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mardi 30 mai 2017

Téléviseur : la fin du monopole


Pourquoi a-t-on tellement besoin de répéter que le téléviseur n'est en rien menacé par les autres écrans, celui de l'ordinateur, celui du smartphone ou de la tablette ? Qui faut-il rassurer ? Les annonceurs et leurs agences avant l'ouverture du marché publicitaire (upfront market), les fabricants et vendeurs de téléviseurs ?

La statistique trimestrielle que publie Nielsen concerne les adultes (18 ans et plus, pourquoi ?). Selon l'estimation de Nielsen, le téléviseur l'emporte sans conteste sur les autres écrans quant à la durée de consommation : plus de 500 milliards de minutes tandis que l'ordinateur n'en prend que près de 32 milliards, le smartphone 11 milliards, la tablette près de 5 milliards. C'est surtout ce qu'a retenu la presse spécialisée...
En revanche, lorsque l'on prend en compte l'âge des répondants, le téléviseur voit sa part décroître pour les plus jeunes générations. Qu'en serait-il pour les pré-adolescents ? Une même évolution s'observe en France chez les plus jeunes, les cadres... (cf. synthèse du CSA).

La télévision est de moins en moins consommée uniquement sur le téléviseur dont le monopole s'effrite et, avec lui, sa place centrale, point focal dans l'univers domestique. Que deviennent alors les notions de "family viewing time" ou d'audience conjointe, voire même celles de prime time ou de "foyer TV" (TVHH) ? Et avec la fin du monopole du téléviseur, c'en est fait de la télévision comme mass média d'information, de divertissement et de publicité. D'ailleurs, l'enquête de U.S Energy Information Administration confirme que le nombre de téléviseurs par foyer décline...
Ordinateurs, tablettes et smartphones sont aussi des supports domestiques. Souvent même, ils accompagnent (ou s'accompagnent de) l'usage de la télévision (social TV) : partage de l'attention... Mise à jour : AT&T (DirecTV) propose un abonnement TV pour tablette (Prime) à partir de 10$ / mois (20 août 2017).

Sans monopole du téléviseur, la question du média planning TV se pose de manière différente : il faut disperser les messages selon les appareils. Les appareils comptent peut-être autant que les horaires. Le ciblage devra faire appel à la data afin de tenir compte des duplications, faire valoir les répétitions (effective frequency), les parcours du téléspectateur au cours de la journée, de la semaine voire du mois (Live, Live+1, Live+7, etc.), d'appareil en appareil.

L'économie de la télévision multi-support demande une nouvelle mesure, de nouveaux analytiques. D'autant que la notion de ménage, elle-même est bousculée : augmentation du nombre des ménages, réduction de leur taille (on compte de plus en plus de ménages d'une ou deux personnes), familles monoparentales, etc. Le ménage tend vers la personne (cf. Fabienne Daguet, INSEE Première, 28 août 2017). Tout comme l'équipement...

Source : Nielsen, The comparable metrics report, May 25, 2017

mercredi 29 octobre 2014

TV linéaire, une mort annoncée si longtemps à l'avance ?


Selon les enquêtes de l'institut d'études Park Associates, la consommation de télévision dans les foyers américains est en voie de délinéarisation. Dans les foyers disposant d'une connexion haut débit, on compte 17 heures et demie par semaine de télévision délinéarisée, consommée sans horaire : vidéo à la demande, OTT, streaming ou via un enregistreur numérique (DVR) ; la télévision linéaire représente 11 heures et demie de consommation.
Bien sûr, ce phénomène s'amplifie pour les plus jeunes des adultes qui, de toute façon, accordent de moins en moins d'importance au téléviseur, regardant surtout la vidéo sur d'autres supports, généralement mobiles. En revanche, la télévision linéaire fait l'objet d'une consommation plus sociale ("coviewing"), "conjointe" (Source : Crackle / Frank N. Magid).

Faut-il enterrer la télévision linéaire, comme le proclame le titre de l'étude (The Death of Linear TV) ? A moyen terme, le téléviseur sera de plus en plus souvent connecté au Web, on peut donc penser que la délinéarisation dominera de plus en plus les consommations : effet d'offre ? Actuellement, seul un tiers des foyers américains disposent d'un téléviseur connecté, il faudra donc encore quelque temps pour que s'estompe la télévision linéaire. Mais cela paraît probable, sous réserve de bande passante suffisante (cf. le débat sur la neutralité du net) !

Quid des écrans publicitaires avec la télévision délinéarisée? Quid du médiaplanning publicitaire traditionnel ? Avec la vidéo délinéarisée, les écrans publicitaires font place à des messages contextuels entourant le programme (pré-roll, mid-roll, post-roll). Le médiaplanning et l'achat d'espace publicitaire relèvent des pratiques en cours avec le Web, et donc de plus en plus du programmatique...
Reste le GRP, inaltérable étalon de mesure, à condition d'être multi-plateforme et de savoir dédupliquer les audiences. Ce qui n'est pas encore garanti...

dimanche 12 août 2012

Famille numérique, famille en miettes ?

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N°33, 9 août 2012.    3,5 €
La production industrielle des "temps modernes" mit "le travail en miettes". La consommation numérique actuelle met-elle la famille en miettes ? Décomposée, recomposée, la vie familiale, déjà malmenée par les évolutions démographiques et les emplois du temps, est-elle en plus réduite à une simple coexistence numérique (une même adresse IP !). La télévision analogique réunissait, le numérique disperse et sépare : audiences disjointes.
L'hebdomadaire allemand Stern (Gruner + Jahr / Bertelsmann Media Group), 8 millions de lecteurs pour 800 000 exemplaires vendus (Sources : IVW, MA) s'empare d'un sujet populaire et qui ne dérange pas trop - toutes les opinions s'y valent. Marronnier des vacances d'été, avec un beau titre : iSolation et un graphisme qui cite Apple.
Chaque membre de la famille mène une double vie numérique, "toujours connecté mais pourtant sans parole" ("Immer online, aber sprachlos"), même le chien, qui, sans doute, fait des cauchemars de collier électronique, que le loup, cynique, ne lui enviera pas ! Fable*.

Les journalistes de l'hebdomadaire sont partis au front des batailles familiales observer le quotidien numérique des enfants et des parents, recueillir leurs déclarations. Le tout est couronné de conseils provenant d'une socio-pédagogue des médias ("Sozial- und Medienpädagogin"). La spécialiste délivre doctement des règles et une posologie  : tant de minutes pour le jeu vidéo à tel âge, pas d'ordinateur dans la chambre avant 10 ou 11 ans, Facebook, pas avant, etc.

En fait, parents et enfants font de leur mieux pour maximiser sous contraintes de résultats scolaires et de socialisation et de communication réussies. Dans certaines familles, la négociation est permanente, dans d'autres, une charte est octroyée... Le numérique s'inscrit et se moule dans la vie familiale pré-existante.
Pour beaucoup de familles, le numérique est facteur de stress et de tension : l'adolescence numérique sécrétera encore beaucoup de titres comme ceux-ci, sans doute vendeurs.

Certaines questions triviales ne sont guère évoquées, questions qui divisent et gâteraient l'été :
  • Quel est le budget d'équipement et de fonctionnement de la vie numérique ?
  • Quelle est la qualité intellectuelle de cette culture réduite à un art de consommation et de socialisation, loin des apprentissages techniques et informatiques (voire scientifique) que l'institution scolaire pourrait revendiquer (à la place de quoi) ?
  • L'école est souvent désemparée... On a pu dire qu'elle se comportait depuis l'arrivée de la télévision comme une entreprise de résistance au changement technologique (M. McLuhan). Pourquoi ? Les parents ne sont pas en meilleure posture. Difficile pour les institutions d'avouer qu'elles n'y comprennent rien, qu'elles cherchent, tâtonnent...
  • Dans quels cas est-ce la famille qui est tranformée ("verändert") par le numérique ? Dans quels cas, au contraire, est-ce la famille qui digère le numérique pour s'en nourrir à sa façon et accroître son capital culturel initial ?
*Les germanophones penseront aussi au poème d'Erich Kästner, "Ein Hund hält Reden"

mardi 3 janvier 2012

Digital Kids Nowadays (UK)

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Ofcom, the British regulatory body, has published its annual report about children and the media based on two main sources: a quantitative survey of children 5-15 and their parents (July 2011) plus BARB data (TV people meter panel), etc. Very rich data of which we select only a very small sample. Children and parents: media use and attitudes report (25 October 2011). 

We concentrate on the 12-15 age group. They are the youngest teenagers; they attend secondary school. When it comes to media, they set the trends. They are becoming independent, they want to be on their own. They were born after the Web, after the mobile, after digital TV. The youngest were born after Google. They invent new ways of using the media, with or without the consent of adults. Facebook, mobile, DVR, videogames, laptops: it goes without saying. It is their environment, their everyday culture. Digital native users? Almost, but not quite.

What does this report teach us about these young teenagers?
  • The Web is everywhere, it is a given: less than 10% of children do not access it from home, 8% do not access it at all.
  • The bedroom as mediaroom. Almost half of them (43%) connect to the Web from their bedroom, mostly with a laptop (60%). The Web is becoming a private media, intimate. 40% have a digital TV set in their bedroom. The way they use media is no longer their parents' business. Less "family viewing time"? What about so called "audience conjointe"?
  • Which media would they miss the most? Mobile phones (28%), the Internet (25%), TV (18%).
  • Smart with a phone. 88% have a phone - more and more often this is a smartphone: 41% have one (46% of the girls). Two-thirds have purchased it in the last six months: this is developing quickly. Smartphones are primarily used for social networking (50% at least once a week: this data is too imprecise; how many each day?). Of course, children with a smartphone use the phone for a broad range of activities (Smartphone, polyphone). Text messaging dominates the communication between 12-15. Music, photos, games, social networking follow.
  • Facebook always. 76% of surveyed children have set a social profile (girls more than boys, 81 vs 76%), almost exclusively on Facebook (97%). They are active, update their location...
  • Time-shifting, catch-up are in the air. DVR (Digital / Personal Video Recorder) is in two- thirds of the homes. Two-thirds of the 12-15 age group use a DVR. 32% use on-demand services. Is linear TV out? Soon!
  • Videogames. 9 in 10 play video games, both boys and girls; slightly skewed toward boys.
  • More and more video and Web in their life. In comparison with 2010: watching television (95% vs. 92%), using the internet (85% vs. 80%), watching DVDs or videos (53% vs. 46%). Does this mean that there is less and less of other activities (reading, sport, etc.)? Are multitasking, multiscreentasking growing? Or do we not yet know how to measure this consumption?
Conclusion: a likely digital portrait of a 12-15 year old in 2013
Smartphones first. Facebook, laptops, private use of digital media, videogames, desegregated linear TV, a la carte. Less empty time, less idleness. Busy with digital media. Mobile and private media consumption. The difference between girls and boys' behavior is practically nil.
Next time, the survey will tell us about tablets and eReaders.

N.B. Most of the questions in these surveys focus on parental control, rules, safety, supervision, etc. Since the data comes from in-home interviews with parents and children, the answers are questionable. "Everybody lies" - especially the parents!
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vendredi 30 septembre 2011

Multitasking + Multiscreen = MultiScreenTasking

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Let’s attempt a neologism: "MultiScreenTasking". Such factorization describes the new situation of television. TV viewers do many things at the same time with many screens. Much of multitasking involving TV is also multiscreening, it is also transmedia.

Mise à jour 5 janvier 2012

Multitasking 
It has always been an issue with the media: listening to the radio while reading a magazine, driving a car, having breakfast, doing homework... or… reading a paper while listening to the radio, to music, etc. TV, in turn, developed a new kind of multitasking: reading the TV guide, knitting or having dinner in front of the TV.
Multitasking means putting more activities in a given time period, simultaneusly. Two or more activities in one unit of time. Does this mean sharing attention between two activities or doubling attention capacity? Marketing prefers TV only; or Web or magazine only, assuming that multitasking allocates less time to commercials. Of course, there might be a dominant task and a secondary one. TV viewing has always involved multitasking, but this multitasking activity has only been measured by declarative surveys (time budget).

Multiscreening
It happens when people look at two or more screens at the same time and when messages resonate from one screen to another. Of course, there might be a dominant screen and an ancillary screen. TV, laptop, tablet, smartphone. ebook: screens of all sizes generate a multiscreen experience. TV is intensified, completed, explained, explored by another screen, smaller but more connected, with interactive capacities thanks to apps: a laptop, a smartphone or a tablet (iPad). And this seems to be good for advertising; according to a Google/Nielsen/CBS study, it increases awareness and likability.

Transmedia?
Transmedia is what happens when a story (as in storytelling) is spreading beyond one single media, generally beyond one single screen, beyond one single platform. It might increase engagement for people who are following the story from one platform to another. In such a case, media are less simultaneous and there is almost no multitasking.

Why and how to MultiScreenTask? Social TV is the thing this year!
First and foresmost, TV MultiScreenTasking means going social with Facebook, Twitter or Google+: social TV viewing called sometimes "Facebookisation of television". See, for examples, Tunerfish, fav.tv, i.TV, SnappyTV, Into-Now (bought by Yahoo!), Yap.TV Social TV Guide, SocialGuide, Clipsync, etc. Comcast is testing a Facebook app for cable TV, Squrl, personal IPG, integration with social networks.
TV is not an isolated media anymore: it is less and less uniquely family. The TV experience is extended beyond home, beyond kids and parents (“audience conjointe”, TF1). It is enlarged to include your "friends". Instead of passive TV audience, marketing deals with active viewers. TV was a mass media, multiscreentasking transforms it into a massive personal media.
TV was already pretty much "social" at its beginning (Cf. Dinah Washington, the "Queen of the Blues", 1953, "TV is the thing this year"), but that is another story ;-) !

Examples
  • Navigate, choose programs, bookmark: remote control, interactive progam guides, TV Forecast, TV Schedules, ZAP2>it, buddyTV, TeeVlog, Yidio, ZeeboxPeel, Dijit, Zapitano, etc.
  • Puts TV viewers on TV: YouToo, which claims to be "the first social TV network", allows people to show off. "Be on TV", "Be Seen on TV", "Be social about TV": the three commandments for multiscreentasking TV!  "Sign up to be a star"says TV Dinner!
  • Track shows online: sideReel, GetGlue (integrated into DirecTV) 
  • Search, find, recommend: Gracenote eyeQ, SeaChange (recommendation engine), Blinkx, Shelby.tv ("powered by your friends"), iblbblr (conversation, recommendation)
  • Vote: iPowow scoring system, Live Talkback (social TV, participation and voting, clap or boo programs: “involve your audience”) 
  • Play:  see Intrasonics SDK for mobile apps
  • Tag a show or a commercial to get more content or advertising: Shazam for TV, uhuhh
  • Shop, buy, pay, download discount coupons: Ding Ding Youhui (BesTV, Shanghai), shopkick (avec le network CW)
  • Explain, inform, complete, share: TVCheck (Orange), Miso, an app that synchronizes with "Dexter" (Showtime), TV Foundry (AT and T/U-Verse), Umami ("Your TV companion")
  • Manage recording: save.tv ("Ihr persönliches Online-Videoarchiv"), TiVO
  • Interact with fictional characters and friend Zelda ("Legend of Zelda", the videogame), Kurt Hummel ("Glee") or Severus Snape ("Harry Potter"): cf. SocialSamba.
Questions 
What kind of analytics do we need for multiscreentasking? Do we need audience measurement for each of the screens? Probably not: instead of audience (passive by definition), these companion apps bring actions. Actions speak for themselves. One needs new kinds of tools to analyse conversations and sentiments about programs (see Trendrr, for instance), one needs new kinds of tools to analyse viewing acts (as in "speech acts"). Multiscreentasking does more than increase pure and simple frequency: it increases not only the number but also the density of impressions (acceleration effect). 
How is attention shared between screens? The math of attention can be estimated, since only one sense is at play, vision. What is the path of the eyes between screens? We could  draw screen graphs, modelize the dynamics of actions:  a new kind of social graphs.

Note also that
  • The living room wall could become a huge screen: NDS Surfaces brings multiscreentasking to a new dimension. One screen for a major TV program and many other screens on a wall where one can watch, at the same time, news, weather, interactive widgets, OTT apps, etc. The viewer can change the size of the different screens with the remote (tablet). 
  • TV programs are usually divided in scripted and unscripted programs: the unscripted part is now on another screen, personalized. 
  •  Multiscreentasking is hyper engagement (hyper activity?); it does not affect our downtime, but it might affect our opportunity to daydream while watching TV. And daydreaming is probably where ideas, new decisions, creativity come from ... 
  • Comments about TV (TV Genome data) can be used by advertisers or TV networks (cf. bluefin Labs)
  • According to McLuhan's classification of media, TV was "cool"; is multiscreentasking making it a "hot" media?
  • And to go even further: people used to talk to their TV set (loud "dialog" or interior speech, "sous-conversation"); with multiscreentasking, they do more than just talk, they actually do something to the TV. A new behavioral psychology of engagement is to be invented. 
  • How about radio? Could Nielsen's PPM play a role in a cross-platform strategy?

mercredi 6 janvier 2010

Télé passion et taux d'intérêt

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Le SNPTV se félicite de la tenue de la télévision. Les audiences mesurées dans les foyers ne baissent pas. La durée d'écoute par téléspectateur (DEI) est constante (près de 3 heures et demie chaque jour) et la télévision est allumée chaque jour plus de 5 heures et demie par foyer (Source : Médiamat, 4+, jour moyen L-D, 3H00-3H00). Sain rappel, intéressé, que devraient entendre les médiologues amateurs qui claironnent un peu vite la fin de la télé. De plus, cette audience mesurée sur les téléviseurs au domicile ignore encore toutes sortes d'audiences hors des foyers et hors téléviseur : elle est donc sous-estimée.

Ce que l'on ne sait pas, c'est la variation du taux d'intérêt de cette audience : quelles parts de la consommation affecter à la "télévision bouche-trou" (que l'on regarde faute de mieux, pour tuer le temps), à la "télévision passion" (choisie, anticipée, programmée, recherchée, regardée exclusivement, que l'on paie) et à la "télévision tapisserie" qui appartient au décor plus ou moins choisi de nos vies (télévision partagée dans un ensemble multi-tâche). Il y aurait pourtant des moyens d'approcher ces notions, sans bousculer les outils d'achats interprofessionnels : avec l'assiduité, la régularité, la socialisation de la consommation et de l'attention ("audience conjointe"), par exemple, pour citer les classiques. Mais aussi, plus malin, les émissions recherchées sur Internet, quand (avant, après, pendant), l'évolution des mots utilisés pour les trouver, l'univers sémantique associé à ces émissions, etc. 

La télévision gagnerait à faire valoir la part de "télévision passion" dans les consommations. Elle se distinguerait ainsi de bien d'autres médias et supports, qui vendent une majorité de média tapisserie. Que cela plaise ou non, les GRP ne sont pas tous égaux : les taux d'intérêt les distinguent. 
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vendredi 27 février 2009

Médias en miettes : la semaine des conjoints actifs


On lit couramment que "les médias rythment la vie des Français". Inversons plutôt les termes de ce postulat qu'aiment à répéter les médias. La consommation des médias est règlée par les contraintes de la vie professionnelle et domestique, donc par le budget-temps des ménages.
Pour s'y retrouver, voici une étude originale consacrée au budget temps des actifs analysé dans le cadre de l'unité familiale : "Organisation du travail dans la semaine des individus et des couples actifs : le poids des déterminants économiques et sociaux" (publiée par la revue Economie et Satistique, N° 414, 2008). Recherche effectuée, à partir de données INSEE, par Laurent Lesnard et Thibaut de Saint Pol. Les données (séquences d'activité) ont été collectées au moyen d'un semainier auto-administré dans le cadre de l'enquête Emploi du temps de 1999 (l'enquête a lieu tous les 10 ans, la prochaine aura lieu en 2009-2010).

Objectif de l'étude
Analyser la synchronisation et la désynchronisation des emplois du temps des couples. 

Synthèse des résultats (du point de vue de l'analyse des médias)
Résumée en quelques mots, la conclusion établit que la fragmentation des emplois du temps s'accroît comme la domination sociale. Les moins qualifiés cumulent et enchaînent les désavantages : fragmentation de la durée de travail, désynchronisation des horaires, faible contrôle de leur emploi du temps. Habituelle surdétermination des handicaps.
De plus, l'organisation de la semaine, et sans doute de l'année de travail, déterminent les usages du temps libre. La progression de la bi-activité dans les ménages augmente la complexité globale de la vie familiale, de sa gestion. 
Vies conjugales, vies conjuguées à l'imparfait des emplois du temps : horaires désaccordés et sociabilité partielle sont corrélés. Avec l'élargissment des plages d'activité et la dérégulation du temps de travail, les horaires atypiques se multiplient, surtout dans les services à faible valeur ajoutée. Comme l'organisation économique repose de plus en plus sur les services, donc sur le travail effectué au service de ceux qui ne sont pas au travail ("loisirs", commerces, etc.), les conclusions de cette étude sont actuelles pour longtemps. En filigrane, qu'est qu'un foyer média ?
La durée de travail apparaît comme une variable insuffisante si elle n'est pas redressée par la structure des horaires conjoints. La "famille désarticulée", ou écartelée (selon le titre d'un ouvrage de Laurent Lesnard) a des horaires disjoints. Les conséquences sur la socialisation (sous-traitance de la "garde" d'enfants, divorcialité, etc.), sur la transmission et la formation du capital culturel s'en déduisent. 
Les médias trouvent dans ces dysharmonies des occasions de se faufiler et d'occuper les moments vides, d'attente. Ils comblent les trous creusés par la dé-socialisation : médias bouche-trou, mobiles (portables, radio) ou immobiles (TV). L'enquête ignore le travail domestique : gageons que les observations quant à la désynchronisation s'en trouvent accentuées, les inégalités accrues.

Du point de vue de l'analyse média, cette étude invite à ne pas s'en tenir à la durée comme seule variable pour le évaluer le temps de travail ; elle suggère de prendre également en compte la flexibilité, l'autonomie des emplois du temps (et donc, la double autonomie pour les couples bi-actifs, effet de l'homogamie) et l'évolution du temps conjoint (donc de l'audience du même nom). Travail et emploi du temps en miettes, médias en miettes ?

Méthodologie 
Elle pourrait inspirer certaines études média : sur les audiences conjointes d'un même média, ou de plusieurs médias,  sur les itinéraires dans la ville, les lieux de vie ou les points de vente. 
  • L'enquête est menée tout au long de l'année pour saisir la saisonnalité. 
  • Tirage aléatoire des foyers à partir du recensement. 
  • 6 396 semainiers (grilles). Taux de retour des semainiers auto-administrés : 80%. Pas d'écart observé entre répondants et non répondants. 
  • Recours à la méthode d'appariement optimal (Optimal Matching Analysis, OMA) pour confronter les rythmes de travail  des conjoints (en termes de séquences, comme l'ADN). Les auteurs ont publié en 2006 un article sur cette méthodologie empruntée à la biologie (article en ligne en avril 2009).  Cette méthodologie (séquences d'activité, OMA) est aussi mobilisée pour une étude sur "Le dîner des Français : un synchronisme alimentaire qui se maintient" (2006).

jeudi 3 avril 2008

La télé n’est plus seulement au salon


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Aux Etats-Unis, il n’est plus guère de bars ou de restaurants où l’on ne trouve des écrans de télévision diffusant des chaînes de sports (ESPN), de variétés «musicales» (MTV) ou d'informations. Voilà longtemps, une vingtaine d’années au moins, que l’on désespère de cette audience non vendue, non vendable parce que non mesurée. Télévision sans télécommande, sans zapping.
De temps en temps, une enquête ad hoc évalue l'ampleur croissante de cette audience hors foyer. Arbitron a déjà montré avec son Portable People Meter (PPM) ce qu’il en était, puisque le PPM mesure toute télévision bien entendue. Nielsen reprend le flambeau et mesure à son tour cette audience avec Integrated Media Measurement : à l’occasion d’un événement sportif, le tournoi NCAA de basketball diffusé sur la chaîne nationale CBS, Nielsen situe le manque à gagner pour la régie à près de 25% de l’audience utilisée traditionnellement (overnight ratings).
Bonne nouvelle pour les chaînes, moins bonne pour les annonceurs qui finiront par payer ce dont jusqu’à présent ils bénéficient gracieusement.

La mesure effectuée par Integrated Media Measurement (http://www.immi.com) recourt à un panel de 2500 personnes équipées de téléphones portables modifés par IMMI pour capter le signal audio des chaînes. Un échantillon d’environnement sonore de 10 s est prélevé toutes les 30 s et confronté à une base de données centrale pour identification de la chaîne entendue ; un émetteur Bluetooth installé au foyer permet de distinguer l’audience foyer de l’audience hors foyer. La facture de téléphone des panélistes est payée par IMMI : incitation à entrer dans le panel, qui est loin d’être neutre.

Cette évaluation de l'audience TV hors foyer donne l’occasion d’évoquer deux types de problèmes lancinants pour la mesure de l'audience TV.
  • D'abord, celui de la multiplication des panels pour mesurer toute la variété des expériences télévisuelles (télé hors du foyer, VOD, télé sur téléphone, sur Internet, au jardin public comme à Hong Kong (cf. photo supra) ou chez le coiffeur (salon à Miami). Qui dit variété suppose une fusion de toutes les données recueillies, plus ou moins hétérogènes tandis qu'en amont on est confronté au difficile recrutement des panélistes : les quotas sont de plus en plus difficiles à établir, et plus encore à respecter. On parle de 360°, mesure synthétique idéale de tous les médias d'un même événement publicitaire : sait -on seulement mesurer l'angle aigu de toutes les composantes d'une "simple" campagne TV ?

  • Le second problème concerne la définition même de l’audience de la télévision. Ce que l'on voit, ce que l'on entend ou ce que l'on voit et entend ? Foyers seulement ou foyers plus hors foyer ? L'audimètre mesure l'audience au domicile, le PPM et IMMI mesurent l'audience de la TV partout où peut l'entendre l'oreille humaine (restaurants, magasins, transports, etc.). Mais ce n'est pas tout : jusqu’à présent, on pouvait ignorer la distinction courante en presse qui sépare audience primaire (celle qui a décidé de regarder l’émission) et audience secondaire (celle qui se trouve dans un lieu où la télévision est choisie par d’autres). Ignorance justifiée : en cas de consommation multitâche, la télévision était presque toujours le média premier, les études budget-temps l'ont montré. Avec la télévision hors du foyer, celle que l'on n'a pas choisie, pointe la notion d'audience secondaire (de son prix, etc.).
Mais toute audience de télévision regardée hors du foyer n’est pas audience secondaire, désengagée, indifférente. D'abord, il y a aussi l'audience primaire des résidences secondaires. Et puis, certains téléspectateurs fans de sport aiment retrouver leurs semblables au bistrot, y célébrer ensemble "leur" équipe favorite, et emportés par la dynamique du groupe y "refaire le match" (cf. supra : photo d'une bannière affichée à la vitrine d'un bougnat prise à Boulogne-Billancourt lors d'une coupe du monde de football, en juin 2006). Dans ce cas, il s’agit d’une audience décidée, motivée, attentive. Une sorte d’"audience conjointe", élargie aux copains des soirs de match!
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