lundi 1 juillet 2013

Collectionneurs d'objets publicitaires. Magazine


Quelle place occupait la publicité dans la culture "à l'époque de la reproductibilité technique" ?
Question subsidiaire : quelle place occupent les pratiques de collection dans une culture numérique d'objets virtuels ? Qu'est-ce qu'une collection ?

Le magazine Collectionneur & Chineur répond, en partie, à la première de ces question, en acte, avec un hors-série sur "La publicité d'hier" consacré à des objets publicitaires à collectionner (100 p, 4,9 €).
Le magazine régulier est un bimensuel, lancé en septembre 2006, vendu 3,5 € au numéro. Il est édité par les Editions LVA spécialisées dans les titres traitant des collections (cf. Antiquités Brocante), de la moto et de l'automobile, et, par conséquant, des automobiles de collection (AutoRetro, Retroviseur, La Vie de de l'auto).

Ce hors-série passe en revue des objets conçus et distribués par les marques comme outils commerciaux afin d'augmenter leur notoriété, leur score d'agrément, et de fidéliser surtout : "communication par l'objet publicitaire".
Beaucoup d'objets publicitaire d'autrefois s'adressaient aux enfants qui devenaient prescripteurs de produits alimentaires ; du coup, beaucoup d'objets publicitaires ont pris la forme de jouets. Souvent aussi, l'objet publicitaire vise les distributeurs (cafés, garages, etc.) dont il anime et décore le point de vente tout en renforçant et répétant l'image de marque du produit, sans intrusion.
  • Rappel : d'après l'IREP qui analyse les dépenses de communication des annonceurs, la part de marché de la "publicité par l'objet" était, en 2012, de 4,4% (plus que la radio, plus que l'affichage, que la presse quotidienne, que la presse magazine, que la PLV...).
La collection constitue un indicateur d'engagement d'une famille envers une marque et un produit. De plus, la collection engendre un réseau de collectionneurs et un marché (échanges, argus, bourses, etc.). Un cas classique est celui des images offertes dans les emballages de tablettes de chocolat (Meunier, Lanvin, Kohler, Nestlé, Poulain, etc.) collectionnées et collées dans un album. On trouve aussi dans ce hors-série beaucoup de voitures miniatures (Ricard, Nescafé, glaces Gervais, etc.), beaucoup de porte-clés, d'accessoires scolaires (protège-cahiers, porte-plume, buvards, double-décimètres, crayons). Les enfants aiment collectionner : les éditeurs de presse le savent bien (cartes Pokemon !). N.B. Poulain a relancé en 2013 sa collection d'images en ligne.

Les objets publicitaires s'insèrent dans la vie quotidienne, ils ont souvent une utilité (valeur d'usage).
Prenons des exemple dans le hors-série. Les objets publicitaires participent de l'animation des bistros et des cafés, lieux majeurs de socialisation et de rencontres, donc occasions sympathiques de multiplier des contacts avec la marque : cendriers, pichets (Berger, Ricard, bière La Meuse, Pernod), verres doseurs, becs verseurs, carafes, carnet pour compter les points aux cartes, boîte pour jeux de cartes (Suze, St Raphaël), ouvre-bouteilles, décapsuleurs, pendules, thermomètres, menus, lampes, briquets, calendriers perpétuels, étuis de jeux de dés, pistes de jeu de dés, etc.
Le bistro du XXème siècle était un univers publicitaire et, à sa manière, un réseau social.
De la même façon, les objets publicitaires s'insèrent dans l'équipement de la cuisine : boîtes de toutes formes, bols, livres de recettes, tire-bouchons, verres, tasses, etc.

Ethnologie de la collection ?
Pratiques culturelles des Français, o.c. questionnaire
"Passion ordinaire", la collection (Christian Bromberger, Hachette, 1998) ? "Culture du pauvre" (expression de Richard Hoggart) ?
Dans Les Pratiques culturelles des Français, édition 2008, la pratiques des collections faisait l'objet d'une question (cf. QA4, ci-joint).
Pierre Bourdieu classe les collections parmi les pratiques culturelles témoignant d'une "bonne volonté culturelle"(cf. La distinction. Critiques sociale du jugement, Paris, Editions  de minuit, 1979, p. 404 sq) : il épingle le "petit-bourgeois" collectionneur de "petits objets de peu de prix (timbres, objets techniques en miniature, etc.) auxquels il consacre son temps et sa minutie classificatoire" (p. 379). Jugement de classe, psychologie condescendante ? La sociologie de Bourdieu frôle sa limite. Certains vont plus loin que le sociologue pour faire de la collectionnite une pathologie, une addiction !
Retenons que toute collection, savante ou populaire, met en oeuvre des opérations communes de sélection, de classement (tag).

La collection est une pratique omniprésente dont l'ethnologie semble peu développée. Peut-on la rapprocher de pratiques culturelles comme celle des supporters sportifs qui savent tout d'une équipe, d'un champion ("passion ordinaire") ? Peut-on la rapprocher de certaines formes de travail de spécialisation "intellectuelle" (sur un auteur, une époque, un thème, etc.) qui fait les sujets de thèses. Collection de savoirs ? Base de données ? Si tout objet est susceptible d'être collectionné, toutes les collections n'ont pas la même légitimité sur le marché culturel. Et la collection, en elle-même, semble peu légitime. A moins qu'il ne s'agisse de tableaux, de livres anciens...
La collection doit pouvoir être montrée (du petit musée privé aux musées publics, valeur d'exposition sociale) et vendue. Ce magazine, comme d'autres sur le même sujet, contribuent à l'organisation de ce marché.
Magazines spécialisés en vitrine. Librairie spécialisée. Paris 6ème
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1 commentaire:

Riaz Hussain a dit…

I really admireable to see this post More