Les hiéroglyphes, une autre anthropologie
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Christophe Barbotin, *Le monde des hiéroglyphes. Une approche de la pensée
des anciens Egyptiens*, Paris, PUF, 2025, Repères chronologiques,
Bibliograph...
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jeudi 29 décembre 2016
Le câble américain investit la domotique
La proximité des médias avec la domotique est logique : les médias électroniques passent par l'équipement du domicile, par les connexions Internet et par le câble ou le satellite, les télécoms : smart home, maison connectée.
Pour les foyers, le souci de sécurité rencontre le confort de l'automatisation et de la gestion à distance (protection de biens, éclairage, rideaux, volets, serrures, portes, audio, température, etc.). La gamme des services s'étend avec le développement des serveurs vocaux comme Amazon Echo (Alexa), HomePod (Apple) ou Google Home. La plupart des services de domotique se pilotent avec des applis de smartphones (Apple Home, Echo, Android) tout comme de nombreux appareils ménagers (téléviseur, machine à café, aspirateur, etc.).
Comcast, le principal Multi System Operator (MSO), a annoncé en juin 2016 sa volonté de prendre le contrôle de Alarm.com, entreprise spécialisée dans la domotique, si toutefois la Federal Trade Comission (FTC) autorise ce rachat. Or Alarm.com se propose de racheter Icontrol Networks, sa principale concurrente. L'opération, si elle aboutit, mettra Comcast en situation dominante dans le domaine de la domotique (Smart Home As a Service). Domination qui peut s'apprécier au nombre de clients mais aussi au nombre de brevets décisifs que détiennent ensemble Icontrol et Alarm.com (qui développe Xfinity Home, de Comcast). Icontrol collabore déjà avec des câblo-opérateurs : Cox, Comcast, Rogers (Canada), Bright House Networks... De plus, Icontrol a des ambitions internationales : l'entreprise collabore déjà au Japon avec des opérateurs du câble et en Australie avec Telstra. MàJ : en mars 2017, Comcast acquiert Icontrol, ce qui ouvre une nouvelle ligne de business. Un centre d'excellence IoT sera créé à Austin (Texas) où est implanté Icontrol.
Au-delà des équipements domestiques, la domotique vise le marché des petites et moyennes entreprises (Comcast avec SmartOffice, pour la vidéo surveillance notamment).
En août 2017, Comcast passe un accord avec Sunrun pour installer des panneaux solaires chez ses abonnés. MàJ : novembre 2017 : De son côté, le MSO Altice USA qui se veut "one-stop-shop" pour les foyers connectés propose des produits Nest (filiale de Google) à ses abonnés : thermostats, Nest Cam / Nest Aware, détecteurs de fumée, etc. (octobre 2017).
Le développement de ce secteur (sécurité, énergie domestique, home automation) est visé par les grande entreprises du numérique et des médias qui peuvent y espérer complémentarité et diversification de leurs empires : Google, Amazon, Apple, Comcast. Du coup, la définition du périmètre de concurrence est bouleversée par leur entrée sur ce marché comme dans celui de la publicité extérieure qui se numérise. Tout secteur économique qui se numérise voit se redessiner radicalement son périmètre de concurrence.
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mardi 27 septembre 2016
La presse et son droit voisin
Laurence Franceschini, assistée de Samuel Bonnaud-Le Roux, Rapport de la mission de réflexion sur la création d’un droit voisin pour les éditeurs de presse, Ministère de la culture et de la communication, Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique, Paris, 2016, 41 p.
Faut-il, pour la presse, mettre en place un droit voisin du droit d'auteur épousant l'évolution technologique comme cela a été fait pour la musique et l'audiovisuel (cf. La protection par les droits voisins, Code de la Propriété Intellectuelle) ? Fin 2015, la question est posée par la Commission Européenne qui demande aux pays membres d'examiner "la possibilité offerte aux titulaires de droits de délivrer des licences et d’être rémunérés pour l’utilisation de leurs contenus, y compris les contenus diffusés en ligne". Le travail de Laurence Franceschini et de Samuel Bonnaud-Le Roux contribue à la réflexion pour une réponse française en examinant le contexte juridique dans lequel ce droit peut s'inscrire. Laurence Franceschini est Conseillère d'Etat, elle a été nommée médiatrice du cinéma en novembre 2015.
Pourquoi des droits voisins ?
Laurence Franceschini justifie ainsi la nécessité de mettre en place des droits voisins pour les entreprises de presse : "Les droits voisins trouvant leur raison d’être dans l’investissement que les entreprises effectuent, la question de leur instauration au bénéfice des éditeurs de presse se pose compte tenu des investissements qu’ils réalisent et de l’utilisation du contenu de la presse liée au numérique."
Deux constats fondent cette réflexion :
- D'une part, les entreprises de presse investissent pour la création de contenus originaux : rémunération des journalistes, salaires chargés, frais de mission, marketing (dont sites, applications, mesure, etc.). Le montant de cet investissement est aisément calculable ; il faut y ajouter l'évaluation de la prise de risque de l'éditeur. L'ensemble constitue un investissement à protéger.
- D'autre part, ces contenus sont utilisables, et utilisés en partie par des entreprises du numérique qui en retirent divers profits, publicitaires notamment, sans compter la notoriété, l'image, la fidélisation, etc.
Ce que changent la publication de la presse sur le Web et les outils numériques de collecte automatique, c'est la facilité de réalisation de tels panoramas ainsi que l'échelle élargie de leur diffusion (en extension, profondeur et complexité de ciblage). Il y a un indiscutable risque de destruction de valeur (destruction créatrice ?).
Le droit doit donc être adapté pour permettre à l'éditeur d'être rémunéré au titre d'une œuvre collective, au-delà du droit d'auteur. Quel est le métier de l'éditeur ? "Le métier d’éditeur consiste à créer une marque éditoriale", affirme le rapport de Laurence Franceschini. De cette définition, elle conclut qu'il manque un droit protégeant sans ambiguïté les investissements de l'éditeur et lui donnant du pouvoir pour agir, équilibrer les partenariats (vendre, négocier, percevoir une compensation, se défendre devant les tribunaux, etc.).
"Au regard de l’importance des investissements effectués par les éditeurs de presse, un droit voisin de l’éditeur, constitue la contrepartie de la reconnaissance de son rôle spécifique. Il serait logique qu’un tel droit fasse partie de l’actif immatériel de son fonds de commerce, puisse être valorisé, être l’objet de contrats et fonder plus efficacement une action en contrefaçon".
Résumons. Un éditeur investit pour créer une marque éditoriale. La protection de cet investissement demande l'établissement d'un droit voisin pour défendre cette marque. Intérêt économique et nécessité juridique se confondent.
L'objectif est-il d'unifier les droits voisins des médias, presse, télévision, musique ? Ce ne serait pas déraisonnable puisque l'économie et les technologies numériques tendent vers l'indifférenciation des médias : qu'il s'agisse d'information ou de divertissement, l'entreprise de presse produit de plus en plus de vidéo. Toute entreprise média consiste à créer une marque média : TF1, Le Monde, NRJ sont des marques média. On pourrait aussi parler de plateforme media ("One Global" dit l'ACPM qui fusionne plusieurs études). Omnicanal : web, mobile, applications, PDF, papier, e-commerce.
La reconnaissance de droits voisins est d'autant plus urgente pour la presse que les contenus des médias sont de plus aisément désagrégeables, atomisables, dispersables et réagrégeables. La plupart de ces miettes de contenus sont désormais mesurables et participent de la puissance totale d'une marque média : il y a réagrégation par la mesure.
Notons encore quatre points :
- le droit voisin ne doit compromettre ni la liberté de l'information ni le droit de citation.
- le droit du producteur de base de données (donc de DMP ?) n'est pas différent et relèverait de ce même droit voisin.
- la question des archives pose celle de la durée s'appliquant au droit voisin.
- ni la durée ni la périodicité ne constituent plus des caractéristiques distinctives des médias (cf. binge reading comme binge watching, consommation de la presse à l'article sur le principe de la VOD).
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lundi 29 décembre 2014
Peur de nos amis les robots ?


Heureusement voici les robots et leurs représentations plus ou moins anthropomorphiques. Thème populaire, les robots font rêver et ils font peur. Science fiction ? Luddisme ? Les machines voleraient le travail des humains, les mettant au chômage. Pourtant, à la une des magazines, les robots ont l'air si sympathique, inoffensif, et ils sont plutôt photogéniques. Humains, trop humains ! Journalisme de vulgarisation scientifique et technique, de nombreux magazines titrent sur l'actualité des robots : fin et début d'année invitent à imaginer l'avenir. Le temps des robots semble proche.
- Notons d'abord qu'il existe depuis janvier 2010 un magazine régulier, spécialisé mais grand public, Planète Robots : "le magazine de la robotique et des nouvelles technologies du futur" (bimestriel, 5,9 €, abonnement annuel 6 numéros, 35 €). Son existence témoigne de l'intérêt constant pour ce sujet (on en est au numéro 30).


- L'Humanité Dimanche (hebdomadaire, 3 €, 4 décembre) aborde la question par les dimensions sociales et s'inquiète pour l'emploi - actualité française oblige. La fabrication et l'entretien des robots ne compenseront sans doute pas les suppressions d'emploi qu'ils provoquent ; une nouvelle économie doit être conçue (droit du travail, fiscalité, sécurité sociale, formation).

- inexploré (trimestriel, 6,5 €) demande "jusqu'où ira l'intelligence artificielle" dans son dossier "Demain, tous robots ?".
- Les Dossiers de la recherche (bimestriel, 5,9 €) expliquent "comment les robots perçoivent le monde".
- Courrier international publie "Nos amis les robots" (numéro double, 5,5 €), article traduit du magazine américain Popular Science.
- LSA (distribution) évoque Nao, le robot d'Aldebaran, qui accueille les clients du magasin Darty de la République à Paris.
- Notons encore un article dans le magazine Geek (bimestriel, 5,95 €) sur la manière dont les robots apprennent à percevoir et comprendre le langage du corps humain et sur les aspects juridiques du développement des robots.
Vieille histoire, les robots ? Aristote notait que si les navettes "tissaient d'elles-mêmes", on n'aurait plus besoin ni de manœuvres ni d'esclaves (Politique, Livre I, IV, 3) ; vingt siècles plus tard, Descartes évoquera les animaux-machines et les automates (Discours de la méthode, Cinquième partie) : seul le langage les distingue des humains : et l'on arrive au test de Turing pour séparer les humains des machines.
Et la presse, sera-t-elle touchée par les robots ? Quand les articles sur les robots seront-ils composés par des robots ? Jamais, disent certains en un bel acte de foi. "Let the data tell its story", propose déjà Wordsmith, le logiciel d'Automated Insight. Voir aussi Quill, le logiciel d'écriture de Narrative Science ou encore celui de Arria.
T-shirt d'étudiants du MIT, Boston, haut lieu de la recherche en robotique. Le robot, étape de l'évolution de l'humanité... |
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lundi 4 août 2014
Data et video : mais que fait la TV ?
RTL Group a pris le contrôle de SpotXchange (65% pour 107 millions de $). SpotXchange est une plateforme américaine de vente automatique de publicité vidéo en ligne (SSP).
L'objectif de cet achat est pour RTL Group de se doter, en interne ("ins Haus"), de la compétence data et technologie nécessaire ("Wir wollen unser Können verbessern, indem wir uns die nötige Daten- und Technologie-Kompetenz ins Haus holen").
En perspective, la connaissance et le ciblage publicitaire (programmatique) des jeunes générations de téléspectateurs qui regardent la télévision en ligne, sur des supports mobiles.
Ceci n'est pas la première acquisition de RTL Group dans la vidéo ; en 2013, le groupe a acheté 51% de BroadbandTV (Viso, TGN), un MCN (Multi-Channel Network) de YouTube (7 800 chaînes), pour 36 millions de $. Un MCN utilise les services de YouTube, auquel il est affilié. On peut considérer que YouTube se comporte dans ce cas comme un network mondial, un agrégateur opérateur de bouquets.
Que vont faire les groupes de télévision commerciale européens pour capter et monétiser le marché de la vidéo, puisque, à terme, télévision linéaire et vidéo en ligne ne feront sans doute plus qu'un marché, plus qu'une mesure. Plus qu'un GRP qualifié par la data mobile?
N.B
- RTL Group compte plus d'une cinquantaine de chaînes de télévision linéaire en Europe : en Allemagne (Vox, RTL), en Espagne (Atresmedia), en France (Groupe M6). La société de production et de distribution TV FreemantleMedia se trouve également dans le giron du groupe. Le siège de RTL Group est au Luxembourg ; le groupe emploie plus de 11 000 personnes. Son actionnaire principal est le groupe allemand Bertelsmann (75%). En France, Bertelsmann contrôle Prisma Media (via Gruner + Jahr) qui a récemment acheté la régie vidéo AdVideum.
- Le marché des outils publicitaires vidéo ne concerne pas que la télévision : en 2014, Facebook a acquis LiveRail, entreprise spécialisée dans la commercialisation de la vidéo en ligne, AOL a acquis Adapt.tv en 2013. Google a mis en place Partner Select pour l'automatisation de l'achat d'espace publicitaire vidéo.
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lundi 3 février 2014
Self service : enquêtes à vendre
Survata vient de publier les résultats d'une étude, une de plus, sur l'évolution de Facebook chez les adolescents américains.
Selon cette enquête, reprise ici ou là, l'usage de Snapchat et d'Instagram grignoterait celui de Facebook. La marge d'erreur déclarée est de 4,9%.
Notre propos n'est pas d'ajouter une approximation ou une erreur à toutes celles que propage le Web sur ce sujet. En revanche, nous voulons pointer une évolution du marché des études.
![]() |
Le taux de non-réponse n'est pas indiqué : les non répondants ("I doo'nt use any of these") sont exclus des résultats |
Le questionnaire est diffusé sur des sites d'éditeurs ("quality sites", "around the Web"), volontaires et sélectionnés, en échange de contenus proposés aux répondants (video, e-book, etc.).
Jusque là rien que de classique : c'est la pratique des collecteurs de données, des panels...
Les problèmes commencent avec l'interprétation de ce résultat. Quelle est sa fiablilité ? Qui sont les répondants (biais) ? La représentativité par rapport au recensement américain est assurée pour l'âge, le sexe et la géographie (avec quelle granularité ?). Mais ensuite ? Quel degré de représentativité, par exemple, par rapport au mode d'utilisation du Web (technographics : appareil, O.S., etc.), au milieu social (capital économique et culturel) ? Peut-être n'a-t-on interrogé que des possesseurs d'iPhone 5, de milieux aisés, etc.
- Les résultats (Excel et Statwing) sont fournis dans les 24 heures suivant la passation.
- La politique des prix pratiquée est simple et lisible : $1.00 le répondant.
- Le modèle économique est sans doute efficace. Les coûts sont faibles et presque tous fixes : les cadeaux bon marché, la distribution du questionnaire et des cadeaux est gratuite. L'analyse des données recueillies est automatique.
- Pas de travail pour réunir un échantillon avec des quotas difficiles (de plus, on n'interroge que des internautes)
- Pas d'études de cadrage (establishment survey).
- Les coûts variables sont faibles : relecture et correction du questionnaire, marketing
Enquêtes et sondages en ligne concurrencent déjà et concurrenceront de plus en plus sur les enquêtes traditionnelles (par téléphone, par courrier, face à face). Survata n'est qu'un exemple. Google Consumer Survey ou Polar sont du même ordre, tout comme SurveyMonkey et bien d'autres (cf. par exemple, la liste établie par GreatBook). Sans compter les enquêtes sur mobile : cf. Palmopinion, par exemple, qui propose des enquêtes sur smartphone pour le marché chinois.
Cette évolution est l'effet de l'automation que permet et généralise le travail numérique : self service (chacun conçoit et réalise sa propre enquête), dématérialisation. De nombreuses enquêtes de référence des médias se mettent à suivre cette voie pour abaisser leurs coûts. Toute nostalgie plus ou moins luddiste sera vaine : il s'agit plutôt désormais de mettre en place des contrôles garantissant rigueur scientifique et information des utilisateurs quant aux limites des méthodologies.
mercredi 13 juin 2012
Twitter, média de l'immédiat
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L'actualité, c'est un tweet. Qui en parle ? Les médias. Twitter a créé un événement et les médias en parlent. Ce tweet, ce n'est pas la dépêche d'Ems mais les médias l'ont monté en déclaration de guerre... électorale.
Le média qui sort vainqueur de l'escalade à l'immédiat, c'est Twitter. Imbattable sur son terrain, le réseau social fait la Une des médias français, versions anciennes comme versions numériques. Journalisme d'écrans d'abord.
Dans cette affaire, les médias classiques ne sont plus qu'une caisse de résonance : ils reçoivent, multiplient et amplifient un événement venu d'ailleurs. Chambre d'écho, grâce à eux le bruit peut toujours courir... Surenchère de titres en jeux de mots.
"Moralité, conclut Michel Urvoy dans Ouest France, à l'heure de l'info en continu, un tweet prend mille fois plus de place que des mois de travail journalistique consciencieux". Bien sûr, une telle proposition mériterait d'être discutée, point par point. En tout cas, elle invite à (re)concevoir le mode d'information des citoyens et le rôle que peuvent y jouer des journalistes.
Au temps des agences de presse toutes puissantes, des journalistes monopolisaient la transmission des déclarations politiques à d'autres journalistes qui les reprenaient (cf. à titre d'exemple, le rôle de la presse française dans la déclaration de guerre, suite à la fameuse "dépêche d'Ems", en juillet 1870). Aujourd'hui, une partie croissante de la production et de la diffusion de l'information est réalisée directement, par les acteurs eux-mêmes. Les réseaux sociaux sont des médias performatifs. Les journalistes n'interviennent généralement qu'en deuxième ligne, après la bataille ; il ne leur reste qu'à re-twitter (RT), rapporter et commenter ce qu'ont produit les réseaux sociaux. Est-ce l'avenir du journalisme ? Certainement pas car des automates, bien dressés, joueront ce rôle de mieux en mieux, à leur place (algos d'alertes, de filtrage, personnalisation).
Ce contexte nouveau, paradoxalement donne peut-être aux journalistes un rôle plus important, celui de critique : tamiser, distinguer, séparer. C'est un rôle, noble, difficile, de "maîtres de vérité", où ils peuvent prendre "leur" temps, nécessairement loin des pouvoirs et de l'immédiat.
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L'actualité, c'est un tweet. Qui en parle ? Les médias. Twitter a créé un événement et les médias en parlent. Ce tweet, ce n'est pas la dépêche d'Ems mais les médias l'ont monté en déclaration de guerre... électorale.
Le média qui sort vainqueur de l'escalade à l'immédiat, c'est Twitter. Imbattable sur son terrain, le réseau social fait la Une des médias français, versions anciennes comme versions numériques. Journalisme d'écrans d'abord.
Dans cette affaire, les médias classiques ne sont plus qu'une caisse de résonance : ils reçoivent, multiplient et amplifient un événement venu d'ailleurs. Chambre d'écho, grâce à eux le bruit peut toujours courir... Surenchère de titres en jeux de mots.
"Moralité, conclut Michel Urvoy dans Ouest France, à l'heure de l'info en continu, un tweet prend mille fois plus de place que des mois de travail journalistique consciencieux". Bien sûr, une telle proposition mériterait d'être discutée, point par point. En tout cas, elle invite à (re)concevoir le mode d'information des citoyens et le rôle que peuvent y jouer des journalistes.
Au temps des agences de presse toutes puissantes, des journalistes monopolisaient la transmission des déclarations politiques à d'autres journalistes qui les reprenaient (cf. à titre d'exemple, le rôle de la presse française dans la déclaration de guerre, suite à la fameuse "dépêche d'Ems", en juillet 1870). Aujourd'hui, une partie croissante de la production et de la diffusion de l'information est réalisée directement, par les acteurs eux-mêmes. Les réseaux sociaux sont des médias performatifs. Les journalistes n'interviennent généralement qu'en deuxième ligne, après la bataille ; il ne leur reste qu'à re-twitter (RT), rapporter et commenter ce qu'ont produit les réseaux sociaux. Est-ce l'avenir du journalisme ? Certainement pas car des automates, bien dressés, joueront ce rôle de mieux en mieux, à leur place (algos d'alertes, de filtrage, personnalisation).
Ce contexte nouveau, paradoxalement donne peut-être aux journalistes un rôle plus important, celui de critique : tamiser, distinguer, séparer. C'est un rôle, noble, difficile, de "maîtres de vérité", où ils peuvent prendre "leur" temps, nécessairement loin des pouvoirs et de l'immédiat.
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