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dimanche 26 mars 2023

Bourdieu, les champs mis en ordre de marche

Pierre Bourdieu, Microcosmes. Théorie des champs, Paris, Editions Raisons d'Agir, 694 p., Bibliogr., Index des notions, Index des noms propres. Précédé d'une longue "note des éditeurs" sur les "Etudes des champs" (p. 7-23).

Faut-il encore lire Bourdieu ? 

En 1964, Les Héritiers (Editions de Minuit, Paris) livre qui, décrivant les heurs et malheurs des étudiant(e)s, avait l'air d'une révolution dans la pensée nous avait déjà paru évident : nous étions dans le coup ! Depuis les grands lycées du Quartier latin, les affirmations du livre sur la "cécité aux inégalités sociales [qui] condamne et autorise à expliquer toutes les inégalités, particulièrement en matière de réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de dons" (o.c, p. 103) nous étaient évidentes mais bien simplificatrices. Car tout cela, vu de l'intérieur, apparaissait diablement plus compliqué et, en appeler, pour finir, à une "pédagogie réellement rationnelle" (id. p. 115) nous paraissait comme une troisième partie de dissert, une conclusion obligée mais bien faiblarde. Mais enfin Bourdieu - Passeron était lancé (on a longtemps gardé le double titre, avec La reproduction. Eléments pour une théorie du système d'enseignement, publié en 1970 puis petit à petit, Passeron s'est fait plus discret...). Voici maintenant un gros livre qui pose les problèmes que les ouvrages et article précédents avaient plus ou moins abordés, et qui ont été plus ou moins oubliés.

Soixante ans plus tard, après Les Héritiers, Pierre Bourdieu est mort ; la théorie s'est enrichie, elle s'est formidablement compliquée pour devenir "théorie des champs". Peut-on encore lire Bourdieu ? Voici un très gros livre. Et un formidable sujet : la théorie des champs. Macro théorie des micro théories donc. Que trouve-t-on dans cette théorie ? Tout ou presque. Tout d'abord quelques pages manuscrites de Bourdieu : p. 656-657, p. 7 : intéressant de percevoir à l'oeuvre la genèse de l'oeuvre, les brouillons d'une pensée. Hélas, il y en a trop peu, ce ne vaut guère que comme décoration. 

Le plan de l'ouvrage suit le "degré d'institutionnalisation" des divisions (du travail, hiérarchies, etc.) et conduit les lecteurs depuis les structures des champs de production des biens symboliques jusqu'au champ du pouvoir. La notion de champ désigne "un principe de construction des objets scientifiques" et le livre expose de multiples exemples qui empruntent à différentes étapes du travail de Pierre Bourdieu. Tout d'abord, le champ religieux et son fonctionnement, ensuite le fétichisme avec une analyse du champ de la haute couture (conduite avec Yvette Delsaut), analyse dont on peut, aujourd'hui, se demander la validité, 150 ans plus tard. Ensuite, il est traité du champ politique puis du champ littéraire et du champ scientifique. Puis viennent les champs juridique et bureaucratique qui font voir le travail d'universalisation et la genèse du champ administratif. Puis viennent le champ économique, le champ éditorial (avec une annexe sur "l'emprise du journalisme" et le champ journalistique). Enfin la sixième partie traite du champ social et des "relations entre les champs" et la septième d'"Eléments pour une théorie générale des champs". Chacune de ces parties donne à voir le talent et l'originalité des travaux de Pierre Bourdieu au XXème siècle. Reste pour les lecteurs à s'interroger sur la pertinence des conclusions, voire même des moyens mis en oeuvre ; mais, à l'époque, c'était formidable.

Un doute systématique s'empare des lecteurs du XXI ème siècle. Les retards frappent : par exemple, dans la mention de l'audimat. Car désormais on peut faire appel à de nouveaux outils de mesure, d'appréciation des émissions de télévision que peuvent développer des travaux mis en oeuvre par et avec Internet, par l'intelligence artificielle et le machine learning. Hors des aspects historiques, on peut multiplier les exemples. Pierre Bourdieu l'avait bien vu et reconnu, il faut remettre en chantier ses travaux, faire appel à de nouveaux outils scientifiques. De plus, il est désormais utile et indispensable de critiquer les travaux de Bourdieu pour en distinguer les certitudes et les incertitudes, les doutes, et les erreurs. Ce livre, ce manuel, est bienvenu puisqu'il remet de l'ordre dans les travaux de Pierre Bourdieu et de ses équipes. Mais il faut maintenant attaquer les mêmes sujets pour forger de nouveaux outils d'analyse et, surtout, attaquer de nouveaux sujets : Internet, l'intelligence artificielle et le machine learning semblent indiquer des domaines de recherche évidents. A de nouveaux et jeunes chercheur(se) s de mettre la théorie des champs dans un nouvel ordre de marche.


lundi 30 novembre 2020

Le numérique est capital, de plus en plus

 Capital, "Numérique. En tirer le meilleur sans se laisser dépasser", Hors Série, novembre - janvier 2021, 104 pages.

Le hors-série trimestriel de Capital consacré au numérique dresse un bilan, pour les consommateurs, des dernières avancées du numérique, pour le grand public. Les réseaux sociaux ouvrent le numéro et l'on y apprend, sans surprise, que Facebook serait le réseau qui respecte le moins la vie privée des utilisateurs. Linkedin, devenu récemment filiale de Microsoft, est concurrencé par Xing dans les pays germanophones d'Europe. Un article est consacré aux éboueurs du Web, toutes celles et ceux qui sont chargés de nettoyer les sites des mensonges qui les encombrent, en attendant - il faut rêver - que les algorithmes sachent faire ce travail. Avant d'évoquer les réseaux sociaux oubliés qui datent du début des années 2000 (Second Life, Myspace, etc.), un journaliste célèbre la désintoxication, lorsque l'on se sépare de Facebook et Twitter. Un article sur les sulfureuses bonnes idées d'Instagram met en garde des lecteurs trop naïfs...

Plus sérieuse que celle des donnés personnelles, se pose la question de l'application anti-covid qui a d'abord échoué pour mieux fonctionner ensuite avec TousAntiCovid, celle aussi de Doctolib qui a bien des difficultés et, plus encore, des sites de rencontre et de Alipay, "l'oeil de Pékin" : tout cela ne donne pas une idée très claire de la réussite possible de ces moyens. Mais on peut espérer !

Passons à l'emploi et surtout au télétravail. Le gain majeur attendu du télétravail est le temps gagné par les salariés dans les transports et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Les nouveaux métiers du numérique sont nombreux et le magazine en répertorie près d'une vingtaine. Il signale aussi de futures licornes françaises qui vont devoir recruter. Mais au-delà de ces gagnants, il y a aussi "les forçats du clic", ceux qui accumulent les tâches répétitives pour des salaires de misère. Et les activités de défense des cybersoldats sont évoquées aussi, discrètement, par le Général de division aérienne qui les commande, et qui ne fait pas rêver, mais ce n'est pas son rôle. Pas sérieux, s'abstenir ! Et cela se termine par les emplois, ceux qui naîtront de la 5G, de la multiplication des robots, de l'intelligence artificielle, des e-sports, de la voiture connectée... Mais, attention, Internet est aussi le monde de la fraude, des escroqueries et des "fausses bonnes affaires".

Dans ce magazine, il y a un peu de publicité : pour une machine à café, Jura que parraine le champion de tennis Roger Federer, pour les robots de Kaspersky, pour un livre du Monde et de Géo sur les musées, pour Harvard Business Review, pour des livres ("thrillers"), pour une émission de radio et son magazine, pour la revue Géo Histoire et, en général, beaucoup de publicité auto-promotionnelle pour les produits de la régie publicitaire de Prisma.

Le menu est donc bien composé. Le magazine laisse entrevoir l'avenir que peut escompter le très grand public qui, armé de ce numéro spécial, va pouvoir se mettre dans l'ambiance et travailler pour trouver ses futurs métiers, et ses futurs loisirs aussi.

Le hors-série est trimestriel, c'est un rythme bien lent. Non ,



mercredi 18 septembre 2019

Artificial Intelligence: is the race open?

Number of acquisitions in artificial intelligence
(Source: CB Insights)

Artificial Intelligence is going to be everywhere, integrated into more and more companies, into more and more fields. Therefore, we observe a race to acquire new companies, people or technology in that field.
Google and Apple lead the way; they are especially using artificial intelligence for their new phones (it started with SIRI) and now, of course, for new companies.

635 acquisitions since 2010, according to CB Insights (17 September 2019). The very big companies started the movement, but now, smaller companies are entering the race and are acquiring companies in the field. Cybersecurity and healthcare are also sought out, as well as Media and Entertainment companies.

The new buyers are looking for companies in retail and speech, healthcare and sales: NLP mostly. Nevertheless, Apple acquired companies like RealFace (Israel) and Novauris Technologies (United Kingdom), while Google acquired Api.ai, a company that develops software enabling developers to use chatbots. Along the same lines, we see Microsoft acquiring the Canadian company Maluuba (speech recognition, NLP) or, in 2010, Apple acquiring the Californian SIRI.


vendredi 1 février 2019

Série médicale : quand le chirurgien est autiste


"The Good Doctor", série, 2017-2019, 31 épisodes de 40 mn.

La série est inspirée d'une série coréenne de 2013 (KBS2) qu'elle semble suivre fidèlement. Elle est diffusée par le network américain ABC (groupe Disney), en France par TF1 (qui a préféré la version américaine à la version coréenne ? Sans même traduire le titre, contrairement aux Québéquois...).

Le héros est un jeune chirurgien, autiste et atteint de ce qu'il est convenu d'appeler le syndrome du savant, savoir extrême qu'il applique à la médecine. Doté d'une mémoire exceptionnelle associée à un sens aigu de l'observation, il est par bien des aspects un chirurgien compétent et un atout décisif pour l'hôpital.
Cette double dimension d'autiste et de savant en fait un personnage remarquable. L'autiste, tel qu'il est présenté par la série, est à la fois asocial et sympathique. Introverti, il a un côté misanthrope ; comme celui de Molière, il ne sait ni "être sage avec sobriété" ni accepter l'hypocrisie nécessaire à la vie sociale. D'où une difficulté certaine d'inclusion sociale et de communication qui peut entraver sa compétence professionnelle. Ce conflit est l'argument primordial de la série.

En général - mais je n'ai regardé que la première saison, en anglais, diffusée par Amazon Prime Video - chaque épisode couvre au moins deux ou trois patients, des cas médicaux que le montage divise et distribue, et entrecroise. S'ajoutent au suspense des diagnostics et des opérations, des histoires d'amour et des rivalités professionnelles ; l'hôpital apparait comme un champ de luttes où se rencontrent des professions diverses ; la hiérarchie y est constamment rappelée, à tout propos. L'ambition est partout, enjeu majeur pour tous, ravageur. Les caractères sont amenés, d'épisode en épisode, à explorer diverses situations : l'erreur, l'amitié, la mort, l'amour, le mensonge, la déception, le voisinage, l'espoir... L'autisme s'avère un puissant révélateur des relations sociales ; il les décape. Si le chirurgien autiste n'éprouve aucune difficulté à saisir les problèmes scientifiques, il a, en revanche, beaucoup de mal à concevoir les sarcasmes, tout comme d'ailleurs l'intelligence artificielle des sentiments y échoue (rapprochement à creuser !) ; les limites de sa compréhension des interactions sociales évoque celles de l'intelligence artificielle confrontée à la langue et aux émotions (facial recognition, hand gesture recognition, etc.). Il aime avoir raison et proclame ses succès, comme ses échecs, sans pudeur. On s'attend bien sûr à ce qu'il tombe amoureux pour devenir plus humain !

Les séries médicales, tellement nombreuses, ont en commun d'être confrontées à de redoutables problèmes de réalisation ; elles doivent rendre la salle d'opération spectaculaire, rendre les gestes médicaux visibles et le raisonnement médical compréhensible alors que le tout venant des téléspectateurs n'y comprend pas grand chose et les gestes du chirurgien sont difficiles à percevoir (voir "The Night Shift", par exemple, NBC ; TF1 en France). La série doit faire percevoir, ressentir l'urgence, le stress : le temps est toujours compté. Il semble que la réalisation mette l'accent sur des maladies spectacularisables (les arrêts cardiaques), les affichages des écrans de la salle d'opération qui visualisent la situation cardiaque de l'opéré ou visibles (les maladies dermatologiques...). Pour être réalistes, les conversations entre les personnels médicaux doivent être techniques, mobiliser un vocabulaire spécialisé : le téléspectateur, impressionné, doit comprendre qu'il est normal de ne pas comprendre (cf. le latin des médecins de Molière). Quant au réalisateur, il doit trouver le parfait équilibre entre l'obscurité de subtilités chirurgicales imperceptible et l'évidence des enjeux de l'épisode (transplantation, don d'organe, amputation ou non, etc.), sans oublier les dimensions juridiques de chaque situation et la crainte des procès, endémique.

La série laisse soupçonner un autiste en chacun de nous, un savant aussi, peut-être, spécialisé dans son domaine, fût-il modeste et trivial (le fan, le collectionneur, etc.). "The Good Doctor" donne à concevoir et comprendre plus avant les différences, au-delà de la couleur de la peau et du sexe. L'autiste n'est pas un autre. 

Les travaux de Aaron Cicourel sur la communication entre médecins, ceux de Erving Goffman sur l'interaction peuvent permettre d'approfondir les aspects sociologiques de cet univers médical. La fiction télévisuelle n'est-elle pas, à sa manière, une analyse en acte.


Références

L'autisme et les travaux de la Haute Autorité de la Santé

Cicourel (Aaron V.), Le raisonnement médical. Une approche socio-cognitive, textes présentés par Pierre Bourdieu et Yves Winkin, Paris, Seuil

vendredi 2 mars 2018

"Suits" : costumes sur mesure et procès en série


D'abord le jeu de mots, implicite : "Suits", les costumes, l'uniforme des cadres au bureau, où l'habit fait encore le moine ; "Suits", les procès (law suit), poursuivre en appel (courtiser aussi) ; suits désigne également, de manière quelque peu argotique, les cadres d'entreprise (business executives) et c'est aussi une main (gagnante ?) au poker (quinte). Significative et féconde polysémie qui convient bien à la série mais que l'on perd à la traduction. Le titre initial était plus clair, mais tellement monosémique : "A legal mind" (une tournure d'esprit juridique).
Et le bingeviewer attend la "suite", évidemment ! L'action se passe à New York, ce qui nous vaut de superbes - mais nombreux - plans de coupe sur les gratte-ciel de Manhattan et les lumières de la "ville qui ne dort jamais".
La série a été lancée en 2011 par USA Network, chaîne qui appartient à NBCU / Comcast. "Suits" en est à sa septième saison et la réalisation d'une huitième saison a été décidée en janvier 2018, longévité exceptionnelle pour une série. De plus, Netflix allonge cette longévité en (re)diffusant la série (en lieu et place de la syndication ?).
Le lieu et les acteurs : un cabinet d'avocats d'affaires qui a réussi, dirigé par Jessica, brillante et belle, secondée par un senior partner, brillant et beau. Bureaux somptueux, chauffeurs, luxe ostentatoire : il faut impressionner clients et  adversaires. Rivalités, jalousies, ambition, blessures d'enfance, manies, autant de problèmes éternels qui s'entremêlent avec des questions dont on parle à la une des médias : harcèlement sexuel, startups, capteurs, mensonges, vie privée, etc. Chaque procès, chaque client gagné par l'équipe est prétexte "for a party" : Champagne ! Le nom même de la société, portant le nom des associés, est un enjeu de luttes internes... Comme dans la publicité. La huitième saison verra l'arrivée de l'actrice Katherine Heigl (ex. "Grey's Anatomy").
Une assistante juridique (paralegal), qui n'est pas donc (encore ?) avocat, effectue les recherches ("grunt work") pour les avocats, avec talent et efficacité. Elle rêve de Harvard Law School (HLS), alma mater de tous les avocats du cabinet (capital social commun d'héritiers !), HLS est d'ailleurs le fil rouge de l'intrigue.

Il faut être américain pour apprécier toutes les subtiles distinctions de cet univers, il faut être juriste pour en suivre les joutes verbales souvent liées à la procédure, qui diffère de la procédure française.
De "Mad Men" à "Suits", se dégage une structure narrative constante, dans la composition, dans les décors, les styles de vie de rêve... Tout fait penser à l'émission "The Good Wife" ou à  "Mad Men" ; on est passé de l'agence de publicité au cabinet d'avocats d'affaires, les gammes de personnages se ressemblent, les rôles aussi et les intrigues qui mêlent vie privée et vie professionnelle. Les premiers rôles sont élégants, avec application, conformes aux critères de la mode du moment, au point que la série semble par instant un défilé de mode (démarches stylisées de mannequins, etc.)... Une combinatoire des personnages est mise en place ; les liens se nouent en réseau, se dénouent et se renouent d'épisode en épisode... Galerie de portraits ou tableaux d'une exposition. Un peu de "comédie humaine" aussi ! Les personnages ne cessent d'échanger des références et allusions complices à des séries TV (intertextualité généralisée). Un personnage de "Suits" dira même, à propos de Downton Abbey :"I'll netflix it" (saison 2), comme l'on dit "I'll google it". A la manière de Google, Netflix a donné naissance à un verbe ! Netflix aussi "is your friend ! Mesure de son succès auprès des internautes.
Un spin-off est annoncé à partir du personnage de Jessica qui quittera le droit pour la politique à Chicago. La série fera également l'objet d'un remake pour la télévision coréenne (KSB2). Sous le titre de "Avocats sur mesure", "Suits" est diffusée dans les pays francophones depuis 2013-14.

N.B. On ne peut pas, après avoir suivi ces avocats et paralegals s'épuisant, épisode après épisode à analyser des dossiers de fusion-acquisition (M&A), ne pas mentionner les outils d'intelligence artificielle (lawyer-bots) capables d'accélérer la recherche et l'analyse des documents juridiques (cf. Contract Intelligence, Casetext ou Casemine par exemple). Ce qui changera tout dans cet univers professionnel, et les intrigues de la série car Mike, le personnage principal, se distingue d'abord par une mémoire éidétique (photographique) qui lui permet de traiter d'énormes dossiers rapidement tout comme le logiciel de recherches juridiques Casetext se vante de ses performances : "attorneys who use Casetext for legal research find on-point cases 24.5% faster". Text IQ propose d'identifier les documents pertinents et de faciliter leur traitement...

Copie d'écran de la chaîne USA Network (novembre 2017)

lundi 11 avril 2016

Death of the TV household ?


Once upon a time, TV advertising math was simple: one household equaled one TV set. Back then one contact with 1% of all TV households in the country represented 1 GRP (Gross Rating Point) (reach 1 times frequency 1). People used to watch TV on a main TV set, in their living room (or family room), and they watched mostly live TV (since TV was linear).

That time is past.
Most households nowadays own many TV sets and DVRs; moreover, they watch TV on many devices, some of which are mobile (computer, tablet, smartphone). And they watch out of home, they time-shift, they binge...
Today, comScore (with recently acquired Rentrak) intends to replace the notion of TV household with that of TV device. In fact, according to comScore, there are now, on the average, more than 12 devices in a home. Young generations watch TV more on mobile devices than on a TV set.

So, for marketing purposes, instead of using TV househol d audiences we will now use audiences and data from devices, including streaming devices when it comes to connected TV.
TV as a single, simple category is no longer relevant. Each device corresponds to and produces specific types of viewing behaviors, behaviors which remain to be precisely analyzed, differentiated and measured for better targeting. In the long run, however, more than the device, artificial intelligence only will make the difference, not the device, also says Google CEO. This might start another phase of advertising history...


The death of the TV household introduces a new set of variables into marketing. TV is plural: it must be analyzed and explained simultaneously, from a plurality of viewpoints (“Vielseitigkeit ”, Max Weber). In addition to the sociology of TV choices (adequation of people with programs), we should take into account two other dimensions: the sociology of equipment (devices) and the economy of consumption (free TV, pay TV, bundles, subscription, pay-per-view). 
How will this affect the relation to advertising?

vendredi 18 septembre 2015

"Humans" trop humains : des Synth en séries


Dans ce monde étrange, qui ressemble pourtant au nôtre, on peut s'acheter un Synth, créature artificielle à forme humaine, un robot qui obéit au doigt et à l'œil, un esclave presque. Science fiction. A l'origine, il s'agit d'une série suédoise ("Real Humans", 2012-2014, diffusée par ARTE) ; elle a été reprise et adaptée pour être diffusée aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne (remake). Huit épisodes, diffusés aux Etats-Unis de juin à août 2015 sur AMC, à qui l'on doit "Mad Men" et "The Walking Dead" ; en Grande-Bretagne, la série est diffusée par Channel Four. Huit nouveaux épisodes sont prévus pour 2016

Le lancement fit appel à un site Web et à une campagne sur eBay : les visiteurs pouvaient simuler l'achat d'un Synth, robot androïde produit en séries industrielles par la marque Persona Synthetics. Devant des vitrines de Regent Street à Londres, les passants pouvaient interagir avec des Synths grâce à une Kinect (Microsoft).

"Humans" raconte l'histoire d'une famille de trois enfants, aisée, qui achète un Synth pour effectuer les tâches domestiques. La coexistence quotidienne d'un robot et d'une famille est au cœur de l'intrigue. Où l'on retrouve les réflexions habituellement associées à l'intelligence artificielle, à l'esclavage (Aristote, Politique : "si les navettes tissaient d'elles-mêmes..."), aux hommes-machines... 
Des humains se révoltent contre les robots : "We are people", nous, s'indignent-ils, d'autres en tombent amoureux... On pense au film Ex_Machina


Dans la série, l'intelligence artificielle s'est rapprochée de ce point ultime où l'on ne peut plus guère distinguer l'intelligence artificielle de l'intelligence naturelle, humaine. On ne serait donc pas loin d'avoir passé le test de Turing et d'atteindre le stade de la "singularity" qu'envisage Ray Kurzweil. Reste la conscience, mais certains Synth en sont dotés, de sentiments aussi, de sens de la famille (comme dans Mr. Robot, le rapport au père, "père-sévère" / "non-duppes errent", est compliqué). Cela promet des développements romantiques !

Le développement de l'intelligence artificielle imaginé par "Humans" semble inégal : dans ce monde de robots intelligents, les objets ne semblent pas encore connectés ; il n'y a pas encore d'Internet des choses domestiques, d'où le besoin de robots ? La question de la concurrence entre humains et robots sur le marché de l'emploi n'est jamais loin mais elle n'est pas encore évoquée explicitement.

mercredi 22 avril 2015

Ex _Machina. Le cinéma passe le test de Turing


Affiche du film dans un multiplexe Regal
à Cambrige (MA)

Le thème central de ce film britannique de science fiction est le test de Turing et la singularité, ce moment où, selon l'expression qui donne son titre au livre de Ray Kurzweil, l'intelligence naturelle, humaine est dépassée et décuplée par l'intelligence artificielle (Singularity is Near. When Humans Transcend Biology, 2005). N.B. Ray Kurzweil dirige actuellement la recherche chez Google (director of engineering).
Quant au titre du film, ex machina, il renvoie à l'expression grecque plus connue par sa traduction latine, "Deus ex machina", c'est à dire "dieu sorti de la machine" ("ἀπὸ μηχανῆς θεός"). Le film d'Alex Garland, dans les salles aux Etats-Unis dès avril 2015, sera dans les salles françaises en juin.

Science-fiction : dans le film, une machine passe finalement le test de Turing. L'intelligence de l'automate a été alimentée massivement en données, entre autres, par toutes les conversations téléphoniques enregistrées sur les téléphones mobiles du monde entier. Grâce aux caméras des téléphones portables qui sont allumées en permanence (machine vision), l'androide est ainsi capable de mimer des émotions et de détecter des micro-expressions, de percevoir des sacasmes. Forte de ce capital communicationnel et langagier mis à sa disposition, l'intelligence artificielle s'accroît de manière autonome grâce au machine-learning.
L'automate prend corps de femme et là se noue l'intrigue. "ex_machina" allude sans doute au roman de science-fiction de Villiers de l'Isle-Adam, L'Eve Future, publié en 1886, où se trouve l'une des premières occurences du terme androide (l'héroïne du film s'appelle Ava).

Bien sûr, le film n'entre pas dans les détails techniques de l'intelligence artificielle ou de la robotique, mais les allusions sont nombreuses, clins d'œil complices aux spectateurs initiés. Restent des questions éludées, par construction narrative : comment l'androide fait-elle pour parler (processus stochastique et chaînes de Markov sont évoqués dans les dialogues), comment fait-elle pour se déplacer (il faut imaginer une robotique extrêmement avancée !) ?

La fiction l'emporte sur la science. Normal. Et dans cette fiction, le futur reste prisonnier du présent et de nombre de ses représentations, sexistes entre autres mais n'oublions pas qu'une déesse sort de la machine ! Tous les ingrédients de la réflexion actuelle sur le monde numérique et ses clichés sont présents dans le film : invasion constante de la vie privée, le codeur génial, naïf et modeste de la grande entreprise Web mal à l'aise dans le monde réel, la sécurité et l'Internet des choses, etc. Mais surtout, en filigrane, la peur d'un développement incontrôlé de l'intelligence artificielle qui menacerait l'avenir de l'humanité hante le film. Apprentis sorciers ?

N.B. Penser aux déclarations de Hiroshi Ishiguro, professeur de robotique à l'université de Osaka, qui prévoit que des androides joueront des rôles d'acteurs, de chanteurs, de modèles. La question clé de l'intelligence artificielle reste selon lui celle de l'implémentation de désirs et d'intentions. cf. Anthony Cuthberston, "Hiroshi Ishiguro: Robots like mine will replace pop stars and Hollywood actor", International Business Times, April 21, 2015.

Affectiva, société spécialisée dans la reconnaissance des émotions a levé 14 millions de dollars pour donner des émotions à des robots (mai 2016).

lundi 29 décembre 2014

Peur de nos amis les robots ?


Les technologies numériques s'emparent de la presse magazine grand public. On l'a observé avec les conseils d'achat pour les équipements personnels et domestiques. Un grand pas de plus et nous voici dans l'intelligence artificielle ; la vulgarisation patine toutefois lorsqu'elle doit aborder les réseaux neuronaux : machine learning et deep learning sont quelque peu rébarbatifs.
Heureusement voici les robots et leurs représentations plus ou moins anthropomorphiques. Thème populaire, les robots font rêver et ils font peur. Science fiction ? Luddisme ? Les machines voleraient le travail des humains, les mettant au chômage. Pourtant, à la une des magazines, les robots ont l'air si sympathique, inoffensif, et ils sont plutôt photogéniques. Humains, trop humains ! Journalisme de vulgarisation scientifique et technique, de nombreux magazines titrent sur l'actualité des robots : fin et début d'année invitent à imaginer l'avenir. Le temps des robots semble proche.
  • Notons d'abord qu'il existe depuis janvier 2010 un magazine régulier, spécialisé mais grand public, Planète Robots : "le magazine de la robotique et des nouvelles technologies du futur" (bimestriel, 5,9 €, abonnement annuel 6 numéros, 35 €). Son existence témoigne de l'intérêt constant pour ce sujet (on en est au numéro 30).

  • L'Humanité Dimanche  (hebdomadaire, 3 €, 4 décembre) aborde la question par les dimensions sociales et s'inquiète pour l'emploi - actualité française oblige. La fabrication et l'entretien des robots ne compenseront sans doute pas les suppressions d'emploi qu'ils provoquent ; une nouvelle économie doit être conçue (droit du travail, fiscalité, sécurité sociale, formation).
Il est vrai que les robots ne font pas grève, travaillent 24 heures sur 24, ne prennent ni vacances ni week-ends, ne sont pas malades (mais ils tombent en panne), n'ont pas d'accidents du travail et ne touchent pas de retraite. Donc pas de charges sociales. Un rêve d'entrepreneur ? Certes, mais qui achètera leur production ? Voir l'ouvrage de Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, The Second Machine Age: Work, Progress, and Prosperity in a Time of Brilliant Technologies (2013).

  • inexploré (trimestriel, 6,5 €) demande "jusqu'où ira l'intelligence artificielle" dans son dossier "Demain, tous robots ?".  
  • LSA (distribution) évoque Nao, le robot d'Aldebaran, qui accueille les clients du magasin Darty de la République à Paris.
  • Notons encore un article dans le magazine Geek (bimestriel, 5,95 €) sur la manière dont les robots apprennent à percevoir et comprendre le langage du corps humain et sur les aspects juridiques du développement des robots.


Amazon, en attendant les drones, compte sur les robots pour améliorer l'efficacité de sa logistique. Une video tournée dans les entrepôts  (fulfillment center) montre le ballet des robots (cf. vidéo supra) évoquant l'apprenti sorcier (Goethe, Dukas, Disney).

Vieille histoire, les robots ? Aristote notait que si les navettes "tissaient d'elles-mêmes", on n'aurait plus besoin ni de manœuvres ni d'esclaves (Politique, Livre I, IV, 3) ; vingt siècles plus tard, Descartes évoquera les animaux-machines et les automates (Discours de la méthode, Cinquième partie) : seul le langage les distingue des humains : et l'on arrive au test de Turing pour séparer les humains des machines.

Et la presse, sera-t-elle touchée par les robots ? Quand les articles sur les robots seront-ils composés par des robots ? Jamais, disent certains en un bel acte de foi. "Let the data tell its story", propose déjà Wordsmith, le logiciel d'Automated Insight. Voir aussi Quill, le logiciel d'écriture de Narrative Science ou encore celui de Arria.

T-shirt d'étudiants du MIT, Boston, haut lieu de la recherche en robotique. Le robot, étape de l'évolution de l'humanité...

dimanche 30 novembre 2014

Technologies, opium du peuple ?


Humanoïde : le magazine trimestriel coûte 5 € (abonnement 16,9 €), 100 p., diffusion Presstalis. Editeur Presse Non Stop. 

"A contresens sur l'autoroute de l'information", promettait le n°1, plutôt "méfiant" envers les technologies (juillet 2014) ; "La technologie est l'opium du peuple", assène le n°2 (octobre 2014), plus conciliant mais avec humour. Le titre cherche sa voix et son positionnement, son lectorat.

"Humanoïde" désigne ce qui a les apparences humaines. Allusion aux robots et automates (cf. "Googlenator ou Inspecteur Google"), à l'intelligence artificielle (cf. "Siri, Google Now et Cortana, la voix cassée des intelligences artificielles", dans le n°1) ? Voilà pour le contenu.
Pour la ligne éditoriale, une proposition provocatrice l'éclaire : en quoi la technologie est-elle l'opium du peuple, comme l'affirme le n°2 en sous-titre ? Voici une hypothèse féconde et unificatrice pour traiter du numérique en ses multiples manifestations. Pour Marx, "l'opium du peuple" était la religion, "soupir de la créature opprimée", "protestation contre la misère réelle" (Introduction à la critique de la philosophie hegelienne du droit, 1844). La technologie numérique peut retrouver nombre de ces sympômes dans un tel tableau clinique. Déjà Calvin and Hobbes, la BD, avait signalé que la TV, mieux encore que la religion, était l'opium du peuple (cf.infra. Merci ZeM pour cette référence).

A voir l'utilisation constante des smartphones, en toute circonstance, par tout un chacun, on peut s'interroger : quels besoins remplit cette sempiternelle connexion, quel rôle satisfait cette communication rituelle. Je connecte donc je suis : cogito numérique. Comportements religieux ? Soupirs des créatures opprimées ? Le mobile comme époux/se numérique tout comme l'automobile fut l'époux/se mécanique ? Folklore de notre monde (cf. Marshall McLuhan, Mechanical Bride: Folklore of Industrial Man, 1952) ?
Au plan politique circule l'idée, mais on n'y croit guère, que la technologie résoudrait tous les problèmes : transport, éducation, sécurité, économie, santé, emploi... Les paradis d'intelligence artificielle seraient proches. Is the singularity that near? Tel héros, tel people de l'économie numérique, tout auréolé à la une, "va-t-il sauver l'humanité ?" (n°2) demande le magazine, ironique à juste titre : avec le numérique, la tentation du prophétisme n'est jamais loin. Après l'article sur Elon Musk (n°2), excellent mais qui pourrait prendre plus de distance avec le journalisme people et sa réduction psychologiste des entreprises, on attend au tournant un article sur Uber...

Comme toujours le papier accompagne le numérique, comme un contrepoint. Déjà les anciennes techologies, radio, cinéma, TV, jeux vidéo avaient donné naissance à des dizaines de magazines papier grand public. Le magazine papier depuis longtemps est un média d'accompagnement des médias.
"Pas seulement le magazine papier de la société numérique, mais un magazine de société sur les nouvelles technologies" (édito du n°1), ceci positionne résolument le magazine comme un miroir où l'époque se regarde et se mire. Voici l'engagement de la rédaction ; allez savoir ce qu'est un "magazine de société" (en est-il d'autres ?). Comprenons généraliste, pas spécialiste ; nécessité pratique d'obéir aux classification marketing, de situer le titre sur les linéaires encombrés... Référencement.

La structure rédactionnelle ne varie pas d'un numéro à l'autres. Cinq parties : actualité, "décryptage" (sic), technobsession, hygiène numérique, objetisation. Une couleur à la une, un portrait aussi. Un photographe pour chaque numéro, belle idée.
Humanoïde est également disponible en version numérique, en ligne, sans appli.
Le magazine est agréable à lire, à feuilleter. Sa manière de prendre les problèmes demande de prendre son temps, douter, dérouiller les clichés du moment, langagiers ou visuels, pièges de l'actualité, qui freinent et énervent la réflexion. Sortir du credo intéressé des spécialistes pour faire voir la "grande image" où les technologies numériques prennent leur sens.


dimanche 14 septembre 2014

Magazine pour une maison connectée intelligente (domotique)


edomus Ma Maison intelligente
Smartech Publications SAS (qui publie également la magazine Habitat & Technologies)
Magazine bimestriel (septembre - octobre), 84 p., dos carré
Prix facial : 4,9 € ; abonnement annuel : 24 €

Le marché potentiel de la domotique est immense. C'est un marché de la maison, un marché de l'électronique et un marché du Web. Il n'est pas d'activité domestique, de pièce de l'habitation qui y échappent. La domotique est une partie majeure de l'Internet des choses (IoT, Internet of Things) ; elle emprunte à l'intelligence artificielle, à l'automatisation, aux capteurs (sensors), à la reconnaissance vocale... elle les popularise et les domestique. Elle contribue à inculquer un habitus numérique. C'est aussi un immense producteur de data en continu.

Le titre, eDomus, est sympathique. Domus, en latin, c'est le domicile (pas la propriété immobilière) : c'est le cadre de la vie chez soi, quotidienne. "Le magazine du smart home et des objets connectés" met d'emblée l'accent, dès la couverture, sur la sécurité et la surveillance, de près comme de loin, du domicile.
Le sommaire du titre décline les raisons principales de s'équiper (et de lire le magazine) : outre assurer la sécurité, la domotique permet de faire des économies, de soigner sa santé, de gérer la diffusion de sa musique. Le numéro 2 (novembre) titre sur les économies.
Au cœur du dispositif domotique se trouvent le smartphone, mobile et passe-partout, et ses applis.

Tout pour la maison
Les annonceurs présents, d'une manière ou d'une autre, sont des annonceurs captifs, ce qui est logique pour un premier numéro : groupe Legrand (MyHome), NordNet (Internet satellite), homecinefeel, Somfy (HomeMotion), Festival Son & image, NūVō (musique sans fil), Comelit Immotec ont acheté des pages. Les produits de nombreuses marques sont mentionnés et illustrés dans les articles et les dossiers : détecteurs de fumée, robots tondeuses, économies d'énergie, ensoleillement, caméras de surveillance, etc. Le câble et les télécoms sont encore peu visibles (sauf Orange avec MyPlug 2) mais le numéro de novembre analyse l'offre domotique des opérateurs télécoms. Samsung (qui a récemment acheté SmartThings) bénéficie d'un article dans le dossier consacré aux réfrigérateurs intelligents (avec Whirlpool) et d'un autre sur sa tablette Galaxy Tab S. MyFox, Domocore sont cités. Mais on ne trouve pas encore Apple (HomeKit), à peine Google qui entre sur ce marché avec un détecteur de fumée (Nest est évoqué), pas General Electric (partenaire de Quirky), ni Revolv (qui s'associe à Home Depot), ni les grandes surfaces spécialisées (Darty est cité)... On peut s'attendre à trouver les compagnies d'assurance, complices intéressées de l'Internet des choses de la maison : moins de vols, moins de sinistres, assurance moins chère ? Le gisement d'annonceurs potentiels est tel qu'il pourrait constituer un secteur à part entière. En tout cas, il justifie certainement le lancement d'un magzine.

Magazine utile, d'utilisation commode, de référence
eDomus consacre de nombreuses pages à guider les achats des lecteurs et lectrices. Comme pour tous les magazines traitant de l'équipement des ménages (automobile, informatique, moto, matériel sportif, décoration, jardin, camping, bricolage, etc. ), vouloir à tout prix distinguer l'éditorial d'une part, la promotion et de la publicité, d'autre part, serait vain (même si la Commission paritaire s'y essaie, sans doute).
A moyen terme, dans quelques numéros, la question du positionnement d'un tel magazine se posera : magazine de maison au sens général du terme intègrant la décoration et le bricolage ou bien magazine de technologie (distinct de Habitat & Technologies ?). eDomus semble encore hésiter. Faut-il, pour un magazine grand public, détechniciser la domotique ? Faire oublier la technologie au profit de la décoration, du bien vivre, du confort ? Pour bien vivre dans une maison intelligente, ne faut-il pas que cela soit tout bête ? Habiter n'est pas un métier d'ingénieur, tout au plus de bricoleur(se)s.
Question subsidiaire : où est placé le magazine dans les points de vente presse ? Avec les titres "maison"/ "décoration" ou avec les titres "électronique" ?

mardi 19 août 2014

Facebook, dans une certaine mesure


Facebook serait-il en passe de devenir une entreprise de référence en matière de mesure et d'études publicitaires ?
Ce n'est certes pas dans la définition stricte de son métier, de sa "mission" (cf. document de l'IPO). Les signes avertisseurs pourtant ne manquent pas.
Nous en retiendrons trois.

Le premier est sa mise en œuvre par Nielsen dans le cadre de OCR. Avec son tag omni-présent, OCR arbitre entre les mesures de l'audience publicitaire Web et mobile (calibration engine). En France, par exemple, Facebook peut apporter un supplément de couverture aux panels classiques, panels de taille limitée parce que trop chers à recruter et à maintenir, surtout depuis la généralisation du mobile comme outil exclusif de téléphonie. Aux quelques milliers de panélistes de Nielsen, Facebook peut "ajouter" les millions de personnes actives sur son réseau. Si Nielsen ou Médiamétrie sont gages de représentativité (quotas), Facebook est gage de quantité. Qui peut se passer de qui, à votre avis ?
Pour l'instant, l'association des données Nielsen / Facebook s'effectue via des cibles socio-démographiques élémentaires (sexe, âge), mais ce n'est qu'un début...

Le deuxième signe se lit dans la communication de Facebook sur sa capacité à dédupliquer les audiences numériques. Facebook peut identifier à tout moment les audiences qui passent des supports mobiles à des supports fixes, des lieux de travail au domicile : couverture et répétition globales, GRP cross-device...
Cet identifiant unique, qui serait indifférent aux appareils utilisés, semble un serpent de mer publicitaire. On en parle, on l'imagine mais on ne le voit guère. En revanche, Facebook, avec ses centaines de millions de personnes identifiées sans erreur, avec son immense audience mobile, dispose apparemment de tous les moyens pour suivre une audience publicitaire et en attribuer les effets (conversion, impact, branding...) .
De plus, avec ses utilisateurs mobiles, Facebook peut localiser précisément un utilisateur, situer son environnement et sa proximité commerciale.

Le troisième signe est la place que Facebook occupe auprès de la télévision. Aux Etats-Unis, Facebook est partenaire de Nielsen pour la mesure de l'audience de la télévision reçue sur supports mobiles. Facebook est aussi le média qui accompagne de plus en plus les usages sociaux de la télévision (social TV) ; il se trouve donc à même d'évaluer l'audience totale de la télévision (volume, comportements, goûts, MultiScreenTasking).

Facebook a constitué, de facto, un gigantesque panel, mobile et fixe, épousant strictement et sans délais la sociologie des comportements et des consommations : big data (des mots, des relations, des photos) et intelligence artificielle. Facebook semble en mesure de réaliser un rêve ancien des instituts d'études : permettre des études 360°, holistiques et continues des consommations. Et, en prime, pluri-nationales et plurilingues...