En septembre 2016, la série de CBS a eu dix ans et a diffusé plus d'une deux cents épisodes. Programmée le jeudi, en prime time (20 heures), elle est en tête des audiences pour la cible commerciale des 18-49 ans. Reprise en syndication par TBS pour le câble cinq jours par semaine (distribuée par Warner Bros) et par les stations de Fox (0&0 et affiliées), la série est reprise également par CBS All Access et Netflix. L'ensemble de ces diffusions construisent une forte notoriété.
Sitcom, la série ne comporte pas d'intrigue générale ; l'intrigue, c'est la vie du groupe qui vieillit. Chaque épisode, indépendamment, tourne autour d'une ou deux situations plus ou moins imbriquées impliquant quelques uns des personnages clés, trois femmes, cinq hommes. Les situations sont souvent improbables, inattendues mais après neuf saisons, les personnages, leurs caractères sont prévisibles.
Le comique de "The Big Bang Theory" est d'abord de nature langagière : jeux de mots, exagérations verbales, catchphrases, gestes ; le tout est émaillé de références culturelles américaines et d'allusions cinématographiques. Suivie depuis le début de leur vie d'adulte, la biographie des personnages passe par les étapes attendues : premier travail hors de l'université, flirts, rendez-vous (dates), mariage. Bientôt un enfant ?
La série est tournée devant audience, ce qui nous vaut une bande-son avec rires, soupirs et autres réactions bruyantes de l'assistance du jour. Insupportable générique et ponctuation (virgules à tout moment, à la place des écrans publicitaires sur Netflix ?).
L'audience est celle que recherchent les annonceurs à la télévision, les 25-54 ans. Le message publicitaire de 30 secondes se serait vendu 286 000 dollars pendant le upfront market 2016-2017 (deux fois le prix d'un spot sur NCIS pour une audience voisine).
La culture scientifique est évoquée conformément à un stéréotype usé : on se moque des jeunes savants éthérés (geeks, nerds), quelque peu professeurs Nimbus, obnubilés par la science dont l'inaptitude aux relations sociales étonne. Chercheurs au CalTech (Pasadena, Californie), issus de grandes universités américaines, ces jeunes géniaux ont des loisirs d'adolescents. Loin du sport spectacle, fans de Prix Nobel, devisant de mécanique quantique, du principe d'indétermination de Heisenberg, du chat de Schrödinger, du boson de Higgs, des photons, de la NASA... Aussi, le bon sens pratique de Penny, la voisine sexy qui emménage sur le même palier, provoque des réactions interloquées chez ses savants voisins, séduits quand même.
Les héros des personnages masculins de la série sont surtout des personnages de films de science fiction ("Star War", "StarTrek" dont ils savent par cœur les répliques) et de super héros de comics (Batman, Green Lantern, The Flash, Wonderwoman : "intimate strangers" !). La série a invité, entre autres, comme acteurs d'un jour, des célébrités de la science et de l'astronautique : des acteurs de Star Trek, Elon Musk (Tesla Motors, SpaceX), Steve Wozniak (ex. Apple), des physiciens (dont Stephen Hawking)... La réalité hybridant la fiction.
Pour les Fans, un site propose toutes sortes de merchandising : DVD, T-shirts : ceux de Sheldon, l'algorithme de l'amitié, etc. |
Le ressort comique nait de la confrontation de deux discours, de deux logiques, de deux vocabulaires : ceux de la science (physique, astronomie, biologie) et ceux de la vie quotidienne, mondaine, et des relations sociales. On pensera aux Femmes savantes : "un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant" (acte IV, scène 3).
D'épisode en épisode, la série dresse le tableau clinique de Sheldon Cooper, donnant à voir toute la psychopathologie de sa vie quotidienne. Névrose obsessionnelle ? Il prend tout au pied de la lettre, il a du mal à percevoir les sarcasmes, tout comme l'intelligence artificielle des émotions ! Excessif, têtu à propos de diététique, d'hygiène, de cohabitation mais ni dépressif ni pédant.
Sheldon ne voit autour de lui qu'"obligeants diseurs d'inutiles paroles" : il n'est assurément pas "l'ami du genre humain". Car il y a de l'Alceste dans son personnage, souvent ridicule à force de franchise et de sincérité. Amoureux, il fait penser à l'"atrabilaire amoureux"(sous-titre du Misanthrope). Petit à petit, toutefois il est apprivoisé par ses proches, indulgents.
La mise en scène exploite jusqu'à la corde une ambiance de colocs et de campus universitaire où l'on se rencontre partout et potine : lingerie, cafeteria, palier et escaliers, bureaux, librairie de BD (comic books), salle du restaurant (Cheesecake Factory) où Penny est serveuse, appartements, surtout celui que partagent Sheldon et Leonard. Pas de tournage à l'extérieur.
On a pu se plaindre que la série développe une attitude fréquemment condescendante envers les femmes ainsi qu'un discours ridicule pour moquer les jeunes savants. Apparences, jeu ? Finalement, malgré tout, les personnages sont attachants.
Combien de saisons la série a-t-elle encore devant elle ?
D'épisode en épisode, la série dresse le tableau clinique de Sheldon Cooper, donnant à voir toute la psychopathologie de sa vie quotidienne. Névrose obsessionnelle ? Il prend tout au pied de la lettre, il a du mal à percevoir les sarcasmes, tout comme l'intelligence artificielle des émotions ! Excessif, têtu à propos de diététique, d'hygiène, de cohabitation mais ni dépressif ni pédant.
La mise en scène exploite jusqu'à la corde une ambiance de colocs et de campus universitaire où l'on se rencontre partout et potine : lingerie, cafeteria, palier et escaliers, bureaux, librairie de BD (comic books), salle du restaurant (Cheesecake Factory) où Penny est serveuse, appartements, surtout celui que partagent Sheldon et Leonard. Pas de tournage à l'extérieur.
On a pu se plaindre que la série développe une attitude fréquemment condescendante envers les femmes ainsi qu'un discours ridicule pour moquer les jeunes savants. Apparences, jeu ? Finalement, malgré tout, les personnages sont attachants.
Combien de saisons la série a-t-elle encore devant elle ?