jeudi 27 février 2020

Comcast, le premier câblo-opérateur américain ajoute encore Xumo à son offre. Pourquoi ?


Le câblo-opérateur Comcast vient d'ajouter le fournisseur de services Xumo à son offre. Xumo devrait fonctionner de manière indépendante dans l'entreprise Comcast Cable qui aura déboursé 100 millions de dollars pour cette acquisition (soit 10 dollars par téléspectateur actif / mois). Xumo compterait 10 millions d'usagers.
Xumo propose, over-the-top, environ 190 services financés par la publicité, donc, en apparence du moins, gratuitement, pour les téléspectateurs abonnés à Comcast Cable. Une partie de l'offre est offerte à la demande à 10 millions de téléspectateurs (selon la chaîne).

Basé en Californie, Xumo qui compte 55 employés, avait été lancé en 2011 par la joint venture MySpace Viant Technology (que Meredith Technology avait achetée en même temps que Time Inc.) et Panasonic. La coiété est fondée sur une association avec des fabricants de smart TV tels que Fizio, Panasonic ou LG et ressemble, en gros, à ce que proposent des sociétés semblables telles Vudu (qui appartient à Walmart mais que pourrait acheter Comcast), Pluto (acheté 340 millions de dollars par ViacomCBS), Tubi  (que rachèterait Fox) ou IMDb (Amazon). Tout cela relève de l'AVOD (Ad-supported Video On Demand).

Concentration ? Sans doute. On peut avoir l'impression d'une recherche systématique, par les grands acteurs du câble américian, de sociétés capables, estiment-elles, de grappiller de l'audience voire de faire connaître et acheter leur nouveau service (Peacock dans le cas de Comcast, qui sera lancé le 15 avril 2020). C'est ce à quoi devrait contribuer Xumo, en apparence, du moins.
Stratégie défensive, donc.

mercredi 26 février 2020

Univision, et la suite, pour la télévision hispanophone américaine


Univision, l'un des deux networks hispanophones américains, a été vendu. Certes, le groupe mexicain conserve 36% du capital de Univision ;  SearchLight et ForgeLight, deux créations d'un ancien de Viacom, ont racheté les autres parts dont celle de Saban Capital Group. Et le nouveau PDG de la chaîne avoue ne pas - encore - parler espagnol (mais il apprend !).
Univision a d'abord compté sur une offre public d'achat de 20 milliards de dollars, puis a refusé une offre de 15 milliards par John Malone qui contrôle Liberty Global (SiriusXM radio, Lionsgate, la F1, etc.).

Quel sera l'avenir de cette chaîne hispanophone avec son nouvel actionnariat (64%) ? On ne dispose d'aucune donnée financière quant à l'opération qui s'achève. Attendons donc, pour voir.
Quelle sera sa stratégie offensive pour contrer Telemundo (groupe Comcast / NBCU) qui progresse depuis plusieurs années ? Telemundo, avec son nouveau siège à Miami, s'attaque sérieusement à un nouvelle cible hispanophone (18% de la population américaine), une cible bilingue, jeune, exigeante et qui veut désormais une expérience télévisuelle débordant de plus en plus l'immigration et sa culture traditionnelle (telenovelas, etc.). Les hispanophones américains sont de plus en plus anglophones aussi, "the 200 percenter" (cf. l'interview de Cesar Conde, le patron de Telemundo, dans l'hebdomadaire Baron : "It’s the individuals that are 100% American, but also 100% Latino. They’ve lived here, they speak Spanish and English, they have a sophisticated palate, they consume media in different languages and across different platforms." Une nouvelle cible donc qui attend une télévision adaptée à ses goûts et à ses dégoûts, qui consomme beaucoup Internet et de moins en moins les autres médias traditionnels pour son information... Ce fut une télévision étrangère, parlant une langue étrangère ; c'est maintenant une chaîne américaine qui parle deux langues américaines.
Source : Telemundo et Cision Newswire (Sept. 10, 2019)

jeudi 20 février 2020

Télévision (en France) : tout va mal ? Non, non... mais enfin


Avec l'heure de fin d'année, sonne le moment des grands bilans. La durée d'écoute de la télévision par habitant baisse : bon, alors, changeons la méthodologie de la mesure. Ainsi, Médiamétrie, comme la plupart de ses semblables européens, a modifié l'univers de référence de la télévision pour y intégrer la consommation dite "de rattrapage" et celle qui vient des ordinateurs, des tablettes : on aura ainsi gagné 10 minutes par rapport à l'ancienne méthodologie. Mais en 2019, on est repassé en France de 226 à 220 minutes de consommation quotidienne. Faudrait-t-il à nouveau changer de méthodologie ?
La France compte désormais 53 millions d'internautes (soit 84,6% des français de 2 ans et plus), donc autant de personnes équipées pour regarder la télévision, y compris sur un téléphone portable. Soyons clair : tout Français, tout Européen de plus de deux ans peut regarder la télévision, linéaire ou pas, quelque soit son équipement.
Que regardent-ils ?
Netflix est accusé de voler l'audience ! Or on compte en France plus de 7 millions de "netflixonautes" (dont 6,7 millions se sont "déclarés", qui paient leur abonnement mensuel).
On évoque le chômage ; mais les chômeurs regarderaient-ils moins la télévision que les actifs ? Certainement pas. Quant aux actifs, qui disposent de plus en plus de moyens mais de moins de temps, regardent-ils encore la télévision traditionnelle avec ses écrans publicitaires ? De moins en moins, puisqu'ils travaillent d'abord : et, de plus, ils regardent Netflix qui n'a aucun écran publicitaire et ne coûte pas cher.
Bien sûr - mais encore faudrait-il le démontrer - on dit que la consommation non linéaire, sur les téléphones, les tablettes ou les ordinateurs compenserait l'audience perdue, d'où l'adaptation régulière de la méthodologie aux pratiques des téléspectateurs. Mais, que vaut une présence publicitaire sur un écran de téléphone ?
La publicité télévisée n'est plus ce qu'elle était. Que peut-elle devenir ? C'est peut-être là qu'est la bonne question...

Dessin tiré de Wall Street Journal , Feb. 20, 2020, in "Cord-cutting accelerated in 2019"

mercredi 5 février 2020

L'internet des choses de la vie


Des millions ou plutôt des milliards d'appareils connectés selon diverses modalités : entre eux, entre eux et des utilisateurs (via des applis et des smartphones), entre eux et des entreprises mères (installation, surveillance, maintenance), etc. Et bien sûr, il y a l'internet des choses industrielles. Des milliards de chiffre d'affaires à l'horizon ?
Mais il y a aussi l'internet des choses de la vie, de la vie quotidienne, consumer IoT : le chauffage (thermostats), l'éclairage, la serrure, les rideaux, le détecteur de fumée, les objets que l'on perd souvent (les clefs : pour les retrouver : Tile), l'aspirateur, les caméras de surveillance que vendent aussi les compagnies d'assurance, la santé, toute la smart home... c'est un monde de capteurs (sensors) et d'algorithmes que nous habitons, et habiterons de plus en plus. Capteurs de sons, d'humidité, de température, de lumière, de vitesse. Et l'automobile qui se conduira bientôt toute seule (LIDAR, etc.). Et, ici, il n'y a pas de fake news : des choses parlent aux choses dans leur "folie de machine" (Guillaume Apollinaire : "Les tramways feux verts sur l'échine // Musiquent au long des portées // De rails leur folie de machines"...).

Donc, prendre toutes les choses comme des faits sociaux, en inversant la règle célèbre d'Emile Durkheim ou en reprenant celle de Wittgenstein "Die Welt ist alles, was der Fall ist" (comme il l'énoncera à son tour : "le monde est tout ce qui arrive", traduira Pierre Klossovski). Les médias comme prolongements, la ville, le marché, le centre commercial, les transports, etc.
Quelles données ? Toutes : celles des observations armées par des capteurs, données composées et organisées en amont, pré-construites (cf. Bachelard). "Machines talk, we listen", déclare Augury. L'importance primordiale du Wifi, de sa qualité et de sa fiabilité : en cas de panne, que se passe t-il pour la température des pièces, les alertes de sécurité, etc.
Quid de la sécurité des objets gérant la sécurité ? Question de maintenance prédictive, de la mesure des consommations pour la maison intelligente ? Pour Minim, "To the smart home, the broadband quality is only as good as the WiFi signal". On pense au "Texte sur l'électricité" de Francis Ponge qui convainc que "l'électricité existe, que les appareils d'application existent, qu'il s'en trouve ou va s'en trouver (de plus en plus nombreux) dans chaque bâtiment, dans chaque demeure..." ou à la domotique, dont nous pouvons dire de même que veulent s'emparer les câblo-opérateurs (Comcast, etc.) ou Google avec Nest, Amazon, Apple...

Les problèmes spécifiques posés par ces choses connectées : la sécurité, le diagnostic à distance, la détection des anomalies, fingerprinting, identification du lieu, de l'appareil, du consommateur, les tests, les gestes... sont aujourd'hui les problèmes essentiels d'Internet. Notre vie est chaque jour davantage organisée et veillée par Internet.

lundi 3 février 2020

Midnight Diner : un livre de cuisine japonaise télévisée



Yarō Abe & Nami Lijima, La cantine de minuit. Le livre de cuisine, Le Lézard Noir, 144 p., 15 €.

On les a connus et aimés sur Netflix : les héros de Midnight Diner sont désormais accessibles au public télévisuel des pratiquants : en effet, un livre de cuisine est à leur disposition qui mêle habilement des pages de mangas, celle de Yarō Abe, et les recettes de Nami Lijima. On y retrouve les plats que l'on a vu servir dans l'émission, et leur mise en scène simple.

Les recettes sont pour la plupart faciles puisque le petit restaurant ne propose à la carte que de la soupe miso au porc et du saké, mais le patron sera toujours heureux de préparer les mets pour lesquels les clients apportent leur concours sous le forme d'éléments divers à cuisiner. Et ainsi l'on goûtera, par exemple, la crème aux oeufs, l'omelette aux tomates, la salade de vermicelles, les spaghettis napolitains, le riz au tororo, le ragoût de taro aux calamars, les nouilles froides (avec n'importe quelle garniture disponible), le ragoût à la crème (pour les hivers rigoureux), les boulettes onigi grillées, les beignets d'oignons, des chikuwa frits, la salade de pommes de terre (avec jambon et concombre), le katsudon (porc pané) et le nikujaga (boeuf et pommes de terre)...
Au milieu du livre, les lecteurs trouveront un dialogue entre les deux auteurs du livre qui partagent leurs souvenirs de bons petits plats, et des occasions de nombreuses nostalgies de leur enfance.

En fait, le livre accompagne l'émission qui accompagnera le livre. L'un appelle l'autre, et ils vont bien ensemble, constituant un ensemble pluri-média, pratique. Reste à trouver les ingrédients japonais, ce qui n'est pas toujours facile si l'on n'est pas au Japon mais, avec Internet...

Voici l'application de la recette de la recette de l'omelette aux tomates (Karen est au fourneau !). C'est simple, et c'est bon (pp. 40-42). D'abord, il faut faire cuire les tomates ; ensuite on les verse sur les oeufs battus ; ici, la cuisinière a ajouté de la ciboulette, et l'on pourrait y ajouter d'autres éléments, notamment des lardons, des oignons...