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jeudi 8 septembre 2016

Il n'est d'audience que mesurable


La mesure fait l'audience : il n'est d'audience que mesurée ; c'est la mesure qui construit l'audience des médias, jouant ainsi un rôle primordial sur le marché des médias et de la publicité. 
La mesure fonctionne de facto comme un agrégateur. Loin d'être pure observation, elle est construction technique, statistique ; elle a ses outils : audimètre, questionnaire, taggage, cookies, PPM, panel, reconnaissance facialeetc. Consensuelle et certifiée (CESP, MRC), la mesure est fondatrice du contrat commercial liant acheteurs et vendeurs d'audience. Une audience non mesurée s'avère une contradiction dans les termes.

Un média dès lors qu'il est numérisé n'en finit pas de multiplier et étendre sans cesse le nombre de ses supports de distribution et de réception en autant d'occasions de lire, entendre, voir... Seule la mesure comme Total Audience Measurement peut accomplir la synthèse de ces audiences dispersées, corriger des duplications, seule elle est en mesure de réaliser les agrégats "audience de la radio", "audience de la presse", etc.
Omnichannel, l'audience est désormais "une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part". Il ne saurait y avoir de définition définitive de l'audience ; par construction, l'audience est non finie : la mesure n'en finit pas, au gré des changements technologiques, de créer et déplacer des audiences (TV Everywhere, par exemple). Or, pour travailler, il faut arbitrairement arrêter les limites de l'audience, et, c'est le mesurable qui établit sa limite opérationnelle puisque seule l'audience mesurable peut être commercialisée. Quelle serait l'audience, provisoirement, non mesurable ? Peut-être celle, indiscernable, qui est trop atomisée (cf. Micro-moments, etc...), celle des applis mobiles ou celle qui n'est pas identifiable, pas attribuable (par exemple, les citations anonymisées de la presse par des journalistes de radio ou de télévision, proches du plagiat). Droit voisin ?

Les restrictions mises en place à une délimitation de l'audience mesurable se retournent bientôt contre les médias. Voici quelques exemples de définitions restrictives, arbitraires, qui ont pu faire obstacle au développement des médias :
  • audience de la télévision réduite au foyer TV, à la réception en direct ; cette définition, aujourd'hui bousculée, a fait manquer aux régies l'immense audience hors du foyer, par exemple, ou encore l'audience différée : il fallut des années pour inclure le différé dans la mesure des audiences (C3 et C7 ratings aux Etats-Unis). La mesure a finalement été débordée par les pratiques généralisées de différé et de binge viewing, de consommations poursuivies d'un appareil à un autre (resume...).
  • audience de la presse réduite à la période de référence ; dernière semaine pour les hebdomadaires, dernier bimestre pour les bimestriels, veille pour les quotidiens, exclusion des semestriels, toutes ces définitions ont tiré vers le bas les audiences de la presse, les ont appauvries quantitativement et qualitativement. L'espérance de vie d'un titre est supérieure à sa périodicité ; pour les lecteurs, un titre ne chasse pas l'autre. La lecture est seulement différée (archives). Certains titres ne devraient-ils pas vendre, comme l'affichage, de la publicité longue durée ? Enfin, quid des reprises en main ? Tout se passe comme s'il y avait une volonté de sous-estimer la puissance réelle (i.e. somme des GRP) de la presse...
Nouvelle évolution des territoires de l'audience, voici les réseaux sociaux devenus vecteurs de news, textes et vidéo. Nouvelles formes d'agrégation ou de captation de l'audience des médias ? Le modèle économique-même des réseaux sociaux les pousse à s'emparer de l'audience des médias, presse et télévision d'abord (cf. le document d'entrée en bourse de Facebook en 2012) : ils n'augmentent l'audience d'un média que parce qu'ils la détournent d'abord. Sorte de prestidigitation ! A qui attribuer cette audience ? Dans quelle mesure en rendre compte, audience cumulée ou durée de contact ?

mercredi 11 février 2015

Evénement pluri-dimensionnel : la publicité dans le Super Bowl


Le Super Bowl, grand bazar télévisuel annuel aux Etats-Unis, constitue une occasion de diagnostiquer les évolutions de l'audience d'un événement que l'on peut bien appeler publicitaire, la publicité ayant phagocyté le spectacle sportif.
Quelles sont les audiences mesurées du Super Bowl ? Où les trouve-t-on ? L'audience TV, stricto sensu, comptée dans les foyers à l'aide de people meters est dépassée, débordée par les audiences mobiles. De plus, on n'a toujours pas d'audience sur téléviseur "hors-foyer".
Comme de la Rome de Sertorius (cf. Corneille), on peut dire de la télé d'aujourd'hui qu'elle n'est plus dans la TV, mais qu'"elle est toute où je suis".

Comment va l'audience ? A l'issue de l'événement, nous nous trouvons confrontés à toutes sortes de données. Big data certes mais pas encore smart data.
Ce qui frappe d'abord est l'hétérogénéité radicale des données dont nous disposons : hétérogénéité des unités de compte, des sources, des zones géographiques et périodes de référence... La valeur de l'ensemble de la chaîne des données étant celle de son maillon le plus faible, la valeur de l'accumulation de données hétérogènes est inférieure à la valeur de chaque classe des données cumulées. Démesure des données : on a davantage de données confuses et moins de données claires et distinctes. Malin génie médiatique !
Les audiences obtenues ne sont pas dédupliquées, sans doute sont-elles non dédupliquables (multiscreentasking, etc.) ce qui interdit toute évaluation de la couverture totale. Si ces données sont auditables une par une (qui le demande ?), l'audit de leur accumulation est improbable (y compris sous forme de pige).

Ne pas désespérer Madison Avenue !
Pourtant, il va falloir apprendre à travailler, calculer, recommander, penser les médias avec ce fatras. Nos attentes, formées par les médias anciens, des pratiques publicitaires anciennes sont nécessairement déçues. Nous n'avons pas encore les concepts pour comprendre un événement multi-dimensionnel. La notion d'audience est-elle encore pertinente, fût-ce sous le nom de "total audience" (Nielsen) ? Faut-il y substituer une notion de "donnée", plus universelle ; de même faut-il désormais parler de vidéo plutôt que de télé ?
  • La télévision linéaire, en direct sur téléviseur (NBC) : entre en 114 et 120 millions de téléspectateurs selon Nielsen (people meter). S'y ajoutent les audiences cumulées les jours suivant (C3 et Live+7, etc.).
  • L'appli NBC : 1,3 million de personnes (source : NBC).
  • Facebook : 65 millions d'utilisateurs uniques partageant 265 millions d'objets (commentaires, likes, posts, likes). Quand doit-on arrêter le compte ?
  • Twitter : 28,4 millions de Tweets (audience mondiale) : "global Tweets containing terms related to the game and halftime show [that] were sent during the live telecast (from kickoff through 30 minutes after the clock expired)".
  • YouTube : les messages publicitaires du Super Bowl ont recueilli une audience de 133 millions de personnes (comptage arrêté le lendemain du match, lundi, à 10 heures). Selon Pixability. S'y ajouteraient 51 millions de vues avant l'événement (ad teasers).
  • Et ailleurs : on trouve les messages publicitaires du Super Bowl sur de nombreux sites américains (NFL, USA Today, les autres networks) ou autres (Chine, etc.), sur d'autres réseaux sociaux, sur les sites des annonceurs...

dimanche 31 août 2014

Sony NBC Netflix : chronologie média d'une série TV


Netflix acquiert "The Blacklist" pour 2 millions de dollars l'épisode.
Les 22 épisodes (42 mn) de la série sont achetés aux co-producteurs (Davis Entertainment Company, Sony Pictures Television et Universal Television). L'émission est semi-sérialisée : chaque épisode peut être consommé indépendamment, à quoi s'ajoute une méta-intrigue qui court d'épisode en épisode. Ce type de storytelling est bon pour l'abonnement.
Les abonnés à Netflix (streaming) voient la série sans publicité (9 dollars par mois).

Audience première diffusion
Cette série a déjà été diffusée sur le network national NBC (groupe Comcast) au cours de l'année télévisuelle précédente (23 septembre - 12 mai 2014), en prime time (10 - 11h, côte est). Programmée le lundi après "The Voice" (lead-in), elle a réuni une audience de 9,3 millions de téléspectateurs en direct. A cette audience première s'ajoutent 6,9 millions de téléspectateurs en différé : VOD + DVR, 5,6 millions dans les trois jours (C3), et 1,3 million dans les 7 jours (Live +7). On dit que la régie a vendu le 30 s pour 200 000 dollars.

Revenus off-network (rediffusions)
En plus de Netflix, les producteurs vendent la série en syndication (chaînes thématiques et stations locales), commercialisation assurée en Amérique du Nord par Sony Pictures Television ; ces revenus s'ajoutent aux 2 millions : au total, on évoque près de 3 millions de revenus off-network par épisode.
A cela s'ajoute la carrière internationale de l'émission (distribution : NBCU Television Distribution) : TF1 en France, RTL en Allemagne...

La chaîne nationale qui a réalisé la première diffusion selon un modèle économique publicitaire (avec interruption commerciale) a aussi, en même temps, construit la notoriété de la série (promotion, bouche à oreille, couverture média, Emmys, social TV, etc.) ; de plus, en indiquant un niveau d'audience, elle contribue à situer le prix de la série sur le second marché.

Comme la seconde saison est programmée pour l'automne 2014 (22 septembre), "The Blacklist" sera disponible simultanément sur Netflix (saison 1) et sur NBC (saison 2). Promotion croisée de la série d'autant que NBC a annoncé qu'un épisode sera diffusé immédiatement après le Superbowl 2015 puis le jeudi suivant : annonce du changement de jour de diffusion, qui passera du lundi au jeudi. NBC qui a dominé en 2013-2014 les audiences des networks voudrait reprendre la tête de la soirée du jeudi grâce à "The Blacklist".

Sur le même modèle, Netflix a également acheté les droits de la série "Gotham" (1,75 million l'épisode pour les Etats-Unis), mais, pour la première fois, l'achat a eu lieu avant même que la série n'ait été diffusée sur le network (Fox, début 22 septembre 2014). La série est produite et distribuée par Warner Bros. et comptera, pour la première saison 16 épisodes (45 mn). L'achat s'est effectué sur une base pluri-nationale (multi-territory rights), ce qui est nouveau.

Ainsi, Netflix apparaît exactement pour ce que c'est, un distributeur off-network, avant tout, pour l'instant. Son intervention en fait un catalyseur d'innovations sur le marché de seconde diffusion.

Cette série d'événements télévisuels permet d'observer en actes la chronologie des médias américains, le cycle de vie d'une série télévisuelle, sa logique commerciale globale : son "écosystème", en quelque sorte, si l'on accepte la métaphore courante. On peut dire alors que cet "écosystème" télévisuel est loin d'avoir atteint un état stable ; le peut-il ?

Ecosystème d'une série TV : "The Blacklist"


mercredi 11 juin 2014

Delayed TV viewing: from C3 to C7


Thanks to Digital Video Recorders (DVR, such as TiVo) TV audiences are shifting their viewing. Should advertising measurement take into account what is watched after the first broadcast?  How many days? 3 days, 7 days? 30 days? More? For the time being, C3 (live plus 3 days) is the standard, but GroupM (WPP) has agreed to use C7 to buy commercial time on TV networks (upfront market).
This difference in definition and metrics is important for TV channels. Fox did some transactions using C7 ratings for the upfront market in June 2014.

For a long time, the shifted audience (VCR) was not measured and therefore not paid for by advertisers; it consequently did not generate any revenue: it was like a bonus. Going 7 days would increase revenue for the networks (only for those with successful programs, mainly the big networks like CBS) and decrease the cost of TV advertising (lower CPM's), making some programs more competitive.
DVR penetration, according to Nielsen, is close to 50% of American TV households. In the long run, as DVR equipment and VOD become more important, a longer delay period could become significant. How long a delay?

TV is trying to recapture its unmeasured scattered audiences: out-of-home audiences, VOD, shifted, online, mobile, etc.: all in all, about a third of the total TV audience is not sold (see, for CBS: Les télévisions d'une émission).

See also, in French, on this blog:

lundi 27 janvier 2014

Panels TV aux Etats-Unis : Rentrak bouscule Nielsen


Coup de tonnerre dans le marché publicitaire de la télévision nationale : le network américain CBS utilisera Rentrak pour la mesure de son audience nationale, entamant le monopole de Nielsen pour la première fois depuis la superbe mais vaine tentative de AGB dans les années 1980. CBS explique sa décision par le besoin d'aller au-delà des ciblages socio-démographiques vers une source unique associant données d'audience et données d'achats afin de pouvoir apprécier l'efficacité des campagnes publicitaires sur les ventes (ROI).
Pour cela, Rentrak recommande de combiner ses données de panel avec les données de l'annonceur (first-party) et des données tierces fournies (third party consumer behavior information) par Polk, Experian Simmons, Epsilon et MasterCard. Ces data de comportements d'achat permettent un ciblage publicitaire des affinités a priori plus précis.

Ces nouvelles informations produites par Rentrak seront mobilisées par CBS pour la négociation des espaces publicitaires et, notamment, pour le prochain upfront market. Le network utilisera les TV essentials de Rentrak qui combinent :
  • Les Advanced Demographics Ratings : taux d'audience calculés à partir d'un panel de 12 millions de foyers TV (plus de 10% des foyers TV) et de 25 millions de set-top boxes (STB de Cox et de DirecTV). Cette taille de panel, que Rentrak qualifie de census-like pour la distinguer, selon ses termes, de la sample currency de Nielsen, permet de gagner en granularité et de disposer d'informations d'audience sur plus de 240 chaînes.
  • L'Exact Commercial Rating (ECR) : pour l'analyse publicitaire, Rentrak évalue le taux d'audiences de chaque message publicitaire (commercial) et non, comme Nielsen, l'audience de l'émission (C3) où se trouve le message. Cette mesure (ECR) permet un achat d'espace plus précis et plus sûr, notamment pour le calcul des taux garantis et des compensations - make-goods - avant et après l'achat upfront.
Rentrak est implanté depuis plusieurs années sur le marché local de la mesure des audiences et de la publicité (210 DMA). Son StationView Essentials a pour clients des groupes de stations comme Gannett, Hearst, Sinclair, Tribune Co., Nexstar, Scripps... Nielsen NSI comme Rentrak recourent à des panels locaux mais ceux de Rentrak sont incomparablement plus importants : par exemple, à Dallas (DMA N°5), Nielsen compte environ 2 000 panélistes, quand Rentrak en compte plus de 500 000 (soit un foyer TV sur cinq). Dans de nombreux DMA, Rentrak compte déjà plusieurs clients ; dans celui de Springfield (Missouri, N°75), toutes les stations sont mesurées par Rentrak. TV Essentials et StationView Essential sont en cours d'audit par le MRC, d'où sortira sans doute un débat sur la représentativité.
Pour la mesure de la réception de la télévision locale sur des supports mobiles, Rentrak dispose d'un accord avec Dyle.TV (technologie proche de celle de Aereo et autres) présente dans 38 DMA. C'est le début d'une mesure locale multi-écran (cross device).

Mise à jour 14/2/2014
Rentrak a passé un accord de partenariat pour combiner ses données TV avec les données mobiles de comScore. L'ensemble sera mixé par Experian et vendu à Mediabrands qui en fera un outil mixte TV / Web.

Mise à jour 26/8/2014
28 stations de Fox Television souscrivent à Rentrak pour la mesure de l'audience locale. Rentrak déclare disposer désormais de 26 millions de foyers avec set-top box (soit 60 millions de téléviseurs).

Mises à jour 10/10/2014
Zenith Optimedia (groupe Publicis) passe un accord avec Rentrak pour l'achat d'espace TV local.
Quelques jours plus tard, le groupe publicitaire WPP, par l'intermédiaire de sa filiale Kantar, prend une participation de 16,7% dans Rentrak.

mardi 15 octobre 2013

Le différé fait de l'audience

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Du direct au différé, aux Etats-Unis, l'augmentation de l'audience mesurée (donc de l'audience commercialisable auprès des annonceurs) peut augmenter de 30 à 60%, par exemple : +58%, de 8,6 à 13,5 millions de téléspectateurs pour "Sleepy Hollow" (Fox), selon Nielsen pour la dernière semaine de septembre, ou encore, +35% pour "Person of Interest", de 12,4 à 16,8 millions (CBS). Bien sûr, il s'agit d'une audience observée sur les téléviseurs à l'aide du panel national d'audimètres ; il s'agit de l'audience différée grâce au DVR ou à la VOD (l'émission du network comporte les mêmes écrans publicitaires en VOD que lors de la diffusion directe).
  • Et cette mesure s'en tient à 7 jours après la première diffusion ! Au-delà de ces 7 jours, l'audience continue certainement de croître quelque peu (CBS réclame un Live +30 days)... Pour l'instant, l'audience publicitaire (commerciale) est celle dite "C3 rating" qui inclut le jour de diffusion plus trois jours. Le C3 n'est communiqué aux chaînes et aux annonceurs que 3 semaines après la diffusion (il n'y a pas de communication publique). 
    • Audience instantanée, Live +7, C3 rating, Live+30 : quel est l'indicateur le plus pertinent ? 
    • Faut-il séparer le mode de calcul de l'audience des messages publicitaires de celui de l'audience globale ?
Retenons que l'audience ne baisse pas, comme il est affirmé parfois un peu rapidement : elle se répartit différemment dans le temps, au fur et à mesure que les téléspectateurs gagnent des degrés de liberté (cf. le succès du "binge viewing" sur Netflix).
L'écart entre direct et différé semble augmenter d'une année sur l'autre, suivant, entre autres, l'évolution des équipements : actuellement, près de la moitié des foyers TV américains possèdent un enregistreur numérique (DVR) ; le différé est surtout consommé en fin de semaine.

Le différé constitue en acte, une rectification de la grille de programmes des chaînes par les téléspectateurs, c'est une optimisation par le téléspectateur qui donne davantage de chances aux nouvelles émissions de trouver leur public : il est plus commode de tester une émission en différé qu'en direct. Un nouvel habitus télévisuel se met en place.
Petit à petit, l'équipement des foyers et les guides de programmes numériques (applis) transforment la notion d'audience et sa chronologie ; ceci sera encore plus manifeste lorsque le mesure pourra prendre en compte et cumuler toutes les occasions de regarder une émission (on-line VOD, audience sur tablette et smartphone, OTT, hors domicile, etc.).
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dimanche 22 juin 2008

Part d'audience et part d'écran

Selon Ipsos MediaCT, le PC gagne sur le téléviseur et la salle de cinéma. C’est la part d’écrans (share of screen) pour la consommation vidéo : téléviseur, cinéma, téléphone, lecteur de DVD portable.

L’industrie multiplie l’offre de tuyaux à volume constant de contenus, tuyaux parmi lesquels les consommateurs arbitrent plus ou moins rationnellement (disponibilité, prix, convivialité, etc.). Cette évolution constitue une incitation pour les régies TV à prendre en main cette partie de l’inventaire publicitaire potentiel. Incitation aussi à rompre avec la notion paresseuse de "média de complément".

En s’éparpillant, les contenus augmentent leur probabilité d’être vus et regardés (ODV), mais ils rendent le travail de régie publicitaire plus difficile voire impossible avec les outils classiques. Au passage, des notions tenues pour universelles volent en éclats (audience TV : selon quel différé ? 3 jours (C3) ? pourquoi pas C5 ou C15 ? c'est à l'annonceur de choisir !), chronologie des médias (les écrans sont-ils en concurrence ou en connivence ?), d’autres notions prennent un coup de jeune (vitesse de cumulation des contacts). Et quelle notion de contact retenir ? Un contact sur téléphone vaudrait un contact au cinéma ?

Cela plaide pour des outils de transaction automatisés, places de marché, TV analytics immédiats, ad serving performants, etc. Cela plaide aussi pour des modalités de création publicitaires adaptées à cet éparpillement, et moins au Festival publicitaire de Cannes !

Cela plaide enfin pour un bêta de mémorisation (Morgenzstern) modernisé, étendu et complexifié, outil toujours à l’ordre du jour pour confronter et comparer les médias (Armand, au travail !).

Bien sûr, les plus jeunes générations sont mieux orientées vers l’ordinateur : question d’espace, de budget, de style de vie. Elles finiront avec un grand écran HD, un de ces jours, une fois moins "pauvres", clouées au domicile par la fatigue, la famille... En attendant, elles sont mieux orientées cinéma. Mais encore faudrait-il croiser cela avec le capital culturel légitime (le diplôme, l’héritage culturel), le revenu disponible. Et définir les conditions de la propension à mémoriser, conditions matérielles et culturelles (habitus perceptif).

NB : on notera que pour certaines consommations les effectifs sont ténus. Où sont la console de jeux, le iPod / iTouch ?