Les hiéroglyphes, une autre anthropologie
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Christophe Barbotin, *Le monde des hiéroglyphes. Une approche de la pensée
des anciens Egyptiens*, Paris, PUF, 2025, Repères chronologiques,
Bibliograph...
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vendredi 3 juillet 2015
Dé-bloquer le marché publicitaire
L'involontaire est ce à quoi l'on consent, disait-on.
La publicité a été mise sur notre chemin, un message a été rendu public : nous le voyons, l'entendons. Involontairement, nous y consentons. De là, parfois, nous en venons à le regarder, à l'écouter. Le premier geste est involontaire, le second est volontaire : curiosité, attention, intérêt, intention, etc. C'est le territoire de la publicité.
Les outils pour éviter la publicité involontaire sont nés d'un détournement de technologies des médias : pour la TV, la télécommande a inventé zapping et ad-skipping...
Le technologie du Web, à son tour, inventa son zapping, fin 2009, c'est AdBlock. AdBlock, extension des navigateurs, filtre et bloque la publicité. Il y a un an, on évaluait le nombre d'adbloqueurs actifs à 144 millions (Adblocking goes mainstream). La pénétration aujourd'hui concernerait plus de 30% des internautes : les plus jeunes étant les plus bloqueurs, les joueurs de jeux vidéo, les utilisateurs de sites techno, etc. AdBlock touche également le mobile, Facebook (Facebook Cleaner), etc.
C'est une culture qui se généralise
Devant la menace, on a imaginé des procès, des interdictions. Réaction agressive, vaine.
Pourquoi les internautes bloquent-ils les messages publicitaires ?
Parce que ces messages sont inadéquats : mal ciblés, mal personnalisés, mal faits. La solution serait donc de les améliorer. D'abord la création : on l'a dit depuis longtemps, Jacques Séguéla (Havas) l'a répété : si la création est bonne, plus n'est besoin de tant de répétition. Etant donnée la couverture de la cible, une bonne créa devrait suffire. Investir dans la créa plutôt que multiplier les contacts ou les occasions de contacts. Ceci vaut également pour les contenus éditoriaux.
Le numérique a compliqué la situation du consommateur en permettant la collecte de ses données par les médias et les annonceurs. Au dés-agrément suscité par la publicité, cette collecte involontaire ajoute la méfiance. Qui veut donner ses données ? Pour protéger le consommateur, ses données et sa vie privée, la loi s'en mêle, la déontologie. CNIL, ARPP...
Pour nous éclairer, nous disposons d'une enquête de YouGov pour l'IAB UK publiée début juillet (cf. infra). Première raison de bloquer les messages publicitaires ? Ils gênent, interrompent, dérangent, ralentissent la navigation (un adblocker économise 25 à 40% de bande passante, d'près une étude de SFU). Deuxième raison : ils sont souvent sans intérêt, sans pertinence. Et pour finir, une inquiétude quant au respect de la vie privée. Tout est dit, que l'on ne peut guère contester.
Il ne s'agit donc pas pour les internautes usagers d'AdBlock de bloquer toute publicité, mais, en simplifiant, de bloquer la mauvaise publicité, mauvaise pour les diverses raisons citées ci-dessus.
Pour échapper au blocage, il faut de la bonne publicité. Celle-ci ne sera pas de si tôt automatique, planifiée par des algorithmes ; pour l'instant, il faut des messages conçus et planifiés par beaucoup d'intelligence naturelle, aidée par beaucoup d'intelligence artificielle et de données.
Les données collectables, tant par la publicité que par les contenus éditoriaux, doivent permettre d'améliorer ces contenus (DMP), dont la publicité. Ne perdons pas de vue que, dans l'appréciation de l'impact d'une communication, intervient le plaisir de la publicité (agrément / likeability).
A qui appartiennent les données ?
Les données sont désormais les moyens essentiels de la communication. A leur propos, Maurice Lévy (Publicis) pose, en toute rigueur et lucidité, des questions décisives aux acteurs des médias et de la publicité, aux législateurs aussi. A qui appartiennent les données ? Qui peut autoriser leur utilisation ? Qui est en droit d'être rémunéré pour cette utilisation ?
On n'échappera pas à ces questions explosives ; elles ne manqueront pas, à terme, de bousculer les modèles économiques de la communication.
mercredi 15 avril 2015
TV programmatic: the future is coming
Programmatic advertising is a logical evolution of the digital market. Many signs show that TV will soon join the automated planning / buying process.
Not only will automation optimize transaction costs (workflow: RFP, invoicing, etc.) but data will greatly improve targeting precision and monetization.
First there will be a hybrid phase, with one part of the inventory still being sold manually for linear TV. Then, little by little, linear TV and video will converge: already Google and traditional people meter panels work together to bring common data to both in many countries.
- The Clypd advertising platform just raised almost $20 million. Who invested? The RTL Group, followed by previous investors. The RTL Group, a major German media group, recently bought a majority of the video ad platform SpotXchange ($144 million).
- TF1, the major French commercial broadcast channel, is launching One Exchange IPTV, Real Time Bidding (RTB) for catch-up TV programs (MYTF1).
- Google brings its own tools to linear TV and OTT. In Kansas City, where Google provides GoogleFiber, DoubleClick has tested inserting addressable ads into linear set-top boxes (with mDialog, its "smart stream platform"). DoubleClick for Publishers will help publishers to forecast TV inventory and plans for the upfront market.
- Videa (Cox Communications) partners with Videology for "converged cross-screen advertising across digital video and linear TV" (among Videology's investors: Comcast Ventures). Broadcast advertising campaigns will be optimized using data.
- WideOrbit launches, with Tubmogul, a marketplace for local braodcast (spot). Among WideOrbit Investors, Hearst Ventures.
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dimanche 14 septembre 2014
Magazine pour une maison connectée intelligente (domotique)

Smartech Publications SAS (qui publie également la magazine Habitat & Technologies)
Magazine bimestriel (septembre - octobre), 84 p., dos carré
Prix facial : 4,9 € ; abonnement annuel : 24 €
Le marché potentiel de la domotique est immense. C'est un marché de la maison, un marché de l'électronique et un marché du Web. Il n'est pas d'activité domestique, de pièce de l'habitation qui y échappent. La domotique est une partie majeure de l'Internet des choses (IoT, Internet of Things) ; elle emprunte à l'intelligence artificielle, à l'automatisation, aux capteurs (sensors), à la reconnaissance vocale... elle les popularise et les domestique. Elle contribue à inculquer un habitus numérique. C'est aussi un immense producteur de data en continu.
Le titre, eDomus, est sympathique. Domus, en latin, c'est le domicile (pas la propriété immobilière) : c'est le cadre de la vie chez soi, quotidienne. "Le magazine du smart home et des objets connectés" met d'emblée l'accent, dès la couverture, sur la sécurité et la surveillance, de près comme de loin, du domicile.
Le sommaire du titre décline les raisons principales de s'équiper (et de lire le magazine) : outre assurer la sécurité, la domotique permet de faire des économies, de soigner sa santé, de gérer la diffusion de sa musique. Le numéro 2 (novembre) titre sur les économies.
Au cœur du dispositif domotique se trouvent le smartphone, mobile et passe-partout, et ses applis.
Tout pour la maison
Les annonceurs présents, d'une manière ou d'une autre, sont des annonceurs captifs, ce qui est logique pour un premier numéro : groupe Legrand (MyHome), NordNet (Internet satellite), homecinefeel, Somfy (HomeMotion), Festival Son & image, NūVō (musique sans fil), Comelit Immotec ont acheté des pages. Les produits de nombreuses marques sont mentionnés et illustrés dans les articles et les dossiers : détecteurs de fumée, robots tondeuses, économies d'énergie, ensoleillement, caméras de surveillance, etc. Le câble et les télécoms sont encore peu visibles (sauf Orange avec MyPlug 2) mais le numéro de novembre analyse l'offre domotique des opérateurs télécoms. Samsung (qui a récemment acheté SmartThings) bénéficie d'un article dans le dossier consacré aux réfrigérateurs intelligents (avec Whirlpool) et d'un autre sur sa tablette Galaxy Tab S. MyFox, Domocore sont cités. Mais on ne trouve pas encore Apple (HomeKit), à peine Google qui entre sur ce marché avec un détecteur de fumée (Nest est évoqué), pas General Electric (partenaire de Quirky), ni Revolv (qui s'associe à Home Depot), ni les grandes surfaces spécialisées (Darty est cité)... On peut s'attendre à trouver les compagnies d'assurance, complices intéressées de l'Internet des choses de la maison : moins de vols, moins de sinistres, assurance moins chère ? Le gisement d'annonceurs potentiels est tel qu'il pourrait constituer un secteur à part entière. En tout cas, il justifie certainement le lancement d'un magzine.
Magazine utile, d'utilisation commode, de référence
eDomus consacre de nombreuses pages à guider les achats des lecteurs et lectrices. Comme pour tous les magazines traitant de l'équipement des ménages (automobile, informatique, moto, matériel sportif, décoration, jardin, camping, bricolage, etc. ), vouloir à tout prix distinguer l'éditorial d'une part, la promotion et de la publicité, d'autre part, serait vain (même si la Commission paritaire s'y essaie, sans doute).
A moyen terme, dans quelques numéros, la question du positionnement d'un tel magazine se posera : magazine de maison au sens général du terme intègrant la décoration et le bricolage ou bien magazine de technologie (distinct de Habitat & Technologies ?). eDomus semble encore hésiter. Faut-il, pour un magazine grand public, détechniciser la domotique ? Faire oublier la technologie au profit de la décoration, du bien vivre, du confort ? Pour bien vivre dans une maison intelligente, ne faut-il pas que cela soit tout bête ? Habiter n'est pas un métier d'ingénieur, tout au plus de bricoleur(se)s.
Question subsidiaire : où est placé le magazine dans les points de vente presse ? Avec les titres "maison"/ "décoration" ou avec les titres "électronique" ?
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mardi 19 août 2014
Facebook, dans une certaine mesure
Facebook serait-il en passe de devenir une entreprise de référence en matière de mesure et d'études publicitaires ?
Ce n'est certes pas dans la définition stricte de son métier, de sa "mission" (cf. document de l'IPO). Les signes avertisseurs pourtant ne manquent pas.
Nous en retiendrons trois.
Le premier est sa mise en œuvre par Nielsen dans le cadre de OCR. Avec son tag omni-présent, OCR arbitre entre les mesures de l'audience publicitaire Web et mobile (calibration engine). En France, par exemple, Facebook peut apporter un supplément de couverture aux panels classiques, panels de taille limitée parce que trop chers à recruter et à maintenir, surtout depuis la généralisation du mobile comme outil exclusif de téléphonie. Aux quelques milliers de panélistes de Nielsen, Facebook peut "ajouter" les millions de personnes actives sur son réseau. Si Nielsen ou Médiamétrie sont gages de représentativité (quotas), Facebook est gage de quantité. Qui peut se passer de qui, à votre avis ?
Pour l'instant, l'association des données Nielsen / Facebook s'effectue via des cibles socio-démographiques élémentaires (sexe, âge), mais ce n'est qu'un début...
Le deuxième signe se lit dans la communication de Facebook sur sa capacité à dédupliquer les audiences numériques. Facebook peut identifier à tout moment les audiences qui passent des supports mobiles à des supports fixes, des lieux de travail au domicile : couverture et répétition globales, GRP cross-device...
Cet identifiant unique, qui serait indifférent aux appareils utilisés, semble un serpent de mer publicitaire. On en parle, on l'imagine mais on ne le voit guère. En revanche, Facebook, avec ses centaines de millions de personnes identifiées sans erreur, avec son immense audience mobile, dispose apparemment de tous les moyens pour suivre une audience publicitaire et en attribuer les effets (conversion, impact, branding...) .
De plus, avec ses utilisateurs mobiles, Facebook peut localiser précisément un utilisateur, situer son environnement et sa proximité commerciale.
Le troisième signe est la place que Facebook occupe auprès de la télévision. Aux Etats-Unis, Facebook est partenaire de Nielsen pour la mesure de l'audience de la télévision reçue sur supports mobiles. Facebook est aussi le média qui accompagne de plus en plus les usages sociaux de la télévision (social TV) ; il se trouve donc à même d'évaluer l'audience totale de la télévision (volume, comportements, goûts, MultiScreenTasking).
Facebook a constitué, de facto, un gigantesque panel, mobile et fixe, épousant strictement et sans délais la sociologie des comportements et des consommations : big data (des mots, des relations, des photos) et intelligence artificielle. Facebook semble en mesure de réaliser un rêve ancien des instituts d'études : permettre des études 360°, holistiques et continues des consommations. Et, en prime, pluri-nationales et plurilingues...
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vendredi 8 août 2014
La télé passe à la data
Le travail publicitaire exploitant la data exige de nouvelles compétences scientifiques, demande de nouveaux outils et une disposition continue à l'innovation. Les régies traditionnelles doivent se réformer et rompre avec l'organisation ancienne.
NBCU (groupe Comcast), qui rassemble 17 chaînes thématiques et deux networks généralistes (NBC et Telemundo), vient de créer un groupe de recherche "publicité et stratégie" consacré exclusivement à l'exploitation commerciale, publicitaire, des données collectées par les différentes chaînes du groupe et une cinquantaine de sites.
Objectifs du groupe de recherches : la mesure et l'analyse de l'offre (audiences) pour optimiser le ciblage et la vente multi-plateforme au service des annonceurs.
"Today’s business is driven by data and market analysis so that clients can better optimize their media plans to reach the right consumers". (Communiqué de presse)
N'oublions pas que NBC compte une dizaine de stations O&O dans les plus grands marchés du pays (DMA) et Telemundo une vingtaine dans les DMA à forte population hispanophone. Comcast dispose aussi d'une quinzaine de chaînes régionales (sport, information), d'une régie publicitaire pour le câble local (Spotlight), de 20 millions d'abonnés broadband et d'autant d'abonnés au câble.
Ce n'est donc pas la data qui manque.
Enfin soulignons que le travail sur la data s'effectuera en collaboration avec la recherche effectuée pour la direction des programmes. Audience publicitaire et contenus éditoriaux seront traités ensembles avec la même data, les mêmes outils. Convergence méthodologique.
lundi 21 juillet 2014
Walmart total data marketing
Walmart lance une plateforme d'adexchange, Walmart Exchange (WMX). Walmart est la plus grosse entreprise mondiale, le premier distributeur mondial aussi. Avec cet Adex, il s'agit à terme pour l'entreprise d'associer des données publicitaires (first et third party) avec des données de fréquentation des magasins (in store analytics). Les données magasins proviennent des cartes de fidélité (cf. Sam's Club), de l'analyse des ventes, et, bientôt, de l'analyse des comportements : déplacement des clients devant les linéaires, attention accordée aux produits, à la PLV... S'y ajoutent encore des données des réseaux sociaux et des données de mobilité transitant par les smartphones (cf. Walmart app, Savings Catcher Program, etc.). Bientôt, Walmart proposera également des services médicaux (Primary Care Clinics)...
Toute cette data est mise au service du marketing et notamment du ciblage. Walmart peut ainsi mesurer précisément l'efficacité du marketing des marques fournisseurs, en dernière instance, indifféremment de l'attribution. En temps réel, bien sûr.
De plus, le tout s'enrichit de la structure en réseau : plus de 10 900 magasins, aux Etats-Unis, en Chine (JV), en Amérique latine, au Kenya, au Canada, en Grande-Bretagne (ASDA), etc.
Le distributeur se trouve donc à la tête d'un incomparable capital de données : Big data. Incomparable avec ce dont disposent ses fournisseurs. Incomparable, surtout, avec ce dont peut disposer une agence de publicité ou d'achat d'espace publicitaire, quelle que soit sa taille.
La bataille publicitaire pourrait bien se révéler inégale : qui détient l'arme absolue de la data pour le marketing et la publicité "omni-channel" ? Le distributeur, plutôt que les marques (fournisseurs), plutôt que les agences de publicité...
Ajoutons que Walmart a mis en place son propre laboratoire de recherche et d'innovation sur le commerce numérique et le comportement des clients, @WalmartLabs, une sorte d'incubateur (accelerator). Le distributeur prend en main la recherche marketing et la réflexion stratégique, débordant largement les prérogatives des agences de publicité. @WalmartLabs a mis au point, par exemple, un moteur de recherche sémantique pour les produits (Polaris) et a réalisé de nombreuses acquisitions : Adchemy (sémantique), OneRiot et Kosmix (social media), Inkiru (predictive intelligence), stylr (appli de e-commerce), et, récemment, Luvocracy, une place marché de produits recommandés par des amis, etc.
Dans la même voie, un grand distributeur européen, Tesco (Grande-Bretagne), a racheté Dunnhumby puis sociomantic Labs pour le traitement sémantique de la data.
En France, Carrefour annonce sa collaboration avec Acxiom pour l'ensemble de ses données marketing (AOS, Acxium Audience Operating System).
Notons encore, pour souligner les similarités stratégiques dans la grande distribution, le lancement de distribution de programmes vidéo (OTT) : Vudu par Walmart, blinkbox par Tesco. La vidéo est, entre autres, source décisive de données qualifiantes (cf. Netflix).
Walmart a pour objectif de permettre à ses marques fournisseurs de réduire leurs investissements publicitaires afin qu'elles puissent vendre leurs produits moins cher.
La data collectée par Walmart est utilisable pour piloter et optimiser les plans médias, y compris off-line, presse et télévision notamment : tout plan télé doit être informé par la data. Walmart se trouve ainsi fournisseur de data pour ses fournisseurs, et peut-être, à terme, consolidera et optimisera les achats médias de ses fournisseurs.
Références :
- Jack Neff, "Walmart's New System Will Buy Media for Retailer -- And Its Suppliers", Advertising Age July 11, 2014
- Walmart is going digital
- La stratégie Walmart de Facebook
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mercredi 25 juin 2014
Netflix, chaîne TV comme les autres, ou pas ?
Des rediffusions aux séries originales, Netflix, poursuivant une stratégie d'innovation continue, passe un accord avec une animatrice de talk show. Rappelons les grandes étapes de cette évolution.
Première étape : Netflix commence comme service de location de DVD par courrier, aux Etats-Unis (marché domestique). Son succès, considérable, est alors fondé sur l'étendue de son offre (suite aux accords avec les studios de production), et sur la commodité de la location et de la distribution postale (secteur public). A ce mode de distribution (coût variable) succède le streaming, commode mais qui se heurte aux limites de la neutralité du net et qui pourrait faire replonger Netflix dans un modèle à coûts variables.
Deuxième étape : Netflix produit ses propres séries : "House of Cards", triomphe et inaugure un mode de distribution et de consommation qui se généralise : le "binge viewing". Avec des séries pour enfants ("Mako Mermaids" d'abord puis "Turbo F.A.S.T.", produit avec DreamWorks Animation pour les fêtes de fin d'année 2013), Netflix s'attaque au marché familial, segment stratégique (accord avec PBS, etc.).
Troisième étape : en 2016, commencera un talk show animé par Chelsea Handler. Cette diversification, annoncée en juin 2014, étonne : elle ne rentre pas dans ce que l'on croit être le modèle de Netflix. Ne manquent que l'information et le sport pour proposer une chaîne généraliste complète. Peut-être. Mais Netflix peut aussi tout simplement expérimenter à partir de l'analyse de la data fournie quotidiennement par ses millions d'abonnés.
Dans le cadre de la diversification de sa programmation, Netflix propose déjà des documentaire (non-fiction) et achetés, en 2014, les droits de "Virunga", consacré à un parc national en Afrique (Congo).
Résumons les caratéristiques essentielles du paradigme Netflix, tel que l'on peut l'observer :
- Pas de publicité : un abonnement mensuel. Modèle économique rare (cf. HBO, Showtime, Starz...) tandis que Amazon semble tenté par un modèle publicitaire (cf. l'appli iOS pour Amazon Instant Video)
- Consommation à la demande
- Streaming (OTT)
- Pas de programmation locale, en rupture avec le localisme qui est à la base du modèle économique des networks généralistes
- Data et recommandations : algorithme, taggage et classification (altgenres, etc.) alimentent un nouvel outil de découverte et de sélection des programmes, mais aussi de prédiction des consommations
- Extension internationale (industrie de coûts fixes)
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lundi 12 mai 2014
Presse de foot. Des magazines à l'attaque

La Coupe du monde de football approche ; elle se déroulera au Brésil. La presse du foot s'apprête à en tirer profit : numéros spéciaux, hors séries, lancements. Plus d'une dizaine de titre déjà.
Des accessoires complètent et diversifient l'offre des publications : posters, stickers, fiches, calendrier des matchs...
En cinq Coupes du monde, depuis 1998 inclus, près de 300 titres sur le football ont été lancés en France, et plus de 200 hors-séries, auxquels s'ajoutent bien sûr, tous les titres qui ont été lancés bien avant 1998 et restent présents dans les kiosques comme France Football, Onze Mondial ou But Football Club (Source : Base MM, 31 500 titres).

Positionnement difficile pour la presse spécialisée car dès que le football crée l'événement, toute la presse s'y intéresse et lui vole le show !
Portraits, photos, fiches, interviews, jeux, dossiers (sur le Brésil, sur les fans, les équipementiers) : la palette des genres journalistiques est exploitée complètement. Curieusement, le Web est presque absent des références tout comme le sont les appareils électroniques d'analyse des performances (wearables). Peu de références économiques, peu sur la santé des joueurs, leurs langues, leur scolarité, leur socialisation à l'étranger. Tout est concentré sur la célébration avec un vocabulaire et des gestes convenus. Coupe du monde et marché mondial du football obligent : le contenu sportif est international (mais on parle peu de l'Asie, la Chine étant absente de la phase finale).
- 100% PSG Spécial, 5,9 €, distribution Presstalis, trimestriel. Numéro consacré au joueur suédois Zlatan Ibrahimović. Avec fiches biographiques et, posters, dont un de "taille réelle".

- Foot Libéro Magazine, 4,5 €, bimestriel, 124 pages, dos carré (groupe Off Roads). Vend un T-shirt avec l'abonnement. Un article sur la psychologie des joueurs : "La tête avant les jambes", le portrait du joueur français Paul Pogba, un article sur les équipementiers et la rivalité Adidas / Nike. Un dossier pour spectateurs et téléspectateurs : le calendrier, les stades de la Coupe du monde, les équipes sélectionnées et leur signalétique. Un article sur le football virtuel (jeu vidéo FIFA), un quizz...
- Stars de foot, 3,9 €, trimestriel, 54 pages, papier luxueux, distribution MLP. Conformément à ce qu'annonce le titre, le numéro est tout en portraits de stars avec des fiches de joueurs, des portraits de joueurs, des photos, un poster central de Cristiano Ronaldo. La une est sur Ronaldo, la 4 de couverture sur Ibrahimović.

- So Foot Junior (So Press), mensuel, 86 pages, avec posters et fiches de joueurs, tiré à 60 000 exemplaires, 3,5 € (abonnement 25 €), distribution Presstalis. Le magazine s'adresse aux jeunes adolescents. Positionnement différent de ce lui de Panini Foot (2011). L'édito expose la ligne éditoriale du titre et sa relation avec So Foot "senior", dont il est le "petit frère" : "le foot est avant tout une affaire de transmission". Magazine de culture foot ? Par exemple : "comment bien choisir son club ?" ("quel club faut-il supporter ? "). Ce dossier énonce les traits de la culture foot en formation chez les enfants, culture manifestement masculine (marketing oblige ?), qui, dit-on, devrait durer toute la vie. Uniformes ("les beaux maillots"), écussons. Identification ("Tu dis "on", en parlant de ton équipe"), "Peut-on aimer le foot sans aimer un club ?". Un article sur le centre de formation de Rennes ("Rennes-mère" !), une interview de l'institutrice d'Ibrahimović à l'école primaire, deux pages sur les gestes techniques, une rubrique livres, sur le jeu vidéo. Le titre prépare à la lecture du titre So Foot (chaînage ?).

- The Red Bulletin. Hors du commun est un gratuit international consacré aux sports. Son numéro de juin comporte un dossier spécial Coupe du monde "parce que le monde est foot". Plusieurs articles dont un sur le foot en l'an 2050 et une belle question pour les spécialistes d'intelligence artificielle et de big data : "Pourra-t-on un jour prédire le résultat d'un match ?" Pour l'instant, et, pour notre bonheur, il semble que l'on en soit bien loin.
- Hors-Jeu. Football d'opinion, bimestriel, 2,95 €, distribution MLP. Publication polémique qui ne mâche pas ses mots et invite au débat, voire provoque le débat ; elle est consacrée principalement aux clubs professionnels français. Très difficile à trouver en kiosque.
- Prêt pour la Coupe du monde ? HS de Gulli (juin) vise les enfants, avec des cartes et des fiches joueurs des "plus grandes stars du foot", 4,9€.
Pas pour les résultats. Amateurs et supporters les connaissent déjà : la télé, le Web, la radio se chargent de les propager en direct.
Pas pour les gestes sportifs : on en parle à peine et cela relève surtout de la vidéo..
Pour le plaisir de retrouver ses idoles ? Ainsi s'expliqueraient l'importance des images et l'aspect uniformément positif des articles. Noter l'importance des posters qui permettent d'afficher l'affiliation à un héros (proximité avec la presse people).
Pour conforter et rationaliser sa raison d'être supporter ? Pour acquérir des éléments de discours légitimes tout faits, prêts à être replacés dans les conversations. Le foot, comme la politique ou la musique classique, a ses clichés et sa langue de bois.
Le foot est un terrain de socialisation important, un terrain d'entente et d'accord sur les thèmes de désaccord. Les magazines balisent ce terrain. Pour l'amour du foot.
Pas pour les gestes sportifs : on en parle à peine et cela relève surtout de la vidéo..
Pour le plaisir de retrouver ses idoles ? Ainsi s'expliqueraient l'importance des images et l'aspect uniformément positif des articles. Noter l'importance des posters qui permettent d'afficher l'affiliation à un héros (proximité avec la presse people).
Pour conforter et rationaliser sa raison d'être supporter ? Pour acquérir des éléments de discours légitimes tout faits, prêts à être replacés dans les conversations. Le foot, comme la politique ou la musique classique, a ses clichés et sa langue de bois.
Le foot est un terrain de socialisation important, un terrain d'entente et d'accord sur les thèmes de désaccord. Les magazines balisent ce terrain. Pour l'amour du foot.
mardi 6 mai 2014
Médias et domotique : smart home et smart cable
Les opérateurs américains du câble développent une offre domotique (home automation). C'est un prolongement et une diversification logique du câble, de la téléphonie et d'Internet. Les quatre services sont désormais souvent commercialisées ensemble, en "bundle" (cf. Bright House Bundle).
Le domaine de la domotique proposé par ces opérateurs concerne la sécurité de l'habitation (caméra, détecteur de mouvements), l'automatisation des ouvertures / fermeture (stores, portes), la gestion de l'énergie et de l'ambiance (température, lumière, humidité), les alertes de sécurité (intrusions, incendie, fuites, inondations, fumée, monoxyde de carbone), le contrôle des livraisons... En général, ces fonctions sont accessibles et pilotables depuis l'appli correspondante d'un Smartphone ou d'une tablette.
iControl a acquis en 2014 l'entreprise canadienne Blacksumac qui commercialise Piper, un appareil de télé-surveillance des domiciles (Home Monitoring Device). Piper a été financé par crowdfunding (Indiegogo), indicateur certain de sa popularité.
Parmi les investisseurs de iControl : Cisco, Comcast, Rogers, ADT, Intel Capital, Kleiner Perkins Caufield.
Et Google ? En achetant Nest pour 3,2 milliards de $ (2014), Google a attiré l'attention sur l'importance des fonctions domotiques : elles sont au cœur de l'habitation et de la vie quotidienne. Nest est principalement un thermostat intelligent : l'appareil apprend les habitudes de la maison (Nest Learning Thermostat) en collectant et analysant les données acquises : quelle température, pour quel horaire, pour quelle pièce... Nest effectue un travail de personnalisation en quelque sorte.
La domotique élargit l'écosystème numérique à l'Internet des choses (IoT). Non seulement le câble, mais aussi les opérateurs télécoms (AT&T : Digital Life, Verizon avec Home Monitoring and Control), et les opérateurs satellites (DirecTV achète LifeShield en 2013, Dish Networks s'associe à Control4 en 2014) sont présents sur ce marché. On attend l'arrivée de Qivicon, filiale de Deutsche Telekom (comme T-Mobile).
Avec le numérique et l'automatisation, arrivent la collecte et l'exploitation des données, l'intelligence artificielle (machine learning), l'accès aux domicile et à la communication mobile. L'enjeu économique est capital : il s'agit de la gestion courante du foyer.
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mercredi 20 novembre 2013
Réseaux câblés et publicité aux Etats-Unis
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Le modèle économique du câble américain doit faire face à une diminution régulière du nombre des abonnés à la vidéo. De plus, ses dépenses de programmes s'accroissent (enchérissement des chaînes, de sport notamment). Comment compenser ces manques à gagner dont rien n'indique qu'ils devraient cesser bientôt ?
Comcast, comme d'autres opérateurs, accroît le nombre d'abonnés Web haut débit ; de plus, Comcast accroît également ses revenus provenant du cinéma (NBC Universal), ce que ne peuvent faire les opérateurs sans contenu.
Comcast a ouvert une autre ligne de revenus pour les réseaux câblés : la publicité sur les appareils connectés via le Web (IP). Comcast dispose de sa propre régie publicitaire spécialisée dans le ciblage et l'interactivité, CM 360 (Comcast Media 360).
On observe que cette nouvelle voie emprunte au big data et aux outils numériques de ciblage pour tirer profit des bases de données d'abonnés. Il s'agit donc non seulement d'une diversification mais des prémisses d'un changement de modèle technologique et économique de cette industrie (on notera les structures d'actionnariat).
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Le modèle économique du câble américain doit faire face à une diminution régulière du nombre des abonnés à la vidéo. De plus, ses dépenses de programmes s'accroissent (enchérissement des chaînes, de sport notamment). Comment compenser ces manques à gagner dont rien n'indique qu'ils devraient cesser bientôt ?
Comcast, comme d'autres opérateurs, accroît le nombre d'abonnés Web haut débit ; de plus, Comcast accroît également ses revenus provenant du cinéma (NBC Universal), ce que ne peuvent faire les opérateurs sans contenu.
Comcast a ouvert une autre ligne de revenus pour les réseaux câblés : la publicité sur les appareils connectés via le Web (IP). Comcast dispose de sa propre régie publicitaire spécialisée dans le ciblage et l'interactivité, CM 360 (Comcast Media 360).
On observe que cette nouvelle voie emprunte au big data et aux outils numériques de ciblage pour tirer profit des bases de données d'abonnés. Il s'agit donc non seulement d'une diversification mais des prémisses d'un changement de modèle technologique et économique de cette industrie (on notera les structures d'actionnariat).
- Comcast collabore avec Invidi Technologies Corporation pour l'adressage des messages de publicité et d'auto-promotion, à partir des profils d'abonnés de Comcast (set-top box). Invidi a notamment pour actionnaires Google et WPP (Groupe M).
- Comcast recourt également aux services de BlackArrow (dont Comcast est actionnaire avec Cisco, Time Warner Cable, Intel et Motorola - donc Google) pour les insertions publicitaires dans la vidéo (VOD, par exemple).
- La base de données de Comcast comprend d'abord ses propres informations (first-party data) concernant les foyers abonnés (géo-localisation, programmes vidéo consommés, comportements d'utilisation du Web, CRM). Elle combine à ses propres données des données tierces (third-party data). Celles-ci proviennent d'Experian pour le crédit et la solvabilité (Experian est actionnaire minoritaire d'Invidi) ; elles proviennent du recensement (pour l'"ethnicité", les langues, l'équipement automobile). Sources : Comcast, Fiercecable.
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dimanche 27 octobre 2013
Transports en commun, médias personnels
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Dans le métro, le média qui domine est le smartphone. Dans le bus, dans le tram, dans les trains aussi. Peu encombrant, gratuit, à portée de la main, le smartphone est commode.
Que font les passagers avec leur mobile ?
Chacun dans leur coin, ils utilisent leur écran : lisent leurs messages, y répondent, regardent une appli, lisent leur courrier, y répondent ("Envoyé de mon iPhone" !). Certains regardent un film, d'autres lisent les nouvelles du jour, beaucoup jouent à des jeux vidéo, écoutent de la musique, des podcasts peut-être. Il en est même, hélas, qui téléphonent, tonitruent leur vie privée au public. People à faible portée !
Les autres, minorité qui diminue, lisent des journaux, des livres, des notes de cours, des manuels, des magazines. Du papier encore mais tablettes et liseuses prennent de plus en plus les transports en commun.
Quel avenir pour la presse distribuée gratuitement à l'entrée dans le métro, à l'arrêt de bus, du tram, dans la gare ? La concurrence du smartphone est redoutable et elle sera encore plus à redouter quand la connectivité sera meilleure dans les transports en commun (Wi-Fi, 4G).
Pour affirmer ce changement, il n'y a pas encore de données objectives. Seulement des observations bi-quotidiennes, subjectives, pas d'OJD, pas de budget-temps. C'est dommage car il y a plusieurs millions de personnes dans les transports en commun chaque matin, chaque soir, cinq jours par semaine. Voyageurs réguliers... quels 7/9 ! Quelle Big Data ! Celles, ceux qui prennent les transports en commun savent tout cela, intuitivement.
Qui nous dira ce qu'est l'audience dans les tranports en commun ? Une autre manière d'envisager l'audience, data pour un médiaplanning contextuel.
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Dans le métro, le média qui domine est le smartphone. Dans le bus, dans le tram, dans les trains aussi. Peu encombrant, gratuit, à portée de la main, le smartphone est commode.
Que font les passagers avec leur mobile ?
Chacun dans leur coin, ils utilisent leur écran : lisent leurs messages, y répondent, regardent une appli, lisent leur courrier, y répondent ("Envoyé de mon iPhone" !). Certains regardent un film, d'autres lisent les nouvelles du jour, beaucoup jouent à des jeux vidéo, écoutent de la musique, des podcasts peut-être. Il en est même, hélas, qui téléphonent, tonitruent leur vie privée au public. People à faible portée !
Les autres, minorité qui diminue, lisent des journaux, des livres, des notes de cours, des manuels, des magazines. Du papier encore mais tablettes et liseuses prennent de plus en plus les transports en commun.
Quel avenir pour la presse distribuée gratuitement à l'entrée dans le métro, à l'arrêt de bus, du tram, dans la gare ? La concurrence du smartphone est redoutable et elle sera encore plus à redouter quand la connectivité sera meilleure dans les transports en commun (Wi-Fi, 4G).
Pour affirmer ce changement, il n'y a pas encore de données objectives. Seulement des observations bi-quotidiennes, subjectives, pas d'OJD, pas de budget-temps. C'est dommage car il y a plusieurs millions de personnes dans les transports en commun chaque matin, chaque soir, cinq jours par semaine. Voyageurs réguliers... quels 7/9 ! Quelle Big Data ! Celles, ceux qui prennent les transports en commun savent tout cela, intuitivement.
Qui nous dira ce qu'est l'audience dans les tranports en commun ? Une autre manière d'envisager l'audience, data pour un médiaplanning contextuel.
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mardi 3 septembre 2013
Wi-Fi everywhere, a battle for data and privacy
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The battle for Wi-Fi in the city is a battle for data; it is becoming a new element in urban planning.
Soon Wi-Fi will be everywhere: stadiums, malls, movie theaters, airports, subways, stores, universities, cabs, train stations, parks, museums, convention centers, cities, you name it.... All public places with more or less captive audiences, at least captive for a while. Public places that may sometimes form location-based ad networks (cf. Premier Airport Network by MediaShift))... Major media operators are already present: Google, MSOs, telcos, BSkyB (The Cloud), Facebook (Facebook Wi-Fi), Apple (WiFiSlam).... Recent examples:
With the Wi-Fi comes a new kind of marketing: the visitor may agree to download an app that connects their smartphone (or any location aware wearable like a watch, a wristband) to the store, the mall, the museum, the station or the stadium. The visitor must first register. It is opt-in and from then on the reconnection is automatic each time the visitor comes to the place. No more check-in. In fact, it works like a traditional loyalty card - an improved version.
This kind of marketing will only work if both the consumer and the public place benefit from the exchange. It is and can only be a barter; the consumers gives their data in exchange for rewards: digital coupons, news, promotions, new offers, way-finding... and a free connection. All along, shopping is enhanced for both: customers can easily showroom (making comparisons, looking for coupons,, discounts, reviews, localizing products in the store, using shopping lists) and interact with the store, with brands. Not surprisingly, visitors prefer places with Wi-Fi.
A store is neither on-line nor off-line: now, it is both.
As a website uses cookies, a place equipped with Wi-Fi collects audience data from its opt-in visitors. This information can be used to target them and to personalize messages and their experience at the place.
This is very different from what is done without consent by companies like Renew London, which started a controversy because, in fact, they were "stealing" data.
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The battle for Wi-Fi in the city is a battle for data; it is becoming a new element in urban planning.
Soon Wi-Fi will be everywhere: stadiums, malls, movie theaters, airports, subways, stores, universities, cabs, train stations, parks, museums, convention centers, cities, you name it.... All public places with more or less captive audiences, at least captive for a while. Public places that may sometimes form location-based ad networks (cf. Premier Airport Network by MediaShift))... Major media operators are already present: Google, MSOs, telcos, BSkyB (The Cloud), Facebook (Facebook Wi-Fi), Apple (WiFiSlam).... Recent examples:
- Google is replacing AT&T in Starbucks, supplying free Wi-Fi in the 7000 US stores. Google will also offer free Wi-Fi in public places (parks, etc.) in San Francisco.
- Cable-operators Time Warner Cable and Cablevision are partnering with the City of New York to develop Wi-fi hotspots in public places.
- Comcast, the major American cable-operator, "turns Xfinity customers' home wireless gateways into Wi-Fi hotspots". Comcast also sells Wi-Fi services for stadiums in Denver, Boston and Philadelphia. For MSO, Wi-Fi is part of the job.
- The new San Francisco stadium (NFL 49ers') will be equipped with Wi-Fi for the public: "We see the stadium as a large data center," says the IT director of the San Francisco stadium.
- CNN Airport Network provides live streaming of its channel (simulcast) with the Advanced Wireless Group at the Miami Airport for tablets and smartphones. AWG is therefore coupling two kinds of audiences, at the airport and at home.
- Subway stations in New York get Wi-Fi (by Transit Wireless) which will become a "backbone for digital advertising".
- Apple acquired WiFiSlam for indoor location.
This kind of marketing will only work if both the consumer and the public place benefit from the exchange. It is and can only be a barter; the consumers gives their data in exchange for rewards: digital coupons, news, promotions, new offers, way-finding... and a free connection. All along, shopping is enhanced for both: customers can easily showroom (making comparisons, looking for coupons,, discounts, reviews, localizing products in the store, using shopping lists) and interact with the store, with brands. Not surprisingly, visitors prefer places with Wi-Fi.
A store is neither on-line nor off-line: now, it is both.
As a website uses cookies, a place equipped with Wi-Fi collects audience data from its opt-in visitors. This information can be used to target them and to personalize messages and their experience at the place.
- With individual data one can build real-time analytics describing the activity in the place: cumulated traffic / reach, frequency (deduplication), total and average dwelling time, bounce rate, all of this according to the time (day parts), the place, habits, frequency of the visits, coupon redemption, consumer path, products bought, etc.). From there, one can predict intention (to buy, to subscribe, to unsubscribe, to recommend).... The visitor is treated off-line as on-line ; even retargeting is possible. One can imagine segmentations, variables and clusters never used before to analyze and explain visitor behavior. One can influence the consumer at the Point Of Sale ("Werben Sie dort, wo die Kaufentscheidung fällt": advertise where the buying decision is made, says ECE flatmedia).
- It is possible to draw maps visualizing, totalizing traffic and dwell time, designing hot and cool zones while following the shopper's path in the store (cf. retail analytics by RetailNext).
- One can figure out how many of the people who click on a mobile ad visit the related place (click-to-visit analytics by Sense Networks) or "place visit rate" (PlaceIQ).
This is very different from what is done without consent by companies like Renew London, which started a controversy because, in fact, they were "stealing" data.
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mardi 16 juillet 2013
Two-screen advertising? Yes, but which screen comes first?
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While watching TV, while in front of a TV screen, or more exactly, while being in the room where a TV set is on, people may use a "second screen": another device, laptop, tablet or smartphone. This other device might or might not be connected. TV viewers may tweet, share what they watch or comment on it on Facebook. What shall we call this: "Second screen conversation"? Multiscreentasking? "Extended screen"?This is nothing new: since the beginning of TV, we know that people multitask while in front of the screen: knitting, reading a paper or a magazine - particularly a TV guide - snacking or having dinner, sewing, making phone calls (TV sound off), doing home work, ironing, cuddling, napping, chatting... you name it. These kinds of "now moments", as Twitter would call them - are lost for advertising. They were, and still are, investigated and taken into account by media time budget surveys as either secondary or primary activities.
From an advertiser's point of view, the perfect advertising time is a full and exclusive TV experience, a total "engagement" as they say in the new media lingo, and, a priori, not multiscreentasking. But, if the people targeted by a commercial interact with a brand via another screen - to ask for a coupon, a sample, to share with friends - such a "now moment"would become the nec plus ultra for branding, memorization, awareness, conversion, etc.
What does this mean for an advertiser? Instead of buying one media, one would buy two "simultaneous" media: a TV commercial AND a social network commercial, on Facebook or Twitter (both Facebook and Twitter provide the same possibilities: comments, check-in, picture, hashtag). Twitter suggests two-screen sponsorships. Facebook, whose reach is much wider, could, in addition, also figure out who is talking to whom (family, friends, unknown people, acquaintances, etc.). Double targeting?
Remarks
- Social networks hope to distract attention and money from TV. Should TV networks help them?
- Nielsen and Twitter suggest mixing TV audience and tweets in a new kind of advertising "bimetallism". Which is gold, which is silver? Could there be some kind of Gresham's law for programs? Which audience is monetized, by whom? Which media gets the best data from this "bullion"? The social network probably.
- Twitter is trying to set a new advertising principle: "acceleration"- which alludes metaphorically to Newton's second law of motion - to illustrate the amplification of TV's GRPs by tweets. Force of advertising = Mass (TV reach) x Acceleration (number of tweets about a TV program or TV commercial). Could it not also become a formula for a law of distraction with regard to the TV program?
- As for Nielsen, it sets a new Nielsen Twitter social TV rating, or, in their own words, a "Definitive Reach Metric for Social TV Audience Measurement and Analytics" (o.c.). It only takes reach and not frequency into account: so what about GRPs?
- Twitter insists on real time (synchronised commercials, "now moments" (i.e. live), but how about time-shifted viewing or live + 7 contacts?
- Selon Trendrr, l'activité liée à la télévision est 4 à 5 fois plus importante sur Facebook que sur l'ensemble des autres médias sociaux
- SimulTV claims the best social TV needs only one screen, merging a TV program with social network comments on the sides (cf. infra), like seen with Picture-in-Picture.
Source: PR simultv, May 15, 2013
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lundi 20 mai 2013
Online GRP. Nielsen vs comScore
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La bataille pour la mesure des audiences multi-support online se déroule aux Etats-Unis, qui sont encore, pour quelque temps, le premier théâtre des opérations publicitaires online. Deux petits événements, l'un publicitaire, l'autre média, colorent la situation actuelle.
A la mesure publicitaire, Nielsen ajoute une mesure de l'audience en ligne des émissions avec Nielsen Digital Program Rating dont la méthodologie est calquée sur OCR. Ce pilote (mai-juillet 2013), auquel participent tous les grands networks, donnent les audiences veille, la couverture et le nombre de streams, le tout croisé avec une typologie d'émissions, l'âge et le sexe pour les programmes regardés en ligne.
L'enjeu premier de l'affrontement Nielsen / comScore est le marché de la mesure de la publicité online. En fait, Nielsen et comScore s'accordent sur deux points : le principe du panel et la reconnaissance de l'arbitrage méthodologique du MRC.
Au-delà de ce consensus, il s'agit pour Nielsen de pouvoir combiner les audiences de la télévision collectées par les audimètres (NTI, NSI), avec celles du Web et du mobile (OCR), afin de calculer un GRP multi-plateforme, dédupliquant les audiences entre divers appareils (les chaînes s'accordent pour estimer que l'audience des émissions sur le Web - audience non commercialisable actuellement - représenterait 12% de l'audience totale). L'adjectif pour décrire cette opération est "holistique" : qui constitue un tout, complet (du grec olos, ὅλος). C'est l'ambition de Nielsen avec son Cross Platform Campaign Ratings, XCR (en cours d'audit). Publicité inter-écrans (cross-screen et responsive design) et extension des campagnes TV avec la "social TV" (cf. Twitter, par exemple).
Ainsi, Nielsen dispose d'un avantage compétitif important, pour plusieurs années. Au-delà, une fois la grande majorité des téléviseurs connectés au Web, vCE comme OCR seront à même de traiter la télévision connectée. Enfin, avec la fusion de Nielsen avec Arbitron, l'avantage de Nielsen s'accroît encore de la mesure de la radio off-line.
Trois commentaires :
La bataille pour la mesure des audiences multi-support online se déroule aux Etats-Unis, qui sont encore, pour quelque temps, le premier théâtre des opérations publicitaires online. Deux petits événements, l'un publicitaire, l'autre média, colorent la situation actuelle.
- Les agences qui achètent aux Etats-Unis les médias Web pour les clients du Groupe Publicis ont choisi comScore plutôt que Nielsen. Procter & Gamble, l'annonceur qui dépense le plus en publicité dans le monde (grande consommation, FMCG, CPG), premier client de Publicis, avait déjà choisi comScore et son Validated Campaign Essentials (vCE).
- Le concurrent du vCE de comScore est un produit de Nielsen, Online Campaign Ratings (OCR) qui peut se targuer de clients éditeurs comme AOL, Disney (ABC, ESPN), Facebook. Récente victoire de Nielsen : OCR est étendu aux supports mobiles dans le cadre d'une collaboration (pilote) avec le groupe sportif multimédia ESPN (chaînes de télévision, magazine, Web, mobile, radio). OCR se met en place en Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, France), en Australie et au Canada.
- les composantes de vérification : visibilité (viewability), sécurisation de la présence de la marque (brand safety), respect et contrôle du ciblage géographique des campagnes (in-country geographic delivery), exclusion des contacts provenant de robots (removal of non-human traffic) et engagement. Ces notions sont inégalement vérifiables, la plus confuse étant celle d'engagement.
- les composantes de mesure d'audience : audience unique (cookie unique), couverture et répétition, GRP.
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Source : MRC, novembre 2012 (dernière information disponible). |
L'enjeu premier de l'affrontement Nielsen / comScore est le marché de la mesure de la publicité online. En fait, Nielsen et comScore s'accordent sur deux points : le principe du panel et la reconnaissance de l'arbitrage méthodologique du MRC.
Au-delà de ce consensus, il s'agit pour Nielsen de pouvoir combiner les audiences de la télévision collectées par les audimètres (NTI, NSI), avec celles du Web et du mobile (OCR), afin de calculer un GRP multi-plateforme, dédupliquant les audiences entre divers appareils (les chaînes s'accordent pour estimer que l'audience des émissions sur le Web - audience non commercialisable actuellement - représenterait 12% de l'audience totale). L'adjectif pour décrire cette opération est "holistique" : qui constitue un tout, complet (du grec olos, ὅλος). C'est l'ambition de Nielsen avec son Cross Platform Campaign Ratings, XCR (en cours d'audit). Publicité inter-écrans (cross-screen et responsive design) et extension des campagnes TV avec la "social TV" (cf. Twitter, par exemple).
Ainsi, Nielsen dispose d'un avantage compétitif important, pour plusieurs années. Au-delà, une fois la grande majorité des téléviseurs connectés au Web, vCE comme OCR seront à même de traiter la télévision connectée. Enfin, avec la fusion de Nielsen avec Arbitron, l'avantage de Nielsen s'accroît encore de la mesure de la radio off-line.
Trois commentaires :
- La comparaison Nielsen / comScore suggère le besoin pour comScore d'un panel permettant la mesure de la télévision off-line. D'où l'enjeu de la fusion Arbitron / Nielsen : en cas de refus par la FTC, comScore aurait pu être intéressé... (cf. Fusion en cours dans l'audience des médias).
- Dans cette bataille, les armes de l'audit et de l'accréditation sont de plus en plus importantes.
- Le MRC distingue trois niveaux : "en cours d'audit" (in process), "soumis pour accréditation" (submitted for accreditation consideration) et accréditation. Précisions qui évitent toute ambiguité de communication de la part des audités.
- Le champ de l'audit du MRC n'est pas précisément décrit. S'agit-il de la méthodologie seulement ou également des données ?
- Dans quelles limites les conclusions tirées d'observations américaines sont-elles transférables en Europe ?
- Third party data: l'ampleur de cette bataille renvoie au Big Data ; Facebook figure avec Experian parmi les premiers fournisseurs de données (third-party data suppliers). Quid de Twitter ou de YouTube ? Certains voient dans l'utilisation de Facebook par OCR un risque pour la vie privée.
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vendredi 10 mai 2013
Mercenaires du Big Data : algorithmes et analytics aux enchères
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Le marché de la recherche prend une tournure nouvelle avec le Big Data. Ceci est possible parce que les problèmes de traitement des données (CRM, data mining, visualisation, etc.) et leurs solutions mathématiques sont indépendants du domaine sur lesquels portent les données et présentent de nombreux caractères communs.
MàJ, mars 2017, Google acquiert Kaggle.
Pour aller au bout de la logique économique, un fond de capital risque spécialisé dans le financement de startups travaillant dans le Big Data a été développé en 2011 : Data Collective. Un écosystème Big Data / Analytics se boucle ainsi, traduisant l'importance extraordinaire que prend la culture de la data dans l'économie numérique.
En même temps, le marché du travail se modernise : ainsi, Greenplum (EMC) étend le principe de la place de marché (qu'amazon mobilise pour son Mechanikal Turk : "marketplace for work") aux chercheurs devenus journaliers, mercenaires de la data... Crowdsourcing ?
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Le marché de la recherche prend une tournure nouvelle avec le Big Data. Ceci est possible parce que les problèmes de traitement des données (CRM, data mining, visualisation, etc.) et leurs solutions mathématiques sont indépendants du domaine sur lesquels portent les données et présentent de nombreux caractères communs.
- 品友互动 (IPinYou Hu Dong) est une entreprise chinoise (DSP, Demand Side Platform) entrée sur le marché en 2008. En avril 2013, elle lance un appel d'offre sous forme de compétition mondiale ; l'enjeu est le développement d'algorithmes d'enchères pour le RTB ("global DSP bidding algorithm competition") améliorant l'exploitation publicitaire du big data ("Where Computational Advertising Meets Big Data"). Résultats en septembre.
- IPinYou reprend une idée de Netflix qui organisa en 2006 une compétition dotée d'un prix de un million de dollars ; l'enjeu était la prédiction de la cote (rating) des films diffusés, prédiction basée sur les préférences précédentes des utilisateurs (training set). N.B. L'algorithme vainqueur n'a jamais été implémenté (cf. techdirt) car, entre temps, Netflix avait changé de modèle économique ; de plus, la compétition n'a pas été relancée par craintes de poursuites concernant l'exploitation de données privées. Mais Netflix reste fidèle à son principe : en mars 2013, l'entreprise a relancé une compétition concernant son exploitation du cloud computing : "the Netflix Cloud Prize" est doté de 10 prix de 10 000 dollars.
MàJ, mars 2017, Google acquiert Kaggle.
Pour aller au bout de la logique économique, un fond de capital risque spécialisé dans le financement de startups travaillant dans le Big Data a été développé en 2011 : Data Collective. Un écosystème Big Data / Analytics se boucle ainsi, traduisant l'importance extraordinaire que prend la culture de la data dans l'économie numérique.
En même temps, le marché du travail se modernise : ainsi, Greenplum (EMC) étend le principe de la place de marché (qu'amazon mobilise pour son Mechanikal Turk : "marketplace for work") aux chercheurs devenus journaliers, mercenaires de la data... Crowdsourcing ?
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mardi 30 avril 2013
La TV dans la tourmente du Web
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Les revenus de la télévision commerciale font rêver les plus grandes entreprises publicitaires du Web. On peut observer aux Etats-Unis les stratégies qu'elles mettent en oeuvre afin de conquérir le marché publicitaire TV... en attendant que l'expansion de la télévision connectée leur en ouvre grand les portes.
Les revenus de la télévision commerciale font rêver les plus grandes entreprises publicitaires du Web. On peut observer aux Etats-Unis les stratégies qu'elles mettent en oeuvre afin de conquérir le marché publicitaire TV... en attendant que l'expansion de la télévision connectée leur en ouvre grand les portes.
- Google entre sur le marché de la télévision par la mesure, mettant en place un panel de foyers qui permet de suivre simultanément l'audience de la télévision et celle du Web. Cette mesure unique permet de transférer une partie des investissements télé sur le Web en optimisant le total GRP (couverture, répétition, vitesse de cumulation). Moins de télévision, plus de YouTube, vidéo toujours.
- Yahoo! propose aux annonceurs d'affecter une partie de leur budget télévision (5 à 10%) à son portail. La proposition est assortie d'une garantie de ROI, sans doute du type de celle qui se pratique sur l'upfront market. Sur Yahoo!, les messages pourront être diffusés dans un environnement d'émissions originales produites par Yahoo! en synergie avec les chaînes de télévision (mêmes castings, etc.) et de rediffusions ("Saturday Night Live", NBC), etc. Globalement, Yahoo! veut ressembler à la télévision mais avec des formats publicitaires plus engageants (interactivité, rich media, native ads, multi-plateforme, etc.). Et l'on comprend son intérêt déçu pour Dailymotion...
- Facebook annonça son intention de se positionner contre la télévision dès la présentation de son dossier d'entrée en bourse. Ses atouts sont impressionants : puissance nationale et pluri-nationale avec couverture et répétition largement au niveau de la télévision (GRP), couverture supra-nationale pour les annonceurs internationaux, relation aux points de vente (association on-et off-line), ciblage riche et subtile grâce à son réseau au maillage fin (fine-grained), ciblage géographique allant jusquà l'hyper-local, pénétration de l'univers mobile.
Ce qui se passe aux Etats-Unis permet d'entrevoir les menaces s'accumulant à l'horizon des télévisions européennes alors que s'ouvre le marché de la data et que l'automatisation généralisée des transactions publicitaires Web, et télé bientôt, se met en place (ciblages et enchères en temps réel, RTB, analytics, programmatic buying, etc.). Les grandes entreprises américaines du Web y préparent les plus grands annonceurs, qui sont pluri-nationaux.
Avec des outils mathématiques et algorithmiques conçus et produits en Californie (coûts fixes), ces grandes entreprises américaines du Web visent les marchés européens où elles recrutent tranquillement leurs forces commerciales locales dans les régies télé et les agences média.
L'ère des mondes télévisuels nationaux prospérant à l'abri de la concurrence internationale semble s'achever. Les télévisions nationales sont-elles prêtes pour cette formidable évolution ?
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mardi 23 avril 2013
Facebook, nouveau mass-media ?
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Qu'est ce qu'un média de masse ?
Un média qu'utilise presque tout le monde, presque tous les jours. Large couverture, répétition des usages. Suivant M. McLuhan, on ajoutera que ce média se distingue en inculquant un changement perceptif, voire cognitif, chez ses utilisateurs (l'effet invisible du média s'avérant tout aussi puissant que celui, mesurable, des messages).
Le journal, le cinéma, la radio furent des mass-médias. La télévision reste le plus présent des mass-médias... Facebook, social media, laisse-t-il entrevoir un nouveau type de mass-média ?
Qu'est ce qu'un média de masse ?
Un média qu'utilise presque tout le monde, presque tous les jours. Large couverture, répétition des usages. Suivant M. McLuhan, on ajoutera que ce média se distingue en inculquant un changement perceptif, voire cognitif, chez ses utilisateurs (l'effet invisible du média s'avérant tout aussi puissant que celui, mesurable, des messages).
Le journal, le cinéma, la radio furent des mass-médias. La télévision reste le plus présent des mass-médias... Facebook, social media, laisse-t-il entrevoir un nouveau type de mass-média ?
- Média financé par la publicité, donc perçu comme gratuit par ses utilisateurs, Facebook se doit, comme la télévision, de réunir des audiences massives. Innombrables utilisateurs : on en compterait plus d'un milliard (selon Facebook).
- Facebook étant accessible partout, à partir du Web et des supports mobiles connectés, les utilisateurs en font un usage quotidien, voire multi-quotidien, en temps réel (Messenger). Facebook n'est jamais éteint, toujours sous la main, sous les yeux : dans les points de vente, dans les cours (hum!), dans les transports, au travail, tous lieux restés hors de portée de la télévision. Facebook devient le fond de toute communication (multiscreentasking).
- Mass-média, car tout le monde l'utilise, Facebook est aussi un média personnel puisque chacun l'utilise à sa manière et en fait son micro-média. Paradoxe : c'est parce qu'il est tellement personnel (personnalisable), qu'il peut être mass-média.
- Facebook constitue progressivement un univers total : il dispose de son propre moteur de recherche (Graph Search), de son propre courrier, de sa propre messagerie, il est servi par une kyrielle d'entreprises ancillaires et d'applis qui aident les marques, les entreprises, les institutions à y surveiller leur image (monitoring), à y configurer des alertes déclenchées en cas de mention gênante, à y étudier leur audience, leur influence, les sentiments et les engagements s'y exprimant à leur égard (analytics).
Par les ergonomies qu'il suscite, Facebook transforme délibérément l'appréhension du monde social et sa perception : création d'un idiome, incorporation du réseau puis, avec Facebook Home, de gestes ("We're not building a phone and we're not building an operating system. We're building something that's a whole lot deeper than an app" explique M. Zuckerberg). Et ce n'est pas tout ! Facebook envisage d'envahir l'écran d'accueil du téléphone (home screen), cette page qui est "l'âme du téléphone" selon M. Zuckerberg. Après la "facebookisation de la télévision", la facebookisation du smartphone : contagion propre aux mass-médias.
Au bout de tout cela, on comprend que Facebook sécrète une quantité diabolique de données.
Mass-data à vendre ?
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Au bout de tout cela, on comprend que Facebook sécrète une quantité diabolique de données.
Mass-data à vendre ?
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dimanche 17 février 2013
Le présent de l'avenir du Web selon comScore
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U.S. Digital Future in Focus. 2013. Key Insights from 2012 and what they mean for the coming years, (février 2013). Qu'est-ce qui ressort de cette publication synthétique, qu'est-ce qu'elle infirme ou confirme ?
U.S. Digital Future in Focus. 2013. Key Insights from 2012 and what they mean for the coming years, (février 2013). Qu'est-ce qui ressort de cette publication synthétique, qu'est-ce qu'elle infirme ou confirme ?
- Le déclin de l'ordinateur comme mode d'accès au Web. Son domaine se cantonne de plus en plus au travail (c'est le monde du Pack Office) tandis que s'étendent les domaines des supports mobiles, extensions gagnées grâce aux performances, aux ergonomies mais aussi grâce à la progression du Wi-Fi. Un tiers du temps consacré au Web l'est sur des supports mobiles, la majorité passant par des applis. Le commerce électronique via mobiles (M-Commerce) représente déjà 11% du C.A. du e-commerce. Dans cette perspective, l'expression "multi-plateforme", transitoire, contribue à dissimuler (avantageusement) le changement en cours, le temps de l'adaptation.
- Le début de l'érosion des modalités traditionnelles de recherche. Le nombre des recherches effectuées avec des moteurs de recherche tend à diminuer et, surtout, le nombre de recherches par internaute diminue. Un nombre croissant de recherches est réalisé sur des sites tels que Facebook, Amazon, eBay, leboncoin, annuaires, catalogues, etc. Le "Vertical search", recherches effectuées au sein d'un sous-ensemble du Web, sous-ensemble délimité voire fermé, comme un "new walled garden", serait en augmentation. Le Graph Search de Facebook est symptomatique.
- L'explication de ces changements se trouve peut-être tout simplement du côté du mobile et de ses innombrables applis qui parcellisent le Web et personnalisent chaque appareil. Les supports mobiles rendent chaque jour le moteur de recherche moins indispensable. L'explication tient aussi à la meilleure maîtrise du Web et de ses fonctionnalités développée par des internautes de plus en plus habiles à inventer des usages.
- En somme, le data marketing, ce sera d'abord des données issues d'activités observées sur mobile avec ce qu'elles comportent d'information géographique, historique, commerciale, d'intentions, etc. Big data enrichie en continu.
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dimanche 3 février 2013
I want my Netflix
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Netflix compte 27,2 millions d'abonnés aux Etats-Unis (T4, 2012), plus que SiriusXMRadio, plus que DirecTV, que Time Warner Cable ou que Dish network : la télévision en streaming (OTT) est lancée. Seul parmi les distributeurs américains, Comcast compte davantage d'abonnés.
Désormais, Netflix doit franchir un cap décisif, celui de la production originale, production qui assure la réputation, l'indépendance et l'image de marque (tel HBO). Dans cette optique, commençait vendredi 1er février la diffusion de "House of Cards" (reprise d'un polard politique de la BBC, 1990, 4 épisodes de 50 mn, mini-series inspirée du roman de fiction politique de Michael Dobbs, 1998). Budget : 100 millions de $). Ce n'était pas la première production de Netflix, Lilyhammer (2012) l'avait précédé. A son service, Netflix dispose de données de consommation pour ses 27 millions d'abonnés (téléchargements par acteur, émission, genre de programmes, réalisateur, etc.) : Big Data !
"House of Cards" introduit une révolution d'une ampleur qui pourrait faire changer de base la culture télévisuelle. Les 13 épisodes (60 minutes) de la série sont disponibles en même temps : toute la "saison" est publiée d'un seul coup (pour le lancement, le premier épisode est gratuit pendant un mois). Abolie, l'idée de rendez-vous télévisuel (appointment TV), abolie la standardisation du rythme standard de consommation (hebdomadaire notamment, épisode par épisode) imposées par le distributeur et sa grille, finie la notion de "saison télévisuelle" avec son rendez-vous annuel et ses rituels (upfront market, etc.). Consommation groupée (binge viewing) ou étalée : à chacun(e) de voir. La consommation des émissions de télévision devient une affaire personnelle, se rapprochant de la lecture des livres. En mai de cette année, les 14 épisodes de "Arrested Development" seront aussi publiés le même jour, confirmant cette nouvelle pratique de distribution délinéarisée.
Ainsi, notre culture de consommation télévisuelle se désagrège et se réorganise. Ce n'est déjà plus de la télévision, c'est Netflix. Et déjà l'on entend murmurer, en Europe, "I want my Netflix"...
N.B.
Les livres connurent autrefois une même mutation ; d'abord, ils ont été publiés en feuilleton dans la presse, à dose hebdomadaire ou quotidienne, avant d'être reliés en un seul livre. Au XIXe siècle, le public attendait la publication de son feuilleton (suspense). La "livraison périodique" rendait la lecture plus accessible aux foyers pauvres (ainsi, par exemple, fut justifiée la publication de la traduction en français du Capital de Marx ! ).
Le mode de publication, qui généralise la personnalisation du rythme de consommation, rend difficile voire délicat le partage "social" des réactions ("social TV"). Mais ce type de partage n'est-il pas surtout l'effet de la diffusion en épisodes : on en parle en attendant ? Si l'on n'attend plus, on en parle moins.
La promotion de la série exploite évidemment les données évidemment exclusives dont dispose la base de données Netflix. Plus tard la production les exploitera également. Marketing de la création...
La série de Netflix a été lancée par une diffusion dans une salle de cinéma new yorkaise prestigieuse (Lincoln Center) ; le principe en a été repris et étendu pour le lancement de la série "Rectify" en avril 2013 par Sundance Channel.
Netflix compte 27,2 millions d'abonnés aux Etats-Unis (T4, 2012), plus que SiriusXMRadio, plus que DirecTV, que Time Warner Cable ou que Dish network : la télévision en streaming (OTT) est lancée. Seul parmi les distributeurs américains, Comcast compte davantage d'abonnés.
Désormais, Netflix doit franchir un cap décisif, celui de la production originale, production qui assure la réputation, l'indépendance et l'image de marque (tel HBO). Dans cette optique, commençait vendredi 1er février la diffusion de "House of Cards" (reprise d'un polard politique de la BBC, 1990, 4 épisodes de 50 mn, mini-series inspirée du roman de fiction politique de Michael Dobbs, 1998). Budget : 100 millions de $). Ce n'était pas la première production de Netflix, Lilyhammer (2012) l'avait précédé. A son service, Netflix dispose de données de consommation pour ses 27 millions d'abonnés (téléchargements par acteur, émission, genre de programmes, réalisateur, etc.) : Big Data !
"House of Cards" introduit une révolution d'une ampleur qui pourrait faire changer de base la culture télévisuelle. Les 13 épisodes (60 minutes) de la série sont disponibles en même temps : toute la "saison" est publiée d'un seul coup (pour le lancement, le premier épisode est gratuit pendant un mois). Abolie, l'idée de rendez-vous télévisuel (appointment TV), abolie la standardisation du rythme standard de consommation (hebdomadaire notamment, épisode par épisode) imposées par le distributeur et sa grille, finie la notion de "saison télévisuelle" avec son rendez-vous annuel et ses rituels (upfront market, etc.). Consommation groupée (binge viewing) ou étalée : à chacun(e) de voir. La consommation des émissions de télévision devient une affaire personnelle, se rapprochant de la lecture des livres. En mai de cette année, les 14 épisodes de "Arrested Development" seront aussi publiés le même jour, confirmant cette nouvelle pratique de distribution délinéarisée.
Ainsi, notre culture de consommation télévisuelle se désagrège et se réorganise. Ce n'est déjà plus de la télévision, c'est Netflix. Et déjà l'on entend murmurer, en Europe, "I want my Netflix"...
N.B.
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mardi 25 décembre 2012
Innovation média : ne pas abuser de la définition
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Nombre de réflexions sur les "innovations" médias commencent par un exercice de définition. L'étude de pratiques sociales nouvelles, celles des réseaux sociaux ou du mobile, entre autres, semble exiger une définition préalable de la pratique en question, au moins pour que les chercheurs s'accordent - comme l'on dit de musiciens qui vont jouer ensemble - sur le sujet de la discussion et l'objet de recherche à construire.
Mais la définition, formalité méthodologique, peut aussi construire un obstacle à la saisie de la nouveauté. Les pratiques numériques récentes connaissent des changements continus, d'ampleur imprévisibles ; elles sont loin d'être définitives, aussi, les définir d'emblée, c'est peut-être inhiber l'imagination sociologique "methodological inhibition" (C. Wright Mills).
Ne pas confondre les définitions de la définition.
Les levées de fonds, les entrées en bourse forcent à un travail de définition intermédiaire, provisoire, pour attirer et convaincre analystes et actionnaires. Le document de Facebook pour son IPO est exemplaire d'un tel effort rhétorique de définition. La pratique, au contraire, s'accommode du flou, au détriment du "clair et distinct" ; ainsi de l'impossible définition de la télévision entre télévision traditionelle (broadcast), OTT, streaming, connectée, câble, etc. Impossibilité surdéterminée pour quelque temps par les enjeux économiques (qui peuvent, par exemple, prendre la forme euphémisante d'un débat sur le GRP).
La transformation, le changement de paradigme, l'émergence supposent de nouvelles manières d'exprimer cette nouveauté. Sans doute, le problème ne se pose-t-il si fortement que parce qu'on l'expose sans cesse (articles, cours, communications, pseudo-interviews) ; dans le courant quotidien de la pratique, il est charrié, délité. Les normes courantes d'expression et d'exposition digèrent la nouveauté (on ne se méfie jamais assez de Powerpoint et Keynotes). La nouveauté s'enlise alors dans les mots : on croit n'hériter que de mots et l'on hérite d'idées (Léon Brunschvicg), d'obstacles épistémologiques (Gaston Bachelard)...
La définition rompt "l'enchantement du virtuel" (Gilles Châtelet) indispensable à l'innovation féconde. La définition doit rester ouverte sur le virtuel ; elle ne peut aboutir que lorsque la mue (paradigmatique) s'achève. Paradoxalement, une pratique nouvelle ne peut être définie que quand elle n'est plus nouvelle et qu'elle se développe dans le cadre d'un paradigme installé (cf. Thomas Kuhn).
Avant, la définition finit par enfermer, comme la conclusion. Il est une rage de définir toute aussi stérile que la "rage de conclure" ("ineptie", répète Gustave Flaubert). Alors, mieux vaut ne pas définir trop tôt car ce serait risquer de finir ce qui ne fait que commencer (la préposition latine de renforce "finir") ? Ou définir un peu mais pas trop afin de demeurer aux "avant-postes de l'obscur" (selon l'expression de Gilles Châtelet).
N.B. On comprend l'inévitable conservatisme des études lors des périodes d'innovation, de changement de paradigme. Issues d'observations ou d'interrogations de panels recrutés et conçus à partir d'études de cadrage (establishment surveys) infréquentes, elles sont, par construction, en retard sur le rythme des changements. Mais le traitement continu de vastes bases de données non structurées (big data) changera certainement les termes du cadrage des études.
Notes
Nombre de réflexions sur les "innovations" médias commencent par un exercice de définition. L'étude de pratiques sociales nouvelles, celles des réseaux sociaux ou du mobile, entre autres, semble exiger une définition préalable de la pratique en question, au moins pour que les chercheurs s'accordent - comme l'on dit de musiciens qui vont jouer ensemble - sur le sujet de la discussion et l'objet de recherche à construire.
Mais la définition, formalité méthodologique, peut aussi construire un obstacle à la saisie de la nouveauté. Les pratiques numériques récentes connaissent des changements continus, d'ampleur imprévisibles ; elles sont loin d'être définitives, aussi, les définir d'emblée, c'est peut-être inhiber l'imagination sociologique "methodological inhibition" (C. Wright Mills).
Ne pas confondre les définitions de la définition.
- Il y a la "définition préalable", qui, explique Marcel Mauss, "nous épargnera ces déplorables flottements et ces interminables débats entre auteurs qui, sur le même sujet, ne parlent pas des mêmes choses" ("La prière", 1909).
- Il y a la définition provisoire, qui sera bricolée et rectifiée en marche. Exercice inévitablement "aporétique" que l'on démolit et reprend au fur et à mesure de l'avancement du chantier.
- Il a la définition aboutie, pour des phénomènes stabilisés, au sein d'un paradigme donné, ("science normale", dit Thomas Kuhn).
Les levées de fonds, les entrées en bourse forcent à un travail de définition intermédiaire, provisoire, pour attirer et convaincre analystes et actionnaires. Le document de Facebook pour son IPO est exemplaire d'un tel effort rhétorique de définition. La pratique, au contraire, s'accommode du flou, au détriment du "clair et distinct" ; ainsi de l'impossible définition de la télévision entre télévision traditionelle (broadcast), OTT, streaming, connectée, câble, etc. Impossibilité surdéterminée pour quelque temps par les enjeux économiques (qui peuvent, par exemple, prendre la forme euphémisante d'un débat sur le GRP).
La transformation, le changement de paradigme, l'émergence supposent de nouvelles manières d'exprimer cette nouveauté. Sans doute, le problème ne se pose-t-il si fortement que parce qu'on l'expose sans cesse (articles, cours, communications, pseudo-interviews) ; dans le courant quotidien de la pratique, il est charrié, délité. Les normes courantes d'expression et d'exposition digèrent la nouveauté (on ne se méfie jamais assez de Powerpoint et Keynotes). La nouveauté s'enlise alors dans les mots : on croit n'hériter que de mots et l'on hérite d'idées (Léon Brunschvicg), d'obstacles épistémologiques (Gaston Bachelard)...
La définition rompt "l'enchantement du virtuel" (Gilles Châtelet) indispensable à l'innovation féconde. La définition doit rester ouverte sur le virtuel ; elle ne peut aboutir que lorsque la mue (paradigmatique) s'achève. Paradoxalement, une pratique nouvelle ne peut être définie que quand elle n'est plus nouvelle et qu'elle se développe dans le cadre d'un paradigme installé (cf. Thomas Kuhn).
Avant, la définition finit par enfermer, comme la conclusion. Il est une rage de définir toute aussi stérile que la "rage de conclure" ("ineptie", répète Gustave Flaubert). Alors, mieux vaut ne pas définir trop tôt car ce serait risquer de finir ce qui ne fait que commencer (la préposition latine de renforce "finir") ? Ou définir un peu mais pas trop afin de demeurer aux "avant-postes de l'obscur" (selon l'expression de Gilles Châtelet).
N.B. On comprend l'inévitable conservatisme des études lors des périodes d'innovation, de changement de paradigme. Issues d'observations ou d'interrogations de panels recrutés et conçus à partir d'études de cadrage (establishment surveys) infréquentes, elles sont, par construction, en retard sur le rythme des changements. Mais le traitement continu de vastes bases de données non structurées (big data) changera certainement les termes du cadrage des études.
Notes
- Victor Goldschmidt, Les dialogues de Platon, Paris, PUF, 1944 : dans les premiers dialogues, dits aporétiques, la définition aboutit à une impasse : la beauté, la piété, la vertu, l'amitié, etc. ne peuvent être définies par les interlocuteurs de Socrate.
- Thomas, S. Kuhn, The Structure of Scientific Revolutions, 2000, University of Chicago Press, 1962.
- Gilles Châtelet, L'enchantement du virtuel. Mathématique, physique, philosophie, Paris, Editions rue d'Ulm, 2010.
- C. Wright Mills, The Sociological Imagination, N-Y, 1959, Oxford University Press.
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