mercredi 27 décembre 2017

Misaeng : la gestion dans une entreprise coréenne vue par une série TV


"Misaeng" est une série coréenne diffusée par la chaîne généraliste tvN en automne 2014. La série est connue aussi sous le nom de "Une vie incomplète", selon une impression empruntée au jeu de Go. Important succès d'audience en Corée. La série est reprise par Netflix.
"Misaeng" est basée sur un manga coréen à succès (webtoon) dont on a pu dire qu'il constituait la "bible du salarié coréen". L'action se déroule dans une entreprise multinationale coréenne faisant partie d'un conglomérat (cheabol). L'immeuble rouge brique que l'on montre dans la série semble être celui du siège Daewoo à Séoul, conglomérat dont la faillite frauduleuse (1999) fut retentissante (y compris en France, cfDaewoo en Lorraine).
L'intrigue est centrée sur la vie au bureau de quelques nouvelles recrues, stagiaires, emplois temporaires. Bizutage, brimades, tableaux Excel à tiroirs, macros, aboiements au téléphone, paperasses qui s'entassent, photocopieuse, café, tracasseries... L'enfer, c'est les petits chefs.
Image du webtoon : partie de Go

Le personnage central de "Misaeng" est un jeune stagiaire, Jang Geu Rae. Pauvre, orphelin, pourvu d'un diplôme de l'enseignement secondaire, non titulaire, talentueux, il a tout pour devenir le souffre-douleur de ses aînés. Passionné de Baduk (nom coréen du Go), il aurait voulu devenir professionnel, et il se représente la vie dans l'entreprise, tout le monde de l'entreprise, comme une gigantesque partie de go, avec ses stratégies, ses coups, ses règles. Métaphore presque métaphysique (chaque pierre du jeu de Go a d'abord quatre libertés, mais, petit à petit dans le cours de la partie, elle perd des libertés, d'où le titre de la série, "Une vie incomplète" : les "pierres mortes", sans liberté, ne comptent pas au moment du score final, "âmes mortes" en quelque sorte). Le tableau d'ensemble est désolant, d'un réalisme déprimant : harcèlement et humiliation, jeunes femmes et jeunes gens maltraités qui ne se rebiffent pas, cadres intermédiaires (n+1) suffisants, machistes, vulgaires...

Les cadres anciens, à l'exception de l'un d'entre eux que l'on voit en famille, jouant avec ses enfants, s'efforcent d'inculquer aux newbies soumission et obsession de la carrière. L'une des cadres encouragera une stagiaire talentueuse, très diplômée (russe, sciences politiques, etc.) et excessivement maltraitée : maintenant, apprenez la comptabilité, c'est essentiel ("accounting is the language of business"), ce qui est indiscutable et ne devrait par être vécu comme un renoncement... Désenchantés, les quatre jeunes héros se débattent dans une nasse dont ils ne semblent toutefois pas vouloir s'évader, convaincus qu'il faut tout avaler pour parvenir (primes, bonus, etc.). Ils consentent à leur destin déplorable. Dans cet univers kafkaïen, sans échappatoire, la loyauté envers la firme se confond avec la ruse de la raison gestionnaire. Les décors urbains d'une "ville tentaculaire" en rajoutent à l'impression de déréliction.

Montage subtile, concis, cadrages précis, l'intrigue qui semble d'abord absente, la série ne faisant suivre la vie des protagonistes au bureau, se révèle en fin de première saison. Le rythme de la série est lent, enchaînant des événements minuscules aux yeux du spectateur qui n'en finit pas de s'impatienter, pensant : "on a raison de se révolter" (Jean-Paul Sartre). En fait, le thème de la série, c'est la liberté et la résistance, l'engagement, non pas abstrait mais dans le cadre du travail salarié. Peut-on concilier éthique et vie entreprise... Qu'est-ce qu'un individu dans, pour une grande entreprise ? Un pion, une "pierre" de GO ? Bien qu'il s'agisse d'une fiction, cette série constitue une approche ethnographique stimulante de la gestion et des relations de travail dans la firme perçue comme "total institution" (Erving Goffman). L'entreprise s'avère aussi une sorte de "société de cour" (Norbert Elias) où des courtisans mènent le jeu, de projet en projet, dissimulant au mieux leurs ambitions et leur tares...

L'originalité de cette série tient à l'univers décrit, sa banalité brutale et son horreur quotidiennes. Quel salarié n'ont pas connue cette expérience ? L'ensemble, d'épisode en épisode, est indiscutablement réussi. Tenu en haleine, le téléspectateur ne peut que se laisser embarquer, loin de la vision qu'exposent des séries américaines comme "Suits" ou "Mad Men". Où est l'exotisme ? "Suits", "Misaeng" ? Imposant un "regard éloigné", "Misaeng" étonnera les spectateurs occidentaux et ils n'en regarderont que mieux leurs séries habituelles. Bonne occasion de constater, entre autres, que l'expression de l'émotion n'est pas universelle, pas plus que ne le sont les règles et gestes de politesse  (déférence hiérarchique) ou les rites de passage. Et nous nous demanderons, nous, Occidentaux, à la manière des Parisiens dans les Lettres persanes (Montesquieu) :" Ah! Ah! monsieur est [Coréen] ? C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être [Coréen] ? "
A voir, impérativement.
N'est-ce pas la réussite de Netflix que de mettre de telles séries à portée d'autres regards que ceux de l'audience d'origine : Netflix s'avère un média inter-national, au sens strict du terme, qui peut éventuellement bousculer des ethnocentrismes établis. Média de la diversité. Quelle est l'audience non coréenne de cette série sur Netflix (ce que ne pourra nous apprendre Nielsen !) ?

Références

Norbert Elias, Die Höflische Gesellschaft, Frankfurt, suhrkamp, 1983 (en français, "La société de cour, Paris, Calmann-Lévy)
Philippe Gavi, Jean- Paul Sartre, Pierre Victor, On a raison de se révolter, Paris, Gallimard, 1974
Ervin Goffman, Asylums: Essays on the Social Situation of Mental Patients and Other Inmates, New York, Doubleday, 1961 (en français, aux Editions de Minuit)
Claude Lévi-Strauss, Le regard éloigné, Paris, Plon, 1983
Montesquieu, Lettres persanes (Lettre 30), 1721

     dans MediaMediorum :


jeudi 21 décembre 2017

A new business model for TV: virtual MVPDs (Hulu Live TV, YouTube TV...)


Hulu is an American streaming platform (or virtual MVPD) jointly owned by three national networks (ABC/Disney, Comcast/NBCUniversal, Fox) and, since 2016, by Time Warner (which now could is part of AT&T). Hulu was created in 2007, ten years ago; it now boasts 20 million-plus subscribers ($7.99/month).
Since Disney acquired the 30% Fox owned in Hulu (December 2017), Disney is now the major stakeholder with 60%.

In June 2017, Hulu launched a new live TV service. The service includes the four major legacy networks (ABC, CBS, NBC, Fox) and will also give access to parent cable channels: Fox News, ESPN, etc. Fox did not negotiate with its local affiliated stations: instead of local programming, the network will air national programs from Fox channels (Fox News, National Geographic, etc.). Missing, for the time being, are Univision and PBS (public TV).
Hulu Live TV has also inked deals with Turner Networks (CNN), A&E Networks (Lifetime, The History Channel, etc.) and Scripps Network Interactive (HGTV, Food Network, Travel Channel, Newsy).
Of course, it also includes the Hulu SVOD service.
Major virtual MVPDs. Philo is a sports-free service, was first incubated at Harvard Innovation Lab (2009).
Updated October 22, 2018

New and noticeable features for Hulu Live TV
  • Cloud DVR and unlimited number of screens per subscriber ($19.99)
  • Episode badging (shows if there is something new to watch)
  • Optional commercial-free service ($4 / month)
  • Up to six individual profiles (personalization algorithm: viewing habits, device, schedule)
  • Available on Apple TV, iOS, Android, the console Xbox One, Amazon Fire TV but remains unavailable on Roku
  • Nielsen includes Hulu viewership in the standard TV rating (C3 and C7)
  • Soon (spring 2018), a TV guide
Advertising and measurement tools for Hulu Live TV
  • Interactivity, local advertising: T-commerce (Brightline platform) will let viewers engage directly with a commercial to locally purchase advertised products.
  • Dynamic ad insertion on local level two minutes per hour: Hulu sells advertising pods on cable networks or in the cloud DVR environment (ads in recorded programming)
  • Streaming advertising campaigns will be measured using DAR (Digital Ad Ratings, Nielsen: all viewing devices included)
  • Campaign effectiveness management with interactive TV platform Samba TV (campaign is extended to all devices - hence cross-device, de-duplication, programmatic segments, TV DMP) and Nielsen Catalina. N.B. Since May 2017, Samba TV partners with Kantar Millward Brown for a single-source solution (TV advertising effectiveness analytics). Samba TV is a data and analytics company. Holistic measurement across screens.
  • Since August 2017, AWS (Amazon) is the cloud provider for Hulu and its cloud DVR (N.B.  AWS also provides the service for Netflix and Amazon Prime Video).
  • In Sept. 2017, Hulu received a "Primetime Emmy Award for Outstanding Drama Series" for "The Handmaid’s Tale". 
Virtual MVPDs do not profoundly revolutionize TV yet. They carry the same commercial networks, the same stations, the same programming. Nevertheless, it should be noted that YouTube TV is streaming a MLB network (baseball)...
Hulu Live TV counts mainly on Nielsen for advertising management. In fact, the streaming services mentioned in our chart are but a kind of MVPD (Multi Video Programming Distributor): is Hulu competing against cable operators?

mardi 19 décembre 2017

TicToc News on Twitter


December 18, 2017, Bloomberg is launching TicToc on Twitter. TicToc is a 24/7 global news network. Bloomberg LP owns magazines (including the former Business Week), a radio station, Bloomberg News and Bloomberg TV as well as many financial services.

The first sponsors are AT&T, CA Technologies, CME Group, Goldman Sachs, Infiniti, SAS and TD Ameritrade. There will be native advertising. 2700 journalists work for Bloomberg LP producing curated news... no user-generated content, no fake news !
One month after launching, TicToc averages 750 000 views (according to Bloomberg), 2 minutes per visit and boasts 119 000 followers. It could break even the first year.

TicToc is a new CNN for digital times. CNN was launched at the beginning of the satellite era (the 1980s), like MTV, Nickelodeon, HBO, ESPN... The old "new" television is now forty years old and suffers from cord-cutting. "The times, they are a changing / And admit that the waters / Around you have grown"... What about linearity?

TV programs, sport streaming on Snapchat, Facebook, YouTube TV... Are social media platforms becoming the new virtual Multi Video Program Distributors (MVPD)?


lundi 18 décembre 2017

Disney, Fox... et maintenant ?


Risquons un commentaire quant aux conséquences sur le marché des médias américains du rachat par Disney d'une partie de Fox (62 milliards de dollars). Qu'en sera-t-il, sous réserve d'accord des institutions réglementaires (FCC, FTC, Department of Justice) ?

Fox
  • Fox reste un network classique généraliste puissant, contrôlant complètement 28 stations locales (dites O&Os) dont 7 duopoles dans les 10 premiers DMA (New York, Los Angeles, Chicago, Dallas, San Francisco, Washington D.C. et Houston). Par ailleurs, Sinclair Broadcast Group est propriétaire d'un grand nombre des stations affiliées à Fox (surtout après son rachat de Tribune Media). Que peut vouloir Fox ? Acheter d'autres stations et renforcer son network, si une nouvelle réglementation le permet (N.B. l'essentiel des revenus d'un network provient des stations O&Os) ?
  • Fox garde un pied dans l'information avec Fox News et Fox Business (FBN) et avec la presse, dont les quotidiens The Wall Street Journal et le tabloïd New York Post : instruments politiques favorables aux Républicains ? Notons l'extraordinaire puissance médiatique totale de Fox / News Corp. à New York.
Disney
  • Avec Hulu dont il détient dorénavant 60%, Disney contrôle un MPVD (virtual). Hulu est en passe de devenir une puissance télévisuelle locale : Hulu reprend déjà 492 stations locales (O&Os et affiliées, YouTube n'en reprend que 302). L'affrontement avec Google (YouTube TV) et Facebook semble inéluctable pour la diffusion de la vidéo (notamment pour le sport).
  • La puissance des studios de Disney s'accroît de ceux de XXI Century Fox. Armes de production pour contrer Netflix ? Sans doute : Disney a déjà annoncé le lancement de deux chaînes OTT, l'une en 2018, pour le sport (ESPN Plus) et l'autre, en 2019, pour le divertissement.
  • La situation finale dans le domaine des retransmissions et droits sportifs est pas encore confuse et il faudra attendre l'achèvement de la transaction pour d'y voir clair (d'ici 12 à 18 mois). La puissance de Disney dans ce secteur avec ESPN s'augmente assurément de l'acquisition des 22 chaînes régionales de Fox mais Disney, qui n'a pas l'expérience du local, pourrait décider de les revendre.
Les inconnues

La réflexion, dans son état actuel, doit intégrer trois inconnues au cœur de l'évolution du marché télévisuel américain :
  1. L'allègement probable de la réglementation américaine de la concentration : le verrou des 39% pourrait sauter, ouvrant la voie à davantage de consolidations dans les groupes de stations, groupes d'affiliées (Sinclair Broadcast Group) ou groupe d'O&Os (Fox). L'un des objectifs de l'aggiornamento réglementaire serait de rééquilibrer le marché publicitaire en faveur des groupes traditionnels au détriment du "duopole" (cf. déréglementation à l'américaine).
  2. La fin de la neutralité du net, si elle est confirmée, renforce le pouvoir des MPVD dont l'activité principale est désormais de fournir la bande passante numérique (broadband) pour la téléphonie portable et la télévision OTT. Suivre l'évolution de Comcast, de T-Mobile (qui vient d'acquérir Layer3), de la fusion AT&T / Time Warner (fusion bloquée, pour l'instant, par le Ministère de la justice).
  3. La vitesse et l'ampleur de l'évolution de la télévision grand public qui passe de la télévision linéaire distribuée par des MVPD (câble, satellite) à une vente directe aux consommateurs, en streaming, comme le fait Netflix (direct-to-consumer). Le rôle des MPVD traditionnels peut s'en trouver diminué au profit de virtual MVPD (dont Hulu). L'évolution des équipements familiaux et personnels va dans ce sens (téléviseurs connectés, smartphones, streaming media players - dont Roku qu'acquiert Disney). 

jeudi 14 décembre 2017

New York publicité : le retour d'un média télévisuel sans pareil


New York Interconnect : en 2018, Altice USA, Charter Communications (avec quelques MVPD locaux, dont Comcast Corp.) ont créé un nouvel Interconnect pour le DMA de New York, le premier des DMA américains. Altice couvre New Jersey et Long Island, Spectrum couvre New York City. La présidence est confiée au président de Altice Media Solutions, la régie publicitaire de Altice USA. Un interconnect est une régie publicitaire commune à plusieurs réseaux câblés appartenant à différents câblo-opérateurs couvrant une région ou un DMA donnés.
  • Rappel : le DMA (Designated Market Area) est une circonscription de la télévision locale, terrestre (broadcast). L'exploitation d'un réseau câblé (cable system) est attribuée à un câblo-opérateur par une collectivité locale, généralement une commune, une ville ou un regroupement de communes. Donc, il y a éventuellement plusieurs réseaux câblés dans un même DMA. Ces deux aires géographiques ne se recouvrent pas. Le DMA comme le réseau câblé sont sans rapport avec l'Etat, ces trois aires relevant de logiques différentes (politique, administrative, commerciale).
L'aire urbaine desservie par le nouvel interconnect compte 6,2 millions de foyers, répartis dans trois Etats (New York, Connecticut et Pennsylvanie) ; le DMA compte 7,7 millions de foyers. La couverture est complète puisqu'elle regroupe les trois principaux Multi System Operators opérateurs de New York (MSO, desservant ensemble 85 réseaux). Seuls en sont exclus les foyers non abonnés.
Le nouvel interconnect de New York, lancé au deuxième trimestre 2018 prend en charge la publicité traditionnelle mais aussi la publicité numérique. Il sera intéressant de voir comment son audience sera mesurée, comment sera prise en compte la fonctionnalité TV Everywhere. Le précédent Interconnect n'intégrait plus Time Warner Cable (TWC) depuis 1998, mais TWC a été racheté entre temps par Charter Communications qui rejoint l'interconnect.

L'interconnect constitue un guichet unique (one stop shopping) pour les annonceurs et les agences en termes d'achat d'espace publicitaire local. Il simplifie les transactions dans un univers complexe. L'interconnect a pour concurrents la presse quotidienne et magazine locale, la publicité extérieure, les stations de radio et de télévision locales du DMA (dont  WNBC qui appartient à Comcast / NBCU). L'interconnect commercialise l'espace local des réseaux câblés et notamment les espaces locaux que leur confient des chaînes qu'ils retransmettent (une cinquantaine, les plus importantes). L'interconnect de New York commercialisera également l'espace non local de deux chaînes hyperlocales new yorkaises, News 12 Networks et Spectrum News NY1.

On compte plus d'une centaine d'interconnects aux Etats-Unis (135). Il existe par ailleurs une régie publicitaire nationale (national representative sales firm), pluri-locale des réseaux câblés, NCC Media.

Couverture géographique de l'interconnect de New-York

jeudi 7 décembre 2017

ATSC 3.0 : la télévision nouvelle génération (Next Gen TV) testée aux Etats-Unis


"Parent" Standard A/300
Différentes sections de ATSC 3.0
Source : ATSC3.0,
"What will the standard look like?"
Qu'est-ce que le standard ATSC 3.0 ?
"Advanced Television Systems Committee" désigne un ensemble d'entreprises américaines représentant les différents métiers de la télévision, associées pour établir un nouveau standard : équipementiers (broadcast), cinéma, électronique grand public, câble, satellite, semi-conducteurs...

L'objectif de l'ATSC est de concevoir les standards correspondants à l'évolution récente de la télévision et notamment à sa réception sur divers terminaux (appareils), en de multiples lieux, par l'intermédiaire de diverses technologies, principalement via Internet. Ce n'est donc pas un seul standard mais plutôt une suite de standards (on évoque une série de boîtes à outils).
Le standard ATSC 3.0 se décompose en sections (standards parents, cf. ci-contre) chacune comprenant une suite d'une vingtaine de standards. Cette modularité est conçue pour faciliter les réparations et les adaptations (maintainability). A cet effet, elle doit être rigoureusement documentée (referencing).

Les principaux mots clés, mots d'ordre de la nouvelle télévision, selon ATSC 3.0, sont la scalabilité, l'inter-opérabilité” et l'adaptabilité. Flexibilité et agilité sont indispensables pour accueillir les innovations futures issues de la mobilité, de l'interactivité et de la très haute définition (4K), entre autres.
Le précédent standard datait de 1996 ; il concernait la télévision linéaire (broadcast).

Une question majeure concerne la compatibilité entre le standard nouveau, ATSC 3.0, et celui de la télévision ancienne, linéaire (broadcast), télévision qui reste omniprésente à travers la télévision locale notamment mais qui chaque jour est de plus en plus minoritaire chez les consommateurs (cord-cutting, cord-nevers) : les deux tiers des foyers américains sont déjà équipés, d'une manière ou d'une autre, pour recevoir la télévision numérique, "connectée" (OTT). C'est le problème des périodes de transition, que de devoir faire coexister, pendant quelque temps, l'ancien et le nouveau, sans compromettre le modèle économique.

La FCC vient de donner son feu vert pour cette TV nouvelle génération (Next Gen TV). Ceci devrait donner davantage de possibilités à la télévision locale (terrestre) et ses stations, les annonceurs bénéficiant à terme de nouvelles capacités de ciblage, plus précises (adressabilité) et d'une standardisation nationale. Concurrencer les médias issus du web lui sera facilité .
Des tests techniques de viabilité ont lieu dans le DMA de Phoenix (model market) avec 10 stations (groupes Fox, Scripps, Meredith, Telemundo, Univision, Pearl TV, Tegna). Le DMA compte 1,8 million de foyers TV, un sur cinq utilisant directement la télévision terrestre.
Un groupe de stations explore également les possibilités qu'offre le nouveau standard aux stations de la télévision publique.
L'hostilité des MVPD à ce standard est liée à l'augmentation probable de leurs coûts et de leurs abonnements. La question de la mesure des audiences sera abordée dès le test.

N.B. Le standard ATSC 3.0 a été testé en Corée pour les émissions Ultra HD (2017) et sera utlisé pour la diffusion des Jeux olympiques d'hiver (2018).