Affichage des articles dont le libellé est PHR. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est PHR. Afficher tous les articles

lundi 3 juillet 2023

La Voix de l'Ain en vacances d'été

 Destination 01, Eté 2023, Evadez-vous !, supplément à La Voix de l'Ain, 84 p.

Ce magazine se termine par "L'agenda des sorties 2023" qui répertorie les festivals, les visites, les concerts, les randonnées dans le département. Et il commence par une carte touristique où l'on peut situer, d'Est en Ouest : la Bresse, les Dombes, le Bugey et le Pays de Gex.

Cela se poursuit avec le "Terroir et bonnes tables" ; la gastronomie est une spécialité de l'Ain et les produits locaux le démontrent. La carpe des Dombes, la galette de Pérouges, la tarte bressane, la quenelle sauce Nantua, les crêpes parmentières ou les grenouilles à la persillade sont des spécialités régionales au même titre que les fromages, Morbier ou Bleu de Gex. Et n'oublions pas la volaille de Bresse ! On nous emmène aussi à la découverte du Pouilly-Fuissé, Bourgogne réputé.

Et le magazine poursuit ainsi évoquant le patrimoine de la région, patrimoine fait de nature et de culture. L'histoire est partout, avec le "Musée de la grande vapeur" à Oyonnax (sur l'électricité) ou la Maison d'Izieu dont les enfants et animateurs, raflés par les nazis, finirent leurs jours à Auschwitz en 1944. La Dombes et ses étangs, les gorges de l'Ain et de nombreux lieux qui invitent à la randonnée à pied, à cheval ou à vélo. Bourg-en-Bresse accueille cette année la 18ème étape du Tour de France, et puis nous revoilà dans les Dombes, le Parc des oiseaux, Trévoux et l'on s'embarque en montgolfière... On atterrit dans les Soieries Bonnet et l'usine-pensionnat de jeunes filles, fondés en 1835. Et nous revoilà dans le Bugey, terre de vins, la cuivrerie de Cerdon, le Festival d'Ambronay (musique classique), à deux pas de la Suisse.

Vendre un pays, une région, son été, ses vacances, sa cuisine, ses vins, ses restaurants tel est l'objet de ce magazine régional. Destination 01 vend bien le département. C'est un guide touristique, pour les vacances. Tout y est publicité et rien ne l'est. Tout y échappe aux classifications habituelles. Sa durée de vie est d'un trimestre au moins, et son nombre de reprises en main (non calculé ici) est sans doute très élevé. Comment est-il distribué ? On pense aux touristes de passage, entre autres. Il peut être distribué partout, par chaque commerçant, par chaque administration. Superbe travail, méticuleux, précis, et utile aux commerçants comme aux touristes.

lundi 18 juillet 2022

La publicité en France selon l'IREP en 2021

 Le marché publicitaire français en 2021, 116 p., juin 2022

Cette année, c'est un volume de 116 pages 21x29,7 que l'IREP consacre à l'évolution du marché publicitaire en France. Ce portrait annuel se termine avec l'année 2021 ; il a été commencé en 1959, voilà plus de soixante ans. Voici donc la dernière situation connue.

Le premier tableau donne les évolutions du marché publicitaire pour chaque média. Le bilan peut être vite tiré : Internet gagne environ 40% (pour l'internet social), 31% pour la recherche ("le search") et 15% (pour l'affiliation et le emailing). C'est donc Internet qui domine le marché : plus de 7689 millions d'Euros soit plus du double de la télévision (3549 millions) en 2021.
Ensuite, on peut - il faut - compter les cadavres : le cinéma (42 millions), la presse quotidienne nationale (PQN : 200 millions), la presse quotidienne régionale (541 millions), la presse hebdomadaire régionale (PQR : 94 millions), le total pour toute la presse atteignant à peine 1500 millions). Et je ne cite pas les chiffres autres (publicité extérieure, etc.)... Mais ces médias, plus ou moins naufragés, combien retirent-ils de différentes formes de subvention ?

Que faut-il penser de ce diagnostic ? Internet domine le marché publicitaire. C'est un fait désormais indéniable. Que confirment les statistiques des pays étudiés ; aux Etats-Unis, Internet représente 67,8% du marché (cf. p. 75). Alors ? Il faut que l'IREP tienne compte de cette nouvelle répartition, invente de nouvelles catégories d'observation de l'Internet, catégories qui permettront aux annonceurs de mieux gérer leurs investissements, d'anticiper, aux politiques de comprendre (ceux qui le veulent, du moins). Mais tout le monde, dans la profession, n'a pas intérêt à un calcul précis, sérieux ; alors on cache, on dissimule...
En attendant, il faut saluer ce travail mené par l'IREP. Sans cela, nous ne saurions pas comprendre le marché publicitaire français.

dimanche 13 juin 2021

Le marché publicitaire français en 2020, selon l'IREP

IREP, Le marché publicitaire français en 2020, Paris, 2021, 115 p.

Comme chaque année, depuis plus de cinquante ans, l'IREP publie sa vision de l'état du marché publicitaire français. Le bilan prend en compte cette année les médias suivants : la télévision, le cinéma (les salles), la radio, la presse quotidienne nationale et régionale, la presse hebdomadaire régionale, la presse magazine, la presse spécialisée, la presse gratuite d'information, locale et thématique, la publicité extérieure, Internet (search, social,  display et autres - affiliation, courrier, comparateurs), les annuaires, le courrier publicitaire et les imprimés sans adresse. 

Le résultat total montre, pour la durée annuelle, une chute globale de 11,6% des recettes publicitaires. C'est la presse qui souffre le plus avec une chute de plus de 30% (publicité commerciale) ; la publicité extérieure perd beaucoup également (-33%). 

Et c'est Internet, seul, qui présente un résultat fortement positif.

Dans le bilan global, c'est donc Internet qui domine le marché français (42,4% - Tableau 5, p. 13). Si l'on compare avec le marché américain (cf. p. 75), on voit que la part de marché d'Internet en France est inférieure à ce que l'on observe aux Etats-Unis (où elle atteint près de 61%, comme en Russie) ; cette part de marché dépasse d'ailleurs 70% en Chine, et 71,5% en Grande-Bretagne. Pourquoi ces écarts, et notamment pourquoi un écart de près de 30% avec la Grande-Bretagne ? Beaux sujets de réflexion...

Comme on le voit, il y a du grain à moudre dans ce bilan annuel et il faut saluer le travail de Christine Robert qui dirige l'IREP et a permis l'établissement de ce bilan. Bien sûr, comme dans tout travail de ce type, il y a des a priori choisis pour ces calculs, a priori que l'on peut discuter et disputer, mais qui sont inévitables. C'est sans doute sur ces choix mis en oeuvre lors des calculs qu'il faut s'interroger maintenant, pour les améliorer, si possible. 

"L'essentiel par pays" est bienvenu même s'il comporte quelques "oublis" que l'IREP aura tout intérêt à combler : l'Espagne, la Pologne, la Suisse, l'Autriche, les pays scandinaves et le Portugal pour donner tout le marché européen ; au plan mondial, la Corée est absente.

L'ensemble constitue un outil de référence interprofessionnel pour les acteurs du marché publicitaire.

Le marché publicitaire des médias américains (estimation WARC, mars 2021)

mercredi 23 septembre 2015

Investissements publicitaires : mobile et numérique hors du foyer


L'IREP donne la température de l'activité publicitaire du premier semestre 2015 (cf. infra tableau publié par l'IREP). Météo plutôt maussade. Le marché est globalement en baisse (- 1,6% pour les recettes publicitaires NETTES des médias). Insistons : nettes !

De cette grisaille, seuls émergent le mobile (display) et le numérique de la publicité hors du foyer (Digital Out Of Home, DOOH). Les recettes du DOOH comme du mobile dépassent maintenant celles du cinéma (salles), des quotidiens gratuits, de la PHR (publicité commerciale) ; elles se rapprochent de celles de la PQN...
Notons encore que les recettes nettes des moteurs de recherche seront bientôt au niveau de celles de l'ensemble de la presse (à périmètres constants). Mais où sont comptabilisées les recettes des supports numériques de la presse ? Dans l'agrégat "Internet" (display) ou dans l'agrégat "presse" ?
Par ailleurs, la question se posera bientôt d'une connaissance des recettes, encore méconnues, des applis mobiles (smartphone, tablette).

La photographie que donne l'IREP, outre des résultats nets, laisse apparaître, en marge, le besoin urgent de remise en chantier générale des catégories de description du marché publicitaire (cf. Les parts du marché publicitaire. Un problème média ?). Ainsi, les MCN (multi-channel networks) relèvent-ils de la télévision ou d'Internet (cf. mcn, nouvelles voies de la télévision ?) ? Des deux certainement...


lundi 17 octobre 2011

Le kiosque, un média dans la ville

.
Le kiosque à journaux occupe une position unique sur le marché des médias, mais aussi, puisque pour une fois la métaphore dit juste, dans le "paysage" des médias. Le kiosque, média centenaire, c'est un média qui vend des médias (la presse), un média de médias analogiques.
Avec 745 kiosques dans 165 agglomérations, MediaKiosk assure aux annonceurs une large dispersion géographique. Jean-Paul Abonnenc, qui dirige MediaKiosk, souligne la croissance continue de ce réseau mixte, au format moderne, associant distribution et affichage. Média au coeur des villes, le réseau MediaKiosk est, par construction, en affinité avec la population urbaine et active.
Une étude a été conduite par Be Consulting à la demande de MediaKiosk (enquête en ligne auprès de 500 personnes, échantillon recruté par Toluna dans deux unités urbaines, Paris et Marseille). L'originalité de la méthodologie tient aux modalités de l'interrogation, sorte de test projectif à partir de photographies que les enquêtés associent ou non aux kiosques. L'objectif assigné à cette étude était de rendre compte de la triple réalité des kiosques : points de vente, mobilier urbain et supports d'affichage publicitaire. Il s'agissait d'approcher et comprendre la perception du kiosque par les clients, les passants, les habitants... Le kiosque "vécu".

Kiosque parisien Porte de Saint-Cloud (octobre 2011)
  • Tout d'abord, le kiosque est l'occasion d'un contact personnel. Alors que la relation commerciale est de plus en plus souvent confiée à des machines (distributeurs de toutes sortes) et à des algorithmes simulant la personnalisation, le kiosque est un lieu rare de relation sociale, familière, comme l'épicerie, la pharmacie ou la boulangerie. Le kiosque participe de la qualité de la vie en ville. 
  • Sur le chemin des habitudes, le kiosque est un point d'ancrage et de repère quotidien dans la ville. Il en est aussi un décor familier, changeant au gré de l'actualité, au gré des affiches et des couvertures de magazines. 
  • Près de la moitié des affichages sur les kiosques concerne la presse ; pour ces annonceurs captifs, le kiosque est une sorte de PLV grand format, les affiches énonçant ce qui est vendu. La seconde moitié des affichages revient à des marques donnant à voir et à rêver, la plupart d'entre elles concernant le cinéma, la culture, y compris numérique.
  • Les kiosques sont à la fois tous semblables et uniques, mobilier dont la structure commune s'adapte progressivement à chaque quartier et à son activité économique majeure (bureaux, tourisme, voyage, etc.). Ni snobs, ni prétentieux, ni vulgaires, ils s'intègrent dans leur environnement. 
  • Quelles perspectives dégager pour les kiosques ? Etendre les horaires. Elargir la gamme des services du quotidien, de la proximité. Mettre des fleurs, des friandises, des boissons à l'éventaire des kiosques ? Sans doute, mais, à mon avis, rien ne sera plus efficace, pour alimenter les kiosques en clientèle régulière, qu'une presse quotidienne et hebdomadaire locale puissante. Indispensable produit d'appel.
Comment les kiosques passeront-ils au numérique ? Ce n'était pas l'objet de l'étude, mais elle invite à y penser. L'arrivée massive d'écrans est inéluctable, comme dans les centres commerciaux, comme dans les gares... Des écrans pourraient apporter un espace pour donner envie de lire la presse, d'en télécharger des éléments "à la demande" comme on achète la télé en VOD, la payer (NFC). Même quand le kiosque est fermé, la vente doit continuer. L'interactivité doit être au service du commercial et fournir des analytics opérationnels. S'inspirer de ce que la grande distribution met en place pour les smartphones (applis, etc.). Il faut proposer le Wi-Fi et l'appli adéquate. Il faut pouvoir interroger son smartphone (applis de type Siri, etc.) et qu'il indique où acheter Virgules, La Voix du Nord ou Télérama, jusqu'à quelle heure, etc. Mais surtout éviter de "donner" à l'extérieur ce que l'on vend à l'intérieur (selon un modèle fatal suivi par une partie de la presse qui "donne" sur le Web ce qu'elle vend dans les kiosques).
La question des écrans n'est pas triviale. Implanter des écrans LCD en pleine rue, fonctionnant par tous les temps, suppose de concevoir des systèmes ad hoc, résilientsintégrant soigneusement dalle, électronique et conditionnement.
Importante pour les clients de MediaKiosk, éditeurs et annonceurs, cette étude de Be Consulting constitue aussi une involontaire et précieuse réflexion sur un urbanisme déshumanisé, sur nos villes qui changent trop vite. Gigantesques "machines à habiter" les "temps modernes", peuplées en grande partie d'immigrés venant de plus ou moins loin, d'autres provinces, d'autres continents, les grandes villes ont besoin de regagner un peu d'humanité : "La forme d'une ville // Change plus, hélas, que le coeur d'un mortel" observait Baudelaire qu'inquiétait déjà le Paris haussmannien naissant. Nous habitons nos villes autant qu'elles nous habitent.
Le kiosque représente un point fixe, souvent chaleureux, dans un univers urbain mouvant : le service public rendu par cette entreprise privée est indéniable. On sait que Presstalis revend sa participation dans MediaKiosk (Lagardère étant déjà sorti) et l'on comprend que JCDecaux s'intéresse à cette belle entreprise, prometteuse, qui semble le nec plus ultra du mobilier urbain.

mardi 26 juillet 2011

Presse régionale en vacances


C'est l'été et les vacances. Les lecteurs aussi prennent des vacances et partent quelque part en France, en famille, en camping, à l'hôtel, en location. Loin de leur journal régional et des nouvelles de chez eux.
Période à risque pour la presse régionale : à l'occasion des vacances, les abonnés peuvent se déshabituer de leur journal, interrompre un abonnement qui arriverait en vain dans leur boîte aux lettres. Et qui lira, à son retour de vacances, une pile de journaux des semaines passées ? "Who wants yesterday's papers" chantaient les Rolling Stones !

Pour améliorer son service, la presse régionale propose à ses abonnés de livrer leur abonnement dans leur lieu de vacances, sans supplément de prix, voire même avec un ou plusieurs numéros offerts. Cf. les offres dans les Ardennes de deux régionaux : le quotidien L'Ardennais (en haut) et La Semaine des Ardennes (en bas). Ce service est aussi une incitation à s'abonner.

Mobilité de cette presse locale qui, évidemment, ne peut bénéficier comme les magazines de distribution nationale. Bien sûr, les abonnés pourraient retrouver leur journal sur le Web, mais peu sans doute partent avec leur ordinateur, disposent de connection en vacances, et le smartphone reste incommode pour lire la presse régionale. Et enfin, ce n'est pas pareil : le journal régional, pour beaucoup de lecteurs, c'est aussi une certaine sensation, une ergonomie de feuilletage et de reprises en main que ne rend pas le numérique.
"Mon journal me suit" : mobilité postale, à l'ancienne ; organistion simple de la "proximité du lointain" pour être, même ailleurs, encore comme chez soi .

Presse régionale à l'entrée du  kiosque de la gare de Charleville-Mézières (Ardennes, 08)

dimanche 26 juin 2011

L'éducation à l'heure d'Internet

.
Internet donne l'heure. Point de repère absolu du progrès des activités économiques. "Les vaches à l'heure d'Internet" interroge à la une La Voix de l'Ain, hebdomadaire d'actualité d'une région agricole. Excellent titre, que l'on peut décliner. Par exemple, en cette période d'examens et de concours, de passages de classe et d'orientation, de fêtes de fin d'année scolaire : l'éducation.
  • L'école primaire à l'heure d'Internet. Ecole première sur laquelle TOUT repose. Ces petites écoles sont les seules, les véritables "grandes écoles", les seules à être justement, exactement, centrales, polytechniques, normales, nationales et supérieures, les seules dont nous sommes, toutes et tous, anciens élèves. Internet et le numérique ne changent pas grand chose pour cette école, ses élèves, ses instituteurs et institutrices, sauf d'accroître infiniment le besoin de lire bien, vite, de comprendre vite, de raisonner juste, de calculer, de penser, de communiquer... Apprendre à lire, écrire, comprendre sa langue maternelle, et, si ce n'est pas la même, urgemment, la langue de son pays d'accueil. Savoir comparer, douter, savoir que l'on sait et savoir que l'on ne sait pas, pouvoir distinguer croire et savoir, juste et faux, exact et à peu près. Apprendre à communiquer, donc à écrire ; améliorer l'expression orale, corporelle, esthétique. Accroître l'envie d'apprendre, le goût de l'étude. A tous ces objectifs fondamentaux, Internet ne change rien, sauf d'agir en formidable multiplicateur et accélérateur d'investissement éducatif. Internet accroît immensément le besoin d'école primaire. Nos labos, notre économie, notre culture, notre morale, tout repose sur elle. C'est pourquoi j'ai gardé, sciemment, le beau mot d'"instituteur" plutôt que celui restrictif de "professeur" ; l'école primaire n'est pas une garderie : elle institue la République. Quand l'une va mal, l'autre, sombre, périclite. L'école primaire est un humanisme.
  • L'université à l'heure d'Internet. Si Internet et le numérique ne changent pas grand chose pour les objectifs, universels et éternels, de l'école primaire, il en va tout autrement de l'université aux objectifs plus restreints, presque conjoncturels. Qu'est-ce qu'une université à l'heure d'Internet ?
    • A quoi riment les grands amphis, à quoi correspond la forme même du "cours", qu'est-ce qu'un campus ? L'université doit-elle avoir des "murs" (M. McLuhan) ? Qu'est-ce qu'apprendre à l'heure d'Internet ? Qu'est-ce qu'un examen ? Que faut-il savoir par coeur et que faut-il savoir trouver ? 
    • Nul n'entre ici s'il n'est géomètre ! L'antique adage a du bon : pas de formation universitaire sans culture, sans composante scientifique. Question d'hygiène intellectuelle.
    • Quelle culture minimum de programmation (programming literacy) faut-il maîtriser, que l'on soit en médecine ou en chimie, en gestion ou en journalisme, ou simple citoyen interanute ?
    • L'université doit moins enseigner directement qu'apprendre à apprendre : Internet et les outils didactiques numérisés peuvent remplir beaucoup des tâches d'enseignement
    • L'université doit vérifier et certifier les savoirs et savoir faire. Fonction indispensable au marché de l'emploi que guettent, sinon, les erreurs coûteuses, le chômage, sans compter le népotisme, le copinage et autre réseautage qui démoralisent, favorisent les "sociétés de cour" et les privilèges
    • Rechercher, innover, inventer. L'université doit préparer, inciter à la recherche, accompagner les chercheurs. La fonction d'incubation est primordiale, donc la relation aux entreprises qui est tout sauf de fournir de la main d'oeuvre au rabais. 
    • On classe et déclasse les universités et les diplômes. Sur quels critères ? Quels sont les diplômes de Steve Jobs ? D'ailleurs, quels sont les diplômes, les inventions, les créations de ceux qui classent les universités ? Ni Brin et ni Page, créateurs de Google, n'ont terminé leur thèse. Schmidt, si. Beau sujet de thèse en sciences de gestion ! Quant à Gates ou Zuckerberg, l'université les a laissé filer sans les diplômer pour qu'ils développent Microsoft et Facebook. Echecs ou réussites de ces universités ? Réussites. Thèses sur travaux ? "Quelques études que l'on fasse, elles doivent être faites rapidement. Il y a très peu de choses à apprendre d'un professeur". J'emprunte cet aphorisme à Pierre Boulez. L'université n'est ni un parking ni une salle d'attente

mercredi 8 décembre 2010

La presse est régionale

.
Même en ligne, la presse est d'abord régionale. L'OJD publie les fréquentations des sites et des groupes de sites du mois de novembre. Pour l'audience France, en nombre de visites, le "Groupe Presse Régionale" talonne le Groupe L'Equipe, devant le Groupe Figaro, largement.
Ce groupe Presse Régionale agrégeant de plus de 240 sites représente une puissance considérable associée à un fort pouvoir de résolution grâce à une couverture fine du territoire et des centres d'intérêt locaux. Et si cet agrégat comptable devenait un produit publicitaire ?
Imaginons une offre Web du type "240x3" (240 fois 3 ou 5 ou 10 insertions) associant puissance nationale et affinité géographique... Un rêve pour bien des annonceurs, surtout si ce rêve se réalise avec des outils publicitaires modernes et des formats créatifs riches. C'est bien la définition du rêve, la réalisation d'un désir... "refoulé" ?

.

mercredi 29 septembre 2010

Qu'est-ce qu'un média local (2) ? La Voix de l'Ain (France)

.
S'il est une certitude quant à l'évolution prochaine des médias, c'est que les médias locaux ne cesseront d'être de plus en plus importants. Du tableau d'affichage devant l'école aux annonces en tout genre, sur le pare-brise ou dans la boîte aux lettres, on ne peut vivre sans information locale. Elle est le carburant de la vie quotidienne, indispensable service aux consommateurs mais aussi aux entreprises et aux associations.
Le numérique donne aux médias locaux des moyens progressivement démultipliés ; pour un groupe média, apprécier le calendrier de la mutation à entreprendre est délicat. Alors que les médias traditionnels hésitent à investir le local (télé, radio), de nouveaux concurrents s'y engouffrent, Google d'abord, dont la géolocalisation et le moteur de recherche sont le Cheval de Troie (cf. mobile search), mais aussi les sites d'annonces gratuites comme Le Bon Coin. De plus, les médias locaux et régionaux subissent aussi la concurrence, perçue comme "déloyale", des médias réalisés par les collectivités locales de tout niveau, distribués gratuitement, aidés par l'impôt local et les infrastructures administratives.

Dans le cas du quotidien local américain The Day, nous avons examiné les contenus éditoriaux pour en déceler la part exclusive, sans laquelle le média ne serait que répétition. Effectuons un exercice semblable avec un hebdomadaire départemental français, Voix de l'Ain, titre membre du Syndicat de la Presse Hebdomadaire Régional (SPHR). Voix de l'Ain est l'un des quatre hebdo du groupe HCR (Hebdomadaires Catholiques Régionaux) avec Croix de la Haute-Marne, Hebdo de l'Ardèche et Drôme Hebdo
Le N° du 3 septembre 2010 comprend comme toujours deux cahiers, l'ensemble comptant 64 pages. Le numéro, en kiosque le vendredi, est vendu 1,5 €, l'abonnement annuel coûtant 59 € pour 52 numéros (1,14 € le numéro). A la différence des Etats-Unis, il n'y a pour ce titre ni portage ni distributeurs automatiques : le titre est entièrement dépendant des diffuseurs et de leur rythme d'ouverture.

Le premier cahier est 100% local. Hyperlocal même. Les 28 pages sont divisées en aires géographiques élémentaires (communes). Le second cahier, "actualités départementales", suit une présentation plus globale,  mais tous les contenus y ont une relation forte avec le département de l'Ain. Au plan rédactionnel, toute la vie est là : les fêtes, la pétanque, l'école, les messes, la réception des nouveaux bacheliers, la course cycliste des cadets, le club de scrabble, la pêche d'une belle truite, les galettes de la Croix Rouge, le retour d'une équipe sénior au FC des Bords de l'Ain, le bal du samedi interrompu, les miss Pays de l'Ain...
Le seul contenu non local est celui des programmes de télévision, des jeux flêchés et de la cuisine.
Une vérification effectuée sur le numéro du 24 septembre confirme cette anatomie des contenus.

Evidemment, cette stricte localisation éditoriale a son pendant publicitaire : les annonceurs renvoient tous au point de vente. La seule surprise tient à la faible présence d'annonceurs nationaux associant leur image nationale à uu distributeur local, et ceci malgré la participation du titre à une régie nationale des hebdomadaires régionaux (Espace PHR). Les inserts (encartage) et le couponnage sont beaucoup ici moins importants qu'aux Etats-Unis.
On compte plus d'une quarantaine d'annonceurs locaux par numéro. Beaucoup relèvent de la distribution spécialisée (bureautique, meuble, motoculture, maison, sport, etc.) ; en comparaison avec les Etats-Unis, l'automobile est peu pésente. Toute la vie locale est illustrée : paysagistes, assurances, installateurs de chauffage, de cuisines et salles de bains, optique, isolation, les marchés, foires et salons, un parc de loisirs, le rugby (abonnement au stade)... Sans compter les annonceurs que l'on n'imagine pas toujours comme cette entreprise de charpente et couverture qui assure aussi bien la réfection des clochers que l'installation de panneaux photovoltaïques...

La diversification menée par Voix de l'Ain est à la fois prudente et résolument innovante (cf. la présentation du site par Bernard Bienvenu, directeur de la publication). L'hebdo s'est mis au numérique, ouvrant la plupart des fronts raisonnables, ce qui est la méthode la plus certaine pour tester l'appétit et l'évolution des comportements des utilisateurs. Ces développements numériques, toujours plus ou moins en bêta, ne se font pas au détriment du papier, au contraire, tant l'expérience apprend que l'opposition radicale papier / numérique est sans issue.
  • Le titre a son site qui le rend quotidien ; il s'enrichit de blogs, flux RSS, podcast, newsletter 
  • La présence du titre est assurée dans les réseaux sociaux essentiels : twitter, Facebook 
  • Le Carnet du jour recense en ligne les décès du département et des départements limitrophes, ouverts aux annonceurs des pompres funèbres, et qui permet d'adresser ses condoléances aux familles. L'expérience a montré qu'un tel site ne dispensait pas de l'annonce dans les pages papier.
  • Voix de l'Ain édite chaque année L'aindex qui répertorie les "élus et responsables", les contacts utiles (10 €), accessible en version numérique, notamment pour la mise à jour par les annonceurs (plus de 2 000 contacts, 256 pages avec index).
  • Le groupe publie un magazine, Ma(g)aville.fr, mensuel gratuit consacré à une ville (Bourg-en-Bresse). Sa belle réalisation attire les annonceurs soucieux d'image autant que de trafic sur le point de vente.
Reste le mobile, média local par excellence, média de la distribution aussi, qui mérite d'être testé, surtout si se développent les accès wifi publics et si se démocratise la gamme des terminaux portables, des tablettes et smartphones. Quand le marché sera-t-il mûr pour des applis ? Le marché local manque d'études, on y a trop copié le national alors que la proximité permettrait sans doute des méthodologies originales et plus fécondes, ethnographiques par exemple. 
Le numérique libère la presse hebdomadaire et locale d'un positionnement longtemps imité des quotidiens régionaux. Le rythme hebdomadaire du papier s'accompagne bien du rythme quotidien voire plus fréquent encore en cas d'événements locaux, que permettent les présences numériques diverses. Le recours maîtrisé aux utilisateurs pour du rédactionnel (crowd sourcing) et aux réseaux sociaux pour les interactions dynamisent les contenus locaux. Un hebdomadaire régional peut constituer le point de départ de groupes multimédia locaux : Voix de l'Ain en fait quotidiennement la démonstration.
.

mardi 27 avril 2010

Mercredi, jour nommé dans la semaine média

.
Le mercredi est en France jour des enfants ; à ce statut, il succède au jeudi, laissé libre par la République pour d'éventuelles pratiques religieuses. C'était la contrepartie de la laïcité et de la neutralité religieuses imposées par les lois scolaires républicaines de Jules Ferry (loi du 28 mars 1882, Art. 2). Ce mercredi reste une caractéristique unique de la société française ; elle affecte tout le marketing des médias et de la distribution. Le mercredi n'est pas un jour comme les autres, ce qui compromet quelque peu la pertinence de l'agrégat lundi-vendredi, par opposition au week-end.

Les jours de mise en vente de la presse hebdomadaire varient régulièrement, les éditeurs cherchant à accompagner les comportements des acheteurs - et non des lecteurs - parfois en dépit de leur nom même (JDD qui sort le samedi, VSD qui sort le mercredi, L'Huma Dimanche, le jeudi, France Dimanche, le vendredi, etc.). What's in a name!
Journal du dimanche le samedi
Ainsi, L'Express, après avoir essayé le mardi, passe du jeudi au mercredi pour accroître les occasions de vente avant le week-end. Quelle sera l'heure de bouclage ? Lundi midi, au lieu du mardi 16 heures ? Autrement dit, quelle sera la fraîcheur des contenus lus en fin de semaine ? Pour mémoire, Marianne sort le samedi, Le Nouvel ObservateurLe Point et Paris Match sortent le jeudi. La presse hebdomadaire régionale (PHR), si importante en province, est surtout mise en vente les jeudi et vendredi. La presse télé reste du lundi sauf Télérama, qui ne se prend pas pour un magazine télé et préfère le mercredi au lundi, et la culture à la télé.

Au coeur de ce débat, se trouve le rythme de la semaine : le mercredi est-il le premier jour de la fin de la semaine, le mardi le dernier de la fin de semaine ? Certains estiment que le mercredi est le milieu (Mittwoch en allemand), le point d'inflexion de la semaine, notamment de la semaine scolaire, puisque le samedi scolaire s'estompe à l'école élémentaire. A cette complexité contribuent le calendrier mouvant des ponts, des vacances scolaires, des examens, mais aussi les effets des RTT, des 35 heures, du travail à temps partiel (4/5), du travail dominical, des pratiques religieuses...
  • Comment situer la consommation des différents médias au cours de la semaine ? Une réponse pourrait provenir de travaux sur les comportements des internautes à partir des données. On pourrait établir des séries temporelles, les rythmes...
  • Et cinéma dans tout cela ?  Les nouveaux films sortent le mercredi...
  • Comment le web réagit-il aux rythmes sociaux de la semaine ? Les modifie-t-il ? Dans quels domaines ? La semaine sportive n'est pas la semaine scolaire, qui n'est pas la semaine télévisuelle, ni celle des courses (hyper, centres commerciaux, supermarché, etc.). Quel est le rythme des départs en week-end dans le mois ou le trimestre, comment les fêtes affectent-elles ce rythme ? Les travaux analytiques sur Internet permettraient de mieux décrire et comprendre ces rythmes : comment varie la fréquence du mot "week-end" (ou/et de ses équivalents sémantiques) au cours des semaines, comment varie son environnement sémantique ?
"La semaine a du sens" annonce Pèlerin. Mais la semaine et ses jours nommés ont-ils encore un sens pour la presse hebdomadaire, sommes-nous passés à la semaine continue ?  "Quand donc finira la semaine", demandait Guillaume Appolinaire ?
.

lundi 20 avril 2009

Coins de rues : l'information hyper locale


L'information la plus importante est celle qui concerne la vie locale. C'est aussi la plus rare car elle ne s'invente pas, ne fait guère l'objet de "communiqués de presse" (drôle de nom pour de l'info) ; de plus, elle est aussi immédiatement vérifiable et exploitable par tous. Elle doit être constamment mise à jour, plusieurs fois par jour. Elle est multi-thématique (sport, culture, politique, consommation, etc.). La plus exigeante donc ! Bien plus que les mêmes rubriques au plan national ou international.
Sur support papier, cette information, au mieux quotidienne, est en difficulté, répartie entre la presse commerciale et la presse "gratuite" des collectivités locales. Aux Etats-Unis, elle est en perdition. Paradoxe : la plus importante des informations n'a-t-elle plus de modèle économique, sinon même de modèle culturel ?

Une solution est en test avec EveryBlock. Le site recherche et collecte les informations disponibles sur Internet pour une agglomération donnée puis les classe et les distribue géographiquement. Chaque utilisateur reçoit l'information correspondant à son lieu d'habitation par abonnement, email ou RSS. Pour une adresse donnée, un pâté de maisons (a block), le site rassemble les infos disponibles, toutes sources confondues, celles des médias locaux, des administrations, de l'immobilier et de l'urbanisme (permis de construire, travaux de voirie, etc.), des objets trouvés, des critiques de restaurants (avec Yelp), de la criminalité (notre "main courante"), des photos d'amateurs, de voisins, des faits-divers, etc. On peut choisir son périmètre géographique d'intérêt, 1, 3 ou 8 "blocks". 

Le financement du développement par une bourse de la Knight Foundation, attribuée après appel d'offres, s'achèvera fin juin et tout le code deviendra public (open source) ; chacun pourra s'en emparer et créer des sites semblables, concurrents... ou partenaires, aux Etats-Unis ou ailleurs (en France ?). 
Le modèle économique est loin d'être clair : publicité bien sûr, mais peut-être aussi abonnement. On imagine des développements presque évidents : une appli pour téléphone avec localisation, par exemple. Ou les contributions de Twitter. Il faudrait pouvoir se choisir plusieurs aires d'appartenance locale : celle du domicile mais aussi la localisation professionnelle qui compte de plus en plus, on y fait ses courses, on en fréquente les restaurants, les bistrots, les coiffeurs. Domicile bis, qui invite à redéfinir ou d'élargir la notion-même de zone de chalandise, donc de "local".

Comme toujours avec Internet, la créativité technique devance la création de contenus et les modèles économiques correspondants. Ici, la question de la collecte, du contrôle des informations, des investigations, du journalisme donc, n'est pas réglée, même pas posée, semble-t-il, hors quelques collaborations ponctuelles avec la presse locale. Problème de curation. L'absence d'info sportive est révélatrice des limites de l'expérience actuelle. L'économie de l'information hyper locale est à imaginer. Le journalisme de proximité aussi qui ne relève sans doute pas uniquement de professionnels à plein temps, mais aussi d'amateurs, de localiers, ces fameux "journalistes-fourmis". Ce qui renvoie à des ajustements législatifs et réglementaires pour un statut adapté. 

Addendum : le 17 août 2009, MSNBC annonce l'acquisition de EveryBlock. Pour en faire quoi ? Souhaitons que la créativité de cette inovation n'en souffrent pas, quant à l'indépendance...

mardi 31 mars 2009

Collectivités locales et journaux officiels


Un secrétaire d'Etat du gouvernement britannique (Secretary of State for Culture, Media and Sport) s'inquiète de voir les collectivités locales (local councils) publier des supports de presse qui concurrencent de plus en plus la presse commerciale. Cette intervention fait suite aux démarches de la Newspapers Society (NS), association qui rassemble la plupart des titres de la presse régionale britannique. La NS observe que cette concurrence est déloyale car elle se développe aux frais du contribuables ("at the taxpayers' expense").

Voici une invitation à examiner la situation française ; des milliers de titres sont publiés par diverses collectivités locales, presse locale quasi officielle qui puise, dans une proportion variable, à la fois dans les finances locales (impôt) et dans le gisement publicitaire local.
Presse gratuite grâce à l'impôt ?

Voyons les données IREP - France Pub (pour 2008) évaluant les dépenses des annonceurs pour leur communication commerciale :  206 millions d'Euros ont été investis dans la presse des collectivités locales, 80 millions dans la presse hebdomadaire régionale (PHR) et 773 millions dans la presse quotidienne régionale (PQR). La ponction est donc significative. A quoi s'ajoutent les sommes investies, par les mêmes collectivités locales dans leurs sites Internet (d'autant que certains comme les Hauts-de-Seine ont lancé un appel d'offres pour une webTV).

Un moyen de faciliter la tâche de l'information locale et régionale se dessine ici. 
Ne vaudrait-il pas mieux laisser à la presse régionale et locale - dont c'est le rôle et le métier - le soin d'informer sur la vie locale et régionale, de manière contradictoire, avec investigations ?
Davantage de journalisme local indépendant des institutions ne saurait nuire et Internet permet une information locale pluraliste et citoyenne.
Le citoyen et le contribuable, qui ne font qu'un, y gagneraient assurément.

mardi 29 janvier 2008

Télévision publique : PBS, l'autre modèle américain

.
Lorsque l’on évoque en Europe la télévision américaine, il est rare que soit mentionnée la télévision publique, Public Broadcasting Service (PBS). Pourtant, un détour par ce modèle peut oxygéner la réflexion.
Six points distinguent la télévision publique américaine des télévisions publiques européennes :
  • Télévision de proximité. La télévision publique américaine est locale, d’abord. Liée aux communautés territoriales, aux universités, aux associations. Elle ne devient nationale (network) qu'à certains moments de la journée.
  • Télévision choisie, sans redevance. La télévision publique américaine ne connaît pas la redevance. Elle ne s'impose pas. Les téléspectateurs décident de verser, ou non, une cotisation volontaire (subscriptionmembership), du montant qu’ils souhaitent, à leur station locale ("Your local station"), celle qui est près de chez eux. Ce versement annuel donne droit à déduction fiscale. Les téléspectateurs peuvent aussi s’engager en participant, bénévolement, localement, à des activités liées à l’antenne locale (ils sont nombreux à le faire).
  • Télévision alternative. PBS, le network des stations non commerciales, n'est pas en concurrence avec les networks commerciaux pour l’acquisition de droits sportifs ou de films hollywoodiens. Sa programmation nationale, gérée par un network de plus de 350 stations, donne une large part aux émissions éducatives (enfants), informatives, documentaires et culturelles (des loisirs créatifs aux concerts). Le sport commercial ne saurait s'apparenter à des obligations de service public.
  • Télévision sans écrans publicitaires. Malgré quelques tentations, la télévision publique est restée sans interruptions publicitaires. Indépendante à l’égard des ratios quotidiens d’audience publicitaire, la télévision de secteur public garde cependant une relation commerciale avec les entreprises de toutes tailles par l’intermédiaire du parrainage (underwriting). La télévision publique apporte sa légitimité aux entreprises soucieuses d’image de service public. En revanche, pbs.org, le site du network public a sa régie publicitaire propre afin de bénéficier à ce stade du dynamisme que seul insuffle la compétition commerciale.
  • Télévision indépendante des pouvoirs. Son financement est diversifié, l’Etat central (fédéral) intervenant pour 15% du chiffre d’affaires, à côté des entreprises, des collectivités locales, des universités et des cotisations volontaires de téléspectateurs. 
  • Télévision innovante. Systématiquement à la pointe des technologies successives (satellite, numérique, Web, HD, ATSC 3.0, etc.), PBS est l'un des laboratoires permanent de la recherche télévisuelle américaine.
En fait, une télévision modeste, différente, audacieuse et souvent intempestive.
Alors, imaginons en France - au moins pour provoquer la réflexion - un réseau d’une petite centaine de stations, chacune couvrant un territoire télévisuel de l'ordre d'un ou deux départements. Plus de redevance, Roland Garros, le Tour de France ou d'autres événements commerciaux retransmis uniquement par des chaînes commerciales, une télévision pour enfants liée à la recherche universitaire... Des stations locales couvrant la vie locale, comme la PQR ou la PHR...

Que peut-on attendre des médias en matière de service public à l'époque du numérique ?
Tout est à revoir en fonction du développement du Web, du mobile et des réseaux sociaux. Il faudra bien un jour, sans prévention ni précipitation politiques, imaginer et concevoir le service public nouveau dont a besoin une République numérique en matière de médias. Pour l'instant, dans la plupart des pays, on s'est contenté de faire comme si le numérique n'était qu'un peu plus de la même chose, on a repeint en numérique le secteur public de radio-télévision, les aides à la presse, etc. sans jamais remettre en question des institutions et des habitudes surannées. Conservatisme.
.