jeudi 27 février 2014

La neutralité du Net et l'accord Netflix /Comcast


Qui doit payer pour assurer aux consommateurs une liaison haut débit de qualité ? L'opérateur ou le fournisseur de contenus ? L'accord Netflix / Comcast intervenu aux Etats-Unis la semaine passée propose une réponse : puisque c'est le fournisseur de contenu qui en a le plus besoin, c'est lui qui doit payer.
Source : Netflix, US & Canada blog
Aussi, Netflix (30 millions d'abonnés) a accepté de payer le câblo-opérateur Comcast pour un accès direct à son réseau, en vertu de quoi les émissions de Netflix seront mieux acheminées aux téléspectateurs qui les achètent. La vitesse de téléchargement des produits de Netflix (séries, films) ne cessait de se détériorer en raison d'embouteillages sur les réseaux qui provoquaient la lenteur voire des interruptions de la transmission.

Ainsi, Netflix et Comcast semblent appliquer de facto la décision du tribunal de Washington (D.C.) (janvier 2014), saisi par Verizon, remettant en question les principes de l'"Open Internet". En réalité, Netflix paie parce que, dans ce cas, le trafic Netflix / distributeurs est disymétrique, presque exclusivement descendant à partir de Netflix ;  il s'agit donc plutôt d'une compensation que d'un paiement, les accords d'appairage (peering), reposant a priori sur la gratuité, puisqu'ils présupposent la symétrie. La compensation n'a rien à voir avec la neutralité du Net.

Le volume de vidéo circulant sur les réseaux s'accroissant régulièrement, de tels accords paraissent désormais inévitables, instaurant sans doute une inégalité de distribution entre fournisseurs de vidéo, celle-ci pouvant être amenée à payer de plus en plus plus cher sa distribution. Rappelons que 30% du trafic haut débit sur Comcast, aux heures de pointe, provient de Netflix.

Le bruit de ce cas particulier retentit dans le cadre d'une discussion générale sur la neutralité du Net qui stipule l'égalité de traitement de tous les contenus (au sens de Tim Wu, cf. infra). Les éléments actuels instaurant la neutralité du Net aux Etats-Unis renvoient à des notions floues comme la "discrimination déraisonnable" et la "gestion raisonnable" (cf. infra). Dans l'accord Netflix / Comcast, il semble qu'il n'y a pas de discrimination déraisonnable et qu'il s'agit d'un cas de gestion raisonnable du réseau.
Toutefois, si ce cas doit faire jurisprudence, les principaux fournisseurs de contenus vidéo devront payer les distributeurs pour leur transport. On peut penser à Hulu, à YouTube, iTunes, Disney, Amazon, aux chaînes de télévision... Déjà, Verizon (FiOS), qui réclame des frais de transit (transit fee), a fait savoir que les plus importants utilisateurs du réseau devraient contribuer davantage, invitant la FCC à intégrer des entreprises comme Google, Apple, Netflix, Microsoft dans le périmètre de sa réflexion sur la neutralité du Net. AT&T (U-verse) a déjà commencé des négociations avec Netflix. Quant à Google, Microsoft, Yahoo!, ils paient les opérateurs depuis longtemps, semble-t-il. Dans tous ces cas, nous avons affaire à des accords commerciaux classiques : à quoi bon une législation ?
  • Si une question doit être posée à l'occasion de ce débat, c'est celle du seuil de concentration : la FTC autorisera-t-elle l'achat de Time Warner Cable par Comcast ? L'ensemble représenterait plus de 32 millions d'abonnés haut débit et donnerait à la nouvelle entité un pouvoir exorbitant de négociation avec les fournisseurs de contenu.
  • Cette affaire peut éclairer la stratégie de Google Fiber, classée en tête pour la vitesse de connection aux Etats-Unis (cf. supra, tabeau de Netflix). Google pourrait compter sur la mise en place de ses réseaux hauts débits pour sécuriser la distribution de ses contenus, de YouTube notamment, qui représente presque 20% du trafic actuellement... Ses essais de très haut débit à Kansas City, Austin, Provo pourraient être étendus prochainement à une trentaine d'autres agglomérations. 
  • Un accord du type Netflix / Comcast valorise les fournisseurs d'accès Internet (FAI) qui peuvent, avec la fibre optique, escompter des revenus supplémentaires des fournisseurs de contenus ou, le cas échéant, des avantages pour leurs propres contenus. 
  • Verra-t-on Netflix reporter ses frais de transit sur la facture de ses abonnés ?
  • Quel sera son comportement de Netflix sur le marché européen ? Il semble qu'aux Pays-Bas, où Netflix est présent, le câblo-opérateur Ziggo (racheté par Liberty Global) envisage de faire payer les fournisseurs de contenus pour garantir la qualité de distribution... En Norvège, Netflix a un accord de peering avec Telenor et paie pour la diffusion de ses contenus... On dit qu'en France, Netflix négocierait une garantie de bande passante avec Orange...
  • Le débat s'envenime. Dans un post (20 mars 2014) Netflix réclame un renforcement de la neutralité du Net : "Internet Tolls and the Case For Strong Net Neutrality". A cela, AT&T rétorque dès le lendemain : "Who Should Pay For Netflix?", qui doit payer pour Netflix, sinon Netflix ou ses clients ? "As we all know, there is no free lunch, and there’s also no cost-free delivery of streaming movies.  Someone has to pay that cost".
  • Quelques semaines après la signature de l'accord Comcast - Netflix, la performance de Netflix s'est fortement améliorée sur les réseaux Comcast comme le montre la comparaison des tableaux ci-dessus (janvier mars 2014).

Rappels sur la neutralité du Net :

FCC, "Fixed broadband providers may not unreasonably discriminate in transmitting lawful network traffic over a consumer’s broadband Internet access service. The no blocking and no unreasonable discrimination rules are subject to limited exceptions for “reasonable network management.”", The Open Internet, Guide.

Tim Wu, "Internet Neutrality, Broadband Discrimination", Journal of Telecommunications and High Technology Law", Vol. 2, p. 141, 2003.

Tim Wu, "Network Neutrality FAQ",  avec biblio.

dimanche 23 février 2014

Déclaration d'indépendance médiatique du sport : 120 Sport et NFL Now


L'organisation de la télévision sportive américaine a changé au cours des années passées. Beaucoup de ligues sportives ont étoffé leur présence numérique et développé leurs propres chaînes, tandis que les éditeus de networks nationaux développaient des chaînes de télévision multi-sport. Ceci n'était que l'extension d'une offre traditionnelle.
En revanche, deux projets qui verront le jour durant l'année rompent avec cette tradition pour épouser d'emblée et complètement la révolution numérique : 120 Sports et NFL Now.
Un cahier des charges tacite semble énoncer les caractéristiques de cette rupture télévisuelle : formats courts, immédiateté, multi-support, c'est à dire réception mobile, appli, personnalisation, direct, vitesse, souplesse, réactivité, continuité, contenu à la demande.

120 Sports
Lancée au cours des mois qui viennent, 120 Sports est une télévision multi-sport qui réunit Time Warner et quatre ligues de spectacle sportif : la chaîne rassemblera des éléments de basket ball (NBA), baseball (MLB), hockey (NHL) et de sport mécanique (NASCAR) ; s'y ajouteront des sujets provenant des conférences sportives universitaires ("college sports") via Campus Insiders.
Délivrées en live streaming pour tout support numérique, sans recourir à une authentification comme TV Everywhere, procédure contrôlée par des opérateurs de télévision payante, à leur profit.
Le format des émissions sera de 2 minutes (120 secondes) : citations et extraits de matchs ("highlights", "game footage"), commentaires de journalistes, de fans. L'ensemble mélangera vidéo et data ("built to intuitively integrate video and data"). Pour commencer, le modèle économique sera publicitaire (appli gratuite pour le téléspectateur) ; une version payante sera proposée en 2015.

Les moyens techniques, le développement et le marketing proviendront de trois partenaires disposant d'une expérience dans les médias du sport :
- MLB Advanced Media qui travaille déjà avec ESPN.
Silver Chalice, entreprise spécialisée dans le sport pour le numérique, prendra en charge la production ; Silver Chalice, basée à Chicago, a lancé SportsLab ("the home of digital sports"). Elle est liée aux Chicago White Sox, l'équipe de baseball. La production se déroulera à Chicago, dans les studios Harpo Studios (Oprah).
- Le magazine Sports Illustrated (groupe Time Inc.) pour le marketing et la régie publicitaire.

NFL Now
Si la puissante NFL (football) est l'absente notoire de ce groupement, c'est parce qu'elle est de son côté engagée dans son propre projet, NFL Now, appli qui sera lancée quelque mois après 120 Sport, durant l'été 2014. Dans les grandes lignes, ce projet ressemble à celui de 120 Sports. Ses partenaires seront Yahoo!, Microsoft, Verizon et Gillette. Le service permettra la personnalisation (choix de l'équipe préférée) ; il proposera des transmissions en direct, des débats, des conférences de presse, en partie à la demande.

Remarques :
  • Le lancement de ces chaînes retentit comme une déclaration d'indépendance médiatique du sport.
  • Time Warner qui vient de rompre avec l'économie du câble en vendant TWC à Comcast, qui n'a pas de network (sauf une participation de 50% dans The CW) et qui ne gère pas de station locale, a désormais les mains libres pour inventer une nouvelle télévision numérique (pas de TV Everywhere à respecter). Parmi les actifs essentiels de Time Warner : HBO, Warner Bros, Time Inc., CNN, Cartoon Network, Hanna-Barbera, Castle Rock Entertainment.
  • Le modèle économique de ces deux chaînes, conçues d'emblée pour être multi-support, repose sur le développement de la publicité numérique multi-support. La demande se confirmera de responsive design mais surtout d'analytics ne nécessitant pas de recours à des panels, à des mesures mixtes et des GRP de synthèse, comme en proposent Nielsen avec Facebook (OCR) ou comScore avec Google (vCE).
  • Avec la réception sur les appareils mobiles, smartphones et tablettes, les format courts s'imposent avec des implications dans la production, le mode d'exposition, de narration (storytelling) du sport.

lundi 17 février 2014

Paper par Facebook : tigre de papier ou avenir des médias ?

Paper - stories from Facebook

Facebook vient de publier aux Etats-Unis une application intitulée "Paper" ; ce nom symptomatique annonce tout un programme. Le numérique ne cesse d'imiter l'apparence du papier, de vouloir recréer l'impression du papier, avec des unes, des pages que l'on feuillette, dont on reconstitue parfois jusqu'au bruit. Il y a même une appli "Newsstand" dans l'App Store d'Apple... Eternel retour du refoulé ? Nostalgie ? Pourtant cette initiative semble s'intégrer dans une stratégie dite "mobile first"...

Quoi de neuf ?

Cette nouvelle application de Facebook, réalisée par Creative Labs, intègre des éléments choisis parmi diverses publications traditionnelles des médias. On a pu dire que cela ressemblait à Feedly, à Flipboard, etc. Alors, n'y aurait-il rien de neuf, au royaume des news readers, avec ce Paper de Facebook ?
Si. L'innovation se situe dans le cadre-même de l'intégration avec Facebook, intégration remarquablement servie par la subtilité ergonomique et l'élégance de l'interface utilisateur (cf. "Design details: Paper by Facebook" et Subjective-C, sur le traitement des photos par Paper). Au moment où des millions d'utilisateurs consultent Facebook, ils peuvent se trouver en contact avec une offre d'information qu'ils ont eux-mêmes sélectionnée. L'intime se mêle alors au public, les amis aux connaissances, à la connaissance. Au cercle des amis plus ou moins proches, s'ajoutent des cercles d'idées, de thèmes en affinité avec l'internaute, de contextes aussi.
Du coup, il se passe toujours quelque chose sur Facebook : non seulement du très proche, des mico-événements, comme d'habitude, mais aussi du lointain, l'ailleurs. La publicité ne manquera certainement pas de s'emparer de toutes ces data et de ltous ces croisements possibles : relations, engagement, contextes, préférences, intérêts, lectures...
Comme les deux tiers des utilisateurs consultent Facebook à partir d'une appli mobile, Paper met l'information et les journalistes sur le chemin quotidien qu'empruntent les internautes pour aller retrouver leurs "amis". Paper construit un carrefour d'audiences et d'actualités.

"Customize Your Paper" :  pour l'instant, les médias parmi lesquels l'utilisateur de Facebook peut choisir sont plutôt généralistes et en nombre limité ; mais on peut imaginer que cette appli devienne à terme un lieu de publication élargi, un kiosque universel, personnalisable, un pôle d'édition dans lequel chacun cherche et puise, voire même commande et recommande des publications spécialisées, des ensemble de data, des thèmes... Paper est un avenir des médias.

Qui paie ?

Avec Paper, la lancinante question du prix de l'information demeure. Là cesse, semble-t-il, l'innovation. D'où vient l'information ? Qui en paie l'extraction, le raffinage, l'analyse, le traitement ? Est-ce que, une fois encore, des médias fournissent gratuitement leur contenu chèrement payé ?
Comme nouvel agrégateur, Facebook n'est inquiétant ni pour les journalistes, ni pour les publications traditionnelles, pour autant qu'il les rémunère. Paper est "un tigre de papier" qui, selon l'expression chinoise (紙老虎), malgré son air menaçant, n'est pas dangereux. Mais, rémunère t-il les médias ? Ce n'est peut-être, pour les médias ainsi choisis, qu'une diffusion de plus que les lecteurs ne paient pas, en apparence du moins, car Facebook vend de l'espace et des data, leurs data...
Si personne ne paie la production et l'analyse de médias, un jour, il n'y en aura plus à agréger.

Mise à jour (1er juillet 2016)
Facebook met fin à l'appli Paper en juillet 2016, certains éléments étant intégrés dans Instant Articles.

mercredi 12 février 2014

Achats locaux TV : un nouvel outil américain de Nielsen


Nielsen met en œuvre dans les 210 marchés média locaux américains (DMA) un outil d'achat TV combinant taux d'audience locale (National Station Index, NSI) et analyse des consommations des téléspectateurs : Local Buyer Reach. L'outil pourra fonctionner dans tous les marchés, indépendamment de la méthodologie de mesure de l'audience locale : audimétrie individuelle (LPM, local people meter) dans les plus grands marchés, set-meter pour les marchés de taille intermédiaire et carnet d'écoute (diary) pour les plus petits marchés.

Les données de consommation sont fournies pour une quarantaine de segments et catégories : fréquentation de la restauration rapide, automobile (immatriculations), épicerie, que les achats soient effectués dans les points de vente traditionnels ou sur des sites de e-commerce. Les données mobilisées proviennent des cartes de crédit ; elles sont anonymisées et protégées.
L'automobile est le premier annonceur local en 2013, suivi par les télécoms et les restaurants (source : Kantar Media).
Ces données croisées permettront aux commerciaux de chaque régie locale de mettre en évidence le pouvoir d'achat des téléspectateurs de leur station (on et off line). On peut imaginer qu'un tel outil puisse aisément être appliqué au Web et à la radio (Nielsen mesure les trois médias) et permette d'élaborer des plans médias mixtes, Web, radio et TV.

Le développement de cet outil commercial souligne l'importance du marché publicitaire local pour la télévision américaine, marché bizarrement inexistant en France mais qui représente le tiers des dépenses publicitaires TV aux Etat-Unis.
Ces outils commerciaux sont adaptés aux annonceurs locaux et aux annonceurs nationaux visant les consommateurs à l'échelle locale.Ils rappellent un outil de type source unique (single source) développé également par Nielsen pour le marché national des produits de consommation courante (CPG, Consumer Packaged Goods) : Nielsen Catalina Solutions et la suite logicielle AdVantics. Toutefois, cela ne résoud pas les problèmes de mesure de la télévision locale par panel, surtout dans les plus petits marchés (cf. les solutions de Rentrak).

vendredi 7 février 2014

Les Voix de la France


Sondage CSA / Havas Media sur les marques les plus présentes dans la vie des Français (notoriété), estimation d'un "sentiment de présence" par les Français. 159 marques étaient proposées par l'institut d'études CSA. 4 596 personnes de 15 à 59 ans ont été prises en compte (2013). Source : Havas, février 2014.
Il en ressort que les voix qu'entendent les Français sont d'abord celle de Google (Google + YouTube, qui appartient à Google). Ensuite viennent Facebook, puis TF1 et M6...
Après, mais après seulement (et après CocaCola !), France Télévisions et Orange.

Bientôt, YouTube sera sans doute la première chaîne française.

On peut mesurer à ce bilan une situation culturelle, et l'économie vécue des médias en France. "La voix de la France" disait un Président de la République, en juin 1969, c'est l'ORTF (dont l'équivalent serait aujourd'hui l'ensemble France Télévisions et Radio France).
La voix de la France, ce serait donc surtout Google et YouTube, et Facebook ?
Exception culturelle, diversité culturelle ? C'est bien mal parti...

N.B. Nielsen Médiamétrie (MNR) confirme : en décembre 2013, YouTube comptait 1,83 milliard de vidéo vues, TF1 50 millions, France Télévisions, 20 millions (pas de données disponibles pour Facebook). Février 2014.


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lundi 3 février 2014

Self service : enquêtes à vendre


Survata vient de publier les résultats d'une étude, une de plus, sur l'évolution de Facebook chez les adolescents américains.
Selon cette enquête, reprise ici ou là, l'usage de Snapchat et d'Instagram grignoterait celui de Facebook. La marge d'erreur déclarée est de 4,9%.
Notre propos n'est pas d'ajouter une approximation ou une erreur à toutes celles que propage le Web sur ce sujet. En revanche, nous voulons pointer une évolution du marché des études.

Le taux de non-réponse n'est pas indiqué : les non répondants
("I doo'nt use any of these") sont exclus des résultats
Le site de Survata publie le questionnaire qui a été utilisé (ce qui est fort rare) ; il précise la taille de l'échantillon interrogé et la date de passation : 365 personnes de 13 à 17 ans, du 17 au 20 décembre 2013. Survata expose sa méthodologie mais ne donne pas les résultats permettant de contrôler la qualité des réponses collectées.
Le questionnaire est diffusé sur des sites d'éditeurs ("quality sites", "around the Web"), volontaires et sélectionnés, en échange de contenus proposés aux répondants (video, e-book, etc.).
Jusque là rien que de classique : c'est la pratique des collecteurs de données, des panels...
Les problèmes commencent avec l'interprétation de ce résultat. Quelle est sa fiablilité ? Qui sont les répondants (biais) ? La représentativité par rapport au recensement américain est assurée pour l'âge, le sexe et la géographie (avec quelle granularité ?). Mais ensuite ? Quel degré de représentativité, par exemple, par rapport au mode d'utilisation du Web (technographics : appareil, O.S., etc.), au milieu social (capital économique et culturel) ? Peut-être n'a-t-on interrogé que des possesseurs d'iPhone 5, de milieux aisés, etc.
  • Les résultats (Excel et Statwing) sont fournis dans les 24 heures suivant la passation.
  • La politique des prix pratiquée est simple et lisible : $1.00 le répondant. 
  • Le modèle économique est sans doute efficace. Les coûts sont faibles et presque tous fixes : les cadeaux bon marché, la distribution du questionnaire et des cadeaux est gratuite. L'analyse des données recueillies est automatique.
  • Pas de travail pour réunir un échantillon avec des quotas difficiles (de plus, on n'interroge que des internautes) 
  • Pas d'études de cadrage (establishment survey). 
  • Les coûts variables sont faibles : relecture et correction du questionnaire, marketing
Surdata, entreprise sortie de l'incubateur YCombinator en 2012, annonce sa couleur : accurate, fast, affordable (juste, rapide, bon marché).
Enquêtes et sondages en ligne concurrencent déjà et concurrenceront de plus en plus sur les enquêtes traditionnelles (par téléphone, par courrier, face à face). Survata n'est qu'un exemple. Google Consumer Survey ou Polar sont du même ordre, tout comme SurveyMonkey et bien d'autres (cf. par exemple, la liste établie par GreatBook). Sans compter les enquêtes sur mobile : cfPalmopinion, par exemple, qui propose des enquêtes sur smartphone pour le marché chinois.

Cette évolution est l'effet de l'automation que permet et généralise le travail numérique : self service (chacun conçoit et réalise sa propre enquête), dématérialisation. De nombreuses enquêtes de référence des médias se mettent à suivre cette voie pour abaisser leurs coûts. Toute nostalgie plus ou moins luddiste sera vaine : il s'agit plutôt désormais de mettre en place des contrôles garantissant rigueur scientifique et information des utilisateurs quant aux limites des méthodologies.