mercredi 25 juin 2014

Netflix, chaîne TV comme les autres, ou pas ?


Des rediffusions aux séries originales, Netflix, poursuivant une stratégie d'innovation continue, passe un accord avec une animatrice de talk show. Rappelons les grandes étapes de cette évolution.

Première étape : Netflix commence comme service de location de DVD par courrier, aux Etats-Unis (marché domestique). Son succès, considérable, est alors fondé sur l'étendue de son offre (suite aux accords avec les studios de production), et sur la commodité de la location et de la distribution postale (secteur public). A ce mode de distribution (coût variable) succède le streaming, commode mais qui se heurte aux limites de la neutralité du net et qui pourrait faire replonger Netflix dans un modèle à coûts variables.

Deuxième étape : Netflix produit ses propres séries : "House of Cards", triomphe et inaugure un mode de distribution et de consommation qui se généralise : le "binge viewing". Avec des séries pour enfants ("Mako Mermaids" d'abord puis "Turbo F.A.S.T.", produit avec DreamWorks Animation pour les fêtes de fin d'année 2013), Netflix s'attaque au marché familial, segment stratégique (accord avec PBS, etc.).

Troisième étape : en 2016, commencera un talk show animé par Chelsea Handler. Cette diversification, annoncée en juin 2014, étonne : elle ne rentre pas dans ce que l'on croit être le modèle de Netflix. Ne manquent que l'information et le sport pour proposer une chaîne généraliste complète. Peut-être. Mais Netflix peut aussi tout simplement expérimenter à partir de l'analyse de la data fournie quotidiennement par ses millions d'abonnés.
Dans le cadre de la diversification de sa programmation, Netflix propose déjà des documentaire (non-fiction) et achetés, en 2014, les droits de "Virunga", consacré à un parc national en Afrique (Congo).

Résumons les caratéristiques essentielles du paradigme Netflix, tel que l'on peut l'observer :
  • Pas de publicité : un abonnement mensuel. Modèle économique rare (cf. HBO, Showtime, Starz...) tandis que Amazon semble tenté par un modèle publicitaire (cf. l'appli iOS pour Amazon Instant Video)
  • Consommation à la demande
  • Streaming (OTT)
  • Pas de programmation locale, en rupture avec le localisme qui est à la base du modèle économique des networks généralistes
  • Data et recommandations : algorithme, taggage et classification (altgenres, etc.) alimentent un nouvel outil de découverte et de sélection des programmes, mais aussi de prédiction des consommations
  • Extension internationale (industrie de coûts fixes)
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2 commentaires:

Lindaz226 a dit…

Cet article expose très bien l'évolution de Netflix et de ses caractéristiques. Cette addition d'atouts pour Netflix (pas de publicité, recommandations,...) fonctionne très bien aux Etats-Unis, peut-être moins bien en France à cause d'un catalogue plus restreint en France: pour certaines séries, des contrats d'exclusivité ont déjà été signés avec certaines chaînes.

Soufiane226 a dit…

En ce qui concerne le système de recommandation qui est censé faire la particularité de Netflix, à l'image des théories Schumpeteriennes, on peut d'ores et déjà dire que le modèle s'essouffle. Des algorithmes similaires sont mis en place par les 2 interfaces concurrentes (je pense ici Canal Play vs Netflix) avec des carences similaires. Par exemple, à partir du moment où l'on a cliqué sur un film, un documentaire ou une série, le système considère que le programme a été visionné dans son intégralité, et recommande par conséquent des titres semblables.
Des efforts sont à faire à ce niveau là... un baromètre qualitatif individualisé ? La prise en compte de la durée de visionnage par vidéo ? voire de la DEI ? Ce ne sont là que des idées !