mardi 24 février 2015

Big Bird tweets, at long last


It's the least a bird can do. So I follow him.
Among his followers is the Cookie Monster and, of course, "Sesame Street" which boasts 878 000 followers. Who are these followers? Kids? Parents? Grandparents? All no doubt former Sesame Street fans.


Sounds good for PBS! Reminder: the last Republican presidential candidate wanted to get of Big Bird.
And now, there is a parody of "House of Cards", with a wolf who wants to become President and chase the three little pigs to live in the White House. He even threatens them, sending messages from his smartphone. Wolves nowadays... 
Sunny day!

vendredi 20 février 2015

flow magazine ou le triomphe du papier


flow, pour l'amour du papier. Prisma Media (groupe Bertelsmann) a lancé en février 2015 un nouveau magazine sur le marché français. Vendu 6,95 €, bimestriel, il a été tiré à 160 000 exemplaires et compte 140 pages. Abonnement annnuel : 38 € (6€15 le numéro). En juin 2015, Prisma annonce 80 000 exemplaires vendus pour les 2 premiers numéros, dont 4 500 abonnements.

flow est déclaré "féminin" par l'éditeur. Il vise "les femmes de 35 à 50 ans, ouvertes d’esprit, positives, qui aiment la papeterie et la beauté des choses", selon les indications données à la distribution (Presstalis). Ciblage plutôt flou et c'est bien (l'analyse data dira l'écart entre le lectorat imaginé et le lectorat atteint). Le titre relève également, selon les taxonomies en cours dans la presse, de la catégorie des "loisirs créatifs".
  • Le modèle économique renvoie à une économie internationale de la presse : conception et recherche marketing (coûts fixes) sont amorties sur plusieurs marchés : Pays-Bas, France, Allemagne. Le concept a été mis au point aux Pays-Bas (groupe Sanoma). Une édition internationale est publiée en langue anglaise. Aux coûts fixes par numéro s'ajoutent des coûts de traduction (coûts variables). 
  • Publicité ? Un peu : Guerlain, Nuxe, Lancôme (4 de couverture). Promotion : des livres et un magazine des Editions Pisma. Et le shopping, format petites annonces avec adresse, photo ; carnet d'adresses en fin de magazine.
  • Le magazine comporte une forte présence numérique : tablettes, Web, Instagram, Facebook, Pinterest, Twitter.
  • La catégorie "loisirs créatifs" est féconde : en France, elle s'accroît d'une centaine de titres chaque année (nouveaux titres + hors séries) depuis 2005 (cf. infra, Base MM).
flow, c'est le triomphe du papier, des "amoureux du papier"

Le déclin du papier et de la papeterie s'accompagne d'un repositionnement. Bien sûr, les magazines ont une affinité naturelle avec les activités recourant au papier (patrons, carterie, décoration, cahiers, origami, coloriage). Si la modernité numérique lui substitue des écrans, cette modernité fait aussi de la papeterie un objet de luxe et de distinction, d'inutile beauté ; un même phénomène s'observe déjà avec la calligraphie et les outils d'écriture, porte-mine ou stylo à plume (cf. Le Stylographe, qui se veut "magazine de haute-écriture", lancé en 2002).
Par son aspect papier, flow se rapproche du scrapbooking : d'ailleurs, par exemple, le numéro de février de Passion Scrapbooking offre en cadeau "16 pages de papiers et étiquettes scrap". Voir aussi Passion Cartes Créatives (cf. le hors série de mars 2015 consacré au faire-part).

Nombre de titres nouveaux et de hors-série dans la catégorie "Loisirs créatifs"
2004-2014.  Source : Base MM (février 2015)
La partie éditoriale met l'accent sur une créativité personnelle d'apparence modeste, mise en œuvre à la maison, sans prétention ni frime, qu'il s'agisse de cuisine, de bricolage ou de crochet. Positionnement européen original que l'on peut rapprocher de Landlust en Allemagne.
flow connaît en Allemagne un grand succès que souligne et analyse l'hebdomadaire allemand Der Spiegel : "Magazin-Erfolg Flow".
La tonalité du magazine, son esthétique vont délibérément à contre-tendance. ("Flow wirkt wie ein Gegenentwurf zu modernen Medien", écrit Sebastian Hammelehle dans Der Spiegel). Le côté "loisirs créatifs" est parcouru comme un fil rouge par une interrogation lucide sur notre relation à la communication et aux technologies numériques : débrancher ? multitasking ? vitesse ? Les articles questionnent avec scepticisme les styles de consommations numériques : "L'instant plutôt que l'instantané", "Une chose après l'autre, SVP". On n'attend pas ces pages de philosophie, écrites à la manière d'Alain ("Les idées et les âges"), de H. D. Thoreau (Walden) ou de Tom Hodgkinson (cf. "Vivre autrement ? Quelle place pour le numérique ?").

flow pose de manière nouvelle - et implicite - la question de l'avenir de la presse. Si cet avenir semble presque exclusivement numérique pour l'information, il appartient certainement au papier pour les magazines de loisirs créatifs (cf. "Lire la presse, c'est faire : loisirs créatifs, déco, bricolage, cuisine",  "Loisirs créatifs : La Maison Victor, magazine professionalisant"). Ne perdons pas de vue que cette catégorie de titres représente près d'un cinquième de la nouveauté presse depuis dix ans, près de la moité si l'on y adjoint les magazines pour "faire" - et non seulement pour lire -consacrés à la cuisine, à la décoration, au jardinage et au bricolage.

mercredi 11 février 2015

Evénement pluri-dimensionnel : la publicité dans le Super Bowl


Le Super Bowl, grand bazar télévisuel annuel aux Etats-Unis, constitue une occasion de diagnostiquer les évolutions de l'audience d'un événement que l'on peut bien appeler publicitaire, la publicité ayant phagocyté le spectacle sportif.
Quelles sont les audiences mesurées du Super Bowl ? Où les trouve-t-on ? L'audience TV, stricto sensu, comptée dans les foyers à l'aide de people meters est dépassée, débordée par les audiences mobiles. De plus, on n'a toujours pas d'audience sur téléviseur "hors-foyer".
Comme de la Rome de Sertorius (cf. Corneille), on peut dire de la télé d'aujourd'hui qu'elle n'est plus dans la TV, mais qu'"elle est toute où je suis".

Comment va l'audience ? A l'issue de l'événement, nous nous trouvons confrontés à toutes sortes de données. Big data certes mais pas encore smart data.
Ce qui frappe d'abord est l'hétérogénéité radicale des données dont nous disposons : hétérogénéité des unités de compte, des sources, des zones géographiques et périodes de référence... La valeur de l'ensemble de la chaîne des données étant celle de son maillon le plus faible, la valeur de l'accumulation de données hétérogènes est inférieure à la valeur de chaque classe des données cumulées. Démesure des données : on a davantage de données confuses et moins de données claires et distinctes. Malin génie médiatique !
Les audiences obtenues ne sont pas dédupliquées, sans doute sont-elles non dédupliquables (multiscreentasking, etc.) ce qui interdit toute évaluation de la couverture totale. Si ces données sont auditables une par une (qui le demande ?), l'audit de leur accumulation est improbable (y compris sous forme de pige).

Ne pas désespérer Madison Avenue !
Pourtant, il va falloir apprendre à travailler, calculer, recommander, penser les médias avec ce fatras. Nos attentes, formées par les médias anciens, des pratiques publicitaires anciennes sont nécessairement déçues. Nous n'avons pas encore les concepts pour comprendre un événement multi-dimensionnel. La notion d'audience est-elle encore pertinente, fût-ce sous le nom de "total audience" (Nielsen) ? Faut-il y substituer une notion de "donnée", plus universelle ; de même faut-il désormais parler de vidéo plutôt que de télé ?
  • La télévision linéaire, en direct sur téléviseur (NBC) : entre en 114 et 120 millions de téléspectateurs selon Nielsen (people meter). S'y ajoutent les audiences cumulées les jours suivant (C3 et Live+7, etc.).
  • L'appli NBC : 1,3 million de personnes (source : NBC).
  • Facebook : 65 millions d'utilisateurs uniques partageant 265 millions d'objets (commentaires, likes, posts, likes). Quand doit-on arrêter le compte ?
  • Twitter : 28,4 millions de Tweets (audience mondiale) : "global Tweets containing terms related to the game and halftime show [that] were sent during the live telecast (from kickoff through 30 minutes after the clock expired)".
  • YouTube : les messages publicitaires du Super Bowl ont recueilli une audience de 133 millions de personnes (comptage arrêté le lendemain du match, lundi, à 10 heures). Selon Pixability. S'y ajouteraient 51 millions de vues avant l'événement (ad teasers).
  • Et ailleurs : on trouve les messages publicitaires du Super Bowl sur de nombreux sites américains (NFL, USA Today, les autres networks) ou autres (Chine, etc.), sur d'autres réseaux sociaux, sur les sites des annonceurs...