jeudi 11 octobre 2018

Contenus sportifs contre distributeur aux Etats-Unis (Fox / Altice USA)


C'est un épisode classique et récurrent de la télévision quotidienne américaine, côté business. Avec happy ending, presque toujours.


  • D'un côté, proposant des contenus, Fox avec WNYW-TV, la station Fox New York (O&O) et des chaînes cabsat lui appartenant, Fox Sport 1 (FS1), Fox Sport 2 (FS2), National Geographic Channel, FX et FXX (appartenant maintenant à Disney).
  • De l'autre côté, le distributeur, Altice USA (Optimum et Suddenlink), opérateur du câble actif dans la région de New York.
  • Il n'y a pas d'arbitre, la FCC a refusé de se mêler de ce type de différend (cf. Le réglage économique local de la télévision américaine).

  • Fox a menacé Altice USA de suspendre la fourniture de ses contenus (blackout), avertissant les abonnés d'Altice (cf. infra). Après cinq mois de gesticulations et de négociations, un accord est intervenu (dont les termes ne sont pas publics) et les abonnés pourront regarder les chaînes en question (il n'y a eu qu'une une demi-heure de noir à l'antenne lundi).

    La question lancinante reste celle des droits sportifs ; Fox qui a dû payer très cher pour la retransmission de la NFL, MLB ; on estime que Fox demanderait à Altice USA une augmentation de 1 $ par abonné / mois pour compenser cette hausse des droits sportifs.
    Cette hausse des droits se propage ainsi jusqu'aux abonnés en passant par l'opérateur du câble (MVPD) ; exaspérés, les abonnés reportent leur mécontentement sur le câble (cf. notre post "Révolte contre le câble aux Etats-Unis). Les consommateurs les plus furieux et les plus vulnérables sont ceux que le sport n'intéresse pas ; ils sont enclins à se désabonner de la télévision traditionnelle (cord-cutting) et à se tourner vers des abonnements OTT du type Netflix ou Amazon Prime Video, moins chers et plus flexibles. Ainsi peut-on affirmer, pour simplifier, que toute augmentation des droits sportifs profite (indirectement) à Netflix, qui s'est bien juré de ne pas entrer sur le marché des droits sportifs... En revanche, Facebook ou amazon n'ont pas dit leur dernier mot et pourraient bien, un jour,  transformer le marché des droits sportifs.


    Spot de Fox avertissant les abonnés de Altice USA (Optimum) qu'ils ne pourront plus regarder les programmes de Fox

    8 commentaires:

    Unknown a dit…

    Merci pour cet article très intéressant ! On se rend compte lors de sa lecture des enjeux importants liés aux droits sportifs. De plus, on observe que les droits sportifs ont un impact beaucoup plus large que seulement dans le domaine sportif de la télévision: les choix influencent également les plateformes comme Netflix.

    Roselaine Boudjellal a dit…

    Article très intéressant. J'ai du mal cependant à essayer de comprendre le comportement de ces deux acteurs allant même jusqu'à proposer un écran noir à l'antenne. Face à une concurrence plus accrue que jamais et dans un contexte aussi perturbé et incertain, pourquoi aller jusqu'à l'affichage de cette querelle au public ? Pourquoi pénaliser l'audience ? La rencontre d'un accord bien plus tôt aurait peut être été plus judicieux... Je crois en la possibilité demain de se passer de tous ces acteurs, et pourquoi pas à ce que les responsables sportifs monnayent eux même leur offre. Dans cette histoire tout le monde est pénalisé, quand on a un ennemi commun le plus prudent serait peut être de se serrer les coudes ... A suivre !

    Prof. François MARIET a dit…

    Et YouTube, Twitter ?

    Unknown a dit…

    Le problème des droits sportifs va devenir de de plus en plus problématique et débattu durant les prochaines années! Quand on voit que les droits de la ligue 1 se sont vendu a plus d'1 milliard d'euro par une société espagnol mais gérée par des chinois, cela va devenir de plus en plus chère pour les consommateurs de sport (et surtout de foot) de regarder leurs matchs!
    De plus, quand SFR rachète les droits de la ligue des champions et n'arrive pas, le jour du match, à proposer le contenu, on peut se demander pourquoi s'abonner à ces chaines...?
    Il sera très intéressant de voir les propositions d'Amazon, Facebook et bientôt Netflix? concernant la diffusion du sport.

    Mathieu Le Cossec a dit…

    La capacité des géants du numérique à acquérir des contenus sportifs est indéniable.

    Pour autant, leur capacité de réalisation pose encore question; Amazon a eu, par exemple, de graves problèmes lors de la diffusion du dernier US Open. Les acteurs traditionnels ont encore une avance conséquente en la matière et ont donc tout intérêt à poursuivre leurs investissements en ce sens.

    Même remarque pour l'éditorialisation avant et après la diffusion des matchs; Amazon, Facebook, Twitter, etc. sont ils en mesure, aujourd'hui, d'éditer et d'animer des journaux d'avant et/ou d'après match ? Rien n'est moins sûr.

    Barbara Shabynina a dit…

    Les enjeux autour des droits sportifs ont en effet l’influence sur l’ensemble du marché. C’est surtout Facebook et Amazon qui pourront bientôt diffuser les contenus sportifs en masse. Facebook a signé cette année un contrat exclusif avec La Liga pour les 3 prochaines saisons. La diffusion en Inde, Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Népal, Sri Lanka et Pakistan – la région qui représente 348 millions utilisateurs Facebook. Il sera intéressant de voir le futur des investissements de Facebook dans les services du streaming.

    Il est à noter qu’aux États-Unis tous les droits sportifs sont maintenant fixés jusqu’au 2021, mais les plateformes digitales peuvent attaquer après. Il ne faut pas oublier les autres marchés aussi : il y a eu la redistribution des droits sportifs au Royaume-Uni cette année et malgré les rumeurs Amazon n’a pas réussi à les gagner face à BT Group. Néanmoins, ils ont la possibilité d’essayer de le faire dans quelques années…

    Laloux Marion a dit…

    Merci pour cet article très intéressant ! On se rend compte lors de sa lecture des enjeux importants liés aux droits sportifs. De plus, on observe que les droits sportifs ont un impact beaucoup plus large que seulement dans le domaine sportif de la télévision: les choix influencent également les plateformes comme Netflix

    Charles Leconte a dit…

    Cet article m'interroge sur la façon dont nous allons regarder les matchs dans cinq ou dix ans?
    À travers des plateformes traditionnelles telles que CBS ou ESPN? À travers des géants de la technique comme Amazon ou Facebook? À travers des ligues qui proposent leurs propres Abo? Ou bien à travers quelque chose qui n'existe pas encore ? Je pense que personne ne le sait à ce jour.
    Le modèle de télévision payante va, à un moment donné selon moi s'étouffer, et cela permettra à Facebook ou Twitter d'entrer en jeu. Facebook possède déjà des droits de diffusion en Amérique latine. Il collabore avec des sociétés OTT (over-the-top) pour distribuer des contenus via Facebook et s'interroge vraiment sur le sujet avant de vraiment passer à l'étape suivante. J'attends avec impatiente l'évolution de la question.