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jeudi 18 août 2011

Catalogues de catalogues

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Google met en place une appli permettant d'utiliser des catalogues sur une tablette iPad (appli gratuite via iTunes Store). Google reprend Google Catalog Search, lancé en 2002 pour le Web, (scans de catalogues imprimés puis OCR), fermé en 2009. Entre temps, d'autres applications pour catalogues sur iPad ont été publiées : Catalog Spree et TheFind Catalogue, notamment. Dans son principe, cette dernière appli présente beaucoup de points communs avec Google catalogs qui semble toutefois plus achevée.
Google catalogs présente plusieurs caractéristiques :
  • C'est un catalogue de catalogues, une sorte de syndication : des dizaines de catalogues peuvent être consultés et confrontés sur le même support. Pratique pour comparer les produits et leurs prix. 
  • C'est aussi un catalogue de toutes les actions commerciales possibles, pour un consommateur, sur le Web : feuilleter, comparer les prix, partager, créer un "collage" personnalisé des produits retenus, souhaités, zoomer, rechercher, trouver la boutique la plus proche, acheter (grâce à des liens vers le site du marchand), etc. 
  • Pour certains équipements, le catalogue va jusqu'aux conseils et aux démonstrations (cf. pour le catalogue de Williams-Sonoma, ci dessous, une vidéo montrant l'utilisation de la machine faire des glaces - ice cream maker - de Cuisinart).
Une telle appli, qui recrée sur écran l'expérience du centre commercial (le mall et ses mêmes enseignes), donne une vie nouvelle aux catalogues dont le modèle économique est compromis : prix du papier et de la fabrication, difficultés de la distribution et attentes des consommateurs (mises à jour fréquentes).
Une arborescence simple et intuitive, une ergonomie courante (c'est celle de l'Ipad), tout facilite la consultation. L'iPad s'adapte parfaitement à la logique d'organisation des catalogues. Affinité plus forte que celle de la presse avec l'iPad, plus convaincante aussi que celle du catalogue avec le Web. Grâce à cette appli, la concurrence catalogue/site Web devient une collaboration, le consommateur pouvant jouer à sa guise de leur correspondance. Enfin le catalogue autorise des développements promotionnels, des coupons de réductions, par exemple. En mars 2012, iTunes Store ouvre une catégorie "Catalogs" (cf. notre post).
La presse magazine et les catalogues ont une grande proximité éditoriale. Or la plupart des magazines thématiques comportent une dimension guide d'achat : il y a là une voie à tester pour le développement de ces magazines en ligne.

Choix de catalogues (copie d'écran)
Copie d'écran du catalogue Williams-Sonoma
C'est un joli mot catalogue, ancien : on dressait déjà le catalogue des bateaux dans L'Iliade. Du grec "liste complète".
Mot parfaitement domestiqué, depuis des décennies : les catalogues de Manufrance (1885), de Sears (1888-1993), de La Redoute (1922), des 3 Suisses (1949) installent la vente par correspondance (VPC) et les sociétés de consommation au coeur des foyers, à domicile où que l'on habite, grâce à la poste. Sortes d'encyclopédies, inventaires complets des objets et outils à vivre que l'on peut acheter. Fascination des enfants pour les catalogues et notamment les catalogues de jouets : Sears édita un catalogue pour les fêtes de fin d'année, "Sears Wishbook", dès 1933.
Le catalogue sera perçu comme un média de la modernité du XXe siècle naissant : Apollinaire, "Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent" ("Zone" dans Alcools).
Enfin, comment ne pas imaginer une allusion au "catálogo de catálogos" de La Biblioteca de Babel (Jorge Luis Borges) ou encore, espièglerie à la Doodle, une allusion au paradoxe russelien du catalogue des catalogues qui n'appartient pas à ce catalogue... D'ailleurs, Borges aura l'honneur d'un Doodle le 24 août !
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mercredi 12 janvier 2011

Vidéo : la grande distribution, du DVD à la VOD


Mise à jour : 11/01/2015
L'évolution du marché américain de la vidéo semble s'effectuer au profit de la grande distribution.
Dans les années 1980-90, Blockbuster met en place sa chaîne de magasins spécialisés ; Walmart et Kmart (supermarchés) vendent des DVD, Best Buy (GSS) aussi. Une dizaine d'années plus tard, Netflix, nouvel arrivant recourt à la voie postale pour faire parvenir et récupérer les DVD loués à ses abonnés. Le magasin est en ligne, la commande et sa gestion, paiement inclus, s'effectuent sur un site Web. Modèle mixte, off et online : 20 millions d'abonnés. Nouvel arrivant aussi, Amazon vend des DVD (transaction en ligne, acheminement postal). Sur le modèle des machines à monnaie (self-service coin-counters), redbox, InstaFlix et Blockbuster mettent en place des réseaux de distributeurs de DVD (video rental kiosks).
La grande distribution tient le marché du DVD. Elle effectue maintenant son virage online.
  • Best Buy (GSS) entre dans le marché du streaming avec l'acquisition de CinemaNow fin 2008.
  • Après un premier essai manqué avec HP en 2007, Walmart, premier distributeur mondial (9 000 magasins), rachète Vudu (streaming) en février 2010. Appli iPhone pour le catalogue.
  • Sears Holdings, qui regroupe Kmart et Sears, lance fin 2010 Alphaline Entertainment. Le consommateur accédera à un film en même temps que sa sortie en DVD, pour le louer (4 $) ou l'acheter (20 $). Le service devrait être multi-plateforme (mobile, etc.). 
  • Amazon InstantVideo entre sur le marché du streaming également. 
  • iTunes passe de la musique à la vidéo pour louer et vendre des programmes mais propose également un boîtier de connection Web / téléviseur.
  • YouTube triomphe sur le Web mais le cinéma et les grandes séries TV lui échappent. 
  • Des boîtiers / players permettent de transférer ce qui est sur le Web vers le téléviseur (Apple TV, Boxee, Roku) et relaient Vudu, Netflix, Amazon...
Observations générales, et provisoires
  1. Pour conquérir ce marché, la grande distribution, généraliste ou spécialisée, dispose de nombreux atouts maîtres, transférables aisément à la distribution de vidéo : relation clients, connaissance des consommateurs, bases de données, facturation, cartes de fidélité, clientèle fréquentant régulièrement ses points de vente, capacité de promotion croisée (cf. Vudu / Walmart, Tesco / blinkbox), expérience de la vente en ligne. Par construction, elle est au coeur même de l'articulation on-line / off-line, le prochain champ de bataille du commerce.
  2. On observe, à l'oeuvre, le fonctionnement d'une économie de transition (et non de simple substitution). Les trois modes de distribution coexistent et tous les trois restent dynamiques. Ainsi, la distribution "sur place" via DVD continue de se développer (cf. instaFlix, flilale de NCR, distributeurs de billets). La plupart des entreprises de distribution vidéo sont actives sur deux ou trois segments (cf. supra, schéma). Cette articulation des trois modes / segments semble vertueuse : ainsi de Netflix qui invite ses abonnés au transfert progressif du DVD à la VOD en ligne, et les accompagne dans cette lente évolution pour ne pas les perdre (taux de churn très bas).
  3. L'approche multiplateforme se développe : distribution sur tablettes, smartphones, consoles de jeux vidéo, en plus des téléviseurs, des ordinateurs et des enregistreurs numériques (TiVo). 
  4. Quand cette distribution passera-t-elle au cloud computing, logique et ultime étape qui facilitera la gestion des stockages personnels, comme le pratiquent déjà entre autres Amazon et iTunes?
  5. Dans la distribution vidéo, les chaînes de télévision (networks) semblent marquer le pas. Ensemble, elles ont mis en place hulu (ABC / NBCU / Fox), reproduisant pour la VOD leur modèle gratuit publicitaire (ciblage avec adSelector, de Publicis), puis Hulu Plus. Elles utilisent aussi leurs sites pour diffuser leur programmes. Fox a abandonné Bitbot, diffusion de la vidéo sur smartphones, en revendant Fox Mobile Group. En revanche, en mai 2011, le bouquet satellite Dish Network a racheté Blockbuster.
  6. Sans doute, en dernière instance, l'initiative est-elle laissée par les networks aux studios auxquels ils sont adossés (Disney / ABC, NBC / Universal, Fox, etc.).
  7. Le marché publicitaire associable à la distribution vidéo via streaming est théoriquement considérable, notamment pour la publicité vidéo. Il sera nécessairement multiplateforme (la sélection, la transaction commerciale et la consommation n'étant pas nécessairement effectuées sur la même plateforme), et recourra aux formes les plus avancées du ciblage affinitaire (pour ne pas déranger le destinataire) : marketing comportemental, ciblage langagier, etc. A moins que les consommateurs ne préfèrent payer plutôt que de supporter une publicité qui les dérange...
  8. Et en Europe ? Faut-il imaginer, en France, Carrefour, Leclerc, FNAC, Casino, Darty, etc. se lancer dans ce métier ? Ils sont déjà implantés dans la distribution en ligne et vendent des DVD. Restent les accords avec les studios... En Grande-Bretagne, Tesco (grande distribution) a racheté Blinkbox en avril 2011... pour le revendre en janvier 2015 à TalkTalk. Concurrence de Netflix ?
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