Affichage des articles dont le libellé est first-party. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est first-party. Afficher tous les articles

mercredi 2 septembre 2015

Presse locale ou nationale ? Vers un média de transition numérique


"Local-to-national". En juillet, le groupe américain Gannett a annoncé la création d'un network d'information, USA TODAY Media Network. Ce  network est constitué par l'association de titres locaux (numérique et papier) provenant de 92 communautés (110 marchés de taille moyenne et petite, surtout) avec le quotidien national, USA Today.
La création de ce network mixte fait suite à la coupure en deux de l'ancien groupe Gannett (spin-off), en juin 2015 ; deux entitiés ont été créées : Gannett, d'une part, qui conserve le nom et le symbole boursier (CGI au NYSE), contrôle les activités d'information écrite; et TEGNA, d'autre part, qui rassemble la télévision (46 stations, un tiers des foyers TV américains) et des activités numériques (Cars.com, CareerBuilder, G/O Digital). L'objectif déclaré de ce spin-off est d'isoler cette partie du déclin des activités presse que l'on a observé au cours des dernières années. Eviter la contagion ? La télévision va bientôt connnaître ce que la presse a vécu.

Ecran Apple Watch de l'appli 
Gannett dispose avec ce spin-off d'une force de frappe éditoriale de plus de 4 000 journalistes aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne où il détient le premier groupe de presse régionale, Newsquest. Gannett n'étant pas endetté ("virtually debt-free") envisage des acquisitions d'autres titres de presse locale dans des marchés importants (500 000 à 3 millions d'habitants) et disposant notamment d'une présence universitaire, gage de modernité et de dynamisme.
D'emblée, le nouveau groupe Gannett met l'accent sur sa pénétration numérique ; tandis qu'il réduit la diffusion d'exemplaires papier du quotidien national USA Today, il assure l'adaptation de son format publicitaire video, Gravity, au mobile. Le groupe vient de passer un accord avec Taboola pour intégrer une fonction de recommandation des contenus. La stratégie est claire et déterminée : tout vers le numérique et le mobile en s'appuyant sur la notoriété locale et la réputation des titres dans leurs communautés.

Mise à jour, 14 octobre 2015 : Gannett rachète Journal Media Group (15 journaux et 18 hebdomadaires)

Alors que la presse souffre partout dans le monde et peine à rentrer dans le numérique, cette opération permet d'observer la tentative de transition numérique d'un grand groupe de presse américain. Déjà, il y a trente ans, Gannett avait révolutionné la presse quotidienne, recourant au satellite, à la couleur. Aujourd'hui, il faut désenliser ce média d'un lectorat âgé et lui redonner son dynamisme : "media that drive action, not passive consumption".  Pour autant, Gannett veille sur l'historique et passe un accord avec Ancestry pour la numérisation des archives de plus de 80 titres.
Local is National. One network, many voices. The voice of the nation. Autant de slogans proclamés à la une du site pour dire les atouts irréfutables du groupe de presse (USP), la puissance nationale de l'union des différences locales. Aux lecteurs comme aux annonceurs, Gannett propose une présence locale et nationale dont la précision géographique et socio-culturelle est assurée par une DMP associant first-party data et "reputable" third-party data (développement et traitement par la société norvégienne cXense). La DMP se veut l'outil de reconquête de générations qui ont la presse au bout des doigts (at their fingertips).
Quant au débat rituel sur l'opposition numérique / papier, il n'est même plus évoqué : l'information locale est numérique, le papier n'est qu'un support parmi d'autres (cf. ci-dessous), un vestige bientôt. Il faut décidément changer de nom : la "presse", ce mot vieux de cinq siècles, ne dit plus rien aux lecteurs du XXIème siècle, de même que la fameuse "galaxie Gutenberg" maintenant à des années lumières de l'appli du smartphone et de la montre.




Copie de pages du média kit (Gannett advertising kit, septembre 2015)

samedi 16 mai 2015

Data et audiences : un mixte pour le médiaplanning TV


La régie du network américain NBC Universal (NBCU) commercialise désormais son espace publicitaire en mêlant à ses audiences (peoplemeter de Nielsen) des données de comportement collectées par le câblo-opérateur (set-top boxes de Comcast). Analytiques mixtes.
Dans le cadre des présentations commerciales effectuées pour les ventes upfront, NBC utilise les données pour l'analyse de ses audiences à fin de ciblages (Audience Targeting Platform, ATP). Les données de Comcast s'ajoutent aux données extérieures (third-party consumer data) provenant éventuellement de courtiers en données (data brokers). Mais ce ne sont pas tout à fait des données third-party, plutôt first-party puisque le câblo-opérateur et NBCU appartiennent au même groupe.
La question du respect de la vie privée est traité par l'anonymisation des données et leur agrégation.

Avec cette plateforme NBCU dispose d'un avantage compétitif certain ; les autres networks ne peuvent accéder à de telles données puisqu'ils n'appartiennent pas à un grand câblo-opérateur (MSO). Comcast, rappelons-nous, compte 22,375 millions d'abonnés haut débit video et 22,369 millions d'abonnés broadband. 30% des abonnés utilisent TV Everywhere (TVE) permettant une mesure multi-plateforme.

Cette alliance de données et d'audience permet à la responsable de la régie publicitaire de NBC de présenter le Network TV comme le cœur de l'écosystème média, situé : “It’s what fuels it all” souligne-t-elle. Ainsi doté, le network est supérieur aux réseaux sociaux diffusant de la vidéo  : YouTube, Twitter ou Facebook parlent de la télévision, indirectement, NBC sait de quoi il parle et dispose de la puissance de ces contenus.

N.B. 
  1. Comcast avait préféré surseoir à la mise en place de la plateforme de ciblage durant les négociations de la fusion avec Time Warner Cable afin de ne pas inquiéter la FTC qui aurait pu y voir un abus de position dominante (le projet de fusion a échoué). Ceci peut indiquer l'avantage qu'une telle plateforme apporte à la régie.
  2. La plateforme est utilisée également pour le suivi et l'amélioration de la relation client (CRM, abonnés Comcast).

mercredi 20 novembre 2013

Réseaux câblés et publicité aux Etats-Unis

.
Le modèle économique du câble américain doit faire face à une diminution régulière du nombre des abonnés à la vidéo. De plus, ses dépenses de programmes s'accroissent (enchérissement des chaînes, de sport notamment). Comment compenser ces manques à gagner dont rien n'indique qu'ils devraient cesser bientôt ?
Comcast, comme d'autres opérateurs, accroît le nombre d'abonnés Web haut débit ; de plus, Comcast accroît également ses revenus provenant du cinéma (NBC Universal), ce que ne peuvent faire les opérateurs sans contenu.

Comcast a ouvert une autre ligne de revenus pour les réseaux câblés : la publicité sur les appareils connectés via le Web (IP). Comcast dispose de sa propre régie publicitaire spécialisée dans le ciblage et l'interactivité, CM 360 (Comcast Media 360).
On observe que cette nouvelle voie emprunte au big data et aux outils numériques de ciblage pour tirer profit des bases de données d'abonnés. Il s'agit donc non seulement d'une diversification mais des prémisses d'un changement de modèle technologique et économique de cette industrie (on notera les structures d'actionnariat).
  • Comcast collabore avec Invidi Technologies Corporation pour l'adressage des messages de publicité et d'auto-promotion, à partir des profils d'abonnés de Comcast (set-top box). Invidi a notamment pour actionnaires Google et WPP (Groupe M).
  • Comcast recourt également aux services de BlackArrow (dont Comcast est actionnaire avec Cisco, Time Warner Cable, Intel et Motorola - donc Google) pour les insertions publicitaires dans la vidéo (VOD, par exemple).
  • La base de données de Comcast comprend d'abord ses propres informations (first-party data) concernant les foyers abonnés (géo-localisation, programmes vidéo consommés, comportements d'utilisation du Web, CRM). Elle combine à ses propres données des données tierces (third-party data). Celles-ci proviennent d'Experian pour le crédit et la solvabilité (Experian est actionnaire minoritaire d'Invidi) ; elles proviennent du recensement (pour l'"ethnicité", les langues, l'équipement automobile). Sources : Comcast, Fiercecable.
Comcast se fait ainsi concurrent - complément - des chaînes qu'il retransmet, leur ajoutant un ciblage dont la précision va croissant alors que le réseau est fournisseur d'accès et qu'une partie de la réception, croissante également, s'effectue sur des supports numériques (tablettes, smartphones). Ce revenu économique complémentaire est lié au modèle de distribution de la télévision par les réseaux câblés, les chaînes incitant les réseaux à les reprendre en mettant à leur disposition des espaces pour diffuser (et vendre) des messages publicitaires locaux (insérés après ciblage dans les chaînes linéaires).
.