lundi 14 septembre 2009

Twitterisation ?

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Twitter va son chemin. Difficile de dire, en toute rigueur, sa puissance, sa pénétration, ses usages, ce qu'il en reste une fois passé le premier moment de curiosité ; des chiffres sont jetés de ci de là, dont on ne sait pas grand chose (la mondialisation de la statistique média n'arrange rien, pour l'instant, et rajoute encore de la confusion, en l'absence de repères nationaux). Des affirmations à l'emporte pièce, assises sur de vagues statistiques, courent le Web : Twitter rendrait bête (a twit !) -tandis Facebook rendrait intelligent -, Twitter ne servirait de rien, n'apportant aucune information utile...
Mais... Obama vante la réussite des créateurs de Twitter auprès des écoliers américains. Mais, Facebook, qui voulut acheter Twitter, le copie jalousement et s'inspire désormais de ses "@replies" (@ tags). Mais, un travail doctoral (PennState University, réalisé avec Twitter) indique que 20% des tweets impliquent une marque... confirmant la possibilité d'un modèle économique publicitaire. Encore un, et redoutable : les messages seront bien sûr ciblés selon les tweets qui sont autant de comportements ( "The service may include advertisements, which may be targeted to the content of information on the services, queries made through the services, or other information")... stipulent les conditions d'utilisation (Terms of Service).

Le plus remarquable succès de Twitter est sa colonisation des autres outils et sites de socialisation (outils de Google, Facebook, Seesmic Desktop, MySpace, etc.). Quelques illustrations récentes, de natures différentes :

  • FanFeedr, média social d'informations sportives qui se définit comme "real time personalized sports feed" : Twitter est mis à profit pour suivre des joueurs professionnels, des équipes (fans) tout en recourant aussi à Facebook. Accessible par une appli iPhone.
  • iTunes qui permet le partage presque immédiat des goûts musicaux avec Twitter et Facebook.
  • AIM (AOL) qui agrège en un seul flux (Lifestream) différents réseaux sociaux dont Twitter, Facebook, Digg, Delicious et Flickr. Accessible via une appli iPhone.
  • SportsFanLive  permet de justaposer deux flux parallèles alimentés par les tweets concernant deux équipes que choisit l'internaute, l'une que l'on aime, l'autre que l'on n'aime pas. Son slogan : "You are what you tweet".
  • La mise à jour du statut sur MySpace peut désormais s'effectuer avec Twitter (via le protocole OAuth).
  • Un blog du New York Times, "The Moment", recourt à Twitter pour agréger des commentaires concernant différents produits haute couture (cf. "The Moment on Twitter").
Cette socialisation des modes de socialisation numériques, l'intrication des moyens semblent une géneralisation nécessaire, une intégration commode réduisant  les coûts de transaction pour l'internaute (au même titre que l'OpenID auquel n'accède pas encore Twitter, mais qu'utilise fanFeedr). Peut-être le signe que la maturité de ces outils requiert une convergence souple, articulant le simple et le complexe, le bref et l'approfondi, l'immédiat et le réfléchi. Cette coordination, en temps réel, des conversations et des textes, ces partages qui se propagent, ces collaborations polyphoniques, c'est tout l'univers de l'information qui s'ébroue, cherche d'autres voies et orchestre tous les moyens que le numérique met à sa portée. Sans doute une ambition de GoogleWave.

Evidemment, Twitter comme Google (cf. Res Googlans), Facebook, eBay, iTunes, Mint, Amazon, Skype, etc. contribue à façonner "l'outillage mental" (Lucien Febvre, 1937) de ce début de siècle. Outillage incorporé devenant "seconde nature" (habitus), outillage qui creuse des écarts culturels et professionnels dans la population beaucoup plus qu'il n'uniformise, la défaillance de l'institution scolaire dans ce domaine n'arrangeant rien. Un ethnocentrisme numérique se fait jour... qui peut jouer des tours, notamment dans le marketing.
Ceux qui quotidiennement mobilisent ces outils de communication en sont transformés, transformation imperceptible et lente, d'autant plus efficace. Obama ne s'y est pas trompé. Le message, c'est d'abord le média.
Il faudra mettre à jour "Les Héritiers", et compléter McLuhan !
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1 commentaire:

Flechoux a dit…

Les Herieiers For Dummies en 140 caracteres, bon courage.