Affichage des articles dont le libellé est CW. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est CW. Afficher tous les articles

vendredi 11 mai 2018

TV américaine: le network national, c'est le triomphe du local


Aux Etats-Unis, la géométrie des networks de télévision commerciale est modulable, variable au gré des évolutions législatives et réglementaires mais surtout au gré du marché.
Fox, le dernier né des grands networks généralistes commerciaux anglophones traditionnels, change de dimension en rachetant 7 stations au groupe Sinclair ; en effet, Sinclair Broadcast Group doit réduire sa part de marché afin de racheter le groupe Tribune Media Company et se conformer à la réglementation en cours concernant la concentration ("divestiture plans for the remaining stations they intend to sell as part of the regulatory approval process for our merger", selon les termes du groupe Sinclair). La transaction s'élève à 910 millions de dollars à laquelle s'ajoute un renforcement des accords d'affiliation avec Sinclair.

Après cette opération, Fox sera présent avec une O&O (station Owned and Operated) dans 19 des 20 premiers marchés télévisuels américains (DMA). Les 7 stations acquises sont les suivantes : KCPQ-TV (Seattle), WSFL-TV (Miami), KDVR-TV (Denver), WJW-TV (Cleveland), KTXL-TV (Sacramento), KSWB-TV (San Diego) et KSTU-TV (Salt Lake City). Toutes ces stations, sauf celle de Miami (affiliée CW), étaient déjà affiliées au network Fox et deviennent O&O, la transition en sera donc plus commode. L'acquisition prendra effet au second semestre 2018 et pourrait être prise en compte lors des ventes d'espace publicitaire upfront.

Cette opération correspond à la volonté de Fox d'être présent dans les grands marchés locaux du football (NFL) et du baseball (MLB) à Denver, Miami, Seattle ; il s'agit aussi d'un renforcement de la présence à l'Ouest (Seattle, San Diego, Sacramento, Salt Lake City).
Ces 7 stations s'ajoutent aux 28 que possède Fox dans 17 marchés (dont les plus grands DMA, New York, Los Angeles, Chicago, Dallas, San Francisco, Washington, Houston). Sinclair a l'option de racheter deux stations à Fox. La couverture totale du network Fox serait de 45,9% des foyers TV américains, mais, en prenant en compte le mode de calcul avec réduction pour les stations UHF (dit "UHF discount"), cette couverture passerait au-dessous du seuil de 39% fixée par la législation actuelle.

Au-delà d'un ajustement conjoncturel pour les deux groupes, cette opération souligne l'importance stratégique du local tant pour le marché des programmes (sport, information) que pour le marché publicitaire. “This transaction illustrates Fox’s commitment to local broadcasting", décare le président du groupe des stations de Fox Television Stations (FTS). On peut également y lire une optimisation stratégique pour affronter la concurrence de Facebook et Google (YouTube TV) qui se tournent de plus en plus vers les marchés locaux, mais aussi pour contrer les incursions de Facebook, Amazon, Twitter et Snapchat sur le marché des retransmissions sportives.
Rappelons que le marché de la télévision locale américaine atteindrait 28 milliards de dollars en 2018 (en augmentation de 5,6%) selon BIA Advisory Services.


Références sur MediaMediorum

Concentrations à venir dans la télévision américaine ?

mercredi 5 juillet 2017

Jane the Virgin. Telenovela pastiche


Diffusée par The CW pour le début de la saison 2014, "Jane the Virgin" s'inspire d'une telenovela vénézuélienne ("Juana la Virgen", diffusée par RCTV en 2002). Acclamée, nominée à de nombreuses reprises, récompensée plusieurs fois dont une d'un Golden Globe. Programmée en prime-time le lundi puis le vendredi. (N.B. The CW est un network national appartenant à Warner Bros. (50%) et CBS (50%.) ; son audience est plus jeune que celle des autres networks).
La série se consomme à deux degrés : au premier degré, l'intrigue est typique du genre, peu subtile mais délassante ; au second degré, "Jane the Virgin" se moque sans vergogne du genre telenovela, de ses clichés (playboys aux costumes rutilants, fans qui se pâment, décors et maquillage, larmes et cris, etc.). Mise en abyme : il y a un tournage de telenovela dans la telenovela... le père de l'héroïne s'avérant un acteur de telenovela adulé et fameux...
L'humour n'est pas absent : "Jane the Virgin" n'hésite pas à plaisanter avec certains aspects de la religiosité catholique (la virginité et la sexualité, le mariage, l'immaculée conception, etc.) et de la culture hispanic. Plus de 40 épisodes passent et Jane est toujours vierge, et elle est sans doute veuve... le suspense continue donc.
Dramedy, soap opera, sitcom ? Genre télévisuel hybride.

The CW a renouvelé la série pour une quatrième saison commençant en octobre 2017. Au total, la série comptera un ensemble de plus de 70 épisodes de 42 minutes chacun. En France, la série est diffusée par Téva et M6 (dont 6play).

L'action se déroule à Miami, en majorité dans deux lieux : la maison d'une famille hispanic et un hôtel de luxe. Trois femmes latina sont au cœur de l'intrigue, quatre générations "sous le même toit", la fille, la mère et la grand-mère qui partagent le même appartement et le nouveau-né (fils de Jane). Les rebondissements sont nombreux et, pour l'essentiel, improbables et loufoques.
La série est bilingue, l'espagnol étant sous-titré en anglais. En plus des personnages, il y a un narrateur, agissant comme un chœur qui commente et explique l'action en voix off, rappelant lors de chaque début d'émission les épisodes précédents ("it should be noted that..."). Il s'exprime aussi à l'aide d'éléments graphiques à l'écran, introduisant ainsi une sorte de distanciation (second degré).
La narration recourt sans cesse au smartphone, toujours à portée de la main des personnages ; omniprésent, deus ex machina portable, le portable préside aux retournements de l'intrigue ; il est partie prenante du jeu de chaque personnage, son prolongement. Les textos sont affichés à l'écran au fur et à mesure de la saisie, et l'action est parfois commentée à l'aide d'une série d'emoji. Construction de la narration évoquant l'anadiplose...

Avec sa diffusion par Netflix, la série accueille une audience élargie, internationale.


N.B. Le personnage de Jeanne dite la Pucelle hante l'histoire de la littérature et du cinéma. Appropriation par divers partis, revendiquée en France par les républicains laïques (héroïne combattante et résistante) mais aussi canonisée par l'église catholique ("Johanna nostra est") : de Friedrich von Schiller ("Die Jungfrau von Orleans" (1801) à Jules Michelet (1841), de Paul Claudel et Arthur Honegger ("Jeanne au bûcher", 1938) à Charles Péguy (1897) en passant par Bertolt Brecht ("Sainte Jeanne des abattoirs", 1930), le personnage de Jeanne d'Arc séduit les écrivains. De nombreuses œuvres cinématographiques lui sont consacrées : Georges Méliès (1900), Carl Dreyer, Robert Bresson (1962), Jacques Rivette (1994)...

Voir aussi : Jeane d'Arc et ses mythographes in MediaMediorum


lundi 11 juillet 2016

PBS et les enfants, cibles d'amazon et de HBO


L'économie numérique bouleverse la télévision pour enfants.
Amazon Video vient d'acquérir les droits exclusifs, pour le streaming, de séries pour enfants de la télévision publique américaine, PBS KIDS. Au terme de ce contrat pluri-annuel, les émissions seront proposées sur abonnement par Prime Video et par Amazon FreeTime Unlimited, service qui vise enfants et parents.
Sont concernées 19 séries, parmi lesquelles : "Daniel Tiger's Neighborhood", "Nature Cat", Odd Squad", "Wild Kratts", "Ready Jet Go", "Peg + Cat", "Martha speaks", "Cyberchase", "Dinosaur train", "Caillou", "Reading Rainbow", Sci Girls", "World Girl", "Bali", "Peep and the Big Wide World", "Word World", "Postcards from Buster"and "Design Squad".
Après un délai de quelques mois, ces émissions ne seront plus disponibles sur les sites des stations locales de service public affiliées au network PBS. Elles ne seront plus disponibles, non plus, sur les plateformes de streaming concurrentes comme Hulu (sauf "Curious George") ou Netflix (sauf "Superwhy").

Amazon épouse l'ambition éducative de PBS Kids (éveil, sensibilisation à la lecture, aux sciences, aux langues). A l'offre gratuite diffusée par l'intermédiaire des stations affliliées, s'ajoute ainsi une offre payante qui étend l'accès aux programmes. Par ailleurs, Amazon a déjà lancé ses propres séries ("Tumble Leaf", "Whishen Proof" et relancerait bientôt "Sigmund and the Sea Monsters").
"We’re committed to making Prime Video the best destination for kids and family programming that will both educate and entertain”, déclare Amazon. Amazon bénéficie ainsi d'un tranfert de l'image positive de PBS auprès des parents et des enseignants.

Nous assistons encore à un cas d'hybridation de networks traditionnels, linéaires, avec des services de streaming à la demande, comme en témoigne déjà l'accord CW / Netflix. Le revenu tiré des ventes de droits aux services de SVOD est important voire décisif pour l'équilibre budgétaire de PBS qui n'a pas de revenus publicitaires (sauf de parrainage).

Pour cibler et fidéliser les familles, la SVOD est à la recherche de programmes pour jeunes enfants. 
Hulu a passsé un accord avec Disney / ABC Entertainment Group pour la diffusion exclusive,  en SVOD, d'émissions pour enfants et de films (Hulu est une J.V. de Comcast NBCU, de Fox et de Disney).
Début 2016, HBO (Time Warner) a acquis, auprès de Sesame Workshop, cinq saisons des droits de la célèbre émission "Sesame Street" (cible pré-scolaire) : après 9 mois de diffusion sur HBO, ils retourneront pour une diffusion gratuite sur les stations de PBS. D'une heure, l'émission passe à 30 minutes sur HBO. Sesame Street Workshop connaît un déficit critique : 11 millions de $ pour l'année fiscale 2014...
Anticipant l'évolution de la téléviison pour enfants et jeunes parents, PBS lancera, sans doute en automne 2016, une chaîne gratuite pour enfants (avec streaming), PBS Kids TV. Cette chaîne pourra être reprise en multicast par les stations du network PBS.

mercredi 6 juillet 2016

Etudes de cas sur la télévision américaine : CW, network hybride avec Netflix ?


L'organisation du marché de la télévision américaine est flexible, modulable à volonté et stable. On y compte peu d'interventions réglementaires. Les acteurs modifient leur stratégie, leur développement tout en se coulant dans des règles claires, incontournables dominées par l'esprit de ses lois, le localisme. C'est un univers où les coups et leurs conséquences sont prévisibles.

The CW Network est le plus petit des networks ("weblet") ; J.V. de CBS Corp. et de Warner Bro., il se compose, comme tous les networks américains, de stations O&O et de stations affiliées.
Un contrat d'affiliation lie le network au groupe Tribune Co., à toutes les stations du groupe sauf WGN, station de Chicago, l'un des principaux marchés télévisuels américains (DMA n°3). Ensemble, les 12 stations affiliées apportent une couverture de 25% des foyers TV américains (28 millions de foyers) ; parmi ces 12 stations, on compte KTLA-TV à Los Angeles (DMA n°2) et WPIX-TV à New York (DMA n°1).
A Chicago, CW sera désormais diffusé par la station WPWR-TV (qui appartient au groupe Fox).
L'accord intervient juste à temps pour le marché publicitaire upfront des networks.
Il semble que CW ait envisagé quelque temps une solution de diffusion en streaming, de type OTT ; il y a bien sûr un différend quant au montant que paie Tribune Co. à CW (reverse compensation).
A partir du 1er septembre, WGN-TV devient une station indépendante (Indie) diffusant surtout une programmation locale, notamment sportive. Ainsi, une station a changé d'affiliation (WPWR-TV), une autre est passée du statut d'affiliée à celui d'indépendante (WGN-TV)

CW diffuse notamment "Jane the Virgin", "Crazy Ex-Girlfriend", "The Flash", "Arrow", etc. L'accord de rediffusion de CW avec Hulu qui reprenait certaines émissions le lendemain de leur diffusion s'achève en octobre 2016.
En 2011, CW a déjà eu un accord avec Netflix. L'accord exclusif pour les Etats-Unis, conclu en juillet 2016, permettra à Netflix de rediffuser l'ensemble des émissions de CW (dont "Supergirl", ex. CBS) ; Netflix contribuera ainsi fortement à l'équilibre économique du network (on parlait déjà de 1 millliard de $ en 2011). Les séries de CW seront diffusées 8 jours après le dernier épisode de la saison (season finales) ce qui permet à CW de profiter des revenus publicitaires de la première diffusion par ses stations.
A cette occasion, on peut percevoir la place importante que prend Netflix sur les marchés télévisuels traditionnels (à suivre, dans cette perspective, en France : la relation de Netflix et TF1, cf. "Marseille"). Logiquement, CW se définit désormais comme un "hybrid network" : broadcast avec ses stations, streaming avec Netflix.

vendredi 30 octobre 2015

Retransmission consent : l'équilibre local de la télévision américaine


Un conflit de retransmisssion (carriage dispute) entre un groupe de stations locales, Tribune Broadcasting, et un MVPD (AT&T U-verse / DirecTV) vient de s'achever. Un conflit semblable avait déjà opposé Tribune Boadcasting et DirecTV en 2012.

Rappelons d'abord ce qu'est-ce que un accord de retransmission (retrans-consent) ? Les stations sont rémunées par le câblo-opérateur qui les retransmet à ses abonnés. L'accord définit les modalités financière de retransmission, combien les câblo-opérateurs versent aux stations (aux groupes de stations).

Le groupe Tribune Broadcasting possède 39 stations. L'une est indépendante (à Oklahoma City) et 38 sont affiliées à l'un des grands networks : 14 à Fox, 12 à The CW, 5 à CBS, 2 à ABC, 2 à NBC.
Le groupe possède aussi WGN radio, Chicagoland TV (CLTV), la chaîne de télévision locale d'information de Chicago, et une chaîne pour le câble et le satellite, WGN America. Cette taille lui donne un pouvoir de négociation élevé pour les revenus de retransmission, ce qui explique pour partie l'augmentation de la concentration parmi les stations. Or le groupe Tribune avait les plus faibles revenus de retransmission par station, 25 cents par foyer TV alors que certains groupes obtenaient 1 dollar.

L'accord global de retransmission (retransmission-consent) a été obtenu sans recourir au conflit recourant au chantage aux téléspectateurs (channel blackout) ; l'accord concerne, pour plusieurs années, la chaîne WGN America et les stations locales du groupe Tribune Broadcasting, d'une part, et U-verse (AT&T) et DirecTV que AT&T vient de racheter (26 millions d'abonnés, au total), d'autre part. Bien sûr, on ne connaît pas les termes de l'accord.

Pour l'instant, l'augmentation des revenus des retransmissions compense largement l'affaiblissement des revenus publicitaires des networks. Les retransmissions représentent une part importante des revenus annuels des networks américains (3,2 milliards de $), la vente d'espace publicitaire représentant 14 milliards. Or on dit que cette dernière pourrait bientôt stagner (érosion et vieillissement des audiences) ; de leur côté, les MVPD sont peu enclins à payer davantage de droits de retransmission qu'ils ont du mal à faire supporter par un nombre décroissant d'abonnés (il leur est difficile d'augmenter les prix de l'abonnement). Si ces deux tendances se confirmaient, érosion de l'audience des networks, diminution du nombre des abonnés, tout l'édifice complexe et fragile de l'économie de la télévision amériaine serait menacé.

Quelles solutions ? Elles pourraient venir de la diffusion OTT des chaînes qui apporte des revenus (abonnement et ou publicité) qui ne sont pas grevés de coûts de retransmissions. Les networks pourraient être également tentés par l'extension de reverse compensation. Dans ce cas, les stations paient pour leur affiliation, ce qui peut être perçu comme la volonté des networks de bénéficier d'une partie des revenus de retransmissions de leurs affiliées (les networks perçoivent aussi les revenus de retransmission obtenues par leurs propres stations, O&O).

jeudi 30 octobre 2014

PBS, télévision au service des publics : audiences en hausse


PBS, le network de la télévision publique américaine, a réussi une bonne saison 2013-2014. Grâce à des programmes tels que "Downton Abbey" (dont la quatrième saison a battu le record d'audience historique de la chaîne) et "The Roosevelts. An Intimate History", entre autres, PBS se classe immédiatement après les 4 grands networks nationaux commerciaux : CBS, NBC, ABC et Fox. Donc devant toutes les chaînes thématiques du marché américain, dont la chaîne sportive ESPN, et devant le network commercial The CW (CBS + Time Warner). PBS peut se targuer aussi de faire mieux que HBO, Bravo, A&E ou Discovery...

En termes de service public, le bilan de PBS est imposant ; sa mission est accomplie, éducation, divertissement, information, culture générale...
La télévision publique américaine, tard venue - en 1970 - sur un marché dominé depuis 20 ans par des chaînes à finalité publicitaire, se distingue radicalement de celles des pays européens.
Elle ne vend pas de publicité, ne commercialise pas son audience et assume sa vocation éducative et culturelle. Elle s'adresse à des citoyens, dit-elle, pas à des consommateurs... Ses revenus proviennent du parrainage, de collectivités publiques, d'associations et de contributions volontaires des ménages (les Etats-Unis ne connaissent pas la redevance). Enfin, soulignons que la télévision publique américaine bénéficie aussi, comme toute télévision grand public aux Etats-Unis, d'une assise locale répartie sur 210 marchés (DMA) avec 351 stations.

jeudi 22 août 2013

Achat d'espace publicitaire : de l'upfront au progammatic

.
La vente traditionnelle de l'espace publicitaire prime time de la télévision américaine s'est accomplie pour cette année 2013-2014, comme pour les précédentes, d'une manière traditionnelle, inchangée depuis près d'un demi-siècle. Au total, près de 20 milliards de $ d'espace publicitaire a été réservé.
Depuis quelques années, les ratios essentiels n'ont guère varié, malgré des audiences quelque peu en baisse, surtout les audiences en direct :
  • l'augmentation de CPM, légèrement inférieure à celle de l'an passé, se situe entre 6 et 7,5 %.
  • le part de l'espace vendu upfront tourne autour de 75% (50% pour les chaînes du câble), 
  • la part  de marché des chaînes du câble dépasse 40%, pour un chiffre d'affaires voisin de celui des networks terrestres généralistes.
L'upfront dont les chiffres restent flous (déclaratifs) est un indicateur de l'intérêt que présente la télévision grand public aux yeux des annonceurs. La bourse, sensible à cet intérêt, a réagi positivement : les grands groupes de télévision ont gagné 30% au cours de l'année écoulée (quand le NASDAQ a gagné 17%).

Seule CW, dont le coeur de cible est jeune (18-34 ans), innove et, pour la troisième année, pratique une vente "convergente", multiplateforme, intégrant espace classique sur la chaîne et espace numérique sur le Web fixe et mobile.

Et, pendant ce temps là, sur le Web, les annonceurs achètent des data ; les cibles sont configurées automatiquement, les prix sont fixés mathématiquement, en temps réel (RTB). C'est le règne de l'algorithme.

En ce qui concerne l'achat d'espace à la télévision, rien de "programmatic" : pas d'Adexchange, de RTB (Real Time Bidding), pas de DMP (Digital Management Platform) ; sans doute par crainte de voir les prix s'effondrer, la télévision résiste à l'automatisation. Pour combien de temps encore ?
Le groupe Interpublic Mediabrands vient de lancer un pavé dans la mare. Avec quelques groupes média, radio et télévision (Clear Channel, Tribune, A&E Networks, Cablevision, et, depuis fin septembre, ESPN), Interpublic teste une commercialisation automatisée.
L'objectif premier est de s'aligner sur les pratiques du Web, de proposer de meilleurs ciblages et d'améliorer la transaction commerciale, actuellement laborieuse, lente et coûteuse. Il ne serait pas encore question d'enchères, toutefois. La plateforme serait réalisée avec Adap.tv, la plateforme vidéo que vient de racheter AOL. A suivre.

lundi 13 août 2012

Marché TV américain. Upfront 2012-2013

.
Comme chaque année, aux Etats-Unis, 20 à 25 milliards de dollars d'investissements publicitaires TV sont programmés entre avril et juillet, pour la saison télévisuelle suivante.
Difficile de s'y retrouver dans le marché upfront, marché TV où les décisions sont prises plusieurs mois  à l'avance (vente d'espace avec garantie des coûts GRP / cible ; pas de tarifs publics). Pas de données publiques interprofessionnelles, beaucoup de bruits courent, de on-dit, de déclarations étalées sur trois mois.

Marché 2012-2013. Que sait-on ?
  • L'augmentation des CPM par rapport à la saison 2011-2012 est de l'ordre de 6 à 9%, selon les chaînes, CBS obtenant les meilleures progressions. On a dit que Netflix a beaucoup investi dans CBS et CW et que la pression à la baisse exercée par General Motors a été vaine (GM a quitté la négociation et a refusé de participer au Super Bowl) .
  • Le volume vendu représente un peu plus des trois quarts de l'inventaire total ; il reste donc en moyenne un quart pour le scatter market (trimestre par trimestre). Ce sont des ratios courants mais il semble que les networks ont restreint leur offre pour maintenir des prix en hausse. 
  • Le marché publicitaire hispanophone confirme sa croissance. Le nouveau network MundoFox (News Corp.) a fait son entrée, encore modeste, sur le marché publicitaire. Le bilinguisme des Etats-Unis est une donnée marketing / média essentielle.
  • Signe de temps qui changent, comScore a publié un rapport intitulé "Surviving the Upfronts in a Cross-Media World" pour vanter l'efficacité et la couverture de la publicité online, comparables à celle de la télévision traditionnelle (GRP). 
    • Ce plaidoyer pour la publicité vidéo semble relever d'une offensive concertée, internationale, à l'avantage de Google/YouTube d'abord, et, dans une moindre mesure de  Yahoo!, Facebook et AOL. Les régies numériques de la télévision traditionnelle sont encore loin derrière (Viacom, NBC Universal, etc.) mais elles progressent. 
    • comScore plaide pour des ventes upfront mixtes (multiscreen, TV+ video online), comScore plaide également pour des formats plus courts que le 30 s, traditionnel en TV network.
Que peut-on retenir ?
  • La télévision des grandes chaînes généralistes nationales (networks) se porte bien. Les grandes chaînes thématiques (diffusées par le câble, le satellite et les télécoms) aussi.
  • Le principe de la vente en deux temps, upfront / scatter, inauguré il y a une cinquantaine d'années par les networks est régulièrement décrié : certains annonceurs réclament un marché continu, ouvert toute l'année. Toutefois le marché upfront / scatter gagne du terrain puisque, après le câble, les chaînes hispanophones et la vidéo, la syndication, Facebook et YouTube, le cinéma à son tour a effectué une présentation upfront (NCM Media Network a exposé les performances de sa régie : 18 000 écrans, répartis dans tous les Etats du pays, 65 070 millions de spectateurs par mois). 
  • On parle d'un Digital Upfront (cf. supra, le rapport de comScore) mais, pour l'instant, cela reste surtout de l'ordre de la discussion. 
  • On a parlé aussi d'un marché upfront de la social TV. Première avancée : les annonceurs se voient proposer des données de social TV pour optimiser leurs plans média (cf. l'offre de Networked Insights).

vendredi 21 octobre 2011

TV américaine. Question de couverture. Etude de cas N° 3


Tout network américain tend à obtenir une couverture nationale, donc à être présent (représenté) dans les 210 marchés télévisuels (DMA) qui découpent le territoire américain. Il y va de l'amortissement des productions et de l'accès aux annonceurs nationaux.
En fait, il arrive que certains networks ne soient pas représentés dans les plus petits marchés (au-delà du N°150).

Pour illustrer cette situation, suivons l'évolution récente du marché de Hattiesburg, DMA N°167 (112 000 foyers TV), dans l'Etat du Mississipi. Pour la première fois, le network Fox aura une station affiliée, WHPM.
Dans ce marché, jusqu'à présent, seuls CBS et NBC avaient une station affiliée : WHLT (groupe Media General) pour CBS et WDAM (groupe Raycom) pour NBC.
La station WHPM émet bien sûr sur un canal terrestre (channel 6) ; elle est reprise par le réseau câblé Comcast (MSO).
Ni ABC (groupe Disney), ni MyNetworkTV(groupe Fox), ni CW (Time Warner et CBS) ne sont représentés dans ce marché.
Evidemment dans un marché aussi petit, les networks ne possèdent pas de station filiale, gérée en propre (Owned & Operated).
Grâce à ce contrat d'affiliation, Fox accroît ainsi, très légèrement, sa couverture (initialisés).
L'information locale souligne surtout que l'arrivée de Fox donne enfin aux habitants un accès direct, en première diffusion, à Glee...

Etudes de cas sur la télévision américaine 
N°1 Station contre network
N°2 Fox change d'affiliée

lundi 6 juin 2011

Des nouvelles de l'Upfront. Affrontement de cultures commerciales ?

.
Mise à jour 13/0/11
La télévision américaine connaît une ouverture annuelle de planning majeure où se vend l'espace commercial de la télévision pour la saison à venir. Cette vente upfront se déroule en mai-juin pour l'année télévisuelle suivante (septembre-mai). Elle s'accompagne de garanties d'audience (GRP /cibles). Ce qui n'est pas vendu alors est vendu plus tard par trimestre (scatter market). Il n'y a pas de tarifs, et seules les chaînes connaissent le volume d'espace mis en vente en avance (entre les 2/3 et les 3/4) des disponibilités. La cible est généralement celle des 18-49 ans ( à l'exception de CW qui commercialise une cible féminine 18-34 ans). L'ensemble des transactions upfront de la télévision représente plus de 20 milliards de dollars (toutes chaînes confondues, prime time).
Les performances upfront des régies publicitaires constituent des indicateurs de la valeur de la publicité télévisée. Où en est-on pour les principaux networks grand public ? La hausse moyenne des CPM serait de l'ordre de 10 à 11%. La hausse fut de 7% en 2010.
  • Pour Fox, la hausse du CPM serait de l'ordre de 11% . La chaîne vend également des espaces dans les émissions regardées sur le Web (via Hulu et Fox.com). Les émissions  incluent plus ou moins le même nombre de messages (network time).
  • CBS aurait objenu des CPM en hausse, entre 13 et 15% grâce à une grille de programmes qui a réuni les meilleures audiences de la saison achevée.
  • NBC/Comcast a commencé ses ventes avec un CPM en hausse de 9%
  • ABC aurait obtenu une augmentation de 11%
  • CW aurait obtenu une augmentation de 11%. Comme Fox, CW vend ensemble, pour une même émission, espaces network et espaces Web.
  • Univision vend avec un CPM en hausse de 10%
  • Les chaînes thématiques (câble, satellite) obtienntraient une hausse moyenne souvent supérieure à 10%
La culture commerciale de l'upfront, que l'on aime tant décrier- chaque année, on annonce que c'est la dernière fois - conquiert-elle les médias numériques ? Depuis 2010, il y a un Mobile Upfront : Jumptap, Mocean Mobile, Mojiva, DataXu, MobileFuse etc. y rencontrent les agences média. Efficient Frontier propose un social upfront, Digitas un NewFront...
Tout se passe comme si deux cultures commerciales, deux conceptions de l'action publicitaire s'affrontaient. Soutenant ces cultures se trouvent, d'un côté, les studios et les networks, de l'autre,  Google, Facebook, etc. L'une des clés de cet affrontement sera la mesure de l'audience.
.

lundi 29 mars 2010

Publicité TV en ligne ou offline : mêmes comportements ?

.
CW est un network américain récent (Warner Bros et CBS) qui vise surtout des publics de jeunes adultes, notamment féminins (18-34 ans) avec des séries comme "Gossip Girl", "Melrose Place", "Next Top Model", "Fly Girls", "Smallville"... Il n'est pas surprenant que ce segment d'audience migre vers Internet pour regarder ces émissions. C'est du moins l'impression que donnent les audiences observées. L'audience TV mesurée par le panel TV de Nielsen baisse tandis que l'audience Internet mesurée par le panel Nielsen Internet (NNR) augmente. Notons que ces mesures étant encore disjointes, on ne sait rien de certain quant à la relation entre les deux phénomènes. S'agit-il de transferts d'audience, d'artéfacts de mesure, de phénomènes indépendants, la chaîne perdant des téléspectateurs, le site en gagnant d'autres ? Ou d'un peu de tout cela ?

Considérant que l'on assiste à un transfert du téléviseur vers l'ordinateur, CW a décidé d'augmenter la pression publicitaire en ligne (10 messages de 30 secondes par heure) pour la rapprocher du niveau de celle de  la chaîne traditionnelle. Mesure raisonnable : la régie pourra vendre ensemble son espace des deux supports (le marché upfront est en vue). Mesure risquée : par définition, l'internaute ne peut être réduit à un téléspectateur traditionnel qu serait en ligne ; d'un support à l'autre, les attentes, les comportements changent. Ce qui est supportable à la télévision, notamment parce que l'on s'est habitué, que l'on sait ruser avec les écrans publicitaires, ne l'est peut-être pas sur Internet où le contrôle, les activités alternatives ou quasi simultanées à portée de la main sont nombreuses (sites alternatifs, ouverture d'autres fenêtres, réseau social, courrier, etc.).
Le sentiment d'encombrement (clutter) relève de différentes logiques perceptives selon les médias. Et ce ne sont pas des déclarations effectuées en ligne qui peuvent anticiper les comportements effectifs des internautes regardant l'épisode d'une série. En revanche, ces comportements, notamment leur dimension publicitaire, seront observables très finement en ligne (YouTube, etc.) avec une mesure site centric. Mais les messages seront sans doute encore servis selon la logique de l'achat network. Un jour, ce sont les espaces TV qui seront vendus et servis automatiquement selon la logique des comportements observés.
.

mardi 26 janvier 2010

Upfront USA en mai

.
L'année publicitaire des networks TV 2009 aura été marquée par un long étalement des négociations upfront : au lieu de s'achever comme il est de coutume pour la fête nationale, le 4 juillet, elles se sont terminées à la fin de l'été voire au-delà. Pour 2010, ces ventes d'espace publicitaire "en avance" (upfront) reprennent leur calendrier traditionnel et commenceront en mai.
Les spécialistes avaient pourtant annoncé, comme chaque année, la fin de cette forme de marché publicitaire, expliquant savamment qu'elle ne résisterait pas à la crise économique et surtout pas à la révolution numérique.
Après CW (network Time Warner / CBS), Univision, le premier network hispanophone annonce qu'il fera également sa présentation le 20 mai. NBC inaugurera les présentations le 17 mai. Le network, que Comcast est en train de racheter - si les autorités réglementaires l'y autorisent - en profitera pour faire connaitre sa politique de nouveaux programmes.
Tous les networks n'ont pas encore fait connaître leurs intentions. Mais ces premiers mouvements indiquent que les modalités de vente résistent et digèrent les changements intervenant dans la mesure des audiences, la diffusion des émissions (différé, VOD), la HD, le numérique terrestre. "Si l'on veut que tout reste comme avant, il faut que tout change", devise des networks ?

Et le modèle reste prégnant pour les nouveaux médias.
Deux mois avant, le 16 mars, aura lieu à New York le premier upfront de la publicité mobile "The Mobile Upfront" qui se donne pour objectif l'éducation des annonceurs et de leurs agences à ce marché émergent et la légitimation du média comme vecteur de publicité (environ 400 millions de $ en 2009, d'après eMarketer).

Sur le papier des théoriciens, ce type de marché en deux grandes étapes semble condamné ; il s'effacera sans doute devant une forme quelconque de place de marché, au terme d'un large mouvement de googlisation de la publicité télé. En attendant, les changements sont lents, imperceptibles : pendant que la révolution numérique accouche du nouveau paradigme, la tradition perdure et les prétendants trépignent.
.