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dimanche 12 septembre 2021

Vivre l'Allemagne nazie au jour le jour

 Anna Haag, Denken ist heute überhaupt nicht mehr Mode. Tagebuch 1940-1945, Reclam, Stuttgart, 2021, 448 Seiten. ("Penser n'est plus aujourd'hui particulièrement à la mode")

La Frankfurter Allgemeine Zeitung compare cette oeuvre à celle de Victor Klemperer. Anna Haag, journaliste, socialiste, féministe a donc tenu son journal durant la guerre, commentant les événements dont elle entendait parler autour d'elle, à la radio allemande (mais aussi à la radio anglaise), dans la rue, chez les commerçants, à la pharmacie, à la gare. Depuis mai 1940 jusqu'au 22 avril 1945, elle raconte sa vie quotidienne ; elle évoque la presse allemande de l'époque, se moquant des expressions nazies mais les citant sans cesse. Elle dissimule son journal dans la cave à charbon...

Son interlocuteur favori est le pharmacien du coin, "unser Nachbar Apotheker", "der Herr Stratege", qui commente, jusqu'au bout, l'actualité internationale, et la victoire à venir de l'Allemagne nazie, inévitable, sur les Anglais, puis sur les Russes aussi, bien sûr, et, bientôt, sur les Américains. Et le livre fourmille de remarques ironiques mais réalistes sur l'état d'esprit de la  population, remarques qui font suite aux observations de l'auteur dans le tramway, dans les boutiques, dans les rues, sur la fureur de la propagande nazie... Propagande qui ne cesse qu'à l'extrême fin et qui touche toute la population ; d'ailleurs, cette population sait tout, tout de la situation faite aux Juifs dans les camps de concentration, camps de la mort, et cela ne la dérange en rien...

Après guerre, Anna Haas reprendra ses activités militantes au parti socialiste allemand (SPD) en faveur des femmes notamment. Le livre se lit agréablement, en allemand, du moins car pour l'instant je ne lui connais pas de traduction en français ou en anglais. Il mériterait pourtant une traduction tant son compte rendu de l'époque est original et montre qu'une opposition, muette et discrète certes, existait quand même un peu au régime nazi. 


samedi 5 décembre 2020

No more radio for Disney? The end of an era

Radio Disney and Radio Disney Country will cease operations early next year. Both programs aired on the iHeartRadio, Radio.com and TuneIn streaming applications. Radio Disney in Latin America is not included in the layoff, yet. Disney is now focusing on streaming platforms.
Selena Gomez
Selena Gomez at the 2014 Radio Disney Music Awards

Radio Disney was launched in 1996. The program was broadcast on more than fifty stations and eventually became available on SiriusXM satellite radio. Radio Disney Country was launched in 2015 and was broadcast on KRDC-AM (Los Angeles, which will also sold in 2021). 

This is where young artists started to become famous, such as Miley Cyrus, Taylor Swift, Selena Gomez or Megan Nicole. For Megan Nicole, the closing of Disney Radio is like "the end of an era". 

Disney is expected to lay off more than 28,000 employees by the beginning of 2021, mostly among people working in the Theme Parks or across Walt Disney Television.


mercredi 20 février 2019

La télévision locale américaine séduit plus que jamais


A la base de la télévision nationale américaine se trouvent plus de 1700 stations commerciales locales réparties en 210 DMA. Cette télévision des origines (1950) ne cesse de se renouveler sans toutefois modifier radicalement son modèle économique ; pourtant, elle continue de séduire les investisseurs. Et, plus que d'autres médias, elle semble garder la confiance du public américain (cf. 2018 Poynter Media Trust Survey).

Apollo Global Management se porte acquéreur des stations audiovisuelles de Cox Media Group : stations de TV et radio ainsi que de quelques quotidiens régionaux. Cox Media Group gardera une participation minoritaire. L'ambition des investisseurs semble être de constituer un groupe de stations de télévision de taille nationale ; aussi, d'autres acquisition de stations ne devraient manquer d'être annoncées (dont celles que devrait revendre Nexstar Media Group pour se conformer à la réglementation en cours).

Les 14 stations vendues par Cox sont situées dans d'importants marchés (DMA) : Seattle, Atlanta, Daytona, etc. ; la plupart de ces stations sont affiliées à des networks nationaux : 3 à CBS, 4 à Fox, 1 à NBC (Comcast), 1 à MyNetworkTV, 3 à ABC (Disney) et l'on compte 2 stations indépendantes (Orlando, Charlotte).
Le montant de la transaction s'élèverait à 3 milliards de dollars, ce qui en dit beaucoup sur la santé de ce marché et les retours d'investissement que l'on en escompte. Le marché de la télévision locale attire les investisseurs car son modèle économique mixte reste prometteur : publicité(locale et supra-locale, traditionnelle et numérique), d'une part, rémunération par les opérateurs MVPD qui les retransmettent (retransmission fees), d'autre part.

Voici une étape de plus dans la consolidation des médias traditionnels (legacy) : consolidation qui semble indispensable pour résister à la puissance publicitaire des principaux groupes numériques, Facebook, Google (YouTube), Amazon, Microsoft (Linkedin), AT&T, notamment. Mais aussi pour se mettre  au niveau des concurrents comme Sinclair Broadcast Group ou comme Nexstar.

La réglementation est au coeur du débat, problème politique ; le marché attend un désserrement des contraintes en termes de concentration (nombre de stations et taille de la couverture totale que peut contrôler un même groupe). En revanche, certains dénoncent les risques que la consolidation fait courir au localisme, à la diversité et à la qualité de l'information locale.

Beaucoup de médias locaux traditionnels un tournant classique de leur histoiree  : Cox est un groupe média familial ("a rich heritage") dont les racines remontent à la fin XIXème siècle (presse quotidienne locale). Apollo voudra certainement en moderniser la gestion, innover pour en faire un média dynamique, numérique et local. Un nouveau modèle est à inventer.


Sur le même sujet :




https://www.coxmediagroup.com/

lundi 3 décembre 2018

Nexstar, premier groupe de télévision locale américaine


Nexstar Media achète les 42 stations de télévision du groupe Tribune Media Company pour 4,1 milliards de dollars (6.4 in accretive transaction) devenant ainsi le premier groupe de stations de télévision locale aux Etats-Unis. Le groupe Sinclair qui avait envisagé l'achat de Tribune Media Company (pour 3,9 milliards) a dû y renoncer alors que la FCC se montrait préoccupée ("serious concerns").
Nexstar Media possède déjà et gère 174 stations dans 58 DMAs, petits et moyens.

Au terme de la transaction, Nexstar acquiert 42 stations de Tribune Broadcasting dont trois lui donnent une présence dans de grands DMAs : San Francisco-Oakland-San Jose (N°6), Tampa-St. Petersbourg-Sarasota (N°11) et Phoenix-Prescott (N°12). Nexstar s'empare également de WGN America, chaîne cabsat accessible par 70% des foyers, et détiendra 31% de TV Food Network (le reste appartenant à Discovery) et d'une radio (WGN-AM). Mentionnons encore deux digicasts, Antenna TV and THIS TV ainsi que le site d'information sportive Covers Media et 5% dans l'équipe des Chicago Cubs (baseball, MLB). S'y ajoute encore un site d'analyse des programmes de télévision (TV By the numbers / Zap2it) Et, bien sûr, de l'immobilier.

Une fois l'accord de cession signé, Nexstar détiendra 216 stations dans 118 DMAs ("216 combined, pre-divestiture full power, owned or serviced, television stations in 118 markets") ; il lui faudra alors mettre en vente (divest) un certain nombre d'entre elles, dans une quinzaine de DMAs, pour se conformer à la réglementation sur la concentration (39% des foyers TV, les stations UHF étant comptées pour 50%). La plupart des stations à revendre sont affiliées : on dit que Fox se porterait acquéreur de plusieurs.
Dans le communiqué de presse, Nexstar réitère son engagement pour le localisme de la télévision.

L'adaptation du marché des médias traditionnels américains au numérique provoque de nombreuses fusions et acquisitions, aboutissant à la constitution de groupes plus puissants. Ces groupes seront mieux à même de résister aux Facebook (cf. Today In), Amazon, Google, Microsoft qui visent leurs annonceurs locaux ; ils seront mieux à même, également, de négocier le montant des droits de retransmission (fees) que doivent leur verser les MVPD (retransmission consent). Certains estiment qu'une telle acquisition risque de compromettre la diversité des programmes locaux. Mais qu'en est-il  de la diversité avec les GAFAM ?


Tribune + Nexstar



mardi 23 janvier 2018

After viewability here is audibility


After its viewability standards, widely accepted by the profession, the Media Rating Council (MRC) is publishing the audibility requirements for advertising and editorial content, audio streaming and progressive-download on any Internet connected device (but not on AM/FM over-the-air digital broadcasts). Audits and accreditations of measurers will follow the establishment of these audio measurement standards. MRC validations help advertisers to choose their advertising media and decide on which metrics to base planning, monetization and invoicing.

Definition 1. What is an “Audio Ad Impression”?  
  • The ad must be played with a digital audio player "in an unmuted state and at a nonzero volume" (whether browser or in-application environment).
  • The ad must be filtered for Invalid Traffic Detection and Filtration (following MRC Guidelines) ; Sophisticated Invalid Traffic Detection is strongly encouraged and is required for audience metrics.
Definition 2. What is an "Audible Ad Impression"? 
  • Like a Viewable Ad Impression, an Audible Ad Impression must play for a minimum duration of two continuous seconds to be measured.
  • Measurements must occur on the client side, not on the server side (log file analysis).
  • The ad must be loaded and initiated by the user ("insofar as possible"); what about autoplay?
Questions
  • The new standards will certainly be applied in European and Asian markets. Nevertheless, besides global advertising groups, companies or associations involved in establishing the standards are mostly American: Radio Advertising Bureau (RAB), National Association of Broadcaster (NAB), Interactive Advertising Bureau (IAB), 4As and ANA. Is the all American MRC becoming de facto a world-wide organization?
  • Duration: two seconds ; only two seconds? Is that enough to define an "Audible Ad Impression"? Especially if "any part of the ad qualifies", as specified by the MRC. Further research is needed. In the mean time, why not let each advertiser decide which duration is best.
  • How to manage compatibility of all audio measurements, whether legacy terrestrial radio (broadcast) or streaming. How to combine the two measurements in order to calculate one single and hybrid GRP (Reach and Frequency)?
  • How long will the validation of measurement techniques take ("accreditations")? How expensive will they be? Will viewability specialists be the first audited and accredited for audibility? When it comes to video, how will measurers combine - or separate - viewability and audibility?

jeudi 10 novembre 2016

A new President. What to expect for the media?


A new President, a new Congress. All Republican. What's in it for the media?

A new FCC? The new President will appoint new commissioners at the Federal Communications Commission (FCC), and, first of all, a new Chairman for the Commission (Tom Wheeler will probably exit the chair January 20, 2017). Will he choose a commissioner already in place or nominate a new one?
"Only three commissioners may be members of the same political party"; their term lasts 5 years.
FCC commissioners, November 2016

Which regulations could be changed by the new Commission? Which decisions could be made? Speculations go on, perhaps simply hot air. But Congress requests that the FCC refrain from “controversial” moves before Trump takes office and a new Congress meets.
First, the recent net neutrality rules (adopted in February 2015, in effect since June 2015). The rules were set "to keep the Internet fast, fair, and open. "Blocking, throttling, pay-for-priority fast lanes and other efforts to come between consumers and the Internet are now things of the past." said FCC chairman Tom Wheeler (June 2015). Could these rules be rolled back or weakened?

Then, the Time Warner and AT&T merger might be challenged. Will the FCC review the deal? During the campaign, Donald Trump said he would block the deal. The FCC would have to discuss this from a competition point of view : is the merger (vertical concentration) in the public interest?

What about the antiquated cross-ownership rules (1975)? These rules continue to prohibit media companies from owning newspapers and TV or radio stations within the same DMA. The FCC has reviewed these rules and upheld them. Will the new FCC abolish them?

jeudi 1 septembre 2016

Im-pertinences de la terminologie média


La présentation que fait Nielsen (cf. infra) de "l'univers média" américain (Total Audience Report) est révélatrice des difficultés terminologiques des médias.
Voyons cette présentation qui se veut complète (total).
  • Tout d'abord la presse est omise. Bizarre ! Or la presse est multi-support : le lectorat des exemplaires papier est également numérique, présent tant sur l'ordinateur que sur le mobile où il est d'ailleurs mêlé indistinctement à l'audience des réseaux sociaux, supports isolés ici par Nielsen et traités comme des médias à part entière. La presse a sans doute disparu, noyée dans le numérique.
  • Si la présentation de Nielsen accorde sa place à la radio (AM + FM), où ses activités numériques sont-elles prises en compte ?  Quid des réseaux et services musicaux tels que YouTube, Spotify, iHeartRadio ou Pandora ? Quid de l'audience des très nombreux sites de stations, d'émissions ? Est-elle comme la presse noyée dans la catégorie web ou mobile ? Cet "univers média" ne le précise pas, sous-estimant d'autant la catégorie "radio".
Peut-on, d'un même mouvement, mettre sur un même plan pour les comparer et en additionner les audiences, radio, presse, TV, réseaux sociaux, smartphone, etc. sans risquer de dupliquer ou/et de sous-estimer les segments ?
Car, ou bien l'on compare les médias, ou bien l'on compare les supports (media vehicles). La plupart des médias, comme la presse, la radio ou la télévision, sont désormais multi-support ; ils sont présents non seulement sur leur support de prédilection, traditionnel (téléviseurs des foyers, papier, récepteur radio) mais aussi - et parfois majoritairement (mobile first) - sur le web, donc sur les écrans d'ordinateur et de smartphone (streaming, via des réseaux sociaux, parfois). Omnicanal, dit-on, pour résumer.
Un journal, un magazine, une station de radio ou de télévision produisent des contenus, les distribuent eux-mêmes et louent également des canaux de distribution (dont les réseaux sociaux, les MVPD - Multiple Video Programing Distributors, etc.) auxquels, en échange, ils apportent de l'audience et un potentiel publicitaire.

Cette affaire de terminologie et de classification dépasse la question de l'audience ; on la retrouve dans le cas des recettes publicitaires (cf. la terminologie du Marché publicitaire utilisée par l'IREP et France Pub).
Accordons-nous au moins sur quelques distinctions élémentaires. L'économie numérique des médias et de la publicité a en effet brouillé les catégories traditionnelles, devenues obsolètes.
  • Les formes des contenus médias varient (texte, video, audio, photo). La presse comme la radio produisent aussi de la vidéo, de l'audio, du texte, de la photo, du e-commerce pour les diffuser sur leurs sites, leurs applis... On pourra de moins en moins distinguer et classer les médias selon la forme de leurs contenus  et encore moins selon la forme première du média : existe-t-il de la presse sans papier, de la télévision sans téléviseur ? L'univers de concurrence est à recomposer et d'abord à repenser... ce que fait le 7 septembre 2016 The Newspaper Association of America qui, abandonnant le papier dans son nom (newspaper), s'appellera désormais News Media Alliance.
  • Ces contenus, plus ou moins agrégés, peuvent emprunter divers canaux de distribution / réception : kiosques, boîtes aux lettres ou portage, applis de smartphones, sites web sur smartphone, tablettes ou ordinateurs, broadcast ou broadband / streaming...
  • En fait, si l'on extrapole ce raisonnement, à terme, les publishers (i.e., médias) ne se distingueront plus que par le thème de leurs contenus et non par leurs supports : cuisine, voyages, information, football... Leur distinction (unique selling proposition, USP) se résume à une marque, marque éditoriale, marque média (qui peut être une marque ombrelle). Faut-il en finir avec la notion de "pure player" ?
Et les réseaux sociaux ? Ce sont d'abord des canaux de distribution sans contenus propres autres que ceux générés par leurs utilisateurs (U-GC).
Facebook le revendique sans ambigüité. cf. Reuters (August 29, 2016) : "we are a tech company, not a media company,"[Facebook is] a technology company, we build the tools, we do not produce any content"). Alors, les réseaux sociaux constituent un support et non un média... Un tribunal californien a d'ailleurs admis l'irresponsabilité éditoriale de Twitter en août 2016.
Mais Facebook ou YouTube, comme Le Monde ou The Washington Post, toutes entreprises bifaces, ont aussi développé des régies publicitaires, très puissantes : frenemies ? Jusqu'où, jusqu'à quand ?


Sources : RBR, Nielsen, August 30, 2016.

mardi 26 janvier 2016

Publicité extérieure, affichage : quels marchés pertinents ?


Le développement formidable de la publicité sur supports numériques demande de reconsidérer la terminologie usuelle, et les classifcations, empiriquement construites, des médias et de la publicité. 

Quels sont, dans cette perspective, les marchés pertinents de l’affichage (posters, billboards) et de la publicité extérieure (Out-Of-Home -OOH - ou Outdoor) ? Nous mentionnons la terminologie anglo-américaine pour mieux faire valoir le flou des catégories utilisées en français (catégorisations importantes car mobilisées par le droit, l'économie, le marketing). La terminologie, c'est bien connu, peut constituer un champ de luttes. "Héritage de mots, héritage d'idées" !

Tout d’abord, affichage et publicité extérieure sont des notions différentes. L'affichage peut être considéré comme un sous-ensemble de la publicité extérieure.
  • L’affichage se définit arbitrairement, actuellement, par la nature technique des supports, matérielle, immobile : cadres et affiches (et colle), et, depuis quelques années, écrans (vidéo) ; le Digital-Out-Of-Home (DOOH) ayant par contagion pris, en France, le statut des affiches (mêmes régies...). De plus, l'affichage papier se technologise (rétro-éclairage LED, supervision), ouvrant la voie à l'interactivité.
  • La publicité extérieure (Out-Of-Home) peut se définir par l'aire de réception, extérieure au domicile, fréquentée "on the go", indépendamment des technologies. Il y a de plus en plus d'écrans, de capteurs et de Web, et, dès lors qu'il y a écrans, capteurs, Web, cloud, il y a possibilité de mesure numérisée des usages, collecte de données et commercialisation programmatique. TV, Web, DOOH : même combat !
Dans son analyse du marché publicitaire, l’IREP distingue cinq segments dans la publicité extérieure : digital, outdoor, transport, mobilier urbain, shopping (N.B. : ensembles non disjoints). Cette acception s’en tient au "média" traditionnel et exclut, de facto, ce que l’on appelle encore "hors média" (below the line).
Pour notre évaluation, nous incluons une partie du "hors média" dans la publicité extérieure : la publicité et la promotion sur le point de vente (PLV, in-store marketing), les foires et les salons. 
Nous y ajoutons la publicité dans les salles de cinéma (la situation publicitaire n'y étant pas différente de celle des gares ou des aéroports). 
Nous ne disposons pas des dépenses 
publicitaires pour le mobile en 2014
Enfin et surtout, il faut prendre en compte le Web et les applis de smartphones, dont les messages publicitaires sont reçus ("poussés") sur supports mobiles (smartphone), géo-localisés (adresse IP, GPS, Wi-Fi) ou contextualisés (beacon BLE, "Nearby" de iOS9, "Explore around you" de Google Maps). Ainsi, par exemple, l'appli mobile Google Now indexe des millions d'adresses (contextual understanding). Les opérations mobile-to-in-store avec notifications (couponnage, etc.) se développent.
Selon les objectifs publicitaires, on appréciera le degré de substituabilité de ces différents vecteurs.

Pour l'évaluation de leur contribution au marché pertinent, nous avons pris en compte, pour chaque segment de communication, les données IREP - France Pub de l'année 2014, dernière année complète disponible.
Les dépenses de communication des annonceurs nous ont paru plus judicieuses que le nombre de faces qui neutralise la qualité des emplacements, leur visibilité, les effets d'insertion dans des réseaux...
Selon les données IREP - France Pub, pour l’année 2014, le strict périmètre de l’affichage représente moins du tiers des dépenses des annonceurs de la publicité extérieure : 4 114 millions d’euros (valeur nette, cf. tableau supra). 

Le marché de la publicité extérieure s’avère diversifié. Son animation est le fait des points de vente où s’installent des écrans en réseau à l’initiative de la grande distribution ; elle est aussi le fait des foires et salons avec ce qu'ils impliquent d’événementiel. Globalement, l'animation du marché de la publicité extérieure est le fait du commerce, de la proximité des actes d'achat. Elle a pour objectifs, de manière indissociable, de maintenir et accroître l'image des marques (branding) et de développer les ventes : "Out of home builds brands and drives transactions" (OAAA).
L’essentiel de l’animation proviendra, de plus en plus, de la publicité recourant au Web et aux applis, qu’il s’agisse de search ou de display avec ciblage hyper-local. 
Notons que la télévision, une fois connectée (OTT), se positionnera sur ce marché, un message publicitaire cliquable, géolocalisé, renvoyant les téléspectateurs à un point de vente déterminé proche de chez eux et non plus à un réseau national de magasins. 

Le développement de la communication numérique bouscule la notion de marché pertinent pour la publicité extérieure ; il faut y intégrer ce qui se passe avec les smartphones (cartes, itinéraires, plans, collecte de données, interactions), et, surtout, il importe de substituer une analyse dynamique des forces en présence à un constat figé car les changements disruptifs ne préviennent pas longtemps à l'avance... Sur ce marché de la publicité extérieure ont commencé d’intervenir des acteurs disposant d'immenses moyens, Facebook (exemple : Local Awareness adverts), Google, et des groupes de télécommunication, entre autres (que l'on pense par exemple au travail de Google avec New York City (cf. Intersection pour LinkNYC ou MTA) ou encore au partenariat de Google Maps avec la SNCF pour la cartographie des gares françaises. La présence de ces groupes dans ces secteurs est encore peu visible et ils échappent aux outils de mesures classiques. Leurs capacités technologiques et financières peuvent en faire du jour au lendemain de redoutables concurrents des groupes actuels de publicité extérieure tant est disproportionnée leur capacité à recueillir et exploiter des données. En toute logique, à propos du marché publicitaire du métro de Londres, J.F. Decaux (16 mars 2016) compare la part de marché de JCDecaux à celles de Facebook, de Google et de la télévision (ITV, Channel 4). 
Le marché futur de la publicité extérieure sera un marché de data, de capteurs (sensors) et d'analyseurs de comportements. C'est le marché naissant de la ville intelligente (smart city) qui est en jeu dont les objets sont inter-connectés (Internet of Things).
Google, Facebook, Cisco, Intel, IBM ou Oracle participeront-ils aux prochains appels d'offres des collectivités publiques et des entreprises de transport ? Les renouvellements d'appels d'offre étant fréquents et le secteur de la publicité extérieure étant d'ores et déjà sensible aux technologies numériques si disruptives, la notion de marché pertinent ne doit-elle pas anticiper les évolutions numériques (les données économiques mobilisées enregistrent le passé, elles sont par construction en retard sur le marché en train de se faire, aveugles, or, dit-on, "competition is one click away").

En tout cas, il est urgent de remettre en chantier les périmètres des marchés médias pertinents, en rompant avec les découpages arbitraires, souvent sur le point d'être obsolètes et qui risquent de freiner le développement de marchés d'intérêt public.

N.B. voir les arguments d'une décision de the Australian Competition and Consumer Commission et le commentaire de Mark Ritson, dans The Australian Business Review, May 22, 2017.
Voir aussi MediaMediorum sur un autre juegment de concentration : (AT&T + Time Warner) : les médias traditionnels encore bien loin derrière

mercredi 3 juin 2015

Télé locale en France : quelle malédiction ?


En France, la télévision commerciale locale semble ne pas se porter très bien.
Ainsi, la TLT, station de Toulouse, pourtant l'une des plus anciennes (1988), même si elle a obtenu un sursis du Tribunal de Commerce et une prolongation pour 5 ans de son autorisation d'émettre par le CSA, reste menacée de liquidation. Son endettement atteindrait 2 millions €. Et les exemples ne manquent pas : Télessonnes est en situation difficile, Médias du Sud (TV Sud Camargue, TV Sud Montpellier, TV Sud Pyrénées Orientales) pourrait déposer son bilan (sources : médias régionaux), VooTV, station de Dijon mise en liquidation judiciaire (sources : presse régionale)... Fin janvier 2013, le CSA avait autorisé, en 25 ans, 48 services de télévision locale terrestre.

Source : Télévisions locales
Manifestement, le modèle économique de cette télévision n'est pas adéquat à ses ambitions. Dépendant des financements publics, la télévision locale est de santé fragile, admet le CSA. Trop peu de revenus publicitaires, des audiences dispersées, difficiles à commercialiser. Des coûts de distribution (TNT) élevés. Une trop faible notoriété parmi les professionnels du marketing et du planning stratégique.
Pourtant, selon l'enquête TV locales 2015 de Médiamétrie qui évalue l'audience locale d'une trentaine de stations locales terrestres, près de 13 millions de personnes en France regarderaient ces stations au moins un fois par semaine (audience cumulée). La durée d'écoute serait de 44 minutes pour 1,3 million de téléspectateurs.

Des solutions ? En cas de difficulté de gestion, les stations de télévision comptent essentiellement sur les diverses collectivités locales (Conseil régional, commune, agglomération, département), sur les subventions, sur l'impôt local donc plutôt que sur des solutions commerciales (publicité, abonnement).
Le streaming (OTT) n'est-il pas une solution plus raisonnable favorisant une diffusion des programmes sur tous les supports, notamment mobiles (tablettes, smartphones) ? La mesure de l'audience en serait facilitée, plus opérationnelle, de même que la collecte de données. Des stations ont ouvert une chaîne sur YouTube comme, par exemple, TVFIL78, "la télélocale de Saint-Quentin-en-Yvlines" (ici), ou 8 Mont-Blanc. Pourquoi pas un multi-channel network (mcn) dédié à la télévision locale française ?

Aux Etats-Unis, les stations locales constituent l'armature de la télévision nationale ; elles peuvent constituer des réseaux de distribution nationale (networks). Ces stations sont titulaires d'une autorisation de diffusion locale terrrestre. La syndication de telles stations donne naissance à une huitaine de chaînes nationales terrestres grand public, commerciales ou éducatives. Toute station affiliée à un network obtient en échange la diffusion d'une grille de programmes gratuits et les revenus publicitaires dans laquelle elle peut insérer des écrans locaux (local time), placés entre deux émissions du network diffusées nationalement (adjacencies) ; cet espace publicitaire est vendu à des annonceurs locaux.

Une station affiliée ou O & O (filiale, Owned and Operated) bénéficie par conséquent de programmes de qualité nationale ; elle y ajoute l'actualité locale (news), sans dépenses exorbitantes de production ou d'achat de fiction, de sport. Elle gère une régie publicitaire locale, la publicité nationale ne la concerne pas, qui relève du network uniquement.
L'activité Internet, en synergie, épouse cette structure de marché, local et national tant pour les contenus que pour la régie. Ce montage donne à la télévision locale sa viabilité, sa visibilité et son dynamisme d'entreprise. De plus, 5 groupes de stations locales (ABC, Cox, Hearst, Media General Raycom) s'associent pour lancer NewsON en automne 2015. NewsON (112 stations, 84 DMA) est un programme d'information gratuit qui sera diffusé sur la télévision connectée (mobiles, etc.).

En fait, un tel modèle d'affaires n'est pas si étranger au marché français des médias qu'il peut paraître ; il évoque, par exemple, le réseau des Indés Radios qui représente un network de plus de 120 stations locales (régie nationale assurée par TF1) réunissant une audience cumulée de plus de 8 millions d'auditeurs (Lundi-Vendredi, 13 ans et +) ; il évoque encore le PQR66 constitué  par la presse régionale avec plus de 60 titres qui, assemblés, apportent une couverture à la fois locale et nationale aux annonceurs, conjuguant l'affinité locale, la proximité avec la qualité nationale. Tout ceci bien sûr est présent sur le Web, les stations comme le réseau, avec ce que cela apporte de données pour alimenter une DMP (Digital Media Platform). C'est un filon que convoitent Google et Facebook, notamment pour le local.

Le législateur a choisi pour la France une politique de télévision jacobine à base nationale, centralisée plutôt que locale. La télévision est conçue comme un ferment de culture républicaine capable de contribuer à l'homogénéisation d'une culture nationale ("La Voix de la France"), de réduire les différences (culturelles, langagières notamment), de promouvoir l'intégration. Comment concilier cet objectif politique, social et culturel de cohésion sociale et d'égalité avec une ambition locale ? Une "monarchie républicaine" avec la citoyenneté médiatique locale ?

Quelques références

CSA, Étude sur les conditions de réussite de la télévision locale en France sur la base d'une comparaison internationale, 2010. N.B. Hélas, si la comparaison prend en compte le Canada elle omet les Etats-Unis.
Rapport annuel 2014, ici.
Télévisions locales nationales et thématiques, le journal professionnel, ici.
Télévisions locales (actualité des), ici.

Stations prises en compte par l'étude TV Locales de Médiamétrie (septembre 2014 - juin 2015) :

  • 26 stations en régions : Alsace20, Canal 32, D!CI TV, Grand Lille TV, LCM, LCN, LMtv, Ma Télé, Mirabelle TV, Normandie TV, Tébéo, TébéSud, Télénantes, Télim TV, TLT, TL7, TLM, TV7, TV Fil78, TV Sud Camargue-Cévennes, TV Sud Montpellier, TV Tours, TV Vendée, TV Rennes 35 Bretagne, Vosges Télévisions, Wéo 
  • Pour l'Île-de-France : 4 chaînes de Canal 31 (BDM TV, Cinaps, Demain!, Télé Bocal), IDF1 auxquelles s'ajoutent, curieusement, BFM Business et France 24 (chaînes nationales, voire internationales).

jeudi 2 avril 2015

Cours de gestion des médias par la Cour des comptes


La Cour des comptes publie son analyse de la situation de Radio France (2004-2013) : Radio France : les raisons d'une crise, les pistes d'une réforme. Avril 2015, 238 pages (dont 43 pages de réponses des adaministrations et organismes concernées).

Peu d'a priori idéologique ou partisan autre que le bon sens de gestion dans ce texte. Difficile de ne pas s'étonner, naïvement, des éléments mobilisés pour son diagnostic par la Cour : Radio France étant financée par l'impôt (90% du CA provient de la redevance), il est logique d'en attendre une gestion rigoureuse, et un style de vie frugal.

Or Le Canard enchaîné, qui se délecte de tels scandales, c'est son métier de journaliste, vient par trois fois successives d'épingler la gestion de Radio France pour des dépenses somptuaires incompatibles avec la gestion publique, pour des privilèges difficiles à admettre par les contribuables (voiture de fonction et bureau luxueux, frais de conseil en image, etc.). Toutefois, l'Inspection générale des finances ne verra aucun "caractère anormal" dans ces dépenses.
Canard et Cour des comptes, même combat ? "S'assurer du bon emploi de l'argent public, en informer le public", stipule la devise de la Cour.

L'analyse de la Cour des comptes dénonce, en une belle euphémisation, "une gestion peu rigoureuse", qu'il s'agisse des achats ou de la gestion de la masse salariale (4 300 employés).
La Cour des comptes recommande, entre autres, "la mutualisation dans le domaine de l’information et la création d’une rédaction unique" donc de "fusionner les rédactions de France Inter, France Info et France Culture"). Soulignant "l’intégration incomplète du numérique", les magistrats de la Cour demandent à Radio France d"accélerer la mue numérique". Métaphore malencontreuse, car il s'agit plus que d'une "mue", plus que d'un changement de peau ou de plumage : c'est une révolution, un changement de paradigme, de modèle économique qui demandent des actions radicales. En fait, plus encore que la gestion courante, c'est le modèle économique du média qui est en question. Même le mot "radio" ne convient plus tout à fait pour nommer ce média.

NPR, un autre modèle de radio publique

Le rapport évoque d'autres modèles de radio publique nationale européenne : Belgique (RTBF), Danemark, Grande-Bretagne (BBC). La radio publique américaine aurait pu être étudiée également, pour son articulation efficace du local et du national, notamment, et pour son mode de financement.

NPR (National Public Radio), réseau américain de 860 stations réparties sur tout le territoire américain, emploie 840 salariés. NPR fédère et coordonne des stations membres, à qui elle propose et vend des programmes (130 heures par semaine) et une interconnexion satellitaire.

NPR ne gère pas de station de radio - ceci est laissé à des initiatives locales indépendantes. NPR s'autofinance, les stations membres du network payant les programmes qu'elles diffusent (fees, qui repésentent la moitié de son CA).

L'Etat fédéral ne contribue qu'à hauteur de 2% du CA de NPR. Le CA de NPR provient également des messages de parrainage (sponsorship) retransmis par les stations (un quart du CA).

Les stations locales fournissent, le cas échéant, des sujets au network national "stations are partners in newsgathering" (station reporting). Les stations locales, indépendantes, sont d'abord financées par des donnations des auditeurs et, ensuite, par le parrainage local. Les deux tiers d'entre elles sont associées à des institutions universitaires.

N.B. Sur la structure du network de radio publique, voir npr radio and public media.
Sur les finances de NPR, voir public radio finances

jeudi 5 juin 2014

Work and home audiences: BYOD


CNBC, the American business TV channel, does not want to use Nielsen measurements to guarantee its daytime audience. Why?
Because its audience cannot be accurately measured during this daypart. In the daytime, the network is watched mainly at the office (trading floors, etc.); since there are no people meters in offices, the work TV audience is not measured. The Nielsen people meter panel includes only households ("Nielsen families"). CNBC audiences in the evening (prime time) will still be guaranteed but for daytime TV, CNBC prefers to use its own "internal metrics" (cf. Sam Thielman, in Adweek).

Measuring audiences in the workplace can be a challenge for some media. It can be done for the press and radio: readership surveys or PPM (Portable People Meter, Arbitron / Nielsen) take all kinds of audiences into account, whatever their locations.
What about the Internet? Site-centric measurements cover audiences in the workplace. But what about panels (user-centric measurements)? Nielsen and comScore claim to measure Internet at work and they recruit people using computers at the office. What kind of company or IT department agrees to install measurement software to monitor company computers? Moreover, can we separate work from home use? This is probably an illusion: nowadays people carry their own laptop to the office; they work at home for their company; they use their company computer for personal tasks (e-commerce, mail, etc.); they bring company computers back home... That is why the majority of companies are implementing BYOD policies (cf. Bring Your Own Device): the consumerization of IT seems inevitable. BYOD is also said to be good for employee satisfaction and productivity... but includes security pitfalls (cf. "Avoiding BYOD desasters").

Audiences are not found only in the home. But while out-of-home audiences can be very important for TV and the Web, they are difficult to measure and, of course, to sell. Think of sports audiences: how many GRPs are going to be lost in out-of-home audiences, bars, hotels, offices, transportation?

mercredi 5 mars 2014

Du Web pour compenser la télévision ? Vers un contact tout écran ?


La chaîne de télévision américaine ABC (network de Disney) proposerait à ses annonceurs la possibilité de combler on-line, sur ses sites, un déficit d'audience off-line sur sa chaîne. On dit aussi qu'il arriverait à Fox, dans certains cas, de recourir au site de vidéo Hulu, pour des compensations.
Le principe de compensation par des make-goods ou Audience Deficiency Units (ADU) est appliqué depuis longtemps par la télévision américaine, notamment pour les achats effectués sur l'upfront market : la chaîne compense un éventuel déficit de GRP sur la cible achetée par des GRP de même nature : même chaîne, même cible, même tranche horaire. Il s'agit de la mise en œuvre de la garantie d'audience accordée à l'annonceur qui achète son espace publicitaire longtemps à l'avance.

Ce qui est nouveau, c'est de compenser on-line un déficit off-lineCela laisse augurer des plans TV conçus d'emblée comme mixtes, associant des emplacements TV et des emplacements Web. L'évolution de la mesure des audiences va dans ce sens : ainsi du Digital Program Rating (DPR, Nielsen), qui mesure l'audience du streaming des émissions sur le site des chaînes et devrait bientôt intégrer le mobile. C'est la direction que suggèrent, en France, les outils OCR Nielsen / Facebook ou encore le panel mixte TV-Web de Google / Médiamétrie. La consolidation de mesures hétérogènes reste toutefois un problème.

Jusqu'où peut-on pousser ce principe de "porosité" entre on- et off-line (l'expression est de Nielsen) ? Assistons-nous à la mise en place d'une monnaie publicitaire unique, tout écran, indifférente aux particularités de ces écrans (tailles, ergonomies, contextes de consultation), indifférence facilitée par le responsive design (RWD) ?
Alors, qu'importe l'écran, pourvu qu'on ait le contact ?
Dans ce cas, pourquoi ne pas étendre ce principe aux écrans DOOH, écrans du métro, des points de vente, des aéroports, des centres commerciaux, des gares ? Ou encore au cinéma en salles ?

mercredi 12 février 2014

Achats locaux TV : un nouvel outil américain de Nielsen


Nielsen met en œuvre dans les 210 marchés média locaux américains (DMA) un outil d'achat TV combinant taux d'audience locale (National Station Index, NSI) et analyse des consommations des téléspectateurs : Local Buyer Reach. L'outil pourra fonctionner dans tous les marchés, indépendamment de la méthodologie de mesure de l'audience locale : audimétrie individuelle (LPM, local people meter) dans les plus grands marchés, set-meter pour les marchés de taille intermédiaire et carnet d'écoute (diary) pour les plus petits marchés.

Les données de consommation sont fournies pour une quarantaine de segments et catégories : fréquentation de la restauration rapide, automobile (immatriculations), épicerie, que les achats soient effectués dans les points de vente traditionnels ou sur des sites de e-commerce. Les données mobilisées proviennent des cartes de crédit ; elles sont anonymisées et protégées.
L'automobile est le premier annonceur local en 2013, suivi par les télécoms et les restaurants (source : Kantar Media).
Ces données croisées permettront aux commerciaux de chaque régie locale de mettre en évidence le pouvoir d'achat des téléspectateurs de leur station (on et off line). On peut imaginer qu'un tel outil puisse aisément être appliqué au Web et à la radio (Nielsen mesure les trois médias) et permette d'élaborer des plans médias mixtes, Web, radio et TV.

Le développement de cet outil commercial souligne l'importance du marché publicitaire local pour la télévision américaine, marché bizarrement inexistant en France mais qui représente le tiers des dépenses publicitaires TV aux Etat-Unis.
Ces outils commerciaux sont adaptés aux annonceurs locaux et aux annonceurs nationaux visant les consommateurs à l'échelle locale.Ils rappellent un outil de type source unique (single source) développé également par Nielsen pour le marché national des produits de consommation courante (CPG, Consumer Packaged Goods) : Nielsen Catalina Solutions et la suite logicielle AdVantics. Toutefois, cela ne résoud pas les problèmes de mesure de la télévision locale par panel, surtout dans les plus petits marchés (cf. les solutions de Rentrak).

jeudi 7 novembre 2013

Radio et télévision locales mesurées ensemble

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Conséquence de l'achat d'Arbitron par Nielsen, voici mis en place un test de mesure de l'audience d'une campagne cross-média : radio + télévision. Le groupe CBS est partenaire de l'opération.
Les données radio proviennent du PPM (Portable People Meter), les données télévision du panel audimétrique local de Nielsen (Local People Meter, LPM). Cette association permettra le calcul d'un GRP global distinguant la couverture à au moins 1 contact et la répétition (déduplication de l'audience).
  • Cette opération cross-media ouvre la voie à d'autres opérations du même type avec d'autres combinaisons de médias, Web + TV, par exemple. Si l'on peut mélanger des contacts audio et des contacts audio-visuels, alors tout est possible. Est-ce la légitimation par deux acteurs majeurs des médias du GRP cross-média ?
  • La perspective de telles mesures renforce la valeur de la publicité locale, donc des stations et des networks notamment pour un groupe média mixte comme CBS qui détient 130 stations de radio (O&O) et un network avec 29 stations de télévision (O&O). Univision qui détient également un network TV et Univision Radio est sans doute intéressé aussi. Cela devrait susciter des alliances radio et télévision (syndication ?), peut-être des acquisitions. N.B. : ABC et NBC ont revendu leurs station et networks radio.
Résultats du test : fin du premier trimestre 2014.

dimanche 27 octobre 2013

Transports en commun, médias personnels

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Dans le métro, le média qui domine est le smartphone. Dans le bus, dans le tram, dans les trains aussi. Peu encombrant, gratuit, à portée de la main, le smartphone est commode.
Que font les passagers avec leur mobile ?
Chacun dans leur coin, ils utilisent leur écran : lisent leurs messages, y répondent, regardent une appli, lisent leur courrier, y répondent ("Envoyé de mon iPhone" !). Certains regardent un film, d'autres lisent les nouvelles du jour, beaucoup jouent à des jeux vidéo, écoutent de la musique, des podcasts peut-être. Il en est même, hélas, qui téléphonent, tonitruent leur vie privée au public. People à faible portée !
Les autres, minorité qui diminue, lisent des journaux, des livres, des notes de cours, des manuels, des magazines. Du papier encore mais tablettes et liseuses prennent de plus en plus les transports en commun.
Quel avenir pour la presse distribuée gratuitement à l'entrée dans le métro, à l'arrêt de bus, du tram, dans la gare ? La concurrence du smartphone est redoutable et elle sera encore plus à redouter quand la connectivité sera meilleure dans les transports en commun (Wi-Fi, 4G).

Pour affirmer ce changement, il n'y a pas encore de données objectives. Seulement des observations bi-quotidiennes, subjectives, pas d'OJD, pas de budget-temps. C'est dommage car il y a plusieurs millions de personnes dans les transports en commun chaque matin, chaque soir, cinq jours par semaine. Voyageurs réguliers... quels 7/9 ! Quelle Big Data ! Celles, ceux qui prennent les transports en commun savent tout cela, intuitivement.
Qui nous dira ce qu'est l'audience dans les tranports en commun ? Une autre manière d'envisager l'audience, data pour un médiaplanning contextuel.
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lundi 12 août 2013

Le téléviseur, la tablette et le multiscreentasking

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Que retenir de la dixième étude annuelle de l'OFCOM consacrée à l'évolution du marché de la communication en Grande-Bretagne : Communications Market, Report 2013, Research Document, 1 August 2013, 434 p. ?

Tout d'abord, quelques éléments de cadrage
Quatre heures de télévision par jour, en augmentation pour tous les groupes d'âge, sauf les 25-34 ans, presque trois heures de radio dont un tiers via des plateformes numériques. 50% des personnes utilisent un smartphone, 53% des foyers utilisent un DVR, 79% un ordinateur. Par voie postale, les ménages envoient 8 courriers par mois et en reçoivent 8 par semaine. Un quart des foyers possèdent au moins une tablette. Moins de 5% des foyers possèdent et ont branché un téléviseur connectable.

Première conclusion. L'impact télévisuel limité du multitasking télévisuel
Le multitasking est globalement pratiqué régulièrement par deux adultes sur trois : 62% "multitaskent" avec des appareils numériques, à quoi s'ajoute le multitasking ordinaire, non pris en compte par cette enquête : lecture de magazines, du guide de programmes TV, loisirs créatifs, discussions familiales, etc.).
L'essentiel de ce multitasking s'effectue en dehors de toute relation avec l'émission regardée, donc sans effet publicitaire ou promotionnel. Les deux écrans restent la plupart du temps dissociés, n'induisant guère de social TV.
Le mérite et l'originalité de l'analyse du multitasking télévisuel par l'Ofcom consiste à distinguer en effet deux types d'activités ayant lieu durant la consommation de télévision : celles qui sont en relation avec le programme de télévision regardé (meshing) et celles qui ne le sont pas (stacking).
  • Plus du tiers des personnes (36%) recourt plus ou moins régulièrement à au moins deux écrans, simultanément (multiscreentasking ou meshing), principalement avec un smartphone. D'abord en recourant au téléphone (voix, message). Ensuite, de manière moindre, en recherchant des infos sur le Web ou en utilisant des réseaux sociaux. Les possesseurs de tablette multitaskent plus que les autres. Le multiscreentasking touche davantage la population féminine et jeune. Peu d'interactivité directe avec l'émission.
  • Quant au stacking qui représente l'essentiel du multitasking (56%) et qui est consacré à une activité numérique sans rapport avec l'émission regardée, il est surtout consacré à parcourir le Web, à tenir des conversations téléphoniques, traiter ses e-mails et être actif sur des réseaux sociaux. 
Deuxième conclusion. L'importance télévisuelle croissante de la tablette
La tablette apparaît comme un appareil tout terrain, utilisé pour tout mais surtout pour la télévision et le cinéma pour lesquels elle supplante le smartphone. La tablette devient un support essentiel de la télévision, linéaire ou catch-up, utilisée avec des applis : c'est un véritable téléviseur connecté et portable. C'est aussi un appareil partagé par tous les membres du ménage, notamment avec les enfants. Comme le téléviseur. De par toutes ses propriétés, la tablette est accélérateur de multitasking.


mercredi 19 décembre 2012

Fusion dans la mesure d'audience des médias américains

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Mise à jour 30 septembre 2013
Fusion acquisition sur le marché de la mesure des audiences : Nielsen achète Arbitron (1,26 milliard de dollars) et maintient ainsi une position largement dominante sur ce marché. L'opération est approuvée par la Federal Trade Commission (FTC) le 30 septembre 2013, après neuf mois de documentation et de délibération. La décision est assortie de conditions préservant la concurrence dans le secteur et permettant à comScore d'accéder aux données PPM d'Arbitron.

Depuis les années 1950, même le grand public américain dit "the Nielsens" pour désigner les taux d'audience des émissions de télévision. Menacé par AGB dans les années 1980, Nielsen avait alors réussi à dissuader le marché américain de suivre le panel People Meter d'AGB, protégeant son hégémonie.
Nielsen restait seul sur le marché de la mesure de l'audience nationale de la télévision (NTI). Fin 1993, Arbitron abandonnait à Nielsen le marché local de la télévision (NSI). Nielsen était désormais en situation de monopole sur le marché de la mesure de l'audience TV. Il y eut bien quelques mécontentements et des menaces mais rien de sérieux. Par construction, le marché de la mesure est conservateur, on n'aime pas toucher à l'instrument de mesure qui définit le marché et entérine les positions établies : agences et régies gèrent l'inertie au titre de la sacro-sainte comparabilité, et, sauf exceptionnellement, les annonceurs ne s'intéressent guère à la mesure, déléguant bizarrement cette préoccupation à leur agence. Ce qui pourrait changer avec le développement du big data, qui engage une entreprise et ses données au-delà de son seul budget TV.

En absorbant Arbitron, Nielsen renforce sa position
Arbitron a développé une technologie de mesure individuelle et passive de l'audience de la radio, applicable à la télévision, le Portable People Meter (PPM). Accréditée par le MRC, cette technologie est décisive pour la mesure des audiences hors du foyer. De plus, on peut imaginer que, à terme, une audimétrie de type PPM (appli sur portable ?) ne nécessite qu'un seul et même panel pour la TV et pour la radio, voire même s'attaque en même temps à la mesure des audiences hors foyer (DOOH, cinéma, affichage) où tout est à faire.

Cette consolidation, oligopolistique, intervient alors que le marché américain de la mesure des audiences voit arriver de nouveaux acteurs, annonçant un changement de paradigme et bougeant radicalement le périmètre traditionnel du champ. Rentrak a développé une mesure TV, locale et nationale, recourant aux boîtiers des réseaux câblés (set-top box). Modèle économique sans audimètres et pour lequel un panel est plus commode à gérer (cf. Kantar Media avec DirecTV : Return-Path Data methodology). La menace peut venir aussi de Google qui développe des panels nationaux hybrides, TV + Web, et inonde le marché de ses Web analytics gratuits et performants. D'autres acteurs innovants s'intéressent à ce marché : comScore, puissant sur le marché de l'audience Web (panels online) où il menace Nielsen, TiVo s'alliant à Datalogix (DLX TV), Cisco avec NDS (racheté à News Corp.), Intel, Apple, etc. Désormais, toute transaction sur le Web s'accompagne d'analytics plus ou moins complexes : plusieurs centaines d'entreprises fournissent des analytics à leurs clients.
Le marché du Web est dynamique et l'on comprend que seule la mesure du Web mobile unifiera tous les médias, réalisant l'ancienne utopie d'un 360° multi-plateforme, holistique. OTT, télévision connectée, interactivité, analyse des comportements d'achat dans les points de vente, DOOH, téléphonie et mobilité sont les prochains chantiers. Même unis, Nielsen et Arbitron auront fort à faire dans un marché mouvant et innovant.
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mercredi 31 octobre 2012

La radio tient tête à Sandy. Broadband et broadcast

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L'ouragan Sandy qui ravage le Nord-Est américain aura affecté inégalement les médias qui se sont révélés inégalement efficaces et robustes au coeur de la tempête.

La téléphonie, fixe ou mobile, Internet et la télévision ont été sévèrement touchés, les réseaux câblés également. Et même 911. Coupures d'électricité, locaux inondés, antennes et émetteurs arrachés...
Les opérateurs de téléphonie étaient mal voire pas du tout préparés ; et l'on se souviendra qu'ils se sont opposés à la FCC qui, après les destructions dues à l'ouragan Katrina (2005), voulait imposer des équipements de secours résilients. Irresponsable impéritie.

Pour l'essentiel, seule la radio a résisté ; seule, elle a pu fournir en continu les informations indispensables aux zones très sinistrées.
Grâce à son mode de diffusion, la radio s'avère, au coeur du désastre, le média d'information le plus sûr, le moins vulnérable, le plus opérationnel ; d'ailleurs le directeur de la Federal Emergency Management Agency a recommandé aux sinistrés d'écouter la radio.

Ceci constitue un argument important pour la diffusion broadcast (modèle one-to-many) dans la bataille des fréquences en cours : la FCC demande aux broadcasters (radio, TV) de rétrocéder une part de leur spectre pour le broadband.
Depuis quelque temps, les radios réclament qu'une législation fédérale rende obligatoire la présence de la radio FM dans les téléphones portables, pour des raisons de sécurité : Sandy leur donne raison. Broadband ou broadcast ? Non, broadband et broadcast.
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mardi 7 août 2012

La découverte de la musique par les Américains

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Les américains découvrent des musiques grâce à la radio (43%). Les recommandations d'amis comptent pour 13%, les réseaux sociaux (c'est à dire Facebook ?) pour 10%, YouTube pour 8% : ce sont les données résultant d'une enquête par questionnaires en ligne (3 000 répondants, Nielsen Music 360 Study).
Préférences d'écoute des Américains pour la musique.
"Radio" inclut la radio par satellite (SiriusXM).
Source : Nielsen Music 360
Pour écouter la musique, YouTube est utilisé par les moins de 18 ans tandis que les adultes utilisent encore majoritairement les CD, voire les cassettes. Globalement, l'écoute provient, dans l'ordre de préférence, de la radio, des CD, de YouTube et de Pandora (cf. Tableau ci-dessous) : c'est iTunes (Apple) qui sépare le plus les 13-17 ans des plus de 18 ans. Mais, la division est-elle placée à l'âge le plus pertinent ; est-ce la variable la plus discriminante : quid du diplôme ? Dans le prochain iPhone, l'appli YouTube ne sera plus présente par défaut.

Les possesseurs de smartphone disposent d'une appli pour la musique (53%), d'une appli pour la radio (44%) et d'une appli pour une boutique vendant de la musique (28%).
Ce sont les 18-34 ans qui fréquentent les concerts ; les plus jeunes d'entre eux y achètent des T-shirts et des posters.

Ces informations rapportées par la presse américaine (USAToday, The Wall Street Journal), ne distinguent pas selon les genres musicaux (variétés, jazz, classique) et selon les formats d'antenne. Par ailleurs, à la différence des enquêtes menées, en France, par le Ministère de la culture (Pratiques culturelles des français à l'ère numérique), on s'en tient à la consommation musicale, à l'écoute, à l'achat. La pratique musicale (instruments, chant), l'éducation musicale sont-elles trop rares pour être appréhendables par un échantillon si petit ? L'interrogation réduit la musique au commerce, à "la société du spectacle". Evidemment, on ne peut compter sur une enquête déclarative pour évaluer l'importance des pratiques dites "illégales" de téléchargement ; ainsi, beaucoup d'internautes écoutent de la musique sur YouTube pour l'enregister et l'utiliser ensuite avec iTunes (iPod, iPhone, iPad) : à quelle catégorie affecter cette pratique ?

Les enquêtes contribuent par la structure et les termes de leur questionnement à l'inculcation de l'image des phénomènes qu'elles étudient. L'enquête quanti est facteur de simplification.
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dimanche 1 juillet 2012

La bande-son de nos sociétés

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4,9 €, 6 numéros par an pour 25 €, 100 pages. Bimestriel nouveau (voici le numéro 2) consacré à la musique, aux musiques. Beaucoup de musiques : rock, bossa nova, jazz manouche, Norah Jones, raï, Cuba, Yvette Horner...
La publicité, encore rare dans les premiers numéros, est consacrée à la musique, et à ses manifestations commerciales : radio, DVD, concerts, albums, festivals...

Le sous-titre de ce magazine est une formidable promesse : la musique comme bande-son de nos vies, de nos sociétés.
Puisque la musique est partout, dans les supermarchés et les ascenseurs, musique pour ambiance commerciale (Muzak), dans les films et les séries TV, dans les jeux vidéo, dans les restaurants... Musique enregistrée, morte, achevée et mise en boîte, vendue au mètre, assénée par les véhicules qui passent dans les rues, par les voisins, musique dans les avions, musique chez le coiffeur, chez le dentiste, musique en attendant... Sonneries de téléphone, répondeurs, jingle... Airs classiques et populaires squattés par les pubs, à la radio, à la télé, sur le Web. Soundscape.
Nous habitons le monde en consommateurs de musique. Notre "civilisation" semble avoir horreur du silence ; elle a besoin de meubler, de remplir à ras bord son environnement sonore. Musique entendue, consommée plutôt que jouée et pratiquée. Musique proclamée à coup de hauts-parleurs, comme une identité : hymnes de classes, de générations, de "communautés"... A quand le droit au silence dans les doits (et les devoirs) de l'Homme ? "Qu'est ce que cela peut te faire / On ne choisit pas son enfer" (Aragon).

Il faut encore beaucoup de travail pour tenir les promesses du sous-titre. Déjà, on perçoit des possibilités, des ébauches : brèves sur les émophobes en Irak (p.10), sur le coup de gueule d'un batteur contre le patron de Spotify (p. 11), sur Céline Dion et la musique d'enterrement (p. 11)... Bel article sur la bande-son de l'histoire d'un demi-siècle d'Algérie : assassinat des musiciens populaires et terrorisme, printemps berbère et chanson kabyle (Lounès Matoub, assassiné en 1998 : sa musique dérange), le raï des années 1980 (Cheb Mami, Khaled), le rap récent, la musique de la jeunesse algérienne... Article bien trop rapide (manque aussi un CD ou un fichier à télécharger) sur un sujet méconnu, difficile alors que sur "les papys du rock", on sait presque toutet d'ailleurs, on ne veut peut-être rien savoir. Un article sur Hadopi, et beaucoup d'articles sur des aspects inattendus, inconnus de la musique dans nos sociétés (les "crate diggers", les "suicide girls", etc.).
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