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mercredi 11 août 2021

Par les champs, les grèves, les chateaux et les phares : la Bretagne

 Le Figaro, hors-série. "Par les champs et les grèves. Bretagne éternelle", 164 p., 12,9 €

Voici un très beau hors-série du Figaro consacré à la Bretagne, et notamment à ces traces historiques. Tout d'abord, le magazine s'ouvre par un éditorial plutôt discrètement politique consacré à Mona Ozouf, bretonne et normalienne, républicaine, et qui réfléchit, toujours !  Puis des photos de phares, beaucoup de phares : le phare des Poulains (Belle-Ile-en-Mer), celui de Ploumanac'h (Mean Ruz), le phare de Nividic, le phare du Créac'h (île d'Ouessant) le phare du Portzic, le phare de la Vieille (Pointe du Raz), celui de Port-Navalo (golfe du Morbihan) : ces photos ponctuent le magazine. Et puis les personnages : parmi eux, d'abord, Anne de Bretagne, "reine en sabots" mais Reine de France et Robert Surcouf, marin terrible, Sébastien Le Balp et le marquis de Poncallec, Cadoudal : la plupart des héros de la Bretagne sont là. En 1902, une circulaire d'Emile Combes impose la langue française à l'église, pour "le catéchisme et la prédication". Alors, le breton ? Drôle de bataille, vue d'aujourd'hui ! Et qui mériterait davantage que quelques lignes.

Enfin, on trouve Saint-Malo, ville détruite en 1944 et reconstruite. Et puis une historienne, normalienne aussi, Claire l'Hoër, raconte la vie d'Anne de Bretagne. Bertrand Du Gesclin ausi est traité longuement. Et puis les châteaux ("la dentelle du rempart"), et le Mont-Saint-Michel qui précède Chateaubriand et son petit château de Combourg où il fut enfant. Et bien sûr, il y a  les peintres de Pont-Aven avec Paul Gauguin et Paul Sérusier. Enfin, des pages sur la musique bretonne et sur la forêt où l'on célèbre Brocéliande.

Le magazine s'achève par les "pauses gourmandes" et par des suggestions de lecture parmi lesquelles Le cheval d'orgueil de Pierre-Jacquez Hélias qui méritait mieux dans cette promenade bretonne, lui qui savait si bien le latin et le breton. Quant à la carte de géographie qui clôt le magazine, elle est bienvenue mais par trop réduite (on aurait volontiers remplacé les pages consacrées à quelques patrons bretons par des pages de géographie). Dans l'ensemble, voici un bon magazine, pour les vacances d'été ou d'hiver, pour savoir où aller et pour rêver la Bretagne.

jeudi 25 juillet 2019

Des Jardins extraordinaires en région parisienne


Le hors série "Patrimoine & balades", est publié par Le Parisien (5,9 €) ; il traite des "Jardins extraordinaires", 124 pages + un Guide pratique de 24 pages décrivant adresses et bons plans. A la manière de Charles Trénet, car le magazine, s'il ne croise pas de "canards qui parlent anglais", se propose néanmoins de guider ses lecteurs par des lieux proches de Paris mais bien souvent méconnus des parisiens. Il en fait voir une vingtaine répartis dans neuf départements de la région capitale. Suivons les guides.

Le magazine, réalisé par Connaissance des Arts, propose donc une vingtaine de "petits paradis terrestres" comme les appelle Stéphane Bern, ces domaines boisés de la région parisienne. Ils constituent une véritable "boussole vers le vert" selon l'expression de Gregory Plouviez, "des cathédrales végétales".
Donner à reparcourir ces parcs, ces maisons, c'est le pari du hors-série de ce magazine. Chaque lieu est décrit pour faire voir et faire visiter ce qu'il a d'original, d'essentiel aussi, d'historique même. Mais surtout de beaux endroits pour passer une journée au vert, près de Paris. Le magazine donne à voir les cartes et les endroits : certains de ces endroits sont même au coeur de Paris, d'autres sont plus éloignés et requièrent une voiture. Au bout du compte, on sera diverti et l'on aura accru un peu sa pensée...

Prenons un exemple, un seul, et laissons les lecteurs découvrir les dix-neuf autres : voyons "la vallée aux loups", à Chatenay-Malabry, au sud de Paris. Ici, sont regroupés des témoignages historiques de François-René de Chateaubriand, qui a habité cette propriété aujourd'hui devenue propriété du département des Hauts-de-Seine. Chateaubriand, qui a des besoins d'argent (le romantisme connaît des limites !), revend cet endroit après dix années, en 1817. Des arbres historiques, des cèdres notamment, des cariatides de marbre blanc, un escalier de bateau d'autrefois placé à l'intérieur, un pavillon mauresque tout encore évoque le voyageur, réel et rêveur...

Bon, revenons à notre magazine. Il tient à la fois du guide touristique et de la description d'une région à visiter. Il peut guider les visiteurs (horaires, etc.) dans la région parisienne. Ainsi la presse reconfirme-t-elle sa vocation, donner à voir, penser. Un tel magazine vaut aussi comme guide à emporter (c'est le rôle du "guide pratique", petit format pour la poche) et faire la visite mais aussi comme coffee table book, pour préparer, en pensées, une sortie dans la région parisienne. A l'avenir, car un tel magazine a un avenir, on attend encore d'avantage d'idées de visites. Notons encore que la publicité y et rare et bien disposée.

dimanche 20 janvier 2013

It's complicated ? C'est la faute au smartphone!

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Le New York Times de dimanche dernier titre sa section "SundayStyles" d'un constat nostalgique : "The End Of Courtship", on ne fait plus la cour. Le dating, c'est (c'était ?) une sorte de rendez-vous difficile à mettre en place, il y avait de la romance dans l'air, un dîner, un cinéma, etc. Il y avait de la lenteur, de la timidité, de la patience aussi. Rituel aboli.
Aujourd'hui, estime le journaliste, on ne fait plus la cour, même un brin. La Carte de Tendre est réduite à quelques étapes, vite franchies, raccourcis difficiles à interpréter et dont on cherche même à optimiser l'investissement (ROI !).

L'explication avancée dans l'article pour un tel changement social n'est pas inattendue : ce sont les médias numériques immédiats, le smartphone et les textos, Facebook aussi, bien sûr, qui l'ont provoqué et propagé. Sur l'illustration, tous les échangent s'effectuent par textos, en peu de mots ; aucun face à face.
Cette évolution des modes de socialisation s'apparente à un refus des engagements dans les relations (commitment-free) ; elle surdétermine des évolutions démographiques déjà observables : âge du mariage retardé, parents plus âgés à la naissance du premier enfant, etc. L'article évoque à peine la question économique ; pourtant, on pourrait peut-être rapprocher ce changement culturel de la situation socio-économique des étudiant(e)s américain(e)s endetté(e)s pour longtemps à la fin de leurs études, confronté(e)s à un marché de l'emploi féroce, et redoutant une entrée dans la vie socio-professionnelle sans sécurité ?
"C'est compliqué !", dit-on sur Facebook pour désigner des situations qui n'épousent plus les catégories traditionnelles, normées, des relations amoureuses (que ne semblent pas encore savoir prendre en compte les questionnaires d'enquête). Cette complication concerne surtout une période intermédiaire qui dure de plus en plus longtemps, sorte d'adolescence prolongée ("20-something"). C'est "le vague des passions" à l'ère numérique (le texte de Chateaubriand est étonnamment moderne).

 Le vocabulaire de ces relations n'est pas stabilisé. On parle de "Hookup culture" (to hookup with someone) et de "main hang" (moins que boy/girl friend ; autrefois, on disait "main squeeze" !), etc. C'est compliqué ! "Girls" sur HBO (en France, sur OCS max) est la série qui correspond à ces situations (la deuxième saison vient de commencer et elle est renouvelée pour une troisième). Car la télévision s'est emparée du thème et le met en scène et en répliques (""Girls" lingo") à travers les aventures à New York de quatre jeunes femmes sorties récemment de l'université. On pense naturellement à "Sex and the City" (HBO déjà).
L'article du New York Times ne pose pas la question de la validité de toutes ces affirmations. Comment pourrait-on savoir ? Est-ce si nouveau ? Est-ce une situation universelle ? Quelles enquêtes permettraient de répondre à ces questions ? Des analyses des données Facebook ?

The New York Times, January 13, 2013. Article de Alex Williams, illustration de Peter Arkle.

mercredi 9 juillet 2008

L'avenir média de la météo

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On attribue au romancier américain Mark Twain la phrase qui donne la clé du succès médiatique de la météo : "Everybody talks about the weather but nobody does anything about it" (tout le monde parle de la météo mais personne n'y change rien). La météo est l'un des contenus les plus recherchés par les médias (Weather.com a une audience voisine de celle de CNN.com). Aux informations et prévisions, s'ajoute un aspect documentaire et vulgarisateur : réchauffement climatique, incendies de forêt, tremblements de terre, environnement, etc. Comme le sport et la bourse, la météo se repaît de statistiques mais aussi de cartographie, contenus automatisables, personnalisables, localisables. De plus, les événements météorologiques, presque toujours dramatiques, ne manquent pas et les présentateurs de la télé ont quelque chose de romantique : "Levez-vous orages désirés !" D'ailleurs, la météo a ses stars : James Cantore (The Weather Channel), Catherine Laborde sur TF1.

Aux Etats-Unis, la bataille pour la première chaîne météo, The Weather Channel (TWC), s'achève. Le groupe NBC (General Electric) l'acquiert auprès de Landmark Communications pour 3,5 milliards de $, associé à la Deutsche Bank, General Electric et des hedge funds de Bain Capital et The Blackstone Group. CBS, Comcast et Time Warner qui avaient fait connaître leur intérêt se sont désistés (mais Comcast rachètera NBC). Le prix de 35 $ par abonné est supérieur à celui de l'acquisition, par NBC, de Bravo (chaîne culturelle, 22 $ en 2002) et de Oxygen (chaîne Femmes, 12 $ en 2007). Sundance Channel (chaîne cinéma) a été achetée en 2008 par Cablevision Systems pour 19 $ / abonné (NBC en détenait un tiers).
L'acquisition comprend la chaîne TVC (crée en 1980, 97 millions de foyers abonnés), le site Weather.com (35 millions de visiteurs uniques en juin, selon comScore), Weather Services International (services de prévisions, 5 500 clients), Electronics Corporation (radars météo) et une participation dans Pelmorex (météo canadienne).
Quelle évolution après l'acquisition ? Trois évolutions semblent primordiales :
  1. Les contenus météo pourront être exploités par toutes les chaînes d'infos de NBCU (NBC, CNBC, MSNBC, stations O&O et affiliées, etc.) et par Internet. Cette acquisition consolide la puissance de NBC sur Internet et en téléphonie au moment où se cumulent les audiences tous médias.
  2. En 2004, NBC avec ses stations affiliées avait lancé NBC Weather Plus, qui décollait difficilement (la chaîne est toujours dans le rouge). Une fusion des moyens semble inévitable.
  3. NBC devra augmenter progressivement la contribution des réseaux câblés et opérateurs satellite qui ne versent que 11 c pour retransmettre TWC (selon les standards du marché, on attendrait 25 c).
TWC n'aura qu'un seul grand concurrent sur le marché américain, The Local AccuWeather Channel souvent présent en marque blanche dans les stations TV, les réseaux câblés et leurs sites. Signalons une initiative qui devrait inspirer des imitations : le Denver Post, quotidien de Denver, publie une comparaison des prévisions météo, après coup, le Weather-O-Meter.

Et en France ? Lagardère a vendu La Chaîne Météo (bénéficiaire) en 2006 au groupe Meteo Consult (Prosodie)... stratégie mystérieuse.

Mises à jour octobre 2008
  • Gulli et Tiji, deux chaînes TV pour enfants de Lagardère, mettent en place une météo adaptée à leur public.
  • Le Groupe Figaro acquiert Meteo Consult (10,2 millions de VU /mois selon Nielsen Netratings.
La météo est aisément multimédia et multi-support : pas de média sans météo, pas d'info sans météo. Elle est présente sur les téléphones, encadre le prime time, trône dans les portails. Chaque pays a sa chaîne météo, chaque région, chaque agglomération l'aura. La météo se combine au sport, à l'agriculture et à la pêche, au jardinage, aux vacances, au voyage, au tourisme. La météo, c'est du quotidien, du local de chaque instant, pour les loisirs et pour le travail. Montesquieu avait raison de voir dans l'homme un être du temps qu'il fait et des climats.
L'avenir média de la météo est au beau fixe !
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