Le Président Obama a fait appel à YouTube au terme de son intervention sur l'état de l'Union (SOTU, State of the Union Address, 20 janvier 2015).
En une vingtaine d'années, l'audience apportée par les chaînes de télévision traditionnelle (networks nationaux) a baissé, telle que mesurée par Nielsen ; en revanche, il semble que l'audience apportée par les médias numériques soit en augmentation et concerne surtout de nouvelles couches de population, plus jeunes (plus 12 millions de posts et de likes sur Facebook). Beaucoup de sites ont retransmis en direct et mis à disposition le discours du président (streams). Le dispositif de diffusion a été systématiquement élargi et déployé au-delà de la télévision classique (pour un bilan complet du dispositif, voir ici).
#YouTubeAsksObama a permis de conduire un débat dans une forme nouvelle. Parmi les sujets retenus par trois stars de YouTube ("YouTube personnalities") pour leurs dialogues avec le Président des Etats-Unis : accès à l'enseignement supérieur ("the best investment you can make"), relations avec Cuba, sécurité sociale ("Obamacare"), mariage de personnes de même sexe, police et minorités (racial profiling), légalisation de la marijuana, harcellement sur le Web et les réseaux sociaux ("cyberbullying")...
Question de média
Cet événement consolide l'image et la réputation de YouTube comme lieu d'expression politique et comme forme nouvelée de télévision (déjà, en novembre 2014, Obama avait privilégié Facebook pour l'annonce de sa politique d'immigration). Bien sûr, les dialogues sont encore un peu guindés, la mise en scène singeant les débats électoraux (cf. les introductions médiocres, à base d'histogrammes, d'un "présentateur" de Google News Lab). Mais, le pli est pris : la télévision traditionnelle, linéaire, perd décidément ses anciens privilèges. Sympôme d'un changement de paradigme média ?
Question de politique
Le Web peut-il permettre d'avancer sur la voie d'une démocratie plus directe, moins confisquée par des réprésentants élus professionalisés ? B. Obama, en fin d'émission, souligne son ambition de recourir grâce au Web à des moyens de communications moins vermoulus, moins compassés, plus commodes et plus proches pour les jeunes générations d'électeurs et d'électrices. Avec les médias numériques et les réseaux sociaux, la socialisation politique emprunte des voies nouvelles.