mercredi 11 février 2015

Evénement pluri-dimensionnel : la publicité dans le Super Bowl


Le Super Bowl, grand bazar télévisuel annuel aux Etats-Unis, constitue une occasion de diagnostiquer les évolutions de l'audience d'un événement que l'on peut bien appeler publicitaire, la publicité ayant phagocyté le spectacle sportif.
Quelles sont les audiences mesurées du Super Bowl ? Où les trouve-t-on ? L'audience TV, stricto sensu, comptée dans les foyers à l'aide de people meters est dépassée, débordée par les audiences mobiles. De plus, on n'a toujours pas d'audience sur téléviseur "hors-foyer".
Comme de la Rome de Sertorius (cf. Corneille), on peut dire de la télé d'aujourd'hui qu'elle n'est plus dans la TV, mais qu'"elle est toute où je suis".

Comment va l'audience ? A l'issue de l'événement, nous nous trouvons confrontés à toutes sortes de données. Big data certes mais pas encore smart data.
Ce qui frappe d'abord est l'hétérogénéité radicale des données dont nous disposons : hétérogénéité des unités de compte, des sources, des zones géographiques et périodes de référence... La valeur de l'ensemble de la chaîne des données étant celle de son maillon le plus faible, la valeur de l'accumulation de données hétérogènes est inférieure à la valeur de chaque classe des données cumulées. Démesure des données : on a davantage de données confuses et moins de données claires et distinctes. Malin génie médiatique !
Les audiences obtenues ne sont pas dédupliquées, sans doute sont-elles non dédupliquables (multiscreentasking, etc.) ce qui interdit toute évaluation de la couverture totale. Si ces données sont auditables une par une (qui le demande ?), l'audit de leur accumulation est improbable (y compris sous forme de pige).

Ne pas désespérer Madison Avenue !
Pourtant, il va falloir apprendre à travailler, calculer, recommander, penser les médias avec ce fatras. Nos attentes, formées par les médias anciens, des pratiques publicitaires anciennes sont nécessairement déçues. Nous n'avons pas encore les concepts pour comprendre un événement multi-dimensionnel. La notion d'audience est-elle encore pertinente, fût-ce sous le nom de "total audience" (Nielsen) ? Faut-il y substituer une notion de "donnée", plus universelle ; de même faut-il désormais parler de vidéo plutôt que de télé ?
  • La télévision linéaire, en direct sur téléviseur (NBC) : entre en 114 et 120 millions de téléspectateurs selon Nielsen (people meter). S'y ajoutent les audiences cumulées les jours suivant (C3 et Live+7, etc.).
  • L'appli NBC : 1,3 million de personnes (source : NBC).
  • Facebook : 65 millions d'utilisateurs uniques partageant 265 millions d'objets (commentaires, likes, posts, likes). Quand doit-on arrêter le compte ?
  • Twitter : 28,4 millions de Tweets (audience mondiale) : "global Tweets containing terms related to the game and halftime show [that] were sent during the live telecast (from kickoff through 30 minutes after the clock expired)".
  • YouTube : les messages publicitaires du Super Bowl ont recueilli une audience de 133 millions de personnes (comptage arrêté le lendemain du match, lundi, à 10 heures). Selon Pixability. S'y ajouteraient 51 millions de vues avant l'événement (ad teasers).
  • Et ailleurs : on trouve les messages publicitaires du Super Bowl sur de nombreux sites américains (NFL, USA Today, les autres networks) ou autres (Chine, etc.), sur d'autres réseaux sociaux, sur les sites des annonceurs...

1 commentaire:

YannC a dit…

Concernant la notion d'audience, peut-être est-il bon de rappeler qu'avant de comparer et empiler, il n'est pas inutile de savoir de quoi on parle ?
La télévision mesure par exemple à la fois l'audience cumulée (le nbre de téléspectateurs exposés au moins 1 sec à l'événement) et l'audience moyenne (pondérant la présence de chaque téléspectateur par sa durée d'écoute). A ma connaissance la TV reste le seul média à avoir mis en place cette métrique évidemment très déflationniste ...