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lundi 9 mai 2016

Comcast : concentration et diversification dans la télévision américaine


La concentration dans les médias américains va bon train. Nous assistons à la création d'un gigantesque groupe télévisuel et numérique ; le groupe Comcast NBC Universal.
Comcast fut d'abord un opérateur du câble (1963), le premier des multi-system operators (MSO), un MVPD (Multiple Video Programming Distributor).

Intégration verticale
De distributeur (broadcast et broadband), il devient producteur de contenus en 2011 en prenant le contrôle du network NBC et des studios Universal ; Comcast règne alors sur deux networks nationaux : l'un anglophone (NBC), l'autre hispanophone (Telemundo) ainsi qu'un fournisseur de contenus (studios).
En achetant DreamWorks Animation (Shrek, Kung Fu Panda, Madagascar, How to Train Your Dragon) pour 3,8 milliards de $ cash en mai 2016, Comcast poursuit sa mue, s'étendant de la distribution vers les contenus, le divertissement : production de fictions pour la diffusion dans les médias (télévision familiale, pour enfants) et l'utilisation pour les parcs à thème et le merchandising.

Dans les domaines de la fiction et de l'animation, Comcast Universal devient un concurrent sérieux de Disney et de Time Warner.

Avec Dreamworks, Comcast acquiert aussi un multi-channel network (mcn), AwesomenessTV.

Comparé aux autres groupes de télévision, Comcast se distingue par une présence sur tous les segments, tous les supports (cf. tableau synoptique ci-dessous).
Tous ces groupes se distinguent nettement de Netflix dont l'essentiel de l'activité concerne désormais la production, l'achat de droits et l'internationalisation. Aux antipodes de Comcast.

Stratégie numérique
En même temps, Comcast a pris plusieur dizaines de participations dans des startups liées à la vidéo (Video Service Providers, VSP) et au programmatique : mobile, ad-insertion, DOOH, WI-FI, réalité virtuelle... FreeWheel, acheté par Comcast en 2014, a acheté en mai 2016 le SSP français StickyADS.tv, spécialisé dans le programmatique vidéo.
En 2015, NBC Universal a investi 200 millions de $ dans Buzzfeed (réseau social d'information) et 200 millions dans Vox Media qui regroupe 8 marques d'information sur le Web (technologie, sport, jeu vidéo, shopping, décoration, style, etc.).
Le numérique devient un vecteur alternatif, un relais des contenus de Comcast, le complément et l'avant-garde de sa télévision linéaire et le laboratoire de la nouvelle publicité télévisée.

Avec ces multiples fers au feu, Comcast développe une stratégie offensive, sur tous les fronts.

Tableau synoptique des principaux groupes de télévision américains (aux Etats-Unis uniquement)

vendredi 14 novembre 2014

Facebook élu par les élections américaines


Les prochaines élections présidentielles américaines (novembre 2016) ont-elles déjà élu Facebook ?
Nous observons depuis quelque temps que Facebook fournit des données exclusives aux instituts d'études. C'est déjà ce que l'on peut observer en France, avec OCR (Online Campaign Rating), outil d'évaluation publicitaire de Nielsen / Médiamétrie pour lequel Facebook fournit les données socio-démographiques. Aux Etats-Unis, Facebook collabore avec Nielsen pour la mesure de l'audience de la télévision regardée sur des supports mobiles.
Facebook dispose d'une quantité de données de comportement et d'attitudes concernant 1350 millions de personnes (source : Facebook). De plus, ces données, rafraîchies fréquemment et interconnectées (non atomisées), permettent des études longitudinales.

Aux Etats-Unis,, les élections représentent un enjeu particulièrement important pour Facebook puisque la publicité électorale y est autorisée et qu'elle constitue une formidable source de revenus pour les médias. Dans la perspective des élections présidentielles de 2016, Facebook attaque ce marché dont profite surtout, jusqu'à présent, la télévision, nationale et locale. Notons que, pour annoncer sa politique d'immigration, le Président Obama a recouru à Facebook (cf. Byron Tau,"Obama Turns to Facebook to Announce Big News", Wall Street Journal, Nov. 19, 2014).
Lors de son entrée en bourse, Facebook avait prévenu que son ambition était de s'emparer du marché publicitaire de la télévision. A cette fin, Facebook dispose désormais d'une puissante force de frappe vidéo, notamment mobile.
Les élections vont-elles se jouer sur Facebook ? Le débat politique ne manquera pas d'y avoir lieu. De plus, Facebook sera la base d'analyses de sentiment politique ("sentiment analysis") effectuées à partir de son corpus langagier, immense et varié, naturel, actuel. Ces études seront mises à disposition des journalistes de Buzzfeed News et du network ABC, de leurs politologues et analystes électoraux (data journalism).

Que fera-t-on de telles données ?
S'il ne s'agit que de s'en tenir à la distinction entre opinion positive ou négative (opinion mining), il n'y a pas grand chose à en attendre, sinon des benchmarks donnant aux journalistes des occasions régulières de communiquer.
Mais Facebook aura aussi pour effet d'étendre le champ du politique et d'abaisser le "cens caché" qui barre l'entrée dans la politique (l'abstention a sa sociologie. cf. Alain Lancelot). Certes, ceux qui ne sont pas sur le réseau social, ceux qui n'y sont pas actifs resteront des "abstentionnistes". En revanche, même s'ils ne participent pas expressément à la discussion politique, les internautes actifs manifesteront sur Facebook des opinions, des sentiments, des émotions à partir desquels, grâce à l'analyse textuelle (NLP, deep learning), on pourra reconstituer des habitus susceptibles de prédire des dispositions politiques.
De telles analyses ajouteraient une dimension quali au quanti des sondages, un supplément d'âme, d'ethnologie électorale...

Source : Buzzfeed, The Facebook Election