jeudi 30 juillet 2015

Interaction with a screen. Could beacons make it smarter?


Screens are all over the place. Indoor and outdoor. Out of home, they invade retail stores, subways, restaurants, malls, universities, museums, stadiums, train stations... For the time being, communication goes mostly one-way: from an organization, an advertiser, an administration to a passer-by, a prospect, a client. Advertisers use them for branding, to build and increase awareness. Of course, we would like these screens to be smart. Above all, we would like them to be able to gather data, smart data, and by so doing, become smarter. Data, only data, will make a screen smart. How?
How to make a screen, a shelf, street furniture, smart ? Adding Wi-fi, NFC, Bluetooth, QR...The screens used for Digital Out Of Home (DOOH), outdoor and indoors, are part of the Internet of Things. They can be monitored to save energy, manage content and advertising, measure audience (reach, demos, dwell time, frequency capping, etc.).

But, since communication with a screen takes place in a public situation, there are nevertheless some obvious limitations to interaction. Even if a message can be somehow personalized for a given passer-by according to gender, age (face recognition), or according to what she or he did just before or where (a precedent location), there remains a serious question of privacy and discretion.  There could also be a risk with crowds and security: no store, no transport facility wants too many people lining up in front of a screen.

Then come the Beacons for communication and location awareness. First Apple's iBeacon, and now Google's Eddystone. A beacon, as a wireless sensor, uses a battery to broadcast a signal around the beacon (via built-in antenna) ; that signal can be identified (Universal Unique IDentifier) and received by any device entering the range. The beacon leverages Bluetooth Low Energy to estimate the user proximity (distance between the responding app and the beacon). The beacons are therefore perfect for retail environments. The interaction is personal, intimate: the passer-by's device receives a notification and does or does not do what is suggested: looks at a product, purchases an article, shares information with a friend, etc.
You need an app designed to communicate with the beacon. You can configure apps to trigger events once you enter or leave the beacon's range (opt-in /opt-out). With beacons, advertisers can also broadcast the URL of their website (pushed in iOS Notification Center). In a retail store, when a customer picks up a product with a beacon or a sticker attached, the screen nearby shows a commercial about the product in question...

Beacons are bringing proximity and context to mobile, in a way that is simple and cheap. It works like geolocalization, allowing location-based actions. The beacon can trigger actions on the screen: suggest a coupon, show transit information, schedules, weather, traffic, nearby stores (maps), maps (path finding)... For instance, someone close to a screen, watching movie trailers may receive a coupon to visit the theater next door... Screens become smart.

Physical Web is on its way

N.B. Screens can also communicate with smartphones using Aware, a new Wi-fi standard that enables communication between Wi-Fi devices.

dimanche 26 juillet 2015

Amazon devant Wal-Mart ?


La capitalisation boursière d'Amazon (248 milliards de $) est passée devant celle de Wal-Mart (233 milliards de $). La presse et la bourse en ont parlé, beaucoup.
Si le sens économique de la capitalisation boursière est discutable, au plan des symboles (image), en revanche, ce dépassement est remarquable. Premier distributeur mondial, la marque Wal-Mart est une institution de la vie quotidienne américaine, et notamment de la population la plus modeste. Wal-Mart, c'est l'Amérique profonde. Wal-Mart, il y a 50 ans, transforma la grande distribution ; Amazon qui vient de fêter ses 20 ans avec amazonPrime, la transforma à son tour.

Wal-Mart en seconde position ?
Globalement, les chiffres d'affaires d'Amazon et de Walmart sont incommensurables, mais Amazon domine Wal-Mart en matière de e-commerce pour le plus grand bénéfice des marchands utilisant sa place de marché qui représentent plus de la moitié des ventes. Amazon est le premier acteur mondial du e-commerce. Le succès (déclaré) de son Prime Day (pour 99 $, livraison gratuite sous 2 jours pendant un an, cf. infra) confirme la forte pénétration d'Amazon dans la population américaine, sa popularité croissante et sa pugnacité (le Prime Day deviendrait un Black Friday ?). Et sa capacité de fidélisation : on parle de 40 millions de amazonPrime members ! En riposte, walmart.com propose pour 50 $, un ShippingPass promettant une livraison gratuite en 3 jours... La bataille se livre à coup de livraisons, donc d'entrepôts, de robotisation... et de prix : Wal-Mart demande aux marques présentes dans les magasins d'investir moins dans le marketing et de baisser leurs prix (Every Day Low Price... ).

Avec 183 000 employés, le poids économique et politique d'Amazon est déjà formidable. Mais tellement loin encore derrière Wal-Mart avec ses 2,2 millions d'employés travaillant dans des milliers de magasins. Menacé, Wal-Mart se met au numérique, s'inspirant manifestement d'Amazon, juste retour des choses. Qui gagnera cette bataille ? Les consommateurs ? L'enjeu est culturel, opposant deux conceptions de l'aménagement du territoire commercial et de la vie sociale qu'elles engagent. Notons que la réputation des deux entreprises est médiocre quant aux conditions de travail : cf. dans d'Amazon, l'article du NY Times : "Inside Amazon", 15 août 2015 et la réponse d'Amazon). Voir aussi : "La gestion selon Amazon" ainsi que le livre de Jean-Baptiste Malet, En Amazonie. Infiltré dans le "meilleur des mondes".


Copies d'écran de walmart.com et de amazon.com (26 juillet 2015)

lundi 13 juillet 2015

mcn (YouTube), nouvelles voies pour la télévision ?


La télévision et la vidéo, c'est pareil. Pour les consommateurs, du moins ; donc bientôt pour les grands annonceurs aussi. Des spécialistes ergoteront encore longtemps sur les nuances et différences. Casuistique, stérile.
Les chaînes dites historiques (i.e. anciennes) n'ont plus le monopole que leur ont longtemps valu la complexité et la lourdeur de la distribution terrestre du signal télévisuel (réseau terrestre, satellite, networks, câble, etc.). Cette lourdeur s'est accompagnée en Europe de centralisation politique, intéressée (autorisation de diffusion, réglementation, financement par l'impôt) et de contrôle étatique : "la télévision fait l'élection", disait-on.

Mise à jour avril 2017

Aujourd'hui la création vidéo se développe ailleurs et les jeunes générations ignorent une culture télévisuelle viellissante. La distribution de la vidéo sur le Web naît sous d'autres cieux, elle relève du streaming (OTT). Le modèle original en est YouTube, racheté par Google en 2006. Facebook puis Snapchat se font également diffuseurs de vidéo et tentent de concurrencer YouTube et ses mcn. YouTube apparaît de plus en plus comme une plateforme où viennent se développer de nouvelles formes de télévision et de publicité : Susan Wojcicki, qui dirige YouTube, déclarera en mars 2017 que les vidéo-bloggers sont les prochaines entreprerises média" : "Unsere Video-Blogger sind die nächsten Medien-Unternehmen".
 Les chaînes plus ou moins anciennes se réveillent de leur sommeil dogmatique : elles empruntent la voie que YouTube a ouverte avec les réseaux multi-chaînes (mcn, multi-channel networks). Les mcn sont un moyen pour les groupes télévisuels de collecter les innovations, de les aider à décoller, à trouver leur public, de faire leur place sur le Web et sur le marché américain. De facto, ils jouent un rôle d'incubateur multiplateforme ; ils permettent d'amortir la création et la production sur des espaces mondiaux et linguistiques, donc publicitaires. Ce faisant, Google s'attaque au marché publicitaire télévisuel international, visant surtout les cibles jeunes et mobiles, YouTube proposant ses GRP estampillés par les mesureurs des performances de la télévision traditionnelle. Son seul problème est la mauvaise gestion des emplacements publicitaires, dont la médiocre sécurisation a été dénoncée par les grands annonceurs.

Nous avons déjà souligné les investissements de BSkyB, de Disney, de RTL; de Comcast... Le développement des mcn, amorcé il y a quelques années, s'accentue. Ajoutons quelques exemples récents, européens notamment.
  • Pro7Sat1 vient de racheter la totalité du réseau multi-chaîne Collective Digital Studio (CDS) dont il détenait 20%, acquis en 2014. L'ensemble, CDS 71 (250 personnes), regroupera un millier de chaînes après fusion avec le MCN de Pro7Sat1, Studio71 (créé en 2013). Les visites se comptent en milliards. CDS produit "Epic Meal Time", "Good Mythical Morning" (émission quotidienne avec Rhett et Link), Lilli Singh (dite "Superwoman"). Il produit également avec Rocket Jump Studios "Video Game High School" (VGHS)
  • TF1 et Mediaset ont pris une participation dans Studio71 tandis que Pro7Sat1 prenait une participation dans le mcn de TF1, Finder Studio.
  • Modern Times Group (Kinnevik) a acheté Splay, un MCN scandinave de 420 chaines, dont le slogan est : "connecting brands and influencers". Splay se définit comme the next generation digital media house". Quelques jours plus tard, en juillet, MTG achète 51% de Zoomin.TV, un mcn de 2000 chaînes (100 millions d'abonnés dans le monde) créé aux Pays-Bas.
  • Le MCN francetv a signé un accord avec Studio 100 Media pour la distribution de dessins animés (Zigby, Blinky Bill, etc.) sur YouTube et Dailymotion.
  • Vivendi a racheté Dailymotion à Orange. Dailymotion pourrait-il développer une stratégie semblable à celle de YouTube ?
  • ITV prend en Grande-Bretagne une participation dans Channel Mum (une quinzaine de chaînes s'adressant à des jeunes mères, "mummy vloggers", "the honest face of parenting").
  • Aux Etats-Unis le network hispanophone Univision, à la recherche de nouveaux talents, lance un mcn, Univision Creators Network.
  • WPP prend des participations dans des mcn : dans Fullscreen en 2012 (avec partenariat publicitaire), dans All Def Digital (ADD, 3 millions d'abonnés), en juin 2016.
  • En France, M6 lance deux chaînes sur YouTube en janvier 2016, l'une consacrée à la danse (DotMove), l'autre, Vloggist, est consacrée à la beauté féminine.
  • En mars 2017, Sky rachète Diagonal View (15 millions d'abonnés) : "All Time 10s", "Football Daily", "All Time Movies ", "Draw my Life", "All Time Conspiracies", etc.
Capture d'écran de splay mcn (juillet 2015)

lundi 6 juillet 2015

Socio-démo : les grands-parents


Une catégorie massive
Hebdomadaire Pèlerin, 2 juillet 2015
Il y a plus de 15 millions de grands-parents en France ; on n'en comptait que 12,6 millions en 1999, selon l'INSEE. Les grands-parents sont de plus en plus nombreux et ils sont de plus en plus jeunes. Le premier des petits-enfants arrive quand les grands-parents ont passé la cinquantaine, vers 55 ans en moyenne, les femmes un peu plus tôt que les hommes. Les grands-parents sont donc en majorité des grands-mères (7 sur 10). A partir de 70 ans, 80% des français sont grands-parents (cf. histogramme ci-dessous, source : Nathalie Blanpain,  Liliane Lincot, INSEE Première, N° 1469, octobre 2014 ). C'est donc une catégorie socio-démographique importante autant par son nombre que par les budgets de consommation qu'elle contrôle. De plus, en contact fréquent avec ses petits-enfants, elle bénéficie de leur incitation et de leur sympathie numériques.

Les grands-parents sont partie intégrante de la famille. D'ailleurs, le droit des grands-parents ressemble par de nombreux aspects à celui des parents : droit de visite et d'hébergement, droit de correspondance ; obligation alimentaire en cas de défaillance des parents. La relation, en cas de conflit, est confiée au juge des affaires familiales.

La grand-parentalité : catégorie socio-démographique ?
Les grands-parents ne constituent pas une catégorie première, il s'agit d'une catégorie floue, mixte, relevant autant de l'âge (séniors) que de la situation familiale : adultes avec enfants, mais sans responsabilité directe, immédiate, les enfants étant la plupart du temps hors du foyer grand-parental. Cette catégorie renvoie à une dimension de l'appartenance familiale, à un lien entre générations, à une dépendance flexible. Comme catégorie socio-économique, elle se compose d'actifs et d'inactifs, de retraités au statut économique et professionnel très variable.
Pour toutes ces raisons, les grands parents s'avèrent difficiles à cibler, d'autant que n'y correspond pas de média spécifique, même s'il existe un magazine s'adressant à eux : GRANDS-parents. Le magazine des grands-parents actuels // Le magazine des jeunes séniors actifs (bimestriel, lancé en 2010, 2,9€) ; de temps en temps, est publié un numéro spécial ou un hors-série, par exemple, "Être grands-parents", hors-série de La Croix (décembre 2008, 7 €). Une marque de café (Grand'mère) a tenté de faire événement en lançant une fête des grands-mères (premier dimanche de mars, depuis 1987). Le succès est encore mitigé.
En termes de ciblage, ce n'est donc que des données que peut venir une solution. Quels comportements, quelles données caractérisent et identifient les grands-parents ?

Le métier de grand-parents
GP GRANDS-parents juillet 2015
A la fin du XIXème siècle, L'art d'être grand père, le recueuil de vers de Victor Hugo (1877) a inauguré une nouvelle "politique de l'intime", mettant en valeur l'indulgence, l'art pour les adultes de "gâter" les enfants, et les enfants des enfants. Puisque l'enfant est innnocence, sa place dans la société, l'attitude des adultes à son égard doivent être reconsidérées. Tout comme la pédagogie qui s'apparente encore à la discipline militaire (cf. à la même époque, la dénonciation des parents violents dans le roman de Jules Vallès, L'enfant, publié en 1878 en feuilleton).

Dans son dossier intitulé "Au bonheur d'être grands-parents", le magazine Pèlerin (Editions Bayard) illustre ce qui était, il y a un siècle et demi, une révolution et qui est devenu la règle : les grands-parents apparaissent comme des "passeurs de vie et d'amour", des "confidents de tous les instants". Grands parents + petits-enfants, c'est la formule pour un bonheur et une complicité partagés, en marge des parents : s'ils sont - et ont été - des parents, les grands-parents ne sont pas les parents et ne veulent pas l'être.

A la relation affective et éducative, s'ajoute souvent une relation économique : les grands-parents aident les familles de leurs enfants (transferts générationnels). "Nounou avant tout", ils gardent les petits-enfants après l'école, et, pour les enfants scolarisés en maternelle, le mercredi (cf. Olivia Sautory, Drees, Vincent Biausque et Joëlle Vidalenc, Le temps périscolaire et les contraintes professionnelles des parents, INSEE Première, septembre 2011). Les grands-parents accompagnent aussi les enfants à leurs activités péri-scolaires ("Mamie taxi"). De plus, ils s'occupent aussi des petits-enfants pendant les grandes vacances. Solidarité essentielle qui aide les parents des petits-enfants à traverser les périodes difficiles. Mais que les grands-parents trouvent parfois fatigante.

Aux grands-parents, on attribue les bénéfices de l'âge et de la tradition, du bonheur domestique. Les trucs et les recettes des grands-mères occupent une place importante dans les magazines de loisirs créatifs. La grand-mère évoque surtout la cuisine et notamment la pâtisserie et les gâteaux des fêtes.
"EWA La pâtisserie de nos grands-mères" (février 2005, 4 €) ; Femme Actuelle propose un hors-série avec "750 astuces et trucs de grand-mère" (janvier 2015, 4,5 €), "La pâtisserie de Noël de grand-mère", Les bonnes recettes d'autrefois (octobre 2014), "Les gâteaux préférés de grand-mère" (mars 2013), La cuisine des grands-mères (Télé CAB SAT, septembre 2012), "105 recettes et astuces de grand-mère" (Cuisine actuelle, août 2011, 3,5 €), "Pâtisserie façon grand-mère" (Cuisine sympa, novembre 2010, 3,5 €), "La bonne cuisine aux herbes de grand-mère", Les bonnes recettes d'autrefois (mars 2009), "Les recettes de pâtisserie de grand-mère" (DIANA La pâtisserie facile, novembre 2008, 5 €). Souvent, la grand-mère ou le grand-père cuisinent mieux que les parents : ils prennent le temps de gâter leurs petits-enfants et de cuisiner avec eux.

Libérés des contraintes du métier de parent, les grands parents partagent des propriétés qui en font une cible primordiale, tant pour les contenus éditoriaux que pour le marketing. Même si leur participation économique est appéciée, il voudraient plutôt être du côté des loisirs, du temps libre avec leurs petits enfants que du côté de la contrainte, scolaire ou autre. A eux les jeux, les voyages, les randonnées, les spectacles...
Copie d'écran. Source : INSEE, 15 millions de grands-parents, octobre 2013

Autres posts socio-démos :
Références

Claudine Attias-Donfut, François-Charles Wolff, "Les comportements de transferts intergénérationnels en Europe", Économie et statistique, N° 403-404, 2007

Nathalie Blanpain,  Liliane Lincot, "15 millions de grands-parents", INSEE Première, N° 1469, octobre 2014

 Francine Cassan, Magali Mazuy, Laurent Toulemon, "Douze millions et demi de grands-parents",  INSEE Première, N° 776, mai 2001

Vincent Gourdon, Histoire des grands parents, Paris, Perrin, 2001, 702 p. Bibliogr., Index.

Hugo (Victor), L'art d'être grand-père, 1877

Benini Romain, "La religion dans l'Art d'être grand-père de Victor Hugo : une politique de l'intime", Etudes romantiques, novembre 2009, ENS-LSH, 10 p.

Olivia Sautory, Drees, Vincent Biausque et Joëlle Vidalenc, "Le temps périscolaire et les contraintes professionnelles des parents", INSEE Première, N° 1370, septembre 2011

vendredi 3 juillet 2015

Dé-bloquer le marché publicitaire


L'involontaire est ce à quoi l'on consent, disait-on.
La publicité a été mise sur notre chemin, un message a été rendu public : nous le voyons, l'entendons. Involontairement, nous y consentons. De là, parfois, nous en venons à le regarder, à l'écouter. Le premier geste est involontaire, le second est volontaire : curiosité, attention, intérêt, intention, etc. C'est le territoire de la publicité.

Les outils pour éviter la publicité involontaire sont nés d'un détournement de technologies des médias : pour la TV, la télécommande a inventé zapping et ad-skipping...
Le technologie du Web, à son tour, inventa son zapping, fin 2009, c'est AdBlock. AdBlock, extension des navigateurs, filtre et bloque la publicité. Il y a un an, on évaluait le nombre d'adbloqueurs actifs à 144 millions (Adblocking goes mainstream). La pénétration aujourd'hui concernerait plus de 30% des internautes : les plus jeunes étant les plus bloqueurs, les joueurs de jeux vidéo, les utilisateurs de sites techno, etc. AdBlock touche également le mobile, Facebook (Facebook Cleaner), etc.
C'est une culture qui se généralise
Devant la menace, on a imaginé des procès, des interdictions. Réaction agressive, vaine.

Pourquoi les internautes bloquent-ils les messages publicitaires ?
Parce que ces messages sont inadéquats : mal ciblés, mal personnalisés, mal faits. La solution serait donc de les améliorer. D'abord la création : on l'a dit depuis longtemps, Jacques Séguéla (Havas) l'a répété : si la création est bonne, plus n'est besoin de tant de répétition. Etant donnée la couverture de la cible, une bonne créa devrait suffire. Investir dans la créa plutôt que multiplier les contacts ou les occasions de contacts. Ceci vaut également pour les contenus éditoriaux.

Le numérique a compliqué la situation du consommateur en permettant la collecte de ses données par les médias et les annonceurs. Au dés-agrément suscité par la publicité, cette collecte involontaire ajoute la méfiance. Qui veut donner ses données ? Pour protéger le consommateur, ses données et sa vie privée, la loi s'en mêle, la déontologie. CNIL, ARPP...

Pour nous éclairer, nous disposons d'une enquête de YouGov pour l'IAB UK publiée début juillet (cf. infra). Première raison de bloquer les messages publicitaires ? Ils gênent, interrompent, dérangent, ralentissent la navigation (un adblocker économise 25 à 40% de bande passante, d'près une étude de SFU). Deuxième raison : ils sont souvent sans intérêt, sans pertinence. Et pour finir, une inquiétude quant au respect de la vie privée. Tout est dit, que l'on ne peut guère contester.


Il ne s'agit donc pas pour les internautes usagers d'AdBlock de bloquer toute publicité, mais, en simplifiant, de bloquer la mauvaise publicité, mauvaise pour les diverses raisons citées ci-dessus.
Pour échapper au blocage, il faut de la bonne publicité. Celle-ci ne sera pas de si tôt automatique, planifiée par des algorithmes ; pour l'instant, il faut des messages conçus et planifiés par beaucoup d'intelligence naturelle, aidée par beaucoup d'intelligence artificielle et de données.
Les données collectables, tant par la publicité que par les contenus éditoriaux, doivent permettre d'améliorer ces contenus (DMP), dont la publicité. Ne perdons pas de vue que, dans l'appréciation de l'impact d'une communication, intervient le plaisir de la publicité (agrément / likeability).

A qui appartiennent les données ?
Les données sont désormais les moyens essentiels de la communication. A leur propos, Maurice Lévy (Publicis) pose, en toute rigueur et lucidité, des questions décisives aux acteurs des médias et de la publicité, aux législateurs aussi. A qui appartiennent les données ? Qui peut autoriser leur utilisation ? Qui est en droit d'être rémunéré pour cette utilisation ?

On n'échappera pas à ces questions explosives ; elles ne manqueront pas, à terme, de bousculer les modèles économiques de la communication.