avis, encore de beaux jours devant eux. On tend donc probablement vers la fin de la presse quotidienne, mais je ne pense pas que la presse écrite dans son ensemble soit menacée.

Grégoire (Université de Fribourg)

Bertrand A a dit…

Il faut savoir quel est le procès de cet article: s'agit-il du luxe ou du papier?
Les commentaires émanant du magazine et expliquant sa fermeture ne sont pas très explicites, nous ne pouvons donc pas être en mesure de savoir s'il s'agit plutôt d'un problème de coûts de production trop élevés (journalistes, photographes, impression, etc.) ou bien de réception trop faible (revenus publicitaires et abonnements / vente au numéro).
Toutefois, ces deux hypothèses sont possible, et surtout une troisième est plus probable encore, celle de la conjonction des deux éléments. En effet, la crise peut aisément être la source de ces deux problèmes qui ont pu mener l'entreprise à la faillite.

Unknown a dit…

Je rejoins le commentaire de Bertrand A. La crise de la presse associée à la « crise du luxe » est selon moi l’explication la plus probable à la disparition de ce magazine.

Le segment particulier dans lequel le magazine se positionnait nécessitait de l’innovation et un renouvellement permanent, et donc des coûts de production importants. En ce qui concerne ce point, une parution trimestrielle est sans doute plus adaptée. La presse est en crise, cela ne fait aucun doute. Mais au-delà du domaine des médias, j’ai le sentiment que l’industrie du luxe n’est pas totalement épargnée. Et cela explique - sommairement - que ce magazine n’ait pas survécu. Comme mentionné plus haut, d’autres médias s’en sortent mieux. Un avenir serait donc possible pour la presse à condition d’allier une bonne gestion à une part tout aussi importante de créativité et d’innovation.

D’autre part, j’aimerais partager une réflexion peut-être moins objective et basée sur mon ressenti à la lecture de votre post.
Et si c’était le contenu qui posait problème ? La presse en crise oui, mais cela va plus loin au fond. La crise économique actuelle touche tout le monde – ou presque. En tout cas, on ne peut plus l’ignorer. Peut-être que le lifestyle prôné par ce type de magazine n’est tout simplement plus dans l’air du temps ? Et si c’était le positionnement du magazine qui posait problème ?
"The magazine is distributed in select zip codes that are home to affluent and educated tastemakers
Suis-je la seule à être interpellée par cette phrase ? On se croirait dans « Desperate housewives », c’est navrant… Le luxe, un style de vie en crise, comme vous l’écrivez

Selon moi, il n’y a pas de doute : tout est à revoir, de fond en comble, dans la presse et ailleurs.