mercredi 30 septembre 2020

Les nouvelles formes fixes : arts poétiques


La versification introduit dans la littérature des contraintes formelles. Le théâtre classique la suit avec la règle des trois unités (Nicolas Boileau et L'art poétique et d'autres, plus tard, comme Paul Verlaine). La créativité a trouvé dans ces contraintes des appuis : le genre à forme fixe, comme le sonnet, figures imposées par l'époque...

Dans la communication publicitaire et autre (mais, est-il d'autre communication que publicitaire ?), les formes fixes sont nombreuses ; elle évoluent lentement. Les formes fixes, ce sont, par exemple, les formats : le 4x3m de l'affichage, le 30 secondes puis le 20 secondes pour la télévision, quelques formats Web, le format des petites annonces, le quart de page de la presse... La télévision a créé le sitcom et les séries : 26 mn, n fois...

De la forme fixe, de l'alexandrin classique, on est passé progressivement au vers libre (Guillaume Apollinaire). Qu'en est-il dans la communication publicitaire ?
Twitter crée un format court 140 caractères, chaque réseau social crée son propre format, de Facebook à Snapchat à YouTube... 

Il y a trop de figure libres ? Revenir à Nicolas Boileau, mais : "Avant donc que d’écrire, apprenez à penser"  (Chant 1, vers 150) !


lundi 28 septembre 2020

Des cadres et des professions intellectuelles supérieures, de plus en plus nombreux

 Virginie Forment, Joëlle Vidalenc, Les cadres : de plus en plus de femmes, INSEE Focus, N°205, 25 septembre 2020

Il y a 5,2 millions de cadres en France, représentant 19% de la population active ; leur nombre a presque triplé en quarante ans (on ne comptait que 1,8 million cadres en 1982). Les cadres sont surtout plus diplômés que le reste des personnes en emploi dans la population française : plus de 9 sur 10 sont issus de l'enseignement supérieur. 54% d'entre eux sont titulaires d'un diplôme d'enseignement supérieur de niveau Bac + 5 mais 14% d'un niveau Bac +2...

Sauf dans la fonction publique, les hommes cadres sont encore les plus nombreux. Les femmes sont plus nombreuses surtout parmi les professionnels de l'enseignement secondaire général et technique, les médecins et pharmaciens salariés, ainsi que les cadres spécialistes des fonction administratives et financières. Quand vont-elles en général finir par dépasser les hommes ? Bientôt...

Les cadres travaillent plus souvent à temps partiel et sont beaucoup moins souvent en situation de sous-emploi.

En fait, le portrait que donne l'INSEE des cadres et professions intellectuelles supérieures montre ses insuffisances : la catégorie cadre est trop confuse voire floue, vétuste même. Elle mêle des activités de statut professionnel différent. Passons sur les "professions de l'information, des arts et du spectacle", qui méritent un traitement statistique à part. La catégorie des ingénieurs et cadres techniques d'entreprise mêle les cadres sortis de grandes écoles (Centrale, X, ENS) et celles et ceux qui sortent de formations plus élémentaires, moins défendues. Et l'on pourrait analyser de la même manière la catégorie des "professeurs" qui confond tranquillement les professeurs de collèges et celles et ceux qui enseignent dans une classe préparatoire prestigieuse... Que dire des cadres de la fonction publique qui mêle les préfets et leur employés ?

Il faut donc retoucher cette classification, la moderniser pour qu'elle fasse mieux voir des différences. Aujourd'hui, elle ne parle plus assez, elle dissimule plus qu'elle ne révèle. Mais peut-être, n'est-ce pas son rôle social que de dissimuler ?

Source : INSEE, Enquête Emploi 2019


vendredi 25 septembre 2020

Le groupe télévisuel américain Scripps devient national


E.W. Scripps Co. vient de prendre le contrôle du groupe Ion Media, pour 2,65 billions de dollars, avec l'aide de Berkshire Hathaway qui investit 600 millions de dollars. Ion est situé en Floride où le groupe a été lancé en 2007. Ion Media possède 71 stations de télévision de pleine puissance dont plusieurs sont très bien placées dans les 25 premiers marchés, que E.W. Scripps diffusera avec must carry

Actuellement, E.W. Scripps détient des chaînes qui comptent 124 stations affiliées dans 60 marchés selon un contrat limité : Katz Networks (Bounce, Court TV et Court TV Mystery). La couverture est de 96% des foyers TV américains. E.W. Scripps détient également Newsy (multiplateforme).
Avec cette nouvelle acquisition, et malgré les 26 stations dont le groupe se sépare pour être en règle avec la loi limitant les concentrations (stations vendues au groupe INYO Broadcast Holdings), E.W. Scripps devient désormais le plus important des groupes de télévision commerciale. La bourse a réagi favorablement. 

E.W. Scripps a d'abord été dans le câble (avec HGTV et Food Network, chaînes qui ont été rachetées par Discovery Communications en 2017). Le groupe semble désormais se concentrer sur la télévision puisqu'il a revendu également ses possessions dans la presse et la radio ; il a revendu également Stitcher, le groupe de podcasts (en juillet 2020). Berkshire Hathaway a revendu ses possessions dans la presse (média sans avenir dira son CEO) et a pris récemment des intérêts dans Snowflake (data warehousing) lors de l'IPO.

Une chaîne de stations locales peut être actuellement intéressante puisqu'elle peut compter sur deux retransmissions particulièrement intéressantes : d'une part, les retransmissions de la NFL (National Football League) et, d'autre part, l'année étant électorale, les stations pourront compenser leurs pertes dues au coronavirus grâce aux ventes d'espace publicitaires pour les élections.



lundi 21 septembre 2020

TV14 : la bataille des quinzomadaires TV est ouverte

 
TV 14 est le nouveau magazine de télévision qui paraît toutes les deux semaines (tous les 14 jours). Il est vendu 1,4 €. Le magazine bimensuel compte 116 pages qui donnent donc "2 semaines de programmes au meilleur prix!" et se vante d'être "plus lisible".

Le magazine ne donne rien d'original : 7 pages de jeux (mots croisés, sudoku, etc.), deux pages cuisine simples (des tartes), et quelques pages de publicité (pour Leclerc, Orange, atlas, le hors série cuisine de Télé Star, etc.). Le reste commence par des sélections : séries, SVOD, cinéma, sports, replay. Puis viennent les programmes : d'abord TF1, puis France 2, France 3 et M6 et enfin 16 chaînes.

Avec ce magazine économique ("0€70 seulement par semaine", difficile de trouver moins cher !), l'éditeur s'attaque au marché populaire. 

L'autre quinzomadaire, le véritable concurrent, TV Grandes chaînes, lancé en avril 2004, appartient au groupe Prisma Media, qui détient également les magazines Télé Loisirs et Télé 2 semaines, coûte 10 centimes de plus. Il diffuse environ 640 000 numéros par quinzaine et toucherait environ 1 440 000 lecteurs (LDP, Source : ACPM / OJD) dont une majorité féminine (940 000) ; son audience est en baisse, légèrement (cf. histogramme ci-dessous, source ACPM). 

Avec TV 14, Reworld Media complète ainsi son offre de presse télévision. Notons que le groupe détient déjà Télé StarTélé Poche et Télé Magazine

Le tirage de TV 14 serait de 150 000 exemplaires pour le premier numéro (septembre) qui titre, par hasard, "Demain nous appartient" !

Une bataille commence !



mardi 15 septembre 2020

Karate Kid a pris de l'âge : voici Cobra Kaï, 34 ans plus tard, rajeuni


Cobra Kaï est la poursuite d'un ancien film (Karate Kid, 1984). Elle a d'abord été lancée par YouTube Red, devenu depuis YouTube Premium, avant d'être rachetée par Netflix qui produira la troisième saison en 2021. Notons que Amazon, AMC, Hulu et Netflix étaient déjà preneurs de la série que YouTube a emportée. Les deux premiers ensembles de 10 épisodes sont désormais, après YouTube, proposés aux abonnés de Netflix. 
34 ans plus tard, Cobra KaÏ prend la suite de Karate Kid. Sur YouTube, la série a connu un très raisonnable succès avec plus de 90 millions de spectateurs chaque année pour sa première diffusion ; sur Netflix, le succès semble prometteur également. Mais attendons la troisième saison de cette "action comedy-drama".

Pour l'instant, voici donc les deux anciens finalistes du film, William Zabka (Johnny Lawrence) et Ralph Machio (Daniel LaRusso) qui se retrouvent face à face ; ils sont maintenant patrons de dojo's et ils sont dans le rôle qu'ils occupaient dans le film, ils ont vieilli, bien sûr, et ils ont dû reprendre l'entrainement qu'ils avaient plus ou moins abandonné après Karaté Kid. Ils font revivre leur concurrence dans une atmosphère un peu ancienne et classique, quelque peu nostalgique et fière (on dirait "corny", en anglais). L'un est plutôt pauvre, parfois alcoolique, seul, sans épouse, tandis que l'autre a réussi  brillamment dans la vente d'automobiles ; il a une femme et deux enfants, dont une fille qui pratique excellemment le karaté. Le premier est hargneux, le second est calme. Et l'on retrouve aussi dans la série, entre autres, des oppositions courantes de la culture des teen-agers américains.

L'ensemble constitue une incontestable réussite pour Netflix, l'audience regroupant sans doute des anciens fans de Karaté Kid - ils ont 34 ans de plus - et des nouveaux, plus jeunes (teen-agers), qui se reconnaissent plus ou moins dans les gestes et les paroles des héros de Cobra Kaï. Conflits de générations, de cultures surtout : la plupart des Américains peuvent se retrouver dans l'un ou l'autre des héros de la série.

Quant à la série, elle même, son histoire se complexifie : des films, on passe beaucoup plus tard à une série de deux saisons (20 épisodes) sur YouTube qui, ensuite, sont reprises sur Netflix, qui lui-même produira les saison suivantes. C'est ainsi toute l'économie de la télévision qui peut se trouver bouleversée.

En octobre 2020, Netflix a lancé la production de Cobra Kaï pour une quatrième saison par Sony Television.



samedi 12 septembre 2020

La presse française, un média si divers

 

De mai jusqu'au 15 août, plus de 500 nouveaux titres et hors séries ont été publié en France. Au moins, car j'en omets encore certainement. Ce post estival complète celui que nous avons publié début juillet sur "Le déconfinement de la presse française".

La forte dispersion des créations traduit la grande diversité de la presse française, d'autant que les catégories que nous utilisons sont elle-mêmes hétérogènes, voire hétéroclites : ainsi, la catégorie "Histoire" comprend aussi bien le numéro du Figaro consacré à Pompéi ou à Jeanne d'Arc, que "Le grand guide du char d'assaut" ou "Les avions de combats de l'OTAN depuis 1949" ou encore "La grande histoire de la sorcellerie". On y trouve aussi l'histoire de la 404 Peugeot ("La reine des sixties"), "Compostelle. Histoire d'un pélerinage mythique (Châteaux et patrimoine), "1870. La disparition d'un monde" (La marche de l'histoire), ou encore "Les secrets de l'Egypte antique" (Quelle histoire mag). La même diversité peut être observée dans la catégorie "Enfants" qui comprend aussi bien des titres comme "Points à relier et à colorier" (Montessori) que "Le meilleur du Journal de Mickey" ou encore "Mes premières gommettes" de Popi.

Et l'on ne mentionnera que pour l'exemple la gestion, les loisirs créatifs (couture, etc.), la photo ou les mots croisés sans compter la pêche ou la généalogie. Puisqu'il faut de tout pour faire le monde de la presse populaire...