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lundi 30 mars 2015

TabletTV, télé mobile, gratuite, sans câbles

L'antenne de réception de TabletTV. Source : TabletTV

TabletTV a débuté à l'occasion de Noël 2014, à San Francisco.
Le lancement s'est effectué en collaboration avec une station indépendante appartenant à Granite Broadcasting, KOFY-TV (TableTV est une JV de Granit Broadcasting et Motive Television, une entreprise de technologie).
TabletTV est une JV (1992) de Granite et de Motive Television (entreprise londonienne).

Pour recevoir TabletTV, il faut avoir téléchargé l'application sur sa tablette (gratuite dans l'App Store de Apple) et utiliser l'antenne fournie (TPod, tuner ATSC) associée à un enregistreur (VCR d'une capacité de 7 GB). Le signal capté par le tuner est retransmis à la tablette via Wi-Fi.
Le slogan de TabletTV est "Set Yourself Free" : libérez-vous ! du téléviseur et de ses câbles, des antennes, des abonnements, des horaires de la télévision linéaire. TabletTV apporte aussi la mobilité.

Pour bénéficier de TabletTV, il faut payer 89,95 dollars, une fois pour toutes. Ensuite, il n'y a plus rien à payer, que l'on regarde en direct ou que l'on enregistre. Toutes les stations terrestres gratuites du marché (broadcasting, standard numérique ATSC) sont accessibles, soit une cinquantaine à San Francisco (DMA N°6), TabletTV couvre donc de facto tous les grands networks, commerciaux et publics. La réception pour l'instant est réservée aux tablettes iOS (Apple, iPad), la version android sera proposée un peu plus tard. TabletTV propose également un guide de programme (EPG).
A terme, le service sera disponible dans d'autres marchés (DMA), s'ouvrira à d'autres appareils (smartphones) ; la VOD / SVOD seront également accessibles.
Pour les stations de la télévision locales et les chaînes nationales (networks) qu'elles retransmettent, l'inconvénient de cette solution est que leur audience, échappant au téléviseur, échappe à Nielsen et à ses audimètres. Audience non mesurable, audience non vendable : bonne affaire pour les annonceurs !

Voici une solution nouvelle, une de plus, pour dispenser les téléspectateurs de s'abonner aux services d'un opérateur TV (câble, satellite, télécoms). Après l'échec de Aereo pour des raisons législatives, après le développement d'une solution OTT voisine par CBS All Access, avec Syncback, la mobilité gratuite et commode (cord-cutting ou cord-never) revient sur le devant de la scène télévisuelle américaine.

En Grande-Bretagne, Tablet TV a été également lancée en décembre 2014, juste avant Noël. TabletTV UK permet de recevoir Freeview, le bouquet de chaînes terrestres.


samedi 10 janvier 2015

OTT everywhere. A TV paradigm shift?


American television goes over-the-top (OTT). Streaming, broadband, stand-alone, OTT, vMVPD: are we seeing the beginning of a TV paradigm shift?

Streaming started for TV with Netflix, Amazon and Hulu around 2006-2008. A few years later, as OTT flourishes, Netflix boasts over 43 million subscribers, more than HBO. Now, traditional media launch their own OTT service. Among them:
  • CBS All Access, a paid subscription channel ($6/month with commercials, $10 without), on-demand. Sort of catch-up TV. All kinds of its programs with a few notable exceptions: NFL or "The Big Bang Theory". CBS will use its Syncbak server. Each CBS station will be equipped with it. Generally speaking, CBS affiliated stations approve CBS All Access. Note that since it is not part of Hulu, CBS was free to develop CBS All Access. In retrospect, it also explains the determination to destroy Aereo. In July 2015, CBS All Access reaches 75% of U.S. TV homes. In August 2017, CBS All Access adds CBSN. In 2018, CBS All Access will be available ad-free via Amazon Channels (Amazon Prime subscribers).
  • CBS News
  • HBO Now launched a stand-alone OTT service, like Netflix. It is not necessary to buy packages to watch HBO (included in premium bundles) as a Web streaming-only service. No need for a pay-tv subscription. HBO is expecting 10 million subscribers. HBO costs $16 a month while Netflix is sold for $9 (in the USA). HBO Now $14,99 per month (via iTunes Store)
  • Showtime (CBS Group): the President says Showtime is "prepared for an OTT World" (Showtime's OTT service to debut in July 2015, $10.99).
  • Dish Network launched its OTT service in February 2015, Sling TV streaming 19 channels for $20 (600,000 subscribers, February 2016)
  • ESPN will create a stand-alone service with NBA
  • For Starz, "going OTT is a no-brainer for content owners". Launched in April 2016 ($8,99).
  • In December 2014, DirecTV launched YaVeo, a service for Spanish-language programming ($8), including programs from Univision, Caracol, etc. YaVeo was closed in December 2015.
  • Nickelodeon (Viacom) launched Noggin, an OTT channel dedicated to children using mobile in 2015 ($6)
  • Major League Soccer will go OTT in 2015 too
  • Urban Movie Channel (UMC) launched in February 2015
  • Watchable by Comcast (beta version, September 2015)
  • Cox Flare MeTV (November 2015), Flare Kids
  • CuriosityStream, non-fiction programming, 2015
  • Verizon Communications: Go90, free to start with (October 2015)
  • Smithsonian Earth, $3,99 (November 2015)
  • Univision Now (Univision, UniMas), $5,99, launched in November 2015
  • SeeSo, comedy channel, launched by NBCU (January 2016), closed in 2017
  • FilmStruck, streaming service, announced by Turner (April 2016, Time Warner)
  • PlayStation Vue, launched by Sony in March 2015 (120 000 subscribers in June 2016). Cloud DVR.
  • Hulu: slimmed-down bundle (planned Q1 2017)
  • DirecTV Now (with AT&T, planned March 2017)
  • Glosi ($9,99): Hispanic multiscreen service with Cox (2017 ?) 
  • Fox Nation will be launched in 2018 (fourth quarter)
A new TV paradigm? What are the implications? For the time being, the development and generalization of OTT television pose many questions.
  • HBO and Showtime going OTT could interfere with MVPDs (Multiple Video Programming Distributors) like DirecTV and MSOs, which sell HBO or Showtime as a flagship product in a bundle, a mix of programs. Is there a risk of cannibalization?
    • Could OTT increase the propensity to leave bundling, raising the number of cord-cutters or cord-nevers? Will MVPDs sell the streaming service too? What are the consequences on MVPDs and their bundle economy? Is this the beginning of the end for MVPDs?
    •  
    • Would OTT become just another way to sell TV programs, as CBS says? A "supplementary offering" to reach broadband-only homes (cord-free)? 
    • How about Net neutrality? The FCC will vote on new rules. Netflix is criticizing the Republican "fast lane" proposition, calling it a "misconception", but the FCC wonders if Netflix is not building or testing its own "fast lane".
    • What about advertising? OTT channels do not carry commercials. But this could change... Could free OTT with advertising make sense?
    • How will commercial measurement keep up with these new platform developments? 
    • In the long run, will every network develop its own OTT(s)?
    Screenshot of http://www.cbs.com/all-access/

    mercredi 30 juillet 2014

    Audience mobile : le grand chambardement


    Le mobile, smartphone ou tablette, n'en finit pas de tout remettre en question dans les médias. Alors que tout semblait se stabiliser après le choc Internet, les médias mobiles bouleversent tout à nouveau. Avant tout média était fixe, au foyer ou hors du foyer. Maintenant, le mobile, non seulement est partout mais il est plus ou moins lié à tous les autres médias. Obsolescence non calculée, la communication mobile ringardise l'ordinateur. Social TV et multiscreentasking au foyer. Les formats courts vidéo prennent de plus en plus d'importance. Dans la ville, devant les vitrines et les affiches, dans les points de vente, le mobile convoque les applis commerciales du e-commerce.

    La mesure, qui, mieux que tout, mesure le désarroi et l'enthousiasme qui saisit parfois le marketing, reflète ce chambardement. Voilà que l'on a plus de data d'activité média (cookies) que de personnes : les consommateurs se sont dédoublés, multipliés car on ne sait guère saisir le consommateur unique, le même, celui, celle, qui tour à tour lit son courrier sur son smartphone, joue sur sa tablette, travaille sur un ordinateur au travail et sur un autre ordinateur à la maison. Tout cela avec des applis. Les panels y perdent leur statistique et les cookies s'émiettent. On rêve bien sûr de donner au consommateur un identifiant unique, de reconnaître la même consommatrice au magasin et sur un site de e-commere (off-line to online, O2O). On comptait sur le smartphone pour réconcilier les pratiques : iOS 8 met ce rêve au rancart en rendant l'identifiant aléatoire (random MAC address). Adieu store analytics avec Wi-fi et smartphones ! Voici le iBeacon et le Bluetooth LE.
    Cauchemards marketing ? Voici toutefois deux éclaircies.
    • OCR (Nielsen) prend désormais en compte le mobile (navigateurs et applications). Heureusement car Facebook sans le mobile semblait une mauvaise blague. Il semble d'ailleurs que Nielsen et Facebook échangent des informations concernant les consommations de télévision sur mobiles (cf. Robert Faturechi, Meg James, "Facebook to track users' TV habits", Los Angeles Times, July 14, 2014). Il semble qu'avec l'exploitation massive de data, Facebook fournisse de plus en plus de données marketing et d'audiences, devenant ainsi un partenaire des instituts d'études... avant peut-être de devenir davantage qu'un partenaire ?
    • Mesure de l'audience de la TV reçue sur mobiles
    Nielsen, encore, dans le DMA de San Francisco Bay Area (DMA N°6, premier DMA pour la population asiatique américaine - Asian Americans), mesure et qualifie l'audience sur support mobile de la station KTSF 26. Le signal broadcast est reçu en direct sur mobiles avec Syncbak qui a intégré le SDK de Nielsen (watermarking). Syncbak permet également la réception de la VOD payante.
    KTSF-TV est une station indépendante (Lincoln Broadcasting Company) s'adressant particulièrement à la population asiatique de la région de San Francisco (1,5 million de personnes ; chinois mandarin et cantonais, japonais, coréen, etc.). Cette population semble sur-équipée en mobiles.

    L'audience sur mobiles, ainsi mesurée, sera intégrée dans la mesure locale du DMA (NSI). Notons que cette mesure est plus complète que la mesure locale courante puisqu'elle est passive, qu'elle donne des informations socio-démographiques riches, indique les épisodes d'une série regardés en VOD, les messages publicitaires vus...

    Syncbak fait partie des solutions tentées aux Etats-Unis pour la réception de la télévision locale broadcast sur support mobile : cfla télévision partout. Le network CBS est actionnaire minoritaire de Syncbak qui devrait connaître un sort plus favorable que Aereo, attaqué et coulé par les puissances télévsuelles en place.

    Appli KTSF /Syncbak dans l'App Store

    jeudi 26 juin 2014

    TV américaine: Aereo, c'est fini


    La Cour Suprême des Etats-Unis a tranché, par 6 voix contre 3 : Aereo est illégal. La Cour a considéré que Aereo n'était pas différent d'un réseau câblé (overwhelming likeness) et que le service viole la loi sur le droit d'auteur (Copyright Act de 1976). Texte de la décision de la Cour, ici.
    Victoire des groupes médias traditionnels (networks) menés par Disney/ABC, défaite significative des groupes média nouveaux (dont Apple, Google, Roku, Samsung,...). Victoire, sans doute provisoire, de la télévision installée, fatalement conservatice, aux dépens des innovations technologiques issues du numérique.
    Sur l'état des forces en présence : ici.

    Pourtant des questions restent posées concernant l'utilisation de systèmes d'enregistrement recourant au cloud-storage et au network DVR des opérateurs du câble ; il faudra, pour y voir clair, attendre d'autres décisions de justice à ce sujet.
    Aereo semble avoir peu de solutions immédiates : payer des droits de retransmission (retransmission fees) aux détenteurs de contenus (broadcasters), ou déposer le bilan ? Pour l'instant, le service est "suspendu", les abonnés seront remboursés.
    En revanche, une entreprise comme Syncbak, qui collabore avec les networks pour la diffusion des chaînes sur le Web, peut espérer tirer profit du jugement de la Cour.
    A terme, la modernisation de la législation sur le droit d'auteur et du Communication Act de 1934 semble nécessaire.

    Sur Aereo, dans ce blog :
    Aereo: TV numérique sans câble
    Aereo insupporte les puissances télévisuelles américaines
    Aereo et l'avenir du modèle économique de la TV amériaine
    Aereo: coupure dans l'économie de la télévision américaine

    Lettre du fondateur et P-DG de Aereo, publiée par Wall Street Journal le 28 juin 2014

    samedi 5 avril 2014

    Aereo : coupure dans l'économie de la télévision américaine


    Aereo est un dispositif qui permet de recevoir sur tout appareil numérique, mobile ou fixe, la télévision diffusée localement par voie terrestre moyennant un abonnement pour couvrir l'accès à une antenne distante et à un enregistreur numérique distant également (in the cloud platform).

    Depuis son lancement en 2012, Aereo divise le marché américain de la télévision. Avant le 22 avril 2014, date à laquelle la Cour Suprême doit se prononcer sur sa légalité et sur son avenir, les prises de position publiques sous la forme d'amicus brief adresses à la Cour se multiplient, révélant une structuration du champs des intérêts télévisuels. Les positions hostiles ont été les premières à se manifester (cf. Aereo insupporte les puissances télévisuelles américaines), ensuite, se sont fait connaître les organisations favorables à Aereo.
    Cette division des acteurs du marché recoupe d'assez près celle du débat sur le SOPA (2012) : logique puisque l'enjeu du débat est celui du droit d'auteur et des contenus. Cette division révèle la coupure entre les entreprises anciennes qui produisent et contrôlent les contenus, d'une part, et les entreprises nouvelles nées des technologies numériques, entreprises de spectacles sans contenus (ou très bon marché, user generated content) qui exploitent la socialisation, la recherche et la mise à disposition de contenus.

    D'un côté, favorables à Aereo, les entreprises d'électronique et de cloud computing, les associations de consommateurs qui prônent la réduction des coûts du numérique et les méta-média (entreprises dont le métier consiste à faciliter l'accès à des contenus, sans les produire : ce sont surtout des sociétés exploitant le Web comme Facebook, Google, etc.). Selon elles, Aereo peut être assimilé à une antenne ou à un enregistreur numérique (DVR).
    De leur point de vue, la Cour Suprême doit être neutre quant à la technologie, il n'est pas dans son rôle de définir l'avenir de la télévision ("either way, the Court should not attempt to predict the future of television.”)

    De l'autre côté, hostiles à Aereo, se trouvent les partisans du status quo ante bellum, détenteurs directs des droits d'auteur ou en profitant indirectement : stations et groupements de stations (networks), studios.

    Pour Aereo :

    The American Cable Association (ACA) qui représente plus de 800 petits et moyens câblo-opérateurs (et non les MSO)
    Dish Network / Echostar (opérateur satellite / satcaster)
    Consumer Electronics Association
    Electronic Frontier Foundation
    Public Knowledge
    Engine Advocacy
    Des associations de consommateurs : The Consumers Union (CU), the Consumer Federation of America (CFA)
    Computer & Communications Industry Association (CCIA) qui compte parmi ses membres, entre autres, Google, Yahoo!, Samsung, Microsoft, Facebook, T-Mobile. Elles défendent surtout le cloud computing.
    Mozilla Corporation
    Des petits opérateurs indépendants de stations comme Blok Broadcasting (WKRP Cincinatti), Soul of the South Television, WatchTV, Mako Communications, LeSEA Broadcasting, Cocola Broadcasting

    Contre Aereo :

    SAG-AFTRA (syndicat d'acteurs, artistes, animateurs, journalistes du secteur de la télévision)
    Les studios : Viacom, Time Warner, Warner Bros Entertainment
    Les networks, y compris PBS
    Les groupes de stations de télévision locale
    Des ligues sportives professionnelles : NFL, MLB
    L'administration Obama

    jeudi 13 mars 2014

    Aereo insupporte les puissances télévisuelles américaines


    Aereo permet de recevoir aisément, sur tout support numérique, mobile ou non, les stations de télévision d'un marché local aux Etats-Unis. Avant que la Cour Suprême ne se prononce sur son avenir, le 22 avril, Aereo aura eu au moins un mérite, celui d'avoir déchaîné la fureur calculée des "experts" et groupes de pression divers en matière de télévision. Rien de tel qu'une menace pour faire voir, comme un précipité, tous les intérêts et forces de conservation en jeu dans l'économie télévisuelle américaine.
    •  Dans des avis (amicus briefs) adressés à la Cour Suprême des Etats-Unis, les groupes de chaînes et de stations font valoir que Aereo avec son "gadget" (technological gimmick) menacerait tout l'édifice télévisuel américain et la législation du Copyright. "Aereo seeks to subvert a carefully constructed legal framework with a technological gimmick". Sont en question, selon la National Association of Broadcasters, les "retransmission fees". Et puis, Aereo provoquerait une migration des émissions populaires gratuites vers la télévision payante. Bien sûr, des professeurs de droit ont largement exprimé ce point de vue dans le Los Angeles Times ; ce quotidien régional grand public appartient à... Tribune Company, qui est le premier groupes de stations de télévision.
    • Des groupes de pression canadiens et même mexicains y sont allés aussi de leur amicus brief selon lequel Aereo menace les traités internationaux : interventions du Canadian Media Production Association, de Music Canada, de l'Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists (ACTRA).
    • Les ligues sportives ne sont pas en reste : la NFL et le MLB ont fait savoir à la Cour Suprême que Aereo pourrait remettre en question l'accès gratuit aux sports populaires, dont le football et le baseball.
    • Les networks commerciaux renchérissent et font savoir que leur hostilité est absolue. Ainsi, Fox menace de diffuser son network exclusivement sur le câble, court-circuitant les stations locales. De son côté, le groupe CBS menace, en cas de victoire d'Aereo, de diffuser le network sur le Web (OTT). 
    • Le ministère de la justice de l'administration Obama (Justice Department) et le United States Copyright Office ont également pris parti contre Aereo.
    • Même PBS, network de service public (351 stations), se joint aux groupes de stations commerciales, au nom de la défense du copyright.
    Cette formidable mobilisation contre Aereo confirme à quel point le modèle économique de la télévision américaine repose sur les stations locales et leurs regroupements publicitaires (du type barter syndication). Le 22 avril 2014 sera une date clé de l'histoire de la télévision aux Etats-Unis.


         Sur Aereo
    Aereo TV numérique sans câble
    Aereo et l'avenir du modèle américain de télévision
    La télévision partout sur tout support numérique

    mercredi 8 janvier 2014

    Réseaux et studios américains : interdépendance et statu quo


    Les studios américains les plus importants (Hollywood) dépendent pour une grande part du revenu des chaînes qu'ils contrôlent ; elles représentent une composante essentielle de leur bénéfice d'exploitation (operating profit). Leurs revenus proviennent pour partie de la publicité, mais surtout du versement des câblo-opérateurs (monthly fees). Rappel : selon SNL Kagan, ESPN, par exemple, touche plus de 5,5 $ par abonné par mois (100 millions d'abonnés).
    On comprend, à la lecture de ces données, la sensibilité des relations studios / réseaux : les studios font tout pour ne compromettre en rien le modèle économique des principaux câblo-opérateurs (MSO) et, notamment, pour protéger l'abonnement groupé (bundling) contesté en faveur d'achats à la carte, ainsi que pour maintenir le principe de la rémunération négociée de la retransmission (retransmission consent, lutte contre Aereo, etc.).

    Données calculées pour les trois premiers trimestres 2013. Source : The Hollywood Reporter, January 10, 2014

    dimanche 15 décembre 2013

    La télévision partout sur tout support numérique (Etats-Unis)

    .
    NimbleTV étend l'accessibilité de la télévision à tout support numérique, ordinateur, tablette, smartphone (tout appareil avec une connexion IP), dès lors que l'utilisateur souscrit un abonnement auprès d'un opérateur local.
    Cette solution exprime la volonté de concilier les intérêts des producteurs, des distributeurs et des téléspectateurs.
    NimbleTV a été créée en 2010 à New York. Depuis, elle a levé 6,15 millions de $ ; elle emploie une quinzaine de personnes.

    NimbleTV, comme son nom l'indique, se veut agile. Pour bénéficier de NimbleTV, une bonne connexion Internet et un navigateur suffisent. Les programmes auxquels le téléspectateur accède et qu'il peut enregistrer sont ceux auxquels il a souscrit (authentification nécessaire) via un abonnement à un service local auprès d'un opérateur câble, satellite ou télécom. Si le téléspectateur n'est abonné à aucun service, NimbleTV se charge à sa place de la démarche d'abonnement. NimbleTV facture un supplément de 4 à 7 $ couvrant ses frais de retransmission et de transaction ainsi que l'accès à un enregisteur numérique (cloud DVR), la différence tenant à la capacité d'enregistrement choisie, de 20 à 90 heures / mois.

    Un tel service est-il légal ? A priori, oui. Pour l'instant, il n'y a pas de poursuites des opérateurs ou des chaînes contre NimbleTV alors que leurs poursuites contre Aereo sont virulentes - mais n'ont pas abouti. En fait, le service de NimbleTV ne se distingue pas fondamentalement du dispositif TV Everywhere mis en place depuis 4 ans par les opérateurs câble et satellite, Time Warner, Comcast, DirecTV en tête, avec l'accord des éditeurs. Ce type de service n'est différent non plus, dans son principe, de TiVo Stream ou de la Slingbox, mais il est beaucoup plus commode (N.B. une Slingbox est incorporée dans le Hopper de Dish).


    Tous ces services ont en commun de répondre à un besoin croissant de mobilité et de simplicité ("painless") pour la réception de la télévision sur divers appareils. En revanche, les réponses qu'ils apportent à ce besoin varient, tant au plan de la technologie que du modèle d'affaires.
    Observons, pour compléter le panorama, que, à côté de ces services, se développent, plus ou moins incubées par les networks, pour voir, des applis pour la réception de la télévision locale : Watch ABC (qui fonctionne avec TV Everywhere), Syncbak (dans laquelle a investi CBS) ou Dyle Live Mobile TV (soutenue par Fox).

    Tous ces services représentent une réflexion en acte sur les évolutions possibles du modèle technique et économique de la télévision. Le modèle ancien, âgé d'une soixantaine d'années, est malmené par les innovations issues de la culture Web, plus souples (nimble), plus ergonomiques que celle des mastodontes de la distribution télévisuelle (groupe de stations, opérateurs câble, satellite, télécoms).

    Remarques
    • Ces initiative récentes semblent éclipser le débat sur la télévision connectée, qui fut si animé il ya peu de temps. 
    • La question de la mesure globale des audiences, immobiles et mobiles, mesure indispensable au modèle économique publicitaire (Time Warner Cable Media propose Ads Everywhere) reste entière : certes, l'authentification permet un comptage précis des connexions mais les panels multi-plateforme actuels --OCR, vCE -- sont-ils suffisants, et crédibles ?
    • On notera encore que, en aucune manière, la production télévisuelle n'est malmenée et son modèle d'affaires contesté par ces innovations.
    • Jamais n'est évoquée lors de ces débats la ponction publicitaire effectuée par YouTube sur le marché (20% du chiffre d'affaires de la vidéo aux Etats-Unis en 2013, selon eMarketer). 

    mercredi 30 octobre 2013

    Aereo TV et l'avenir du modèle économique de la TV américaine


    Depuis plus d'un an maintenant, un spectre hante la télévision américaine : Aereo.
    Source : Aereo
    Aereo (IAC) permet la réception de la télévision locale terrestre, celle des stations du DMA où l'on se trouve, sur un support numérique quelconque : tablette, smartphone, ordinateur. Pour cela, Aereo installe des petites antennes qui captent les programmes que diffusent (brodcast) les stations locales et les retransmettent via Internet.
    Pour le consommateur, pas de câble, pas d'équipement de réception spécifique, mobilité assurée simplement. Pour 80 $ par an (8 $ par mois), le consommateur peut accéder aux antennes Aereo et regarder une vingtaine de stations, tous les networks. De plus, Aereo offre l'enregistrement, donc le différé, sans appareil (cloud DVR). Pour Aereo, il reste un problème technologique : des coûts de retransmission élevés (électricité pour alimenter les antennes) qui pourraient menacer l'équilibre économique de l'opération.
    Aereo étend son offre, DMA après DMA, en partant de la côte Est des Etats-Unis. 7 DMA couverts aujourd'hui, 22 DMA prévus pour la fin 2013 (mais Chicago sera en retard).
    Aereo, surtout s'il est couplé à une offre OTT (Netflix, Hulu, Apple TV, etc.) peut dispenser de l'abonnement à un agrégateur (bundling) et inciter au désabonnement (cord-cutting).
    • Les groupes de stations (Sinclair, Hearst, etc.) et les networks mènent une bataille juridique constante devant les tribunaux pour que Aereo cesse ses retransmissions, en vain jusqu'à présent. Les plaignants ont maintenant saisi la Cour Suprême (SCOTUS). Le prétexte mis en avant est l'infraction au droit d'auteur (copyright infringement). Ils ont été rejoints en novembre 2013 par des ligues sportives, baseball (MLB) et football (NFL).
    • Les grands opérateurs du câble (MSO) et du satellite s'intéressent de près au modèle Aereo. En effet, s'ils adoptaient un modèle du même type, ils n'auraient à payer des droits de retransmission aux stations (donc aux networks) qu'ils retransmettent ; or, le montant total des droits de retransmission payés par les opérateurs du câble et du satellite s'élèvera, en 2014, à plus de 6 milliards de dollars.
    • De leur côté, des networks auraient envisagé, en mesure de rétorsion, de ne plus diffuser leurs programmes par voie terrestre (donc sans passer par des stations affiliées ou leur appartenant) et de revendre leurs fréquences.
    • Notons encore que, en 2013, CBS a pris une participation dans Syncbak, une entreprise qui travaille à un modèle homologue à celui de Aereo et permettant la diffusion de la télévision locale sur des supports numériques mobiles. Deux associations interprofessionnelles, la NAB (National Association of Broadcasters) et la CEA (Consumer Electronics Association), sont également actionnaires de Syncbak. Syncbak est testé par une centaine de stations.
    L'enjeu de la bataille est donc d'importance puisque c'est tout le modèle économique de la télévision commerciale américaine qui est en question. Sarah Laskow, dans Columbia Journalism Review du 30 octobre fait justement remarquer que, si la presse économique a titré sur le sujet, sur Twitter, on n'y a pourtant accordé aucune visibilité (cf. "SCOTUS could change how you watch TV"). Limite des réseaux sociaux en matière d'information quand seul le lecteur décide des sujets à couvrir.
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    dimanche 23 juin 2013

    TV payante : désabonnements aux Etats-Unis

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    Un foyer américain sur cinq n'accède à la télévision que par la transmission terrestre : ni câble, ni satellite, ni télécom, une antenne en râteau sur le toit. De cette voie terrestre, dans certains marchés (New York, Boston, etc.), les émissions peuvent être transférées à bon marché sur supports mobiles (tablette, smartphone, etc.) avec Aereo ou Boxee Cloud DVR.
    Le taux de réception exclusivement terrestre est passé, en deux ans, de 14% (2010) à 19,3% (2012). Ce taux est de 41% pour les foyers appartenant à des "minorités", disposant généralement de revenus moindres, il est 28% pour les foyers de personnes de 18-34 ans, selon une récente étude de GfK Media & Entertainment, "The Home Technology Monitor". Notons encore qu'une étude de Harris Interactive pour CouponCabin.com en juin 2013 estime que 45% des Américains considèrent que s'abonner au câble relève du gaspillage ("waste of money").
    Les raisons de cette désaffection pour la réception payante sont multiples et se sur-déterminent pour aboutir à une décision de rupture. Question d'économie, d'âge et de génération, sans doute.
    Contestation d'un abonnement par forfait (bundle) qui fait payer certains contenus à des abonnés qui n'en veulent pas, et tout particulièrement des contenus sportifs, si onéreux que certains demandent qu'il fasse offre à part.
    Sous l'effet exaspérant de la crise économique et du sentiment de ne pas en avoir pour son argent, des foyers coupent l'abonnement : cord-cutting.

    D'une part, le passage de la télévision terrestre au numérique a augmenté l'offre de télévision terrestre, télévision  linéaire gratuite.
    D'autre part, les chaînes "thématiques" comprises dans le forfait de base, se trouvant de plus en plus encombrées de publicité, ne constituent plus une alternative satisfaisante à la télévision terrestre, elle aussi farcie de publicité (pour les éviter, un opérateur propose un hopper). Au-delà de la télévision terrestre gratuite, la concurrence de supports sans publicité, d'accès commode avec une offre riche est nombreuse : Netflix, Hulu+, iTunes, Amazon Prime, etc.

    Le luxe télévisuel n'est plus de disposer, avec le câble ou le satellite, de centaines de chaînes ; c'est plutôt, désormais, de disposer des émissions que l'on veut, quand on veut, où l'on veut, à la demande, à l'unité. Pas trop chère, sans intrusion publicitaire. Maximiser sans contraintes.
    Et voici les "cord-nevers" foyers TV qui ne s'abonnent pas et ne s'abonneront peut-être jamais... Sauf à la téléphonie. S'il ne reste qu'un abonnement, ce sera sans doute celui là. Les américains le disent, surtout les plus jeunes : on peut vivre aisément sans téléviseur mais pas sans smartphone.
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    dimanche 2 juin 2013

    Watch ABC App, "Eveywhere" seulement

    Watch ABC App sur iPad mini (copie d'écran d'accueil)
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    La mutation de la télévision est progressive, elle s'accomplit par petites touches. Ainsi, le groupe ABC / Disney met-il en place une offre bientôt complète de ses programmes télévisés pour être regardée sur des supports mobiles (tablettes et smartphones notamment, via des applis).

    Watch ABC, une appli du network ABC a été lancée à la mi-mai lors de l'ouverture du marché upfront pour la saison 2013-2014. Proposée à New York (DMA N°1) puis à Philadelphie (DMA N°4). Bientôt, elle sera étendue aux 8 marchés où ABC possède une station (O&O) : Los Angeles, Chicago, San Francisco, Houston, Fresno, Raleigh-Durham. Ensuite, elle sera accessible dans les 13 marchés où le groupe Hearst possède des stations affiliées à ABC (Boston, Milwaukee, Kansas City, Pittsburgh, etc.).

    D'abord conçue pour les appareils Apple (iOS), l'appli vient d'être étendue aux tablettes Kindle Fire d'Amazon. L'appli donne accès aux programmes en linéaire et à des émissions à la demande, en prime time comme en day time.
    Toutefois, elle n'est accessible qu'aux abonnés au câble ou aux télécoms (U-Verse de AT&T) dès lors que leur abonnement a été vérifié ("authenticated") par le service Watch TV Everywhere.

    C'est la cinquième appli de ce type proposée par Disney pour ses chaînes Watch Disney Channel, Watch Disney XD et Watch Disney Junior. Il existe également une appli Watch ESPN (sport) et une appli ABC Family a été lancée en janvier 2014.
    C'est une politique constante du groupe que de mettre à disposition ses programmes via des applis (ABC News, Disney Junior Appisode, ABC Player, ABC Family Player, etc.) en recourant à la vérification par TV Everywhere. De cette façon, Disney ne court-circuite pas les opérateurs satellite, câble ou télécom : l'objectif de TV Everywhere, mis en place à l'origine (2009) par Comcast et Time Warner Cable, les deux premiers câblo-opérateurs, est de maintenir la nécessité de l'abonnement, freinant ainsi l'avénement de la télévision connectée et des offres OTT comme Netflix ou Hulu Plus. NB. L'offre mobile HBO GO n'est accessible qu'aux abonnés câble ou satellite, via TV Everywhere.

    Mais la partie n'est pas gagnée par les opérateurs car un nouveau service de Aereo compromet le système de protection de TV Everywhere en permettant la réception directe de toutes les stations locales (celles du DMA), donc des grands networks, pour une somme modique, et sans passer par les opérateurs locaux, aux abonnements très chers. Les jeunes générations, adeptes des supports mobiles et soucieuses de leur budget, sont particulièrement visées par Aereo.

    jeudi 25 avril 2013

    Boston : télévision locale d'abord. Télévision américaine. Cas N°15

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    Les "événements" lors du marathon de Boston donnent l'occasion de vérifier l'importance des différents supports télévisuels américains sur un marché local donné.
    • Les stations locales grand public ont retenu 68% de l'audience entre 19 et 21H (heure locale).
    • Les chaînes thématiques payantes d'information diffusées par les réseaux câble / satellite / télécom (CNN, Fox News et MSNBC) ont retenu 11% de l'audience. Elles ont repris des éléments produits par les stations locales WBZ-TV, WHDH-TV, WCVB-TV et WFXT-TV.
    • Toutefois, la vidéo le plus regardée a été tournée par Steve Sila, journaliste du quotidien  régional, The Boston Globe
    Le DMA de Boston (N°7). Source : Newportmedia 
    • Sans surprise, les stations locales confirment leur place primordiale sur marché de la télévision grand public. La station WBZ-TV couvrait le marathon avec une quarantaine de personnes sur les lieux.
    Le DMA de Boston (marché N°7) 
    • Ce marché compte plus d'une vingtaine de stations locales dont deux stations O&O : WBZ-TV (CBS) et WFXT-TV (Fox). 
    • Les autres networks sont présents sur des stations affiliées : WCVB-TV, (Hearst affiliée à ABC), WHDH-TV (Sunbeam, affiliée à NBC), WUNI-TV (Entravision, affiliée Univision), WLVI-TV (Sunbeam, affiliée CW), WGBH-TV (affiliée PBS) pour citer les principales.
    • Plus de 90% des foyers du DMA sont abonnés à une offre de télévision payante distribuée par câble (83%) ou satellite (13%). Le DMA couvre une grande partie du Massachussets mais compte également des contés dans les états voisins du Vermont et du New Hampshire.
    • Aereo annonce l'extension de son service à Boston fin mai 2013.
    N.B. Comparaison : en France, il est actuellement impossible de connaître l'audience régionale d'une chaîne (nationale) qui d'ailleurs n'a d'implantation locale qu'un émetteur. Seul permettrait de l'approcher, un détour très approximatif par le Web et des réseaux sociaux (Twitter et Facebook).
    Le modèle économique de la télévision américaine permet la coexistence, en synergie, du local et du national. Le modèle français reste centralisé et coupé de l'économie et de l'actualité régionales.
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    lundi 25 février 2013

    Who needs a TV definition?

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    While Nielsen people meters measure TV audience, they also define American commercial television: TV that advertisers can buy. Nielsen is going to expand this definition: will this also expand the TV advertising market?
    • A new meter will be installed in September 2013 in metered TV households (about 23,000 for the national sample, NTI), ready for the beginning of the next season. Afterwards, the so-called "TV definition" will include OTT where Apple TV, Roku, game consoles are connected to a home TV set. As a result, Netflix, Amazon Instant Video, Hulu, Vudu, etc. will be "measured", but only if they agree to encode their signals for Nielsen. The new definition will also include iPads, with other kinds of tablets to be added later.
    All broadband sources, more or less, will finally be part of the new definition: it is about time. Why so late? Traditional TV measurement which defines TV, looks like a barrier to the entry of new operators, protecting the old ones from the Web. People meters, even the new generation, still reflect the nostalgia of a time when people watched a few networks, live on a TV set, while at home. Measuring was easy.
    • But there is still a long way to go before Nielsen follows TV viewers everywhere: TV out of home (campus, bars, hotels, airports, etc.) is not yet taken into account (with a few exceptions). What about Aereo? Sling? Smartphones? etc.  And why not include programs watched more than 7 days after their first on-air distribution (Live+7)? In the new TV world, audience cumulates during weeks, on different platforms. Sometimes people watch everything they get right away (binge viewing, cf. Netflix); sometimes they wait for weeks before watching (time-shifting). In the new TV world, viewers are free. 
    • Audience should not be calculated in the same way for programs as for commercials. Advertisers want the audience of a commercial when it is aired (published the day after). Studios want the audience of programs after a full cycle of watching (published weeks after).
    Ratings are down? Maybe. But which part of the total audience are we talking about? The measured TV universe is a decreasing subset of real viewership. More than a new definition, TV needs another measurement. TV analytics are poor in comparison with Web analytics. Only the so-called connected TV will bring connected audiences together, along with Weblike analytics.
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