mardi 16 février 2021

Not in the internet business. but in the customer-service business


 Jeff Bezos, Invent & Wander. Collected Writings. Introduction by Walter Isaacson, Harvard Business Review Press, 274 p., $10.92

Voici les oeuvres complètes, jusqu'à présent, du patron et créateur de Amazon. Elles sont introduites par Walter Isaacson qui trouve en Jeff Bezos des ressemblances avec Léonard de Vinci, avec Einstein, avec Steve Jobs, avec Ben Franklin... Jeff Bezos, souligne-t-il n'a jamais cessé de penser comme un enfant ("He has never outgrown his wonder years"). Et de citer la création de Amazon Web Services, ou encore l'achat de Whole Foods Market, la chaîne de magasins d'alimentation ou du quotidien The Washington Post. Enfant, Jeff Bezos fut un  infatigable lecteur et un fan de "Star Trek". 

Etudiant à Princetown, Jeff Bezos découvrit qu'il ne serait jamais un grand théoricien de la physique et se spécialisa dans le génie électrique et l'informatique. Devenu ingénieur dans un "hedge fund", il mit en oeuvre son "regret minimization framework" et alors, commença Amazon, avec sa femme. Et bientôt, ce fut le début de la "everything store" dont l'idée pourrait être résumée par le patron de Time Inc. : "Jeff Bezos n'est pas dans le métier d'Internet. Il est dans le "customer-service business". Et l'on assiste à la création de Amazon Prime, et de Amazon Web Services, une entreprise qui change le commerce du calcul ("We completely reinvented the way that companies buy computation"). Et ainsi vont la vie de Jeff Bezos et celle d'Amazon. Ensuite commence celle de Blue Origin, des fusées et celle du Washington Post...

A la fin de sa Préface, Walter Isaacson résume les leçons d'Amazon en cinq points essentiels :

1. Penser surtout au long terme ("It's All About the Long Term"). 

2. Mettre l'accent sur les clients, avoir l'obsession des consommateurs ("Obsess over Customers"). 

3.  Eviter les présentations PowerPoint (opinion que partageait également Steve Jobs). 

4. Les grandes décisions d'abord ("You get paid to make a small number of high-quality decisions"). 

5. Recruter les bonnes personnes, celles qui ont du talent. ("You don't want mercenaries at your company. You want missionaries").

Ensuite, après cette longue et passionnante introduction, le livre présente les oeuvres de Jeff Bezos, et quelques textes illustrant ces idées. Tout d'abord, ses lettres annuelles aux actionnaires et puis quelques articles, mais l'essentiel a été dit : "It remains Day 1". Le livre est clair, net, et l'ambition reste.

dimanche 7 février 2021

Latin et grec pour apprendre à tout âge

 Latin et grec. Le guide pour apprendre, à tout âge, Le Point, Hors-série, 100 p. 8,9 €


Ceux qui sont "nourris de grec et de latin" ne meurent plus de faim, comme dans le roman de Jules Vallès. Mais ils sont de moins en moins nombreux... Tout se passe comme si le statut du latin et du grec ancien étaient en train de changer et que ces langues mortes étaient désormais renaissantes :  "L'antique, c'est chic !", s'exclame un prof de langues anciennes. Et le premier ministre anglais, Boris Johnson, ancien maire de Londres mais surtout ancien étudiant d'Oxford, de réciter les 36 premiers vers de l'Iliade. Discours politique !

Le magazine mélange les points de vue de spécialistes divers ; Anne- Marie Ozanam, professeur en khâgne à Henri IV :"Je ne dis pas qu'il ne faut pas apprendre le latin. Il faut l'apprendre... si l'on veut. Cet apprentissage ne doit pas être obligatoire". Elle rappelle que le thème latin, pour être réussi, doit encore ressembler à Cicéron, Tite-Live ou César, ce qui est trop limité et elle demande aussi que, en matière de langues anciennes, on pense également à l'hébreu et à l'arabe, ces langues méditerranéennes anciennes certes mais qui sont aussi des langues modernes.
On trouve aussi un article du journaliste du Monde, Roger-Pol Droit, normalien et philosophe, qui espère des Grecs et des latins qu'ils nous aideront à "construire la raison sans frontière qui nous manque". Cédric Viliani, mathématicien et Médaille Fields, défend le latin comme complément des maths, comme le faisait Henri Poincaré. Son argumentation repose sur le rôle de la logique qui s'apprend avec le latin. Florence Dupont, normalienne et spécialiste des mondes grecs et romains, réclame de voir ces langues comme un "espace de questionnement et de rencontre pour les jeunes français dans leur diversité" : donc place à l'anthropologie dans la pédagogie !

On notera encore les deux pages consacrées aux Belles Lettres, les éditions Guillaume Budé, cent ans en 2019, éditions qui publient, bon an mal an, des textes grecs et latins, mais aussi, maintenant, chinois classiques.
Ensuite, viennent des extraits illustrés de l'Iliade et de l'Odyssée, des scènes mythiques. Et puis, il y a des jeux aussi, avec les déclinaisons, les histoires, de l'histoire aussi. Car on peut s'amuser encore avec un peu de latin et de grec
Voici un magazine amusant et enrichissant qui doit donner à ceux qui ne l'ont pas encore fait, enfants ou adultes, l'envie du latin et du grec, et à ceux qui en ont fait, éveiller de bons souvenirs.

jeudi 4 février 2021

Le smartphone à plein régime pour tout le monde

Mieux utiliser votre smartphone et votre tablette - Le guide pas à pas & conseils utiles, Pleine Vie, Hors série N° 58, 124 p.    

Il y a tout ou presque dans ce magazine, tout ce que vous voulez, tout ce que vous pouvez vouloir faire avec un smartphone ou une tablette, que vous soyez débutant-e, que vous changiez de marque d'appareil, que vous vouliez améliorer votre compétence et devenir un peu plus fort-e. A la une, une série d'expressions qui commencent par "Je" : tout y est des savoir-faire que l'on peut vouloir acquérir et maîtriser avec ces appareils, y compris l'application "Pleine Vie" (à télécharger).

La cible est celle du magazine (Reworld Media), donc cela vise plutôt les plus de cinquante ans, pour autant qu'une cible définie par l'âge ait encore du sens dans ce domaine. Car les plus de 50 ans constituent une cible de plus en plus confuse : elle mêle à quelques oisifs et retraités des gens qui travaillent, qui ont besoin d'une formation, qui changent encore de métier, qui doivent encore élever leurs enfants... Et puis, ce sont des lectrices et lecteurs qui doivent sans cesse apprendre à vivre.

Dans le magazine, les explications et le mode d'emploi sont simples. J'ai été parfois surpris par la présence des mentions Facebook et Cie (WhatsApp, etc.) comme allant de soi d'autant que leur sécurité est de plus en plus mise en question (cf. le débat avec Apple). Mais dans l'ensemble, les savoir-faire mentionnés, décrits, expliqués, témoignent que le smartphone, plus que la tablette, sont des outils courants ; tout le monde doit savoir s'en servir et le minimum se trouve dans ce magazine, pour tous les moments de la vie, ou presque, de la maternelle à l'arrière grand-mère (en 2021, on compterait désormais 76% des 11 ans et plus équipés d'un smartphone selon le Pôle numérique Arcep – CSA). Manque peut-être un index des noms, des fonctions... 

A mon avis, il est temps pour un tel magazine de faire évoluer sa cible, de l'élargir ou, du moins, de suivre l'évolution de la population : les "50 ans et plus" représentent désormais une bonne partie de la population, française, une bonne partie de celles et ceux qui prennent des loisirs, des vacances, qui travaillent, qui s'occupent d'enfants (les leurs ou / et ceux de leurs propres enfants). Ce ne sont pas des inactifs en fin de vie : la liste des savoir-faire à maîtriser, telle qu'elle est donnée à la une est parfaite. Il faut simplement la complexifier car l'informatique nécessaire est aussi devenue un exercice vital pour toutes et tous, une formation continue, indispensable.