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mercredi 23 octobre 2019

Netflix : quelles solutions à venir ?


Pour affronter la concurrence de Apple et Disney, Netflix vient d'emprunter 2 milliards de dollars.
Ces deux milliards serviront notamment à la production de nouveaux contenus ainsi qu'à de nouvelles acquisitions (“content, production and development and potential acquisitions”). La bataille Netflix / Disney semble inégale tant les archives de Disney semblent incomparablement importantes : plus d'un siècle de productions accumulées ! Mais qui veut les voir, les revoir ?

De son côté, Verizon annonce offrir gratuitement un abonnement de Disney+ pour un an à ses abonnés à des services illimités à Internet (FiOS, 4G LTE, 5G, etc.). Au total, environ l'offre concerne 50 millions d'abonnés. Disney + sera lancé le 12 novembre.
Le lendemain de la publication de cet accord, le cours de Netflix a perdu 4% (à 266,69 $).

De même, Apple offre un abonnement gratuit à son service vidéo (Apple +) pour un an aux acheteurs d'un nouveau téléphone. Ce service sera mis en place dès le lancement, le 1er novembre 2019.

De son côté, Peacock, l'application de Comcast / NBCU, se prépare pour son lancement en avril 2020 : tout d'abord, gratuite pour les abonnés de Comcast, l'application sera d'emblée soutenue par la publicité (mais pas uniquement, puisque le service pourra être également vendu sans publicité), ensuite elle exploitera les Jeux Olympiques. Comcast compte sur le service Xfinity qui a gagné 379 000 abonnés ce trimestre alors que le câble en perdait 238 000.

Et l'on commence à répéter qu'il va falloir cesser de donner son mot de passe Netflix à ses amis, sa famille...

lundi 20 juin 2016

Mini-bouquets (Skinny Bundles) pour abaisser le prix d'accès à la télévision


Pour le câble comme pour le satellite (Multiple Video Programing Distributors, MVPD), aux Etats-Unis, l'heure semble aux désabonnements. Les abonnés, surveillant leur dépense de télévision, s'orientent vers les offres OTT et particulièrement vers Netflix, amazon Video, Hulu ou YouTube.
L'offre de chaînes par les MVPD, exorbitante, ne correspond pas ou ne correspond plus à la demande des abonnés qui veulent choisir les chaînes auxquelles ils s'abonnent et rejeter celles qui ne les intéressent pas (ou plus). Sont ainsi mises en question les offres sportives dont les coûts très élevés payés par les opérateurs sont reportés sur la facture des abonnés (sont visés notamment ESPN 1 et 2, très chers). Rappelons que, en moyenne, un foyer TV américain reçoit 206 chaînes pour n'en regarder que 20 (source : Total Audience Report, Nielsen, September 2016). En réaction, pour lever cette barrière à l'entrée dans la télévision, des opérateurs adaptent progressivement leur marketing et proposent des bouquets réduits (dits "skinny"-amaigris, minces-, on parle aussi parfois aussi de slim package ou de slimmmed-down bundle), ce à quoi les fournisseurs de contenus (chaînes) sont évidemment hostiles.
  • Ainsi Verizon (Fios, 5,8 millions d'abonnés) mit en place, en avril 2015, des petits bouquets thématiques complémentaires du bouquet de base (35 chaînes), dits "Custom TV", reportant ESPN (ABC - Disney) dans un bouquet sport séparé, optionnel. En réaction, ESPN (Disney) a déposé une plainte contre Verizon pour rupture de contrat. Le conflit Verizon / ESPN s'est réglé à l'amiable en juin 2016, sans que l'on en connaisse les termes ; il semble que ESPN et ESPN 2 aient finalement été inclus dans le bouquet Sports & More (65 $).
  • En décembre 2015, NCTC, une association de 750 petits câblo-opérateurs (National Cable Television Cooperative, 4 millions d'abonnés) s'est plaint auprès de la FCC parce que AMC Networks leur impose l'achat de 5 chaînes à faible potentiel d'audience (WE tv, IFC, SundanceTV, BBC America, BBC World News), pour une durée de dix ans, s'ils veulent acheter AMC, la chaîne principale (qui diffuse des émissions à succès comme "The Walking Dead"). De plus, AMC demande à NCTC de payer pour tous ses abonnés et non seulement pour ceux qui veulent AMC. AMC Networks tente ainsi de compenser l'effritement des abonnements (cord shaving), en prenant une sorte d'assurance contre les "skinny bundles" ; de leur côté, les opérateurs cherchent à satisfaire leurs clients en proposant des abonnements moins chers, avec des petits bouquets à la carte. Début 2016, un accord a été trouvé réduisant les prix pour NCTC et diminuant le nombre de chaînes diffusées par les opérateurs.
  • En août 2016, Dish Network lance Flex Pack, un mini-bouquet de 50 chaînes pour 39,99$ / mois ne comprenant aucune station locale (donc aucun network) et ne propose pas non plus ESPN ou Fox News (que l'on peut ajouter avec un supplément de dix dollars). Ce skinny network se veut tout l'opposé des "giant bundles" habituels.
  • Durant l'été 2017, Charter lance Spectrum TV Stream, un bouquet pour 19,95 $ par mois (sans contrat), sans sport, comptant plus d'une vingtaine de chaînes (dont les versions locales des quatre grands networks nationaux et PBS). Le bouquet peut être reçu sur iOS, android et sur des téléviseurs connectés. Début 2018, Charter enrichit son offre avec Spectrum Choice (stations locales des networks, 25 canaux musicaux de Music Choice et dix autres chaînes au choix) ; l'abonnement est à 25 dollars par mois.
A terme, tout indique que le marché s'oriente vers une commercialisation des chaînes non plus par bouquet mais à la carte, le "skinny bundle" étant une étape dans cette direction.
Bien sûr, AT&T (U-verse, DirecTV) qui lancera 3 chaînes OTT en fin d'année, estime que le modèle économique des mini-bouquets est intenable à terme et déclare que les petits bouquets seront inévitablement amenés à grossir ("Skinny will turn to fat sooner or later"). 
Une enquête de Digitalsmith (TiVo,“Q4 2015 Video Trends Report”) auprès de 3 100 répondants appelés à simuler une composition de leur mini-bouquet laisse entendre qu'une offfre optimale proposerait sept "skinny bundles" de 15 chaînes pour environ 35$ chacun.
En attendant, les opérateurs perdent des abonnés et Netflix en gagne. L'été, saison des changements télévisuels, risque d'être riche d'enseignements.

samedi 22 mars 2014

L'abonné, un risque d'exécution calculé ?


Fusions et acquisitions dans le câble aux Etats-Unis (Comcast / Time Warner / Charter Communications) ou dans les télécoms en Europe (SFR / Bouygues ou Numéricable ; Vodafone / ONO ; Vodafone / Kabel Deutschland, par exemple). Analystes et journalistes spécialisés y vont de leurs prédictions stratégiques et de l'estimation des risques d'exécution.
Or, nous avons affaire à des entreprises qui vendent et achètent, entre autres, des abonnés. Or ces abonnés sont souverains, même s'ils sont entrés dans un contrat avec l'opérateur.

Risques d'exécution ? Ces risques se trouvent aussi du côté des abonnés. Les degrés de liberté des abonnés sont limités mais ils existent (portabilité des numéros, durée limitée de l'engagement, durée du préavis de résiliation, reprise d'engagement... ). L'abonné n'est pas fidèle par défaut mais par intérêt.
Il peut migrer d'un opérateur télécom vers l'autre, passer du câble au satellite... Il n'est la propriété d'aucun opérateur.
ChurnCord-cutting ? Autant de réponses possibles des abonnés. L'abonné consommateur veut un système flexible et simple lui permettant de profiter à tout moment du meilleur service au meilleur prix dans un univers commercial et technologique. Les changements technologiques alimentent une occasion continue et renforcée de changements d'appareils, de services, de fournisseurs, d'abonnements.

En France, l'entrée de Free sur le marché du mobile, a provoqué de forts déplacements d'abonnés. L'arrivée de l'iPhone aussi. Aux Etats-Unis, on observe que les plus gros consommateurs de streaming (Netflix, Amazon Prime) sont les plus prompts à se désabonner du câble. Selon une étude de Morgan Stanley auprès d'un échantillon représentatif de 2 500 personnes : 28% des 18-29 ans déclarent envisager de se désabonner au cours de l'année, 20% pour l'ensemble des abonnés). Depuis 2011, le câble a perdu près de 4 millions d'abonnés (source : SNL Kagan), tandis que les télécoms (Verizon / FiOS, AT&T / U-Verse) en gagnaient 3 millions.

dimanche 9 mars 2014

La TV des jeunes adultes américains


Marques préférées par les 16-34 ans ("Millennials")
Enquête initiée et payée par Verizon Digital Media Services. Donc plutôt du travail courant de relations presse que de recherche neutre ; prétexte à communiquer, à rassurer des actionnaires ou les clients.
On n'attend donc pas de grandes surprises de cette enquête. Effectivement, il n'y en a guère, à deux réserves près.

Le métier de Verizon Digital Media en matière de télévision, c'est de vendre un ensemble de chaînes (bundle de 150 à 300 chaînes ; cf. "Build your bundle") à ses clients qui achètent aussi des abonnements au téléphone, fixe ou mobile.
Le cœur de cible de son marketing, ce sont les "millennials", personnes de la génération Y, devenues adultes au début des années 2000, nées après 1980. L'objectif de cette enquête est de connaître les comportements actuels et futurs de cette cible.
Ces réponses sont des déclarations (ni le questionnaire ni le guide d'entretien ne sont publiés).
L'échantillon des enquêtés est représentatif de la population américaine.
- quanti : 1 000 personnes interrogées (passation d'une durée moyenne de 23 mn) auprès de 800 personnes de 16-34 ans et de 200 de 35-64 ans.
- quali : 8 entretiens semi-directifs au domicile (durée moyenne : 30 à 40 mn). Terrain : Hub Entertainment Research (novembre 2013).

Milleninals & Entertainement (mars 2014). Principaux résultats :
  • Ces jeunes adultes privilégient la vitesse (débit) et le confort de vision : ergonomie, immédiateté ("fewer steps between content selection and the moment of viewing"). Impatients, il leur faut des médias immédiats. Culture Apple (iTunes, Apple TV) ?
  • Ils regardent beaucoup la télévision en ligne, elle représente plus du tiers de leur temps télévisuel (12% seulement pour les plus âgés).
  • De nouvelles habitudes se mettent en place: ils veulent tout à la demande. La télévision, c'est où et quand ils veulent (omni-content distribution, TV Everywhere), plusieurs épisodes de suite éventuellement (binge viewing, marathoning). Dans sa forme linéaire courante, la télévision ne leur convient pas.
  • Faible demande de télévision interactive.
  • Marques préférées par les 35-64 ans
  • Leur consommation est multi-plateforme, certes, mais pas au point de recourir à un second écran pour une activité en relation avec une émission. Pendant l'émission, ils consultent Facebook, effectuent des achats en ligne, et, dans une moindre mesure, ils tweetent ou lisent un eBook. Adeptes du multiscreentasking, donc, mais peu de la social TV. C'est la première surprise; elle invite à scruter les modalités de production des statistiques souvent euphoriques de la social TV.
La seconde surprise concerne les marques.
Les millennials sont moins fidèles aux marques, plus susceptibles d'en changer. Leurs marques préférées sont pour partie différentes de celles de leurs aînés : Netflix, Apple, Samsung, apparaissent dans la liste des dix premières. Aucune chaîne de télévision généraliste linéaire (network) n'y figure mais YouTube est plus souvent nommé. ESPN n'est présent dans aucune des deux listes. HBO non plus.
Un glissement télévisuel se fait jour, d'une génération à l'autre, en faveur de deux marques payantes, Apple et Netflix et de deux méta-média gratuits : Facebook, Google/YouTube. Toutefois, il faut tempérer cette appréciation : les quatre networks ne sont pas crédités, comme il conviendrait, de leur présence au travers de leurs émissions. Cette dimension serait difficile à prendre en compte par ce type d'enquête brêve, aux questions simples. Problème méthodologique difficile à débrouiller.

jeudi 27 février 2014

La neutralité du Net et l'accord Netflix /Comcast


Qui doit payer pour assurer aux consommateurs une liaison haut débit de qualité ? L'opérateur ou le fournisseur de contenus ? L'accord Netflix / Comcast intervenu aux Etats-Unis la semaine passée propose une réponse : puisque c'est le fournisseur de contenu qui en a le plus besoin, c'est lui qui doit payer.
Source : Netflix, US & Canada blog
Aussi, Netflix (30 millions d'abonnés) a accepté de payer le câblo-opérateur Comcast pour un accès direct à son réseau, en vertu de quoi les émissions de Netflix seront mieux acheminées aux téléspectateurs qui les achètent. La vitesse de téléchargement des produits de Netflix (séries, films) ne cessait de se détériorer en raison d'embouteillages sur les réseaux qui provoquaient la lenteur voire des interruptions de la transmission.

Ainsi, Netflix et Comcast semblent appliquer de facto la décision du tribunal de Washington (D.C.) (janvier 2014), saisi par Verizon, remettant en question les principes de l'"Open Internet". En réalité, Netflix paie parce que, dans ce cas, le trafic Netflix / distributeurs est disymétrique, presque exclusivement descendant à partir de Netflix ;  il s'agit donc plutôt d'une compensation que d'un paiement, les accords d'appairage (peering), reposant a priori sur la gratuité, puisqu'ils présupposent la symétrie. La compensation n'a rien à voir avec la neutralité du Net.

Le volume de vidéo circulant sur les réseaux s'accroissant régulièrement, de tels accords paraissent désormais inévitables, instaurant sans doute une inégalité de distribution entre fournisseurs de vidéo, celle-ci pouvant être amenée à payer de plus en plus plus cher sa distribution. Rappelons que 30% du trafic haut débit sur Comcast, aux heures de pointe, provient de Netflix.

Le bruit de ce cas particulier retentit dans le cadre d'une discussion générale sur la neutralité du Net qui stipule l'égalité de traitement de tous les contenus (au sens de Tim Wu, cf. infra). Les éléments actuels instaurant la neutralité du Net aux Etats-Unis renvoient à des notions floues comme la "discrimination déraisonnable" et la "gestion raisonnable" (cf. infra). Dans l'accord Netflix / Comcast, il semble qu'il n'y a pas de discrimination déraisonnable et qu'il s'agit d'un cas de gestion raisonnable du réseau.
Toutefois, si ce cas doit faire jurisprudence, les principaux fournisseurs de contenus vidéo devront payer les distributeurs pour leur transport. On peut penser à Hulu, à YouTube, iTunes, Disney, Amazon, aux chaînes de télévision... Déjà, Verizon (FiOS), qui réclame des frais de transit (transit fee), a fait savoir que les plus importants utilisateurs du réseau devraient contribuer davantage, invitant la FCC à intégrer des entreprises comme Google, Apple, Netflix, Microsoft dans le périmètre de sa réflexion sur la neutralité du Net. AT&T (U-verse) a déjà commencé des négociations avec Netflix. Quant à Google, Microsoft, Yahoo!, ils paient les opérateurs depuis longtemps, semble-t-il. Dans tous ces cas, nous avons affaire à des accords commerciaux classiques : à quoi bon une législation ?
  • Si une question doit être posée à l'occasion de ce débat, c'est celle du seuil de concentration : la FTC autorisera-t-elle l'achat de Time Warner Cable par Comcast ? L'ensemble représenterait plus de 32 millions d'abonnés haut débit et donnerait à la nouvelle entité un pouvoir exorbitant de négociation avec les fournisseurs de contenu.
  • Cette affaire peut éclairer la stratégie de Google Fiber, classée en tête pour la vitesse de connection aux Etats-Unis (cf. supra, tabeau de Netflix). Google pourrait compter sur la mise en place de ses réseaux hauts débits pour sécuriser la distribution de ses contenus, de YouTube notamment, qui représente presque 20% du trafic actuellement... Ses essais de très haut débit à Kansas City, Austin, Provo pourraient être étendus prochainement à une trentaine d'autres agglomérations. 
  • Un accord du type Netflix / Comcast valorise les fournisseurs d'accès Internet (FAI) qui peuvent, avec la fibre optique, escompter des revenus supplémentaires des fournisseurs de contenus ou, le cas échéant, des avantages pour leurs propres contenus. 
  • Verra-t-on Netflix reporter ses frais de transit sur la facture de ses abonnés ?
  • Quel sera son comportement de Netflix sur le marché européen ? Il semble qu'aux Pays-Bas, où Netflix est présent, le câblo-opérateur Ziggo (racheté par Liberty Global) envisage de faire payer les fournisseurs de contenus pour garantir la qualité de distribution... En Norvège, Netflix a un accord de peering avec Telenor et paie pour la diffusion de ses contenus... On dit qu'en France, Netflix négocierait une garantie de bande passante avec Orange...
  • Le débat s'envenime. Dans un post (20 mars 2014) Netflix réclame un renforcement de la neutralité du Net : "Internet Tolls and the Case For Strong Net Neutrality". A cela, AT&T rétorque dès le lendemain : "Who Should Pay For Netflix?", qui doit payer pour Netflix, sinon Netflix ou ses clients ? "As we all know, there is no free lunch, and there’s also no cost-free delivery of streaming movies.  Someone has to pay that cost".
  • Quelques semaines après la signature de l'accord Comcast - Netflix, la performance de Netflix s'est fortement améliorée sur les réseaux Comcast comme le montre la comparaison des tableaux ci-dessus (janvier mars 2014).

Rappels sur la neutralité du Net :

FCC, "Fixed broadband providers may not unreasonably discriminate in transmitting lawful network traffic over a consumer’s broadband Internet access service. The no blocking and no unreasonable discrimination rules are subject to limited exceptions for “reasonable network management.”", The Open Internet, Guide.

Tim Wu, "Internet Neutrality, Broadband Discrimination", Journal of Telecommunications and High Technology Law", Vol. 2, p. 141, 2003.

Tim Wu, "Network Neutrality FAQ",  avec biblio.