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lundi 3 décembre 2018

Nexstar, premier groupe de télévision locale américaine


Nexstar Media achète les 42 stations de télévision du groupe Tribune Media Company pour 4,1 milliards de dollars (6.4 in accretive transaction) devenant ainsi le premier groupe de stations de télévision locale aux Etats-Unis. Le groupe Sinclair qui avait envisagé l'achat de Tribune Media Company (pour 3,9 milliards) a dû y renoncer alors que la FCC se montrait préoccupée ("serious concerns").
Nexstar Media possède déjà et gère 174 stations dans 58 DMAs, petits et moyens.

Au terme de la transaction, Nexstar acquiert 42 stations de Tribune Broadcasting dont trois lui donnent une présence dans de grands DMAs : San Francisco-Oakland-San Jose (N°6), Tampa-St. Petersbourg-Sarasota (N°11) et Phoenix-Prescott (N°12). Nexstar s'empare également de WGN America, chaîne cabsat accessible par 70% des foyers, et détiendra 31% de TV Food Network (le reste appartenant à Discovery) et d'une radio (WGN-AM). Mentionnons encore deux digicasts, Antenna TV and THIS TV ainsi que le site d'information sportive Covers Media et 5% dans l'équipe des Chicago Cubs (baseball, MLB). S'y ajoute encore un site d'analyse des programmes de télévision (TV By the numbers / Zap2it) Et, bien sûr, de l'immobilier.

Une fois l'accord de cession signé, Nexstar détiendra 216 stations dans 118 DMAs ("216 combined, pre-divestiture full power, owned or serviced, television stations in 118 markets") ; il lui faudra alors mettre en vente (divest) un certain nombre d'entre elles, dans une quinzaine de DMAs, pour se conformer à la réglementation sur la concentration (39% des foyers TV, les stations UHF étant comptées pour 50%). La plupart des stations à revendre sont affiliées : on dit que Fox se porterait acquéreur de plusieurs.
Dans le communiqué de presse, Nexstar réitère son engagement pour le localisme de la télévision.

L'adaptation du marché des médias traditionnels américains au numérique provoque de nombreuses fusions et acquisitions, aboutissant à la constitution de groupes plus puissants. Ces groupes seront mieux à même de résister aux Facebook (cf. Today In), Amazon, Google, Microsoft qui visent leurs annonceurs locaux ; ils seront mieux à même, également, de négocier le montant des droits de retransmission (fees) que doivent leur verser les MVPD (retransmission consent). Certains estiment qu'une telle acquisition risque de compromettre la diversité des programmes locaux. Mais qu'en est-il  de la diversité avec les GAFAM ?


Tribune + Nexstar



jeudi 11 octobre 2018

Contenus sportifs contre distributeur aux Etats-Unis (Fox / Altice USA)


C'est un épisode classique et récurrent de la télévision quotidienne américaine, côté business. Avec happy ending, presque toujours.


  • D'un côté, proposant des contenus, Fox avec WNYW-TV, la station Fox New York (O&O) et des chaînes cabsat lui appartenant, Fox Sport 1 (FS1), Fox Sport 2 (FS2), National Geographic Channel, FX et FXX (appartenant maintenant à Disney).
  • De l'autre côté, le distributeur, Altice USA (Optimum et Suddenlink), opérateur du câble actif dans la région de New York.
  • Il n'y a pas d'arbitre, la FCC a refusé de se mêler de ce type de différend (cf. Le réglage économique local de la télévision américaine).

  • Fox a menacé Altice USA de suspendre la fourniture de ses contenus (blackout), avertissant les abonnés d'Altice (cf. infra). Après cinq mois de gesticulations et de négociations, un accord est intervenu (dont les termes ne sont pas publics) et les abonnés pourront regarder les chaînes en question (il n'y a eu qu'une une demi-heure de noir à l'antenne lundi).

    La question lancinante reste celle des droits sportifs ; Fox qui a dû payer très cher pour la retransmission de la NFL, MLB ; on estime que Fox demanderait à Altice USA une augmentation de 1 $ par abonné / mois pour compenser cette hausse des droits sportifs.
    Cette hausse des droits se propage ainsi jusqu'aux abonnés en passant par l'opérateur du câble (MVPD) ; exaspérés, les abonnés reportent leur mécontentement sur le câble (cf. notre post "Révolte contre le câble aux Etats-Unis). Les consommateurs les plus furieux et les plus vulnérables sont ceux que le sport n'intéresse pas ; ils sont enclins à se désabonner de la télévision traditionnelle (cord-cutting) et à se tourner vers des abonnements OTT du type Netflix ou Amazon Prime Video, moins chers et plus flexibles. Ainsi peut-on affirmer, pour simplifier, que toute augmentation des droits sportifs profite (indirectement) à Netflix, qui s'est bien juré de ne pas entrer sur le marché des droits sportifs... En revanche, Facebook ou amazon n'ont pas dit leur dernier mot et pourraient bien, un jour,  transformer le marché des droits sportifs.


    Spot de Fox avertissant les abonnés de Altice USA (Optimum) qu'ils ne pourront plus regarder les programmes de Fox

    vendredi 11 mai 2018

    TV américaine: le network national, c'est le triomphe du local


    Aux Etats-Unis, la géométrie des networks de télévision commerciale est modulable, variable au gré des évolutions législatives et réglementaires mais surtout au gré du marché.
    Fox, le dernier né des grands networks généralistes commerciaux anglophones traditionnels, change de dimension en rachetant 7 stations au groupe Sinclair ; en effet, Sinclair Broadcast Group doit réduire sa part de marché afin de racheter le groupe Tribune Media Company et se conformer à la réglementation en cours concernant la concentration ("divestiture plans for the remaining stations they intend to sell as part of the regulatory approval process for our merger", selon les termes du groupe Sinclair). La transaction s'élève à 910 millions de dollars à laquelle s'ajoute un renforcement des accords d'affiliation avec Sinclair.

    Après cette opération, Fox sera présent avec une O&O (station Owned and Operated) dans 19 des 20 premiers marchés télévisuels américains (DMA). Les 7 stations acquises sont les suivantes : KCPQ-TV (Seattle), WSFL-TV (Miami), KDVR-TV (Denver), WJW-TV (Cleveland), KTXL-TV (Sacramento), KSWB-TV (San Diego) et KSTU-TV (Salt Lake City). Toutes ces stations, sauf celle de Miami (affiliée CW), étaient déjà affiliées au network Fox et deviennent O&O, la transition en sera donc plus commode. L'acquisition prendra effet au second semestre 2018 et pourrait être prise en compte lors des ventes d'espace publicitaire upfront.

    Cette opération correspond à la volonté de Fox d'être présent dans les grands marchés locaux du football (NFL) et du baseball (MLB) à Denver, Miami, Seattle ; il s'agit aussi d'un renforcement de la présence à l'Ouest (Seattle, San Diego, Sacramento, Salt Lake City).
    Ces 7 stations s'ajoutent aux 28 que possède Fox dans 17 marchés (dont les plus grands DMA, New York, Los Angeles, Chicago, Dallas, San Francisco, Washington, Houston). Sinclair a l'option de racheter deux stations à Fox. La couverture totale du network Fox serait de 45,9% des foyers TV américains, mais, en prenant en compte le mode de calcul avec réduction pour les stations UHF (dit "UHF discount"), cette couverture passerait au-dessous du seuil de 39% fixée par la législation actuelle.

    Au-delà d'un ajustement conjoncturel pour les deux groupes, cette opération souligne l'importance stratégique du local tant pour le marché des programmes (sport, information) que pour le marché publicitaire. “This transaction illustrates Fox’s commitment to local broadcasting", décare le président du groupe des stations de Fox Television Stations (FTS). On peut également y lire une optimisation stratégique pour affronter la concurrence de Facebook et Google (YouTube TV) qui se tournent de plus en plus vers les marchés locaux, mais aussi pour contrer les incursions de Facebook, Amazon, Twitter et Snapchat sur le marché des retransmissions sportives.
    Rappelons que le marché de la télévision locale américaine atteindrait 28 milliards de dollars en 2018 (en augmentation de 5,6%) selon BIA Advisory Services.


    Références sur MediaMediorum

    Concentrations à venir dans la télévision américaine ?

    jeudi 18 septembre 2014

    Supplément sportif pour la télé américaine


    Cable ONE,  câblo-opérateur américain, facture désormais un supplément de 2,94 $ pour l'abonnement TV de base en raison des prix des programmes sportifs (sport surcharge). Les programme sportifs, explique l'opérateur, représentent plus du tiers des coûts de programmation, souvent près de la moitié.
    Le prix du sport à la télévision américaine ne cesse de croître suivant l'augmentation des droits sportifs. En moyenne, une chaîne sportive demande 75 cents par abonné, par mois, soit 3 fois plus que la moyenne des autres chaînes (Source : SNL Kagan). L'ensemble de chaînes sportives d'ESPN (groupe Disney) demande plus de 5,5 $ ; NFL Network (chaîne de la ligue de football américain) demande 1,5 $. Ce sont les services les plus chers.

    En plus de sa présence dans les chaînes généralistes grand public, l'offre de sport pour les abonnés à la télévision payante est fort riche et diversifiée (près de 200 chaînes) :
    • Chaînes des ligues d'équipes sportives : NFL (football), NBA (basket), MLB (baseball), NHL (hockey), MLS (soccer).
    • Chaînes spécialisées : golf, sports mécaniques, ski, tennis, etc.
    • Chaînes sportives généralistes : CBS Sports Network, Fox Sports Network, BTN, Univision Deportes, etc.
    • Chaînes régionales (RSN) : souvent chères, de 4 à 5 $ par chaîne, par mois. Aussi les opérateurs refusent-ils de plus en plus de les retransmettre : c'est le cas avec la chaîne SportNet LA (qui appartient à TWC et a signé un contrat de 25 ans avec l'équipe des Dodgers) : DirecTv refuse de retransmettre la chaîne.
    Cette augmentation du prix venant d'un distributeur est un symptôme ; elle annonce des changements de modèle économique sur le marché de la télévision. Ce symptôme en recoupe d'autres : les désabonnements (cord-cutting) et les non-abonnements (cord-never) de ceux qui ne sont pas des fans de sport : ils disposent de la télévision généraliste de base (une dizaine de chaînes / stations) et ils peuvent y ajouter un service OTT comme Netflix. Le gain est significatif, au moins une vingtaine de $ par mois.
    Cette différence provoque et explique une demande de commercialisation à la carte (unbundling) venant des abonnés. Certains distributeurs voudraient sortir les chaînes sportives de l'abonnement de base. Ce que, bien sûr, refusent ces chaînes.
    Netflix pourrait aussi inspirer aux entreprises de spectacle sportif un nouveau modèle économique. C'est ce que tente World Wrestling Entertainment (WWE Network) qui a lancé un service OTT pour 10 $ mensuels...

    Mise à jour, 8/10/2014

    Début octobre 2014, la NBA (basket) a signé un accord avec ESPN (Disney) et TNT (Tome Warner) de retransmission de 2,6 milliards de $ par an (24 milliards pour la période 2016-2024-25).

    samedi 5 avril 2014

    Aereo : coupure dans l'économie de la télévision américaine


    Aereo est un dispositif qui permet de recevoir sur tout appareil numérique, mobile ou fixe, la télévision diffusée localement par voie terrestre moyennant un abonnement pour couvrir l'accès à une antenne distante et à un enregistreur numérique distant également (in the cloud platform).

    Depuis son lancement en 2012, Aereo divise le marché américain de la télévision. Avant le 22 avril 2014, date à laquelle la Cour Suprême doit se prononcer sur sa légalité et sur son avenir, les prises de position publiques sous la forme d'amicus brief adresses à la Cour se multiplient, révélant une structuration du champs des intérêts télévisuels. Les positions hostiles ont été les premières à se manifester (cf. Aereo insupporte les puissances télévisuelles américaines), ensuite, se sont fait connaître les organisations favorables à Aereo.
    Cette division des acteurs du marché recoupe d'assez près celle du débat sur le SOPA (2012) : logique puisque l'enjeu du débat est celui du droit d'auteur et des contenus. Cette division révèle la coupure entre les entreprises anciennes qui produisent et contrôlent les contenus, d'une part, et les entreprises nouvelles nées des technologies numériques, entreprises de spectacles sans contenus (ou très bon marché, user generated content) qui exploitent la socialisation, la recherche et la mise à disposition de contenus.

    D'un côté, favorables à Aereo, les entreprises d'électronique et de cloud computing, les associations de consommateurs qui prônent la réduction des coûts du numérique et les méta-média (entreprises dont le métier consiste à faciliter l'accès à des contenus, sans les produire : ce sont surtout des sociétés exploitant le Web comme Facebook, Google, etc.). Selon elles, Aereo peut être assimilé à une antenne ou à un enregistreur numérique (DVR).
    De leur point de vue, la Cour Suprême doit être neutre quant à la technologie, il n'est pas dans son rôle de définir l'avenir de la télévision ("either way, the Court should not attempt to predict the future of television.”)

    De l'autre côté, hostiles à Aereo, se trouvent les partisans du status quo ante bellum, détenteurs directs des droits d'auteur ou en profitant indirectement : stations et groupements de stations (networks), studios.

    Pour Aereo :

    The American Cable Association (ACA) qui représente plus de 800 petits et moyens câblo-opérateurs (et non les MSO)
    Dish Network / Echostar (opérateur satellite / satcaster)
    Consumer Electronics Association
    Electronic Frontier Foundation
    Public Knowledge
    Engine Advocacy
    Des associations de consommateurs : The Consumers Union (CU), the Consumer Federation of America (CFA)
    Computer & Communications Industry Association (CCIA) qui compte parmi ses membres, entre autres, Google, Yahoo!, Samsung, Microsoft, Facebook, T-Mobile. Elles défendent surtout le cloud computing.
    Mozilla Corporation
    Des petits opérateurs indépendants de stations comme Blok Broadcasting (WKRP Cincinatti), Soul of the South Television, WatchTV, Mako Communications, LeSEA Broadcasting, Cocola Broadcasting

    Contre Aereo :

    SAG-AFTRA (syndicat d'acteurs, artistes, animateurs, journalistes du secteur de la télévision)
    Les studios : Viacom, Time Warner, Warner Bros Entertainment
    Les networks, y compris PBS
    Les groupes de stations de télévision locale
    Des ligues sportives professionnelles : NFL, MLB
    L'administration Obama

    jeudi 13 mars 2014

    Aereo insupporte les puissances télévisuelles américaines


    Aereo permet de recevoir aisément, sur tout support numérique, mobile ou non, les stations de télévision d'un marché local aux Etats-Unis. Avant que la Cour Suprême ne se prononce sur son avenir, le 22 avril, Aereo aura eu au moins un mérite, celui d'avoir déchaîné la fureur calculée des "experts" et groupes de pression divers en matière de télévision. Rien de tel qu'une menace pour faire voir, comme un précipité, tous les intérêts et forces de conservation en jeu dans l'économie télévisuelle américaine.
    •  Dans des avis (amicus briefs) adressés à la Cour Suprême des Etats-Unis, les groupes de chaînes et de stations font valoir que Aereo avec son "gadget" (technological gimmick) menacerait tout l'édifice télévisuel américain et la législation du Copyright. "Aereo seeks to subvert a carefully constructed legal framework with a technological gimmick". Sont en question, selon la National Association of Broadcasters, les "retransmission fees". Et puis, Aereo provoquerait une migration des émissions populaires gratuites vers la télévision payante. Bien sûr, des professeurs de droit ont largement exprimé ce point de vue dans le Los Angeles Times ; ce quotidien régional grand public appartient à... Tribune Company, qui est le premier groupes de stations de télévision.
    • Des groupes de pression canadiens et même mexicains y sont allés aussi de leur amicus brief selon lequel Aereo menace les traités internationaux : interventions du Canadian Media Production Association, de Music Canada, de l'Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists (ACTRA).
    • Les ligues sportives ne sont pas en reste : la NFL et le MLB ont fait savoir à la Cour Suprême que Aereo pourrait remettre en question l'accès gratuit aux sports populaires, dont le football et le baseball.
    • Les networks commerciaux renchérissent et font savoir que leur hostilité est absolue. Ainsi, Fox menace de diffuser son network exclusivement sur le câble, court-circuitant les stations locales. De son côté, le groupe CBS menace, en cas de victoire d'Aereo, de diffuser le network sur le Web (OTT). 
    • Le ministère de la justice de l'administration Obama (Justice Department) et le United States Copyright Office ont également pris parti contre Aereo.
    • Même PBS, network de service public (351 stations), se joint aux groupes de stations commerciales, au nom de la défense du copyright.
    Cette formidable mobilisation contre Aereo confirme à quel point le modèle économique de la télévision américaine repose sur les stations locales et leurs regroupements publicitaires (du type barter syndication). Le 22 avril 2014 sera une date clé de l'histoire de la télévision aux Etats-Unis.


         Sur Aereo
    Aereo TV numérique sans câble
    Aereo et l'avenir du modèle américain de télévision
    La télévision partout sur tout support numérique

    dimanche 23 février 2014

    Déclaration d'indépendance médiatique du sport : 120 Sport et NFL Now


    L'organisation de la télévision sportive américaine a changé au cours des années passées. Beaucoup de ligues sportives ont étoffé leur présence numérique et développé leurs propres chaînes, tandis que les éditeus de networks nationaux développaient des chaînes de télévision multi-sport. Ceci n'était que l'extension d'une offre traditionnelle.
    En revanche, deux projets qui verront le jour durant l'année rompent avec cette tradition pour épouser d'emblée et complètement la révolution numérique : 120 Sports et NFL Now.
    Un cahier des charges tacite semble énoncer les caractéristiques de cette rupture télévisuelle : formats courts, immédiateté, multi-support, c'est à dire réception mobile, appli, personnalisation, direct, vitesse, souplesse, réactivité, continuité, contenu à la demande.

    120 Sports
    Lancée au cours des mois qui viennent, 120 Sports est une télévision multi-sport qui réunit Time Warner et quatre ligues de spectacle sportif : la chaîne rassemblera des éléments de basket ball (NBA), baseball (MLB), hockey (NHL) et de sport mécanique (NASCAR) ; s'y ajouteront des sujets provenant des conférences sportives universitaires ("college sports") via Campus Insiders.
    Délivrées en live streaming pour tout support numérique, sans recourir à une authentification comme TV Everywhere, procédure contrôlée par des opérateurs de télévision payante, à leur profit.
    Le format des émissions sera de 2 minutes (120 secondes) : citations et extraits de matchs ("highlights", "game footage"), commentaires de journalistes, de fans. L'ensemble mélangera vidéo et data ("built to intuitively integrate video and data"). Pour commencer, le modèle économique sera publicitaire (appli gratuite pour le téléspectateur) ; une version payante sera proposée en 2015.

    Les moyens techniques, le développement et le marketing proviendront de trois partenaires disposant d'une expérience dans les médias du sport :
    - MLB Advanced Media qui travaille déjà avec ESPN.
    Silver Chalice, entreprise spécialisée dans le sport pour le numérique, prendra en charge la production ; Silver Chalice, basée à Chicago, a lancé SportsLab ("the home of digital sports"). Elle est liée aux Chicago White Sox, l'équipe de baseball. La production se déroulera à Chicago, dans les studios Harpo Studios (Oprah).
    - Le magazine Sports Illustrated (groupe Time Inc.) pour le marketing et la régie publicitaire.

    NFL Now
    Si la puissante NFL (football) est l'absente notoire de ce groupement, c'est parce qu'elle est de son côté engagée dans son propre projet, NFL Now, appli qui sera lancée quelque mois après 120 Sport, durant l'été 2014. Dans les grandes lignes, ce projet ressemble à celui de 120 Sports. Ses partenaires seront Yahoo!, Microsoft, Verizon et Gillette. Le service permettra la personnalisation (choix de l'équipe préférée) ; il proposera des transmissions en direct, des débats, des conférences de presse, en partie à la demande.

    Remarques :
    • Le lancement de ces chaînes retentit comme une déclaration d'indépendance médiatique du sport.
    • Time Warner qui vient de rompre avec l'économie du câble en vendant TWC à Comcast, qui n'a pas de network (sauf une participation de 50% dans The CW) et qui ne gère pas de station locale, a désormais les mains libres pour inventer une nouvelle télévision numérique (pas de TV Everywhere à respecter). Parmi les actifs essentiels de Time Warner : HBO, Warner Bros, Time Inc., CNN, Cartoon Network, Hanna-Barbera, Castle Rock Entertainment.
    • Le modèle économique de ces deux chaînes, conçues d'emblée pour être multi-support, repose sur le développement de la publicité numérique multi-support. La demande se confirmera de responsive design mais surtout d'analytics ne nécessitant pas de recours à des panels, à des mesures mixtes et des GRP de synthèse, comme en proposent Nielsen avec Facebook (OCR) ou comScore avec Google (vCE).
    • Avec la réception sur les appareils mobiles, smartphones et tablettes, les format courts s'imposent avec des implications dans la production, le mode d'exposition, de narration (storytelling) du sport.

    mercredi 30 octobre 2013

    Aereo TV et l'avenir du modèle économique de la TV américaine


    Depuis plus d'un an maintenant, un spectre hante la télévision américaine : Aereo.
    Source : Aereo
    Aereo (IAC) permet la réception de la télévision locale terrestre, celle des stations du DMA où l'on se trouve, sur un support numérique quelconque : tablette, smartphone, ordinateur. Pour cela, Aereo installe des petites antennes qui captent les programmes que diffusent (brodcast) les stations locales et les retransmettent via Internet.
    Pour le consommateur, pas de câble, pas d'équipement de réception spécifique, mobilité assurée simplement. Pour 80 $ par an (8 $ par mois), le consommateur peut accéder aux antennes Aereo et regarder une vingtaine de stations, tous les networks. De plus, Aereo offre l'enregistrement, donc le différé, sans appareil (cloud DVR). Pour Aereo, il reste un problème technologique : des coûts de retransmission élevés (électricité pour alimenter les antennes) qui pourraient menacer l'équilibre économique de l'opération.
    Aereo étend son offre, DMA après DMA, en partant de la côte Est des Etats-Unis. 7 DMA couverts aujourd'hui, 22 DMA prévus pour la fin 2013 (mais Chicago sera en retard).
    Aereo, surtout s'il est couplé à une offre OTT (Netflix, Hulu, Apple TV, etc.) peut dispenser de l'abonnement à un agrégateur (bundling) et inciter au désabonnement (cord-cutting).
    • Les groupes de stations (Sinclair, Hearst, etc.) et les networks mènent une bataille juridique constante devant les tribunaux pour que Aereo cesse ses retransmissions, en vain jusqu'à présent. Les plaignants ont maintenant saisi la Cour Suprême (SCOTUS). Le prétexte mis en avant est l'infraction au droit d'auteur (copyright infringement). Ils ont été rejoints en novembre 2013 par des ligues sportives, baseball (MLB) et football (NFL).
    • Les grands opérateurs du câble (MSO) et du satellite s'intéressent de près au modèle Aereo. En effet, s'ils adoptaient un modèle du même type, ils n'auraient à payer des droits de retransmission aux stations (donc aux networks) qu'ils retransmettent ; or, le montant total des droits de retransmission payés par les opérateurs du câble et du satellite s'élèvera, en 2014, à plus de 6 milliards de dollars.
    • De leur côté, des networks auraient envisagé, en mesure de rétorsion, de ne plus diffuser leurs programmes par voie terrestre (donc sans passer par des stations affiliées ou leur appartenant) et de revendre leurs fréquences.
    • Notons encore que, en 2013, CBS a pris une participation dans Syncbak, une entreprise qui travaille à un modèle homologue à celui de Aereo et permettant la diffusion de la télévision locale sur des supports numériques mobiles. Deux associations interprofessionnelles, la NAB (National Association of Broadcasters) et la CEA (Consumer Electronics Association), sont également actionnaires de Syncbak. Syncbak est testé par une centaine de stations.
    L'enjeu de la bataille est donc d'importance puisque c'est tout le modèle économique de la télévision commerciale américaine qui est en question. Sarah Laskow, dans Columbia Journalism Review du 30 octobre fait justement remarquer que, si la presse économique a titré sur le sujet, sur Twitter, on n'y a pourtant accordé aucune visibilité (cf. "SCOTUS could change how you watch TV"). Limite des réseaux sociaux en matière d'information quand seul le lecteur décide des sujets à couvrir.
    .

    vendredi 13 janvier 2012

    SOPA: The Great Media Divide


    Le monde des médias américains est coupé en deux. Un projet de loi, dit Stop Online Piracy Act (SOPA, mot à mot : "loi sur le piratage en ligne", projet dit aussi PIPA pour Protect IP Act) oppose les médias traditionnels, nés analogiques, aux médias issus du Web, nés numériques. Objet du projet de loi : la protection des droits d'auteur et les mesures à prendre contre les infractions à ces droits, contre ceux qui enfreignent la loi et contre ceux qui "facilitent" l'infraction, fût-ce involontairement. Version média de la querelle des Anciens et des Modernes ? Pas si simple.
    • Du côté des médias traditionnels, dits parfois "Mainstream media", expression quelque peu condescendante, se trouvent ceux qui financent, produisent et détiennent des contenus et veulent les protéger à tout prix du streaming illégal autrement dit non payé : des studios et leurs distributeurs (networks, câble, etc.), des éditeurs, des ligues sportives, des annonceurs. Conservateurs par position, ils veillent à maintenir, au cours de leur passage au numérique, leurs avantages acquis : chiffre d'affaires, emplois, parts de marché. Ce parti est dominé par les grands studios hollywoodiens, leurs filiales dans la distribution (networks, MSO) et leurs grands partenaires (ligues sportives, annonceurs).
    • Du côté des médias issus du Web, des outils facilitateurs (moteurs de recherche, navigateurs, courrier), des réseaux sociaux, des incubateurs, des éditeurs de jeux vidéo. Réformateurs, ils défendent leurs intérêts, indissociables d'une liberté d'action sur le Web. Selon ces entreprises, le projet de loi menace les libertés (freedom of speech) et l'économie des médias numériques. Il menace surtout leur ascension économique et leur position sur le marché publicitaire. 
    • Indécis ? Notons la position apparemment confuse de Apple (cf. iTunes), de Microsoft, d'Amazon. Quant aux opérateurs des télécoms, ils ne semblent pas avoir pris publiquement parti.
    Rappelons la répartition des acteurs en fonction de leurs prises de position publiques.
    ABC, Disney, ESPN
    Viacom, CBS
    Comcast /NBC Universal
    MLB (baseball)
    News Corp. (Fox)
    NFL (football)
    Sony
    Time Warner
    L'Oreal
    Pfizer
    VISA
    Associations d'artistes, d'acteurs, de techniciens de divers métiers du spectacle
    AOL
    Craiglist
    eBay, Paypal
    Facebook
    Foursquare
    Google
    LinkedIn
    Mozilla
    Reddit
    Tumbler
    Twitter
    Wikipedia
    Yahoo!
    YCombinator (incubateur)
    Zynga
    • Certaines entreprises semblent avoir retiré leur support au projet de loi
    Apple
    Microsoft

    Au-delà de son issue, cette bataille est un formidable observatoire du champ des médias et de ses positions, un révélateur de sa structuration à un moment crucial de son histoire. Structuration selon des enjeux économiques majeurs. Changement de paradigme, tournant, révolution... 

    samedi 22 novembre 2008

    Le stade s'habille en numérique : "Field of Dreams" ?


    Le stade des Yankees à New York (53 000 places) investit 17 millions de dollars avec Cisco afin d'être à l'heure numérique pour la prochaine saison de baseball (MLB, avril 2009). Les travaux sont en cours.
    • 1 100 écrans HD seront installés ("fan-facing technology"), omniprésents dans tout l'univers du stade, le Yankee Museum, les restaurants, les bars, les boutiques diverses ("concessions stands"), les toilettes, les travées. Chaque écran pourra être programmé individuellement : statistiques sportives, informations sur la circulation, échauffements de l'équipe, météo, alertes en cas de danger (évacuation, etc.), indications pratiques, adaptées à l'emplacement de chaque écran, etc.
    • Le Wi-fi haut débit sera accessible partout pour servir les équipements des visiteurs (smart-phones, Net Pc) et leur donner accès aux boutiques du stade, recevoir les grands titres, s'abandonner à quelque "réseau social" spécialisé (MLB, baseball, fans de l'équipe) ... 
    • Un système de téléconférence (TelePresence) pour communiquer avec les fans. 
    • Des ordinateurs avec écrans tactiles dans les vestiaires des joueurs. 
    Le jeu repris sous tous les angles, multiplié, partout, en direct et en bref différé. Rève d'Argus aux cent yeux, tout voir (panoptique) et revoir (Aργος Πανόπτης). Tout ceci est en phase avec une politique de présence systématique du baseball sur les médias mobiles : bientôt les Yankees seront sur tous les téléphones : fantasy games, scores, brêves, réseau social, etc.

    Cisco StadiumVision apporte aux Yankees le dernier état de sa technologie avant que Cisco construise un stade portant son nom, Cisco Field (naming) à Fremont (Californie, où jouent les Oakland A's). Cisco est déjà présent dans 60% des stades américains.

    Nous assistons au changement de tout l'univers visuel des spectacles grand public, musiques et sports populaires d'abord. Bientôt, la musique savante, les expositions, les musées suivront. A terme aussi, inéluctablement, les univers didactiques (établissements scolaires et universitaires).

    Economie. Le stade devient un lieu de vie commerciale, sociale où l'on se rend pour passer le temps autour d'un événement sportif. Avec tous ces écrans, la périphérie devient centrale. Le sport est de plus en plus une expérience numérique, un spectacle omniprésent, un environnement : définition nouvelle du média (forme en acte du 360°). Ce média a besoin de contenus frais pour fuir la rediffusion et l'ennui, de nouvelles manières de filmer, de moins de montages a priori. C'est le spectateur dans sa déambulation qui effectue, à son gré, à son rythme le montage de l'événement. 
    Le modèle économique du sport (et du spectacle en général) en est affecté, donnant plus de poids au stade, au local, au direct sur place, donc à l'audience massive et émiettée dans les stades.

    Mais comment tout ces contenus offerts seront-t-ils gérés, quelle place sera donnée à la publicité, à la promotion ? Nielsen avait déclaré mesurer l'audience des écrans de Arena Media Network (34 stades, dont le Yankee Stadium et Shea Stadium à New York, le Dodger Stadium à Los Angeles, Wrigley Field à Chicago), mais cette mesure semble remise à plus tard, fautes de clients (cf. post suivant !).

    Nostalgie. Avec tout cela, on est loin des petits ballparks de quartiers, soirs d'été, odeurs de hot dog, l'orgue hammond ponctuant les phases de jeu, bancs de bois, home runs guettés par les enfants, mitaine à la main, les moustiques aussi ..."The House That Ruth Built" était dans le Bronx la maison des Yankees depuis 1923. "If you build it, they will come"... Qui viendra rêver dans cet univers d'écrans ? Babe Ruth ? Shoeless Joe ? Will you still "Take me out to the ball game".

    jeudi 17 avril 2008

    Les règles du jeu sportif

    Internet remet tout en cause et notamment le journalisme sportif. La Major League Baseball américaine met en place de nouvelles restrictions à la diffusion de ses images sur Internet. Pas plus de 2 minutes de vidéo ou d’audio par jour enregistrées dans les stades de la MLB. Pas de streaming en direct. 7 photos par match au plus et pas de galerie de photos. Et tout ce qui n’est pas texte doit être retiré du site 72 heures après.

    Le baseball suit ainsi le football (américain). La NFL (National Football League) a instauré depuis mai 2007 une règle dite des 45 secondes selon laquelle un site ne peut pas mettre en ligne plus de 45 secondes de documents vidéo par jour ("non game " audio ou vidéo). Seuls les détenteurs des droits TV sont exempts de cette règle. Exemple : l’équipe des Red Skins (NFL, Washington D.C.) interdit la publication de documents photos ou vidéo des matchs, interviews, etc. dans tous les médias, à l'exception des stations TV de l'agglomération (DMA). Elle filtre rigoureusement l’accès à la tribune presse et met en situation les bloggers n'appartenant pas à un organe de presse accrédité (la NBA applique la même règle pour le basketball). Droits incontestables puisqu'il s'agit d'enceinte et bâtiments privés. La presse en ligne est particulièrement vulnérable à cette règlementation. Rappelons qu'une étude promue par Akamai Technologies évalue à 20% de l'audience potentielle d'une émission la perte due à une présence illégale en ligne pendant 72 heures. Plusieurs groupes de presse protestent contre ces limitations : Hearst, Gannett, Time Warner (Sports Illustrated) ; la MLB a seulement infléchi la règle concernant les slide shows (passe de 7 à "plusieurs").

    L’objectif des équipes sportives est bien entendu de drainer toute l’audience qu'elles génèrent par leurs sujets people ou sportifs vers leurs propres sites, qui couvrent copieusement les matchs en exclusivité et en tirent de substantiels revenus (400 millions de dollars / an pour la MLB). Des solutions sont testées : partage de revenus entre les bloggers et les équipes, délimitation des droits de copie des bloggers, etc. Rappelons que ces débats ont déjà eu lieu en France, dans les années 1980 au début de la radio FM quand des équipes refusaient l'accès des tribunes de presse aux gens des radio libres sous prétexte qu'ils n'avaient pas encore de cartes de journalistes. Une jurisprudence s'est mise en place alors.

    Le même principe de self-publishing est à l’œuvre pour la retransmission télévisée des matchs. La NFL qui a lancé sa propre chaîne (NFL Network, http://www.nfl.com/nflnetwork) se bat pour la reprise de cette chaîne en bonne place sur les réseaux câblés et les bouquets satellitaires, pour qu'elle se trouve dans la partie basique de l’abonnement et non dans un ensemble payant (premium tier) consacré au sport. La NFL a porté plainte auprès de la FCC, la commission réglementaire, contre Comcast. Bataille déterminante car elle affecte l’initialisation des chaînes. Les bouquets (Comcast, Dish Network, etc.) rechignent.

    Ces tiraillements permettent de voir se profiler de nouvelles règles du jeu dans la couverture des événements sportifs : les équipes sportives qui détiennent un contenu de grande valeur commerciale n’entendent pas se laisser déposséder de la moindre partie de ces droits. Pas plus que les studios de cinéma, les éditeurs phonographiques ou les musées. Joueurs de foot, acteurs ou scénaristes (cf. post ci-dessous), même combat !

    Le passage au numérique, la facilité de production et de distribution qui s’en suit révolutionnent les droits sportifs et leur exploitation. Une fois la brèche ouverte, d’autres types de droits s'y engouffreront. Comme toujours dans les médias, le sport devance et expérimente les problèmes marketing à venir.

    Exercice de simulation : imaginons que les équipes de football françaises, européennes appliquent des règles homologues. Conséquences dans les médias ?