dimanche 16 octobre 2016

Loisirs créatifs à vendre : Amazon et NBC s'y mettent aussi


Amazon fait incursion dans les loisirs créatifs et les produits artisanaux, fait main, avec sa boutique Handmade.
Amazon étend son empire pour concurrencer Etsy, place de marché américaine créée en 2005 et spécialisée dans le domaine (craftmanship) ; Google permet aux vendeurs d'Etsy de lancer des campagnes publicitaires pour leurs productions avec Google Shopping. Professionnalisation des amateurs (Pro-Ams).

Depuis longtemps, la presse magazine française témoigne de l'importance de ce centre d'intérêt, proche du bricolage, de la maison et de la décoration. Activités à l'origine plutôt féminine, liées traditionnellement aux travaux d'aiguille (tricot, broderie, crochet, etc.) : "les femmes ont du talent" souligne Modes & Travauxmagazine créé en 1919, qui dispose d'une boutique à Paris. Les magasins vendant du matériel pour réaliser de tels produits sont nombreuses (merceries, papéteries, etc.). Le do it yourself a aussi son propre salon, complétant l'écosystème des loisirs créatifs (ou son champ).

"Près de 3 Français sur 4 pratiquent une activité créative dans le cadre de leurs loisirs, selon Ipsos, plaçant cette activité devant la lecture, le sport et le cinéma (novembre 2015, enquête en ligne auprès d’un échantillon de 1 003 personnes représentatif de la population française âgée de 16 à 75 ans du 23 au 29 octobre 2015). L'enquête confirme l'aspect social et familial de cette pratique : les créatrices montrent et offrent leurs réalisations à leurs amies, à la famille.
La télévision aussi s'est emparée du thème : M6 propose l'émission"Cousu main" adaptée de "The Great British Sewing Bee" (BBCtwo, 2013) où s'affrontent des amateurs. Surtout, beaucoup de vidéos de type "How To" sont disponibles sur YouTube pour aider à créer, réparer, économiser...

En France, A Little Market en France (2008, cf. infra) occupe ce créneau où Facebook a lancé Marketplace en octobre 2016 : on y peut acheter et vendre. On n'est jamais loin du style du Bon Coin. Le commerce le plus moderne rejoint ainsi le commerce le plus ancien et l'économie informelle : le marché est un bien public, rappelle l'historienne Laurence Fontaine.

Mise à jour (19 janvier 2017) La presse suit également cette tendance : Mollie Makes, se déclarant "le magazine qui révolutionne le DIY", publie en janvier 2017 un hors série "Création avec le Web & les réseau sociaux" qui comporte un article intitulé "vendre ses création" (cf. supra).

Mise à (jour 11 mai 2017) Aux Etats-Unis, le network NBC Universal rachète le site Web Craftsy consacré aux loisirs créatifs (crafting : jardinage, quilt, cuisine, couture, broderie, etc.). Craftsy a mis en place des modules vidéo de formation.

Mise à (jour 23 mai 2017). Amazon attaque aussi le marché des objets artisanaux associés au mariage (Handmade Wedding shop).

Mise à (jour 7 juillet 2017). Etsy, en difficulté aux Etats-Unis, licencie et ferme deux filiales françaises : alittleMarket et alittleMercerie (cf. l'article de L'Usine Digitale). Pour l'instant le diagnostic n'est pas clair.



12 commentaires:

Anonyme a dit…

Sur Facebook, il existe depuis assez longtemps des groupes dédiés à ce genre de pratique de revente, à titre d'exemple le groupe "occazissime" compte 34 075 membres en France.

La création d'un espace dédié "market place" en 2016 suit alors cette logique. Il n'est pas étonnant que les géants
se préoccupent de cette "nouvelle/ancienne" tendance. Il faudra suivre ce qui adviendra des plateformes spécialisées telles que
le bon coin.

Angélique de La Tullaye

Anonyme a dit…

La market place d'Amazon regroupe en 2015 plus de 2 millions de marchands. Avec sa boutique Handmade, Amazon continue sa stratégie de mise en relation introduite il y a plusieurs années pour les professionnels.
Cette plateforme artisanale représente une réelle opportunité pour les non professionnels qui pourront proposer leurs produits aux millions de clients du géant américain de le vente en ligne.

Christophemarinho226

Anonyme a dit…

Si le "Do it Yourself", ou DIY a tant de succès, c'est justement car l'accès aux connaissances est largement banalisé aujourd'hui : vidéos sur internet, articles dans les magazines, livres en vente... existent pour tout type de DIY, du bricolage à la création de bijoux en passant par la fabrication de décorations pour la maison.

Ce sont des techniques bon marché qui permettent de créer toutes sortes de choses du quotidien à bas coût, et permettant de ce fait de faire des économies ainsi que d'être fier de ce que l'on est parvenu à faire seul.

Si les Marketplace tels A little Market fonctionnent très bien aujourd'hui, elles ne sont pas encore totalement connues du grand public et mériteraient de devenir plus visibles, par le biais de la publicité par exemple. Le marché du DIY a encore une grande marge de croissance.

mariebussy226

Anonyme a dit…

Les français semblent de plus en plus friands du "do it yourself", ils sont de plus en plus nombreux à acheter des produits fait mains ou à les fabriquer eux-mêmes. Des ateliers ont même été mis en place dans des magasins de bricolage comme Castorama ou Leroy Merlin afin de satisfaire ce besoin. Il semble donc normal qu'Amazon, géant du e-commerce, lui dédie une plateforme.

MarianGuillin266

Unknown a dit…

Partie 1 / Selon l’enquête annuelle du cabinet OC&C, Amazon a été élue 3è marque préférée des Français durant 4 années consécutives.

La nouvelle « marketplace » d’Amazon a de quoi faire parler. Elle est organique à la croissance exponentielle de cet offreur sans pareil. Après sa récente incursion dans l’alimentaire, Amazon se lance dans les loisirs créatifs : quoi de plus logique ? Son offre est désormais complète.

Via sa marketplace, ce magasin ouvert à tous les concurrents, Amazon est rémunéré via une commission sur chaque produit. La commission s’il a clic est une notion presque inventée par Amazon. Amazon écrit les règles du jeu en proposant un moteur de comparaison de prix et/ d’offre.

J. Bezos dès 2003, a été un first mover, en réinternalisation la vente au sein d’un seul et unique site. En ouvrant sa plateforme aux clients et fournisseurs dans la même logique, ce dirigeant visionnaire a été imité aujourd’hui de tous les retailers et marketplace du XXIème siècle. Ce modèle de plateforme biface à effets de réseaux croisés nous apparaît naturelle aujourd’hui mais elle ne l’était pas alors.

Alix de Goldschmidt 226

Unknown a dit…

Partie 2/ C’est parce qu’il y a beaucoup d’offres sur Amazon que les vendeurs viennent ; ce qui permet un flux maximal à Amazon qui fait payer cette visibilité. Aussi, via cette marketplace, Amazon propose des alternatives telles que le « shop in the shop », ce réseau de distribution où l’on peut vendre sur Amazon avec son design. Amazon a aussi été un des premiers à calculer une note pour les vendeurs en fonction des mauvaises notes clients, du taux d’expédition, d’annulation et de commandes défectueuses ou du traitement des messages reçus.

Enfin, avec la livraison « Amazon prime », Amazon est devenu délégataire d’e-commerce. En plus d’être une centrale d’achat, Amazon cherche à optimiser la distribution de ses vendeurs (et de monétiser ainsi toujours plus un service de qualité).

Il y a presque un magasin par client ce qui fait d'Amazon un concurrent indépassable pour le moment. Selon la recommandation algorithmique, cela optimise le profil de l'acheteur (selon les produits liés à des historiques d’achat, les achats similaires, la navigation, ce qu’on a recherché dans le moteur, ce qui a été évalué sur le produit etc).

Amazon a tout compris et semble être partout, tout le temps avec une rapidité sans pareille. Seul un GAFA peut tenter d’en rivaliser un autre concernant la monétisation des loisirs créatufs. Le DIY ou le How To prennent de l'ampleur en France. Youtube est passé second moteur de recherche grâce à cela. Si les Youtubers avaient le monopole du How To, Amazon en a le monopole pour la vente directe à une base de clients très diverse et bien connue du retailer. Amazon est toujours d’une extrême agilité. "Handmade" semble fonctionner comme une startup ou une Marketplace agile au sein d'un géant pourtant tentaculaire.

En un clic chez Amazon tout est là. Amazon depuis plusieurs années ouvre son catalogue et fabrique des boutiques, des milliers de boutiques. Avec un Français sur quatre qui pratique une activité créative il n’est pas étonnant qu’Amazon leur propose un magasin dédié. L’expérience proposée par Amazon en plus d’y dédier un espace particulier est de permettre aux gens de gagner de l’argent en rapportant des ventes à Amazon ; en d’autres termes, c’est une requête dans le base de produits d’Amazon. C’est une segmentation de l’offre de plus en plus diversifiée et segmentée.

Amazon c’est quasiment 20 millions de visiteurs par mois, 27 à Noël. Nous allons vers de l’omonicanal ou du cross canal avec ce type de concentration de l’offre. Le principe du corner représente 40% du CA d’Amazon. Il y a 40 000 références dans un hypermarché contre 213 millions de références produits pour Amazon en France et presque 400 millions aux US.

Pour les internautes, la question se pose : n’est-ce pas mieux d’être sur une market place d’Amazon que d’être sur un site lambda pour vendre un produit aussi handmade ? Amazon dépense un budget marketing inatteignable, propose une expertise technique de distribution et de gestions des transactions sans commune mesure. Le calcul est vite fait.

Alix de Goldschmidt 226

Anonyme a dit…

Amazon a bien compris que le créneau du "handmade" et du "Do it Yourself" est une aubaine. Un autre des 4 géants (GAFA) a saisi l'opportunité. Il s'agit bien évidemment de Youtube ! Des millions d'internaute regardent des vidéos tutoriels (des "tutos") et suivent des youtubeurs influents. Que cela soit des youtubeurs qui montrent comment construire tel objet ou bien des youtubeuses qui apprennent aux internautes des techniques de maquillage ou de coiffure, c'est un véritable succès ! Cela fait monter le nombre de vues ce qui fait le bonheur des annonceurs !

JeanBenoîtHenry226

Unknown a dit…

Je souhaite rebondir sur votre mention des vidéos " How To" de plus en plus nombreuses sur YouTube, car en effet, Amazon n’est pas le seul géant du web à utiliser la tendance des activités créatives comme levier de croissance. Il s’agit en fait d’un axe à part entière des recommandations de YouTube aux marques quand elles travaillent à la définition de leur stratégie de contenu sur la plateforme. Les vidéos, « how to » où « tutoriels » sont un type de vidéos particulèrement adaptées pour les marques souhaitant répondre à un « besoin de faire » immédiat des consommateurs. L’objectif de ce format est d’intégrer un ou des produits de la marque en réponse à des questions que se posent souvent les consommateurs. L’enjeu est de faire correspondre ces vidéos à des mots clés récurrents dans des questions fréquemment tapées dans la barre de recherche du second moteur de recherche au monde. Ces vidéos au départ initiées par des amateurs (et dont les plus populaires atteignent plusieurs millions de vues), ont désormais un nom chez Google qui les appelle des contenus « Help ». Typiquement, il s’agit de courtes vidéos dans lesquelles la marque peut potentiellement, et d’une façon crédible, faire partie de la réponse à la question ou au problème que le consommateur est venu résoudre sur YouTube. Par exemple, une marque comme UHU peut facilement et naturellement venir se positionner sur un tutoriel de scrapbooking, sans utiliser de discours commercial agressif, mais en répondant rapidement et clairement à la question posée.

MarianaDurandard226

Carole Boyer 226 a dit…


Amazon "Handmade" est une très bonne chose pour l'artisanat français et pour l'artisanat en général. C'est ici la confrontation de deux mondes diamétralement opposés. Grâce à l'immensité du site de e-commerce, les petits artisans ou les bricoleurs du dimanche désireux d'arrondir leur fin de mois, bénéficieront d'une visibilité inespérée. S'il est vrai qu'internet est un formidable vecteur pour se faire connaître et que de nombreux sites proposent déjà ces services, les fonctionnalités d'Amazon et notamment sa puissance de référencement et de recommandation en feront surement une plateforme incontournable pour quiconque souhaite accéder au fait main. En plus de l'opposition metier ancien/modernité, mise en relief dans l'article, je rajouterais celle entre la quête d'authenticité/achat via une multinationale surpuissante. L'ubérisation de l'artisanat est plus que jamais lancée.
Par ailleurs l'hégémonie du groupe sur tous les domaines du e-commerce pose problème. Sa puissance est telle, qu'il peut évincer n'importe quel concurrent spécialisé.

Carole Boyer 226

loicgentilini226 a dit…

Le succès de la marketplace d'amazon s'explique aussi par le lancement de "Amazon Seller App" une app qui permet aux "sellers" de gérer leurs ventes peu importe le lieu où ils se trouvent, de répondre aux messages, de chercher des produits en utilisant le scanner etc...

Dès lors, on peut se demander si un des futurs facteur clé de succès d'un service de marketplace sera l'intégration d'une logique "mobile friendly" voir "mobile only"

Unknown a dit…

Amazon a très bien intégré le principe du « Hand Made ».
En effet, nous avons pu observer ces dernières années en France une nouvelle tendance du « fait maison » touchant des domaines très variés.
Selon une étude SOFRES, http://www.tns-sofres.com/sites/default/files/2010.06.14-gifam.pdf, les français sont dans certains cas plus enclins à acheter lorsque le produit est « Hand Made ».

Amazon encourage donc ce nouveau phénomène en ouvrant sa boutique, «Handmade ».
Grâce à ça, Amazon va pouvoir toucher de nouveaux consommateurs qui n’étaient à la base par forcément familier avec Amazon.
ArthurTERRY226

Unknown a dit…

C’est en effet un très bon choix stratégique de la part d’Amazon de se lancer sur le créneau du « Handmade ». Si cette stratégie est tout d’abord très bien pensée d’un point de vue commercial pour attirer davantage d’acheteurs potentiels sur la plateforme, c’est également une formidable opportunité de branding. En associant Amazon à l’image d’une entreprise favorisant la créativité, l’échange et même l’entreprenariat, l’image de la marque gagne en capital sympathie et en proximité. Cela va davantage favoriser le partage et l’entraide entre consommateurs et renforcer un effet de communauté comme on peut le voir sur Etsy.
Cependant, force est de constater que la blockchain pourrait remettre en perspective la notion de plateforme. Si les consommateurs se mettent directement en relation via des plateformes c’est aussi dans une démarche de désintermédiation, de rapport d’humain à humain. La blockchain pourrait ainsi rebattre les cartes et diminuer, voire annihiler l’intérêt de passer par des plateformes.

alicefauroux226