mercredi 31 décembre 2014

Sports TV fees for everybody


You do not like to watch sports on cable TV? Too bad, but you pay anyway. Or  you can cut the cord...

That is what Time Warner Cable, the second American Multiple System Operator (MSO, 11 million subscribers) is telling its subscribers in the beginning of 2015.
Every TWC subscriber will have to pay a monthly $2.75 surcharge, even if they do not subscribe to a sports package. These sports fees are supposed to offset the rising price of sports programming by networks such as ESPN, SportNet LA (which by the way belongs to TWC), etc. DirecTV and Cablevision are going to do the same. Subscribers will not be able to opt out to avoid the surcharge (bundling).
Sports programming represents 20% of programming expenses for cable operators and other distributors (source: SNL Kagan).

Of course this surcharge will probably increase cord cutting and the number of cord-nevers. But obviously, in order to optimize their business, cable operators prefer to have less subscribers who pay a bigger bill: How long can this last? Unfortunately, for American sports fans, the broadband supply of sports is still limited. When will there be a OTT for sports?

lundi 29 décembre 2014

Peur de nos amis les robots ?


Les technologies numériques s'emparent de la presse magazine grand public. On l'a observé avec les conseils d'achat pour les équipements personnels et domestiques. Un grand pas de plus et nous voici dans l'intelligence artificielle ; la vulgarisation patine toutefois lorsqu'elle doit aborder les réseaux neuronaux : machine learning et deep learning sont quelque peu rébarbatifs.
Heureusement voici les robots et leurs représentations plus ou moins anthropomorphiques. Thème populaire, les robots font rêver et ils font peur. Science fiction ? Luddisme ? Les machines voleraient le travail des humains, les mettant au chômage. Pourtant, à la une des magazines, les robots ont l'air si sympathique, inoffensif, et ils sont plutôt photogéniques. Humains, trop humains ! Journalisme de vulgarisation scientifique et technique, de nombreux magazines titrent sur l'actualité des robots : fin et début d'année invitent à imaginer l'avenir. Le temps des robots semble proche.
  • Notons d'abord qu'il existe depuis janvier 2010 un magazine régulier, spécialisé mais grand public, Planète Robots : "le magazine de la robotique et des nouvelles technologies du futur" (bimestriel, 5,9 €, abonnement annuel 6 numéros, 35 €). Son existence témoigne de l'intérêt constant pour ce sujet (on en est au numéro 30).

  • L'Humanité Dimanche  (hebdomadaire, 3 €, 4 décembre) aborde la question par les dimensions sociales et s'inquiète pour l'emploi - actualité française oblige. La fabrication et l'entretien des robots ne compenseront sans doute pas les suppressions d'emploi qu'ils provoquent ; une nouvelle économie doit être conçue (droit du travail, fiscalité, sécurité sociale, formation).
Il est vrai que les robots ne font pas grève, travaillent 24 heures sur 24, ne prennent ni vacances ni week-ends, ne sont pas malades (mais ils tombent en panne), n'ont pas d'accidents du travail et ne touchent pas de retraite. Donc pas de charges sociales. Un rêve d'entrepreneur ? Certes, mais qui achètera leur production ? Voir l'ouvrage de Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, The Second Machine Age: Work, Progress, and Prosperity in a Time of Brilliant Technologies (2013).

  • inexploré (trimestriel, 6,5 €) demande "jusqu'où ira l'intelligence artificielle" dans son dossier "Demain, tous robots ?".  
  • LSA (distribution) évoque Nao, le robot d'Aldebaran, qui accueille les clients du magasin Darty de la République à Paris.
  • Notons encore un article dans le magazine Geek (bimestriel, 5,95 €) sur la manière dont les robots apprennent à percevoir et comprendre le langage du corps humain et sur les aspects juridiques du développement des robots.


Amazon, en attendant les drones, compte sur les robots pour améliorer l'efficacité de sa logistique. Une video tournée dans les entrepôts  (fulfillment center) montre le ballet des robots (cf. vidéo supra) évoquant l'apprenti sorcier (Goethe, Dukas, Disney).

Vieille histoire, les robots ? Aristote notait que si les navettes "tissaient d'elles-mêmes", on n'aurait plus besoin ni de manœuvres ni d'esclaves (Politique, Livre I, IV, 3) ; vingt siècles plus tard, Descartes évoquera les animaux-machines et les automates (Discours de la méthode, Cinquième partie) : seul le langage les distingue des humains : et l'on arrive au test de Turing pour séparer les humains des machines.

Et la presse, sera-t-elle touchée par les robots ? Quand les articles sur les robots seront-ils composés par des robots ? Jamais, disent certains en un bel acte de foi. "Let the data tell its story", propose déjà Wordsmith, le logiciel d'Automated Insight. Voir aussi Quill, le logiciel d'écriture de Narrative Science ou encore celui de Arria.

T-shirt d'étudiants du MIT, Boston, haut lieu de la recherche en robotique. Le robot, étape de l'évolution de l'humanité...

jeudi 25 décembre 2014

The old age of news


According to Nielsen, the median age of American TV news channel viewers is :

58 for CNN, 61 for MSNBC, 68 for Fox News (prime time)
61 for CNN,  61 for MSNBC, 66 for Fox News (total day)

One can comment on these ratings in many ways: the evolution from one year to the next, the changes in programming (for instance, more series on CNN), the differences between networks (see Variety).

Any comment on the differences only helps to hide a major common fact: this audience is skewed towards older viewers (cfThe Atlantic).
Where are the younger generations? Where do young adults get their news from? The Web ? Facebook (see Facecast or Paper), YouTube, Reddit, Google News, Twitter? Are Fox News, CNN or MSNBC even part of their consideration set when it comes to "news"? Cord-nevers, they do not subscribe to pay TV.
Moreover, what do they (we) call news? How old would the audience be for so-called news networks, if we were to exclude entertainment and people from the "news" category and only include politics and economics? Is there still an audience for programs like what is celebrated on "The Newsroom"?
Let's face it: news is to be found on the net, on mobiles.

mercredi 17 décembre 2014

Cours de journalisme en série : The Newsroom


Voici que s'achève la troisième et dernière saison de la série The Newsroom diffusée par HBO depuis juin 2012 (puis HBO GO) : 25 épisodes de 52 minutes.
The Newsroom raconte le quotidien et les péripéties de News Night, le journal du soir d'une chaîne d'info, ACN (chaîne fictionnelle, du type CNN). Le générique de la première saison place d'emblée la série sous les auspices favorables des grands ancêtres de l'information télévisée américaine : Edward R. Murrow (CBS), Walter Cronkite (CBS), Chet Huntley et David Brinkely (NBC).
Le réalisateur et auteur est Aaron Sorkin, un habitué de la fiction politique : "The West Wing", "The American President" ; il est aussi le réalisateur de "Social Network", un film sur les débuts de Facebook.

The Newsroom relève d'une double lecture : au premier degré, une trame politique, celle de la chaîne, d'événement en événement ; des histoires secondaires s'y entrelacent, amours, rivalités, drames, ambition... Le téléspectateur partage la vie fébrile de la salle de rédaction, petite communauté dont l'incessante communication numérique exaspère le quotidien. L'information télévisée se fait à coups de Web et de smartphones : Twitter, iTunes, Facebook le disputent aux blogs et aux e-mails.
En même temps que se déroulent ces narrations croisées, d'épisode en épisode, la série approfondit une réflexion critique sur le journalisme et ses limites : le financement de l'information par la publicité, l'obsession lancinante des taux d'audience (ratings) et des sondages, la langue de la télévision, malade, de plus en plus orwellienne, la starification des présentateurs, le "journalisme citoyen" (amateur), l'agenda setting... L'équipe de News Night rêve d'une information sans contrainte, libérée des taux d'audience, indépendante des actionnaires, de la publicité... Dépendre des subventions et des pressions des pouvoirs politiques plutôt que de la publicité ? Hum !

Les problèmes évoqués et parfaitement illustrés concernent la construction et la hiérarchisation des faits, la question des sources et de leur vérification, la course au scoop... C'est toute l'économie de l'information, de sa production et de sa consommation que la série réussit à mettre en scène : à ce titre, elle pourrait servir de base à une réflexion de science politique sur le journalisme et, plus généralement, sur le "quatrième pouvoir". Le postulat politique de la série, qui semble hérité de Benjamin Franklin (cf. Apology for the Printers", 1731), est que la qualité d'une démocratie dépend de la qualité de l'information de ses citoyens. Mais que peuvent vouloir des téléspectateurs intoxiqués par la culture politique hégémonique de leur temps, de leur pays ?

Une mythologie du journalisme, empreinte de nostalgie, est sous-jacente : celle du Watergate, faire l'événement plutôt que s'en tenir à le raconter. How to do things with words ! Le journaliste devient le héros de l'histoire qu'il raconte.
Un dialogue aux allures de fable confronte la journaliste d'un magazine people au présentateur de News Night : inégales dignités journalistiques ? Qu'est-ce qui fait et distingue le journalisme, le métier et sa technique, sa déontologie ou bien les sujets auxquels ils s'appliquent ? Noblesse des grands principes d'un côté, petitesse des indiscrétions de l'autre ? La série met en scène différents "caractères" journalistiques : le moraliste redresseur de torts, le correspondant de guerre, héroïque, bras en écharpe et cicatrices au visage, le geek sympathique et savant, le technicien financier à la rigueur inflexible, le présentateur emprisonné qui ne trahit pas ses sources...

Comme la narration est riche, qu'elle est profondément inscrite à la fois dans le contexte culturel américain et dans l'actualité, le public étranger risque de s'y perdre, peu familier avec le Tea Party, les primaires en New Hampshire, la grêve des enseignants du Wisconsin, les viols impunis sur les campus universitaires, la pollution par BP du golf du Mexique, la peine de mort, la légalisation de l'immigration mexicaine, Fox News, la géographie électorale, la National Rifle Association (NRA) et le port d'armes, le New York Post... La plupart des téléspectateurs non américains ne profitent guère des multiples allusions culturelles ou historiques qui forment le fond de références nationales sur lequel se détache l'histoire de la chaîne. Limites de l'internationalisation.

Pour apprécier pleinement l'émission, il faut se mettre dans la peau du téléspectateur américain. Celui-ci est nourri d'information pré-digérée par les partis politiques officiels et leur lobbying qui forment le consensus essentiel, tacite et invisible, celui qui les fait s'accorder sur les modalités du dissensus et limiter ainsi les choix politiques. Le présentateur tente de mettre à jour ce consensus conservateur en décapant les journaux télévisés de leur langue de bois convenue, en exhibant ses contradictions. Ce qui peut apparaît comme de la condescendance (smugsanctimoniousness, disent les critiques) ne serait que conscience professionnelle. L'information télévisée, ainsi conçue, accomplit un travail didactique afin de provoquer l'étonnement du téléspectateur. Il y a du Brecht dans cette démarche maïeutique : réveiller ("distancier") le téléspectateur (Verfremdungseffect, defamiliarization). Will, le présentateur, se voit "in a mission to civilize" (allusion à Cervantès) quand on attend de lui qu'il fasse de l'audience... Aaron Sorkin, aussi, voudrait nous civiliser : "You can act like a knight even if you do not have a horse" et, romantique, se réclame de Don Quijote...

Superbe série, teintée de nostalgie, dont on pressent qu'elle parle d'un média qui s'achève et doit se réinventer... sous les coups et à l'aide du numérique.

Elle est diffusée en France par Canal+ Séries.
A noter, le merchandising pour les fans (boutique avec T-shirts, mugs, stylos, DVD) et les liens avec Facebook (pour quoi faire ?).

mardi 9 décembre 2014

Tablettes et smartphones : high-tech de Notre temps


Les hors-série high-tech sont de saison, de la saison des cadeaux calculés, chaque titre jouant sa partie, rappelant que la fonction guide d'achat est une dimension essentielle des magazines.
Challenge publie un spécial "les 100 coups de cœur des geeks de la rédaction", qui s'adresse aux clients "cadres sup".
Science & Vie élargit le domaine aux "200 objets intelligents du XXIème siècle". Ere numérique résente de meilleur du high-tech : "Top 30 de l'année". Images s'en tient aux "meilleurs produits photo-vidéo de l'année". Nous avons déjà présenté celui de 60 millions de consommateurs.
Notre temps publie aussi son Hors-série High-tech. Tablettes et smartphones ne sont plus l'apanage des happy few : outils personnels ou professionnels, toutes les générations les utilisent déjà ou les utiliseront prochainement.

Comment Notre temps vend-t-il les nouveaux outils de communication à ses lecteurs, futurs lecteurs numériques ? Car le magazine, avec ce guide d'achat, invite, encourage, prépare aussi, de facto, son lectorat papier à se servir d'outils numériques qui lui permettront, entre autres, de lire Notre temps en version numérique sur un appareil mobile. Comment gérer cette migration inévitable des lectures ?
"Notre temps" ? Quel temps ? Quelle cible ? La douzaine de lecteurs et lectrices dont les témoignages sont mis en avant ont plus de 40 ans : 60, 45, 49, 47, 50, 59 ans pour les tablettes et 54, 60, 44, 50, 58, 64 ans pour les smartphones. Ils sont dans la seconde moitié de leur vie active, pas encore retraités, à répondre à ces questions : "Une tablette, un smartphone, pour quoi faire ?"

L'intérêt sociologique de ce hors-série est de donner une vision réaliste, désenchantée de la consommation des technologies de communication et des attentes du très grand public. Vision décapée des discours habituels de "spécialistes", toujours à la recherche de quelque distinction, avec leur charabia truffé d'américanismes et d'acronymes.
"Pour moi, dit une utilisatrice à propos d'une tablette, ce n'est pas un gadget". Déclaration essentielle. Ces appareils ont changé de statut : ni luxe, ni jouets, leur fonction d'utilité est primordiale. Peu de consommation ostentatoire, peu de place et de budget pour la frime.

Dans la conception d'un tel guide d'achat, les journalistes sont menacés d'une erreur connue des économistes travaillant sur l'innovation (cf. infra, * Clayton M. Christensen) : lâcher leur lectorat en se laissant emporter par un rythme d'innovation technologique que le lectorat ne suit pas.
Comment les journalistes ont-ils évité ce risque  ethnocentriste tout en gardant un pied dans la modernité attendue ?
Au moyen d'une approche factuelle, simple, aussi objectivante que possible. Ni coup de cœur ni coup de tête. Le guide d'achat a identifié et testé 10 smartphones et 20 tablettes, réunissant ces premiers ensembles de considération en tableaux synoptiques. Les critères à prendre en compte pour la décision d'achat, outre le prix, concernent d'abord l'ergonomie (encombrement, poids, taille de l'écran, capacité, O.S.) et la commodité (autonomie, connectivité, photo et vidéo). Un conseil aux acheteurs : afin d'apprécier plus sûrement les appareils, il faut aller en magasin, les prendre en main, les essayer.
La sélection d'applications recommandées pour les appareils comprend les classiques, météo, Skype, Dropbox, réseaux sociaux mais aussi les loisirs créatifs (couture, broderie, point de croix, tricot), le jardin, la santé, le sport / bien-être... En fin de magazine, quelques objets connectés et portables. Et un glossaire à maîtriser pour comprendre les conseils d'achats et le discours des vendeurs...

N.B. Notre temps, magazine mensuel, a été lancé en 1968 par Bayard Presse. Il s'adresse aux "séniors", notion floue qui dans ce cas désigne les générations ayant atteint la cinquantaine, nées pour les plus jeunes dans les années 1970 (le titre se positionne comme "le magazine de toutes les générations de séniors").
Selon de nombreux critères, Notre temps reste l'un des titres les plus puissants de la presse magazine généraliste française. Le magazine compte plus de 740 000 exemplaires vendus chaque mois (DFP, source : OJD). Plus de quatre exemplaires sur cinq sont vendus en abonnement individuel, gage d'engagement et de fidélité. Avec un lectorat de plus de 3,7 millions personnes (source : Audipresse, One Global), on compte 5 lecteurs par exemplaire vendu (taux de circulation). Deux tiers de femmes. Aux lectures papier s'ajoutent des lectures Web (les mobiles ne sont pas encore pris en compte).

* Clayton M. Christensen (The Innovators Dilemma. When New Technologies Cause Great Firms To Fail, Harvard Business Review Press, 1997 : "the pace of technological progress can, often does, outstrip what markets need" : les technologies allant plus vite que la demande sociale.

jeudi 4 décembre 2014

Facecast : The One Thing. Facebook TV news ?


Depuis le 1er décembre, Facebook diffuse "Facecast; The One Thing" ; cette synthèse vidéo de l'information quotidienne d'une minute est réalisée à partir des infos du network national ABC (World News Tonight, WNT). Facecast est présentée par David Muir depuis les studios new-yorkais de ABC, tout comme les infos du soir du network (18h30), chaque jour de semaine (weekday).
Le format choisi, une minute, est de ceux qui conviennent sans doute le mieux aux plus petits écrans des appareils mobiles. Le côut de l'opération est modique, puisqu'il ne s'agit à ce stade que de l'adaptation de contenus existants (sélection, montage).

Pour Facebook, il s'agit d'un pas de plus en direction de la télévision.
ABC appporte à Facebook sa légitimité de network national grand public. Facebook apporte au network sa couverture, son public mobile : le network compte puiser dans le gigantesque gisement d'audience mondiale de Facebook et y gagner peut-être de la notoriété.
Echange égal, inégal ? La télé nourrit-elle imprudemment son concurrent ?

Les médias d'information sont mal en point ; il leur faut s'adapter aux nouvelles habitudes du public, à son équipement de réception.
La presse d'info quotidienne passe sur mobile, l'info télé aussi. L'une et l'autre s'offrent en streaming, en vidéo, à la demande (CBSN). Que de changements à digérer ! De l'analogique au numérique, du fixe au mobile et aux applis. Et bientôt en temps réel et formats courts, comme la publicité.
Dans cette configuration, Facebook se présente comme distributeur de télévision, tout comme YouTube (OTT ?).
Ainsi, la révolution de l'information télévisuelle commence-t-elle par sa distribution, sa logistique. Le contenu, pour l'instant, n'est encore touché que dans sa mise en forme matérielle, dans son style narratif (journalisme). Il est peu probable pourtant que le contenu des messages échappe encore longtemps à la révolution numérique du média.
Copie d'écran de Facebook