lundi 31 décembre 2012

Magazine pour enfants : le Facebook de François 1er

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OKAPI, 100% ado, 5,2 €, bimestriel, éditions Bayard, 52 pages

Facebook a banalisé un mode d'exposition auprès d'une partie de la population française, et notamment des plus jeunes. Aussi, s'adressant à de jeunes adolescents (cible déclarée par le titre : 10-15 ans), il peut paraît raisonnable et efficace (ou démagogique) pour un magazine d'éveil de traiter un personnage historique comme si le lecteur était son ami sur le réseau social dominant.
François 1er aurait donc eu 10 000 amis. Sa vie privée est "compliquée". Sa timeline semble simple. Quelles traces aurait-t-il laissées sur Facebook ?
  • Il dialogue avec son fils, sa soeur, avec le pape,  avec Jacques Cartier qui colonise le Canada sans y trouver d'or (ce qui déçoit le Roi qui, comme l'Espagne, compte sur des colonies pour financer ses guerres). Cartier publi une image de lui-même posant avec des Iroquois qui l'accompagneront en France où certains se marieront.
  • Il fait de la langue française la langue officielle du royaume (à la place du latin) ; il met en place le dépôt légal.
  • La liste de ses amis est longue et brillante : des savants et artistes comme François Rabelais, Guillaume Budé qui lui suggère de fonder ce qui deviendra le Collège de France ("docet omnia" - tout enseigner, en commençant par le grec et l'hébreu), des princes, des jeunes femmes (c'est vraiment "très compliqué"), le sultan Soliman, son allié contre leur ennemi commun, Charles Quint. Mais où est Clément Marot ?
  • La publicité est lourdement présente : pour un emprunt d'Etat (les finances de l'Etat vont mal), un bijoutier, les voyages, des cartes officielles du royaume, une imprimerie, des livres, un tapissier...
  • Le Roi "aime" ("like") les arts italiens, la chasse, la musique de luth, le jeu de paume et les châteaux... Il aime la poésie ; on lui doit des vers émouvants : "Malgré moi vis, et en vivant je meurs ; de jour en jour s'augmentent mes douleurs...". Il publie l'image de l'un des tableaux qu'il préfère, "La Joconde"... François 1er a de l'avenir dans sa timeline !
En fait, ce mode narratif et son vocabulaire (storytelling) se révèlent féconds et stimulants. Moins anachroniques qu'il n'y paraît, souvent drôles, ils ne manquent pas de vertus pédagogiques. Grâce aux outils d'exposition décalqués de Facebook (timeline, open graph / social graph, like, etc.), les jeunes lecteur entr'aperçoivent d'un seul coup d'oeil des liens entre les arts, la politique, la religion et le commerce d'une époque ; ils peuvent situer les acteurs et les enjeux qui trament leurs relations.
Un travail plus ambitieux au plan des contenus consisterait à analyser le réseau social de François 1er avec des outils de la théorie des graphes, comme ont pu le faire certains chercheurs à propos d'oeuvres comme L'Iliade. On passerait alors du réseau social comme procès d'exposition au réseau social comme procès de recherche. Et si l'on produisait un Facebook du passé, à partir des travaux des historiens ? Osons admettre qu'une didactique nouvelle peut émerger des outils et de la culture numériques. L'enseignement de l'histoire ne peut qu'y gagner en efficacité.

Cet exemple indique combien les outils numériques inculquent insensiblement des manières de percevoir et concevoir le monde (et son propre monde), de s'exprimer aussi (habitus). Facebook s'avère un outil dynamique de classement et d'organisation de la pensée au même titre qu'un moteur de recherche (cf. "res googlans").
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vendredi 28 décembre 2012

La longue traîne des tablettes



Les iPad (Apple) dominent ce marché que vient de rejoindre en fanfare l'iPad mini. La statistique ci-dessus provient d'une observation du trafic nord américain uniquement.
Elle a été produite par Chitika Insights au cours de la première quinzaine de décembre 2012 (8-14), avant les fêtes de fin d'année, donc avant les cadeaux qui ont sans doute accru l'équipement des ménages en tablettes. Il s'agit d'une statistique d'usages (trafic) et non d'équipement (sur ce point voir le cas de la télévision connectée).
Chitika est un ad network de plus de 200 000 sites qui cible les internautes en fonction des recherches qu'ils effectuent sur les moteurs de recherche ("search targeted").

Avec 87% du usages, Apple se trouve pour l'instant en situation de quasi monopole, malgré l'extension récente de l'offre. N'oublions pas qu'avec les iPad fonctionne tout un marché d'applis que l'on retrouve pour beaucoup également sur les iPhone et les iTouch. L'ensemble concourt à une intensification de l'"apple-isation" des usages numériques grand public.
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jeudi 27 décembre 2012

Téléviseurs connectés : équipement et usages

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De la connaissance des équipements à celle des usages, il y a loin. Il ne suffit pas qu'un équipement soit acheté pour qu'il soit utilisé conformément à son mode d'emploi. Selon le NPD Group, sur 25 millions de téléviseurs connectés aux Etats-Unis (Smart TV), seuls 12 millions utilisent pleinement la connexion pour accéder à des services comme Netflix, YouTube, amazon, Vudu, Hulu, etc.
Source : NPD Group / Connected Intelligence
Ecart semblable à celui constaté il y a quelques années dans le cas de la télévision HD aux Etats-Unis ; semblable aussi à celui, célèbre autrefois dans le cas des magnétoscopes : la plupart n'étaient jamais utilisés pour l'enregistrement d'émissions, trop compliqué, leurs utilisateurs se contentant de regarder des vidéocassettes louées ou achetées.

Par ailleurs, n'oublions pas que les statistiques des ventes sont généralement établies à partir de déclarations de fabricants ("units shipped", sorties usines, douanes, etc.), pas des détaillants et encore moins des usages effectifs. Elles ignorent généralement le stock immobilisé dans les points de vente. Souvent, les équipements sont donc de facto surestimés.

Un équipement est souvent assorti de conditions "culturelles" d'utilisation. Presque toujours, il faut disposer de savoir faire qui ne vont pas de soi, dont l'acheteur ignore souvent qu'il n'en dispose pas, qu'il sous-estime, et, que le vendeur se garde bien d'évoquer (lui même parfois n'y connaissant rien). Le mode d'usage reste bien en-deça du mode d'emploi théorique.

Quelles sont les utilisations actuelles d'un téléviseur connecté ?
Selon NPD Group, aux Etats-Unis, pour l'ensemble des téléviseurs connectés (directement ou indirectement), les principales applis utilisées concernent la vidéo en streaming (60% des utilisations). Les applis des réseaux sociaux comptent pour près de 10% (Twitter, Linkedin, et surtout Facebook), la musique 15% (Pandora, entre autres).
Mais il est encore bien tôt pour conclure quant aux usages nouveaux du téléviseur  : 40% d'applis utilisées hors vidéo, ce n'est pas négligeable. Il restera à s'assurer que cette proportion subsite au delà de la période de découverte ("toy effect") qui produit généralement des données inflationnistes.
Et puis, le téléviseur intelligent a sans doute, pour quelque temps encore, une fonction d'ostentation ("frime") qui intervient comme raison d'acheter ("conspicuous consumption", Thornstein Veblen) et d'essayer de nouvelles fonctionnalités !

mardi 25 décembre 2012

Innovation média : ne pas abuser de la définition

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Nombre de réflexions sur les "innovations" médias commencent par un exercice de définition. L'étude de pratiques sociales nouvelles, celles des réseaux sociaux ou du mobile, entre autres, semble exiger une définition préalable de la pratique en question, au moins pour que les chercheurs s'accordent - comme l'on dit de musiciens qui vont jouer ensemble - sur le sujet de la discussion et l'objet de recherche à construire.
Mais la définition, formalité méthodologique, peut aussi construire un obstacle à la saisie de la nouveauté. Les pratiques numériques récentes connaissent des changements continus, d'ampleur imprévisibles ; elles sont loin d'être définitives, aussi, les définir d'emblée, c'est peut-être inhiber l'imagination sociologique "methodological inhibition" (C. Wright Mills).

Ne pas confondre les définitions de la définition.
  • Il y a la "définition préalable", qui, explique Marcel Mauss, "nous épargnera ces déplorables flottements et ces interminables débats entre auteurs qui, sur le même sujet, ne parlent pas des mêmes choses" ("La prière", 1909).
  • Il y a la définition provisoire, qui sera bricolée et rectifiée en marche. Exercice inévitablement "aporétique" que l'on démolit et reprend au fur et à mesure de l'avancement du chantier. 
  • Il a la définition aboutie, pour des phénomènes stabilisés, au sein d'un paradigme donné, ("science normale", dit Thomas Kuhn). 
Ainsi, définir actuellement un "réseau social" ou "Big data", alors que ces pratiques de l'économie numérique sont en chantier, doit s'effectuer "sans prévention ni précipitation". Les phénomènes étudiés changent vite sous l'effet des modèles d'affaires, des équipements, des comportements des consommateurs.
Les levées de fonds, les entrées en bourse forcent à un travail de définition intermédiaire, provisoire, pour attirer et convaincre analystes et actionnaires. Le document de Facebook pour son IPO est exemplaire d'un tel effort rhétorique de définition. La pratique, au contraire, s'accommode du flou, au détriment du "clair et distinct" ; ainsi de l'impossible définition de la télévision entre télévision traditionelle (broadcast), OTT, streaming, connectée, câble, etc. Impossibilité surdéterminée pour quelque temps par les enjeux économiques (qui peuvent, par exemple, prendre la forme euphémisante d'un débat sur le GRP).
La transformation, le changement de paradigme, l'émergence supposent de nouvelles manières d'exprimer cette nouveauté. Sans doute, le problème ne se pose-t-il si fortement que parce qu'on l'expose sans cesse (articles, cours, communications, pseudo-interviews) ; dans le courant quotidien de la pratique, il est charrié, délité. Les normes courantes d'expression et d'exposition digèrent la nouveauté (on ne se méfie jamais assez de Powerpoint et Keynotes). La nouveauté s'enlise alors dans les mots : on croit n'hériter que de mots et l'on hérite d'idées (Léon Brunschvicg), d'obstacles épistémologiques (Gaston Bachelard)...

La définition rompt "l'enchantement du virtuel" (Gilles Châtelet) indispensable à l'innovation féconde. La définition doit rester ouverte sur le virtuel ; elle ne peut aboutir que lorsque la mue (paradigmatique) s'achève. Paradoxalement, une pratique nouvelle ne peut être définie que quand elle n'est plus nouvelle et qu'elle se développe dans le cadre d'un paradigme installé (cf. Thomas Kuhn).
Avant, la définition finit par enfermer, comme la conclusion. Il est une rage de définir toute aussi stérile que la "rage de conclure" ("ineptie", répète Gustave Flaubert). Alors, mieux vaut ne pas définir trop tôt car ce serait risquer de finir ce qui ne fait que commencer (la préposition latine de renforce "finir") ? Ou définir un peu mais pas trop afin de demeurer aux "avant-postes de l'obscur" (selon l'expression de Gilles Châtelet).

N.B. On comprend l'inévitable conservatisme des études lors des périodes d'innovation, de changement de paradigme. Issues d'observations ou d'interrogations de panels recrutés et conçus à partir d'études de cadrage (establishment surveys) infréquentes, elles sont, par construction, en retard sur le rythme des changements. Mais le traitement continu de vastes bases de données non structurées (big data) changera certainement les termes du cadrage des études.

Notes
  • Victor Goldschmidt, Les dialogues de Platon, Paris, PUF, 1944 : dans les premiers dialogues, dits aporétiques, la définition aboutit à une impasse : la beauté, la piété, la vertu, l'amitié, etc. ne peuvent être définies par les interlocuteurs de Socrate.
  • Thomas, S. Kuhn, The Structure of Scientific Revolutions, 2000, University of Chicago Press, 1962.
  • Gilles Châtelet, L'enchantement du virtuel. Mathématique, physique, philosophie, Paris, Editions rue d'Ulm, 2010.
  • C. Wright Mills, The Sociological Imagination, N-Y, 1959, Oxford University Press.

samedi 22 décembre 2012

Enfin, on tient un coupable

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Assassinats au fusil d'assault dans une école élémentaire américaine. Qui est coupable ?

Les jeux vidéo.
On attendait les séries TV, ce fut le jeu vidéo, et le cinéma et les clips de musique. C'est le président de la National Rifle Association qui le dit. On peut continuer de vendre des armes mais il faut incessamment cesser de vendre des jeux vidéo violents et de diffuser des films et des clips violents. Et, en attendant, placer des gardes armés dans les écoles.

Déjà responsable des échecs scolaires, de maladies de nerf et autres pathologies de l'adolescence, le jeu vidéo pousse aussi à la violence et au crime, comme on l'a dit autrefois des soldats de plomb, des pistolets à flêches et des panoplies de cow-boys.

Craignant de ne pas "participer à la discussion", les lobbies de chaque partie se mettent en marche, à la recherche des "recherches" adéquates pour soutenir leur point de vue. D'ailleurs, "études" et "recherches" diverses confirmeront - "scientifiquement" - la culpabilité des jeux vidéo, et l'inverse, selon l'origine du financement des dites "recherches".

Les médias constituent décidément de commodes boucs émissaires. Divertissements numériques : tous coupables ! (cf. Désordres numériques : psychopathologies de la vie médiatique quotidienne).

Parmi les lobbies ayant "communiqué" sur le sujet :
- American Cable Association (ACA), câble
- Entertainment Software Association (ESA), jeux vidéo
- Motion Picture Association of America (MPAA), cinéma
- National Association of Broadcasters (NAB), télévision
- National Cable & Telecommunications Association (NCTA), câble
- National Rifle Association (NRA), commerce des armes
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jeudi 20 décembre 2012

Et Tweet sur le bec du Canard !

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Le Canard a twitté. Lui aussi.
Objectif du Canard enchaîné sur Twitter, déclaré à la Une (cf. infra) de ce mercredi (cf.infra) : "annoncer, dès le mardi soir, quelques uns des sujets abordés dans votre hebdomadaire favori".
Du bon usage des réseaux sociaux par la presse. Pas de problèmes de "droits voisins" à gérer.
Copie d'écran de Twitter le 20 décembre 2012 (23H)
Décidément rusé Le Canard ; il n'est pas de ces titres qui donnent en version numérique ce qu'ils vendent dans les kiosques (cf. Le Canard enchaîné, modèle économique sans Web).


mercredi 19 décembre 2012

Fusion dans la mesure d'audience des médias américains

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Mise à jour 30 septembre 2013
Fusion acquisition sur le marché de la mesure des audiences : Nielsen achète Arbitron (1,26 milliard de dollars) et maintient ainsi une position largement dominante sur ce marché. L'opération est approuvée par la Federal Trade Commission (FTC) le 30 septembre 2013, après neuf mois de documentation et de délibération. La décision est assortie de conditions préservant la concurrence dans le secteur et permettant à comScore d'accéder aux données PPM d'Arbitron.

Depuis les années 1950, même le grand public américain dit "the Nielsens" pour désigner les taux d'audience des émissions de télévision. Menacé par AGB dans les années 1980, Nielsen avait alors réussi à dissuader le marché américain de suivre le panel People Meter d'AGB, protégeant son hégémonie.
Nielsen restait seul sur le marché de la mesure de l'audience nationale de la télévision (NTI). Fin 1993, Arbitron abandonnait à Nielsen le marché local de la télévision (NSI). Nielsen était désormais en situation de monopole sur le marché de la mesure de l'audience TV. Il y eut bien quelques mécontentements et des menaces mais rien de sérieux. Par construction, le marché de la mesure est conservateur, on n'aime pas toucher à l'instrument de mesure qui définit le marché et entérine les positions établies : agences et régies gèrent l'inertie au titre de la sacro-sainte comparabilité, et, sauf exceptionnellement, les annonceurs ne s'intéressent guère à la mesure, déléguant bizarrement cette préoccupation à leur agence. Ce qui pourrait changer avec le développement du big data, qui engage une entreprise et ses données au-delà de son seul budget TV.

En absorbant Arbitron, Nielsen renforce sa position
Arbitron a développé une technologie de mesure individuelle et passive de l'audience de la radio, applicable à la télévision, le Portable People Meter (PPM). Accréditée par le MRC, cette technologie est décisive pour la mesure des audiences hors du foyer. De plus, on peut imaginer que, à terme, une audimétrie de type PPM (appli sur portable ?) ne nécessite qu'un seul et même panel pour la TV et pour la radio, voire même s'attaque en même temps à la mesure des audiences hors foyer (DOOH, cinéma, affichage) où tout est à faire.

Cette consolidation, oligopolistique, intervient alors que le marché américain de la mesure des audiences voit arriver de nouveaux acteurs, annonçant un changement de paradigme et bougeant radicalement le périmètre traditionnel du champ. Rentrak a développé une mesure TV, locale et nationale, recourant aux boîtiers des réseaux câblés (set-top box). Modèle économique sans audimètres et pour lequel un panel est plus commode à gérer (cf. Kantar Media avec DirecTV : Return-Path Data methodology). La menace peut venir aussi de Google qui développe des panels nationaux hybrides, TV + Web, et inonde le marché de ses Web analytics gratuits et performants. D'autres acteurs innovants s'intéressent à ce marché : comScore, puissant sur le marché de l'audience Web (panels online) où il menace Nielsen, TiVo s'alliant à Datalogix (DLX TV), Cisco avec NDS (racheté à News Corp.), Intel, Apple, etc. Désormais, toute transaction sur le Web s'accompagne d'analytics plus ou moins complexes : plusieurs centaines d'entreprises fournissent des analytics à leurs clients.
Le marché du Web est dynamique et l'on comprend que seule la mesure du Web mobile unifiera tous les médias, réalisant l'ancienne utopie d'un 360° multi-plateforme, holistique. OTT, télévision connectée, interactivité, analyse des comportements d'achat dans les points de vente, DOOH, téléphonie et mobilité sont les prochains chantiers. Même unis, Nielsen et Arbitron auront fort à faire dans un marché mouvant et innovant.
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vendredi 14 décembre 2012

BYOD : Bring Your Own Device

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BYOD (bring your own device) : maxime nouvelle de la vie professionnelle dans un monde numérisé. Les entreprises acceptent, reconnaissent que leurs employés utilisent leur propres appareils sur le lieu de travail - ordinateur portable, smartphone, tablette (notamment iPad) ; elles l'encouragent même. Ainsi s'atténue, progressivement, la frontière entre bureau et domicile, personnel et professionnel (une appli comme Divide, acquise par Google, propose de les séparer : "keep your work and personal lives separate on a single device"). Phénomène engagé il y a une vingtaine d'années avec les équipements portables, ordinateurs puis téléphones. Effet de la banalisation de ces équipements, de leur usage, qui accompagne la chute de leurs prix, généralisant l'équipement personnel des cadres et la mobilité.
Cette indistinction, personnel / professionnel, profite aussi de l'effet accélérateur des suites bureautiques gratuites, des WebMails et de leurs périphériques (agenda, contacts, blogs, etc.). Dropbox, iCloud Drive, SkyDrive et Google Drive, entre autres, qui généralisent les sauvegardes sur cloud pénètrent profondément les TPE et les PME, les administrations (cf. Google Apps for Business) ; ces applications synchronisent les différents appareils, permettant la collaboration à distance, la téléconférence. L'adresse fournie par le Webmail fonctionne comme identifiant unique pour l'accès à de nombreux services sur de nombreux appareils : tout cela sonne la fin d'une informatique compliquée, chère et délimitée. La confusion du personnel et du professionnel est aussi accentuée par les usages des réseaux sociaux, usages à la fois professionnels et personnels (cf. les cercles de Google +) : il arrive même que les tribunaux aient du mal à distinguer ces usages : "Who owns your Tweets?".

Ainsi, la bureautique recourt de moins en moins à des spécialistes, laissant la place aux amateurs professionalisés (Pro-Ams). L'apprentissage continu de cette bureautique sans cesse mise à jour relève de plus en plus des magazines, de l'environnement professionnel ou familial : mutualisation des savoir faire. On attend seulement du lieu de travail, et d'ailleurs de tous les lieux (loisirs, éducation, transports), qu'ils fournissent une connexion Internet de qualité et sécurisée (cf. cisco : "La liberté sans danger pour le service informatique"). Il faut désormais pouvoir travailler de n'importe quel lieu, on ou off-line : la notion de lieu pour le travail, personnel ou professionnel, est de moins en moins pertinente. Les métiers de services ne font que suivre la voie ouverte par les artisans et compagnons qui possèdent depuis longtemps leurs propres outils : coiffeurs, maçons, plombiers...

Cette évolution est un défi continu pour les instituts mesurant et analysant les audiences du Web ; ils s'efforcent de recruter des panels d'internautes distincts, au domicile (home), sur le lieu de travail (work), les deux (both) ou à l'université. Recruter des panels sur le lieu de travail est depuis les débuts du Web davantage un signe de bonne volonté que de bonne méthodologie. Personne n'y a vraiment cru. La fusion "BYOD" (ou COPE, corporate-ownd personnaly enabled) des usages (et des cookies) sur de mêmes appareils rend superfétatoire une telle distinction (cf. Work and Home audiences. BYOD). C'est la fin d'une illusion et c'est tant mieux.
Aux panels de s'ajuster ; la culture informatique et bureautique change rapidement : par exemple,  il y a de plus en plus de produits Apple au bureau alors que certains panels ne savent pas encore les prendre en compte. Il faut décidément recaler plus souvent les études de calage (establishement surveys) : équipements et pratiques numériques changent très vite.
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mercredi 12 décembre 2012

The tablet as a perfect gift

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Of course, it makes perfect sense for Google to give a nexus 7 to households who subscribe to its Google Fiber in Kansas City, since the tablet is going to be used as a remote control for the television set. It is also an opportunity to test and find out who uses it, when and what for, who doesn't, etc. And of course, this tablet is a Google tablet (android).

Magazines and newspapers follow an old promotional path. In the past, with a subscription you might receive a radio, a CD player, a calculator or a clock, etc. Now it is the time of the tablet. In early 2012, for a yearly subscription to The New York Times there was a Nook tablet (Barnes & Noble). Now The Times proposes a Google nexus 7 to new subscribers (18 months / $28 a month) at a very reduced price (£50 instead of £199). The Financial Times (Pearson) offers nexus 7 to its digital subscribers (12 months at $48 a month, in the US). An FT app is - of course - preloaded. Do manufacturers help cover part of the gift? In French-speaking Europe, Le Soir, Les Echos (iPad mini), La Montagne, Le Progrès, Le Figaro (Arnova7 Archos) and now (March 2013) the local papers (Le Télégramm) also propose a tablet.

According to buzz from Santa's helpers, his sleigh is full of tablets. But no idea if there are newspaper or magazine subscriptions that come with them. Doubtful.

On the other hand, The Wall Street Journal (News Corp.) does not seem to need to sell tablets to convince people to subscribe.


mercredi 5 décembre 2012

TV américaine : politique et publicité

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La télévision américaine, locale ou nationale, permet la publicité politique. Cette publicité est financée par les partis, les lobbies divers et les candidats.

En période électorale, les tarifs publicitaires de la télévision montent sous l'effet de la demande politique. Chaque candidat a droit au plus bas des tarifs pratiqués dans la tranche (la FCC y veille). Les prix du 30 secondes varient logiquement selon le moment de l'achat, selon les Etats, selon l'enjeu politique, selon la configuration électorale (plus il y a d'independant voters - électeurs non inscrits au parti démocrate ou républicain), plus les tarifs sont élevés. Marché politique et marché publicitaire vont de pair.

Les dépenses effectuées à la télévision doivent être transparentes (qui paie, quel montant, pour quel message) et tout doit être publié sur le site de la FCC (décision de la FCC, avril 2012). Cette règle de transparence ne s'applique qu'aux stations des 50 premiers DMA et aux 4 plus grands networks. La réglementation ne concerne pas, pas encore, les médias numériques (les réseaux sociaux, par exemple) : beaucoup d'acteurs politiques trouvent le champ d'application de cette réglementation trop restreint ; ils critiquent la lenteur de sa mise en oeuvre ainsi que la structure inadéquate, "indigeste", peu opérationnelle de l'information fournie (faute d'être organisée en bases de données).

En 2012, année d'élections présidentielles, les dépenses électorales à la télévision ont atteint 3,1 milliards de dollars (près du double de 2008). L'essentiel des revenus est allé aux stations locales (2,9 milliards), le reste allant au national (networks et national spot. Source : Kantar). 41,8 % des dépenses concernent les élections présidentielles, 21 % les référendums locaux d'initiative populaire ("ballot initiatives"). Cette année ces référendums portaient notamment sur le mariage homosexuel, la légalisation de la marijuana, la constitutionnalité du droit de chasse...
Les stations (locales) tirent profit de leur localisme et de la coïncidence de la géographie télévisuelle et de la géographie électorale. Une sorte d'effet d'aubaine.
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