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lundi 27 avril 2009

Abstentionnistes ?


Après avoir déclenché beaucoup d'émotion chez ses membres en prétendant, en février dernier, détenir la propriété des photos et vidéos qu'ils avaient placées (uploaded) sur leur profile, Facebook soumit un nouveau protocole (Statement of Rights and Responsabilities) au suffrage universel de ses membres.
Selon les dernières estimations, moins de 1% (665 654) des 200 millions de membres (environ) ont particpé à ce scrutin d'une importance a priori considérable pour le réseau et ses membres. 
Facebook déclarait qu'il fallait que 30% des particpants approuvent le protocole pour que le protocole fût considéré comme accepté. 74,37% des votants ont approuvé le protocole (source : Facebook's general counsel).
Voilà qui donne l'occasion d'évaluer l'engagement, notion si chère à la profession publicitaire, et si confuse. La sociologie électorale traditionnelle indique que la participation électorale est un indicateur d'intégration sociale (cf. Alain Lancelot, L'abstentionnisme électoral en France, 1968). Sartre, plus direct, dans les Temps Modernes (janvier 1973), traduisait : "Elections, piège à cons". Hum ! le piège n'a pas fonctionné ! 
En tout cas, le peuple de Facebook n'a pas "voté pour le vote". Peut-être faudrait-il instaurer un autre mode de scutin, censitaire, où ne voteraient que les "citoyens actifs", ceux qui ont beaucoup d'amis, ou beaucoup de photos ! 
Les réseaux sociaux constituent des sociétés comme les autres. Les mêmes lois sociologiques s'y appliquent. Si c'est le cas, alors peu de membres se sentent intégrés dans la société Facebook. Attendons de connaître la sociologie de ce scrutin pour valider ou invalider ces deux hypothèses. 

Et vous, avez-vous voté ?

mardi 24 février 2009

Victorieuse défaite de Facebook


Question du quotidien espagnol El Pais à propos de la reculade de Facebook devant des protestations d'usagers (il s'agissait, cette fois, de la propriété privée des données partagées et de leur utilisation publicitaire par des tiers) : qui a le dernier mot, l'entreprise ou le client "¿Quién tiene la última palabra, los empresarios o los clientes?"). Les usagers ont eu le dernier mot, au terme d'un mouvement social éclair, efficace : réussite de la socialisation numérique et de sa démocratie directe. "Los usarios dan una leccion a Facebook". C'est la deuxième leçon administrée par les usagers, la première concernait déjà la publicité (2007). 

Commentaire
  • Internet est un lieu d'expérimentation sociale à bon marché. Tout internaute est bêta testeur, à ses risques et périls (arrêt d'application, etc.). Facebook, entre autres, est un énorme focus groupe, continu. Les blogs associés aux développements nouveaux jouent le même rôle. Crowd sourcing généralisé. Ce que l'on reprochait à Microsoft il y a quelques années est banalisé et accepté ...
  • Pourquoi n'y a-t-il pas davantage de manifestations et de contestations virtuelles efficaces ? C'est parce que le réseau social rassemble que peut s'y exprimer une opposition. Les entreprises virtuelles sans communauté effective donnent moins prise au rassemblement social. Partie du blog The Consumerist, la contestation s'est exprimée sur Facebook par la création de groupes de milliers de membres. Paradoxe ? Non, n'est-ce pas sur le tas, à l'usine, dans l'entreprise que s'expriment le syndicat, la grève (occupation d'usines, d'entreprises, etc.) ? Le réseau social construit une communauté d'intérêts, un lieu commun (virtuel), des moyens d'expression. N'a t-on pas vu des manifestations d'avatars et même une grève sur Second Life ? L'action politique et syndicale cherche ses modes d'expression numérique ; la récente campagne présidentielle américaine l'a mis en évidence. Ce mouvement contre Facebook sur Facebook le confirme.
  • Difficile pour des usagers d'autres médias de manifester leur point de vue, leur ressentiment autrement que par l'abstention, individualiste : ne pas regarder, utiliser, ne plus acheter, se désabonner. La sanction est lente à venir, peu visible dans le court terme. Il y faut du temps, de la patience, etc. Et il n'y a toujours pas en France de réelle procédure de class action comme on la connaît en Amérique du Nord. 

lundi 2 février 2009

Opinion publique à la demande


Internet facilite les sondages d'opinion, abaisse leurs coûts. On en est inondé.
Internet facilite le sondage mais pas l'opinion.
 
La faculté d'opiner n'est pas universelle, pas plus en ligne qu'ailleurs. La faculté d'opiner reste liée à une compétence. Mais le sondage présuppose que, tous, nous détenons, sur tout, un stock d'opinions "personnelles", prêtes à être "données" pour être vendues par paquets comme "opinion publique".

La faculté d'opiner reste liée à une motivation à un moment donné : il faut que le problème qu'impose le sondeur corresponde à un problème que l'on se pose déjà, que l'on a déjà rencontré, qui a mûri et formé une opinion. L'élection, le référendum demandent une campagne électorale pour instruire l'électeur. Il n'existe pas de question universelle, que tout le monde se pose et à laquelle tout le monde est prêt à répondre.
Or le sondage demande une réponse instantanée. Cliquer tout de suite, penser plus tard, si l'on y pense.

C'est le sondage en ligne qui fabrique l'opinion publique en ligne, qui la précipite. Donnant l'illusion démagogique de l'égalité devant la formation des opinions, donnant l'illusion qu'il y a des questions qui "se posent" à tous (notez la passivation), il fabrique à la chaîne des jugements publics. Artéfacts et contenus à bon marché qui dégénèrent en gloses. 
En fait, les spécialistes le savent : dans le sondage d'opinion en ligne, les résultats les plus révélateurs restent souvent les taux de non réponses. Et l'abstention en dit long aussi.
L'opinion publique en ligne n'existe pas.