jeudi 15 avril 2010

Audiences : la télé prend des mesures

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La télévision américaine prend les mesures nouvelles de sa révolution numérique, et discrètement, par petites touches, fait évoluer les calculs d'audiences.
  • Prise en compte de la consommation en différé, au point que Nielsen supprime l'audience du jour même, en direct (live), pour la télévision locale. 
  • Source unique des mesures. Les audiences des "autres" écrans devraient d'abord êtres collectées dans les foyers où Nielsen a installé un audimètre et où est également effectuée une mesure de l'activité Internet sur ordinateur ("single-source measurement"). Ne seront prises en compte que les émissions au sein desquelles sont diffusés les mêmes écrans publicitaires et sur Internet et sur les téléviseurs (donc hulu est exclu, par exemple, qui comme agrégateur a sa propre offre publicitaire). 7 500 foyers sur 12 000 devraient être ainsi doublement équipés dès août 2010. 
  • Moins visible, la modification de certaines règles de calcul de l'audience. Le taux d'audience moyen (Average Audience) devrait intégrer les duplications entre écrans, entre plateformes enregistreurs numériques et VOD pour commencer, puis, à terme, les multiples plateformes Internet, tablettes, smartphones ("extended screens"). Cette altération de la sacro-sainte règle de l'audience non-dupliquée serait mise en oeuvre à partir de décembre 2010. Les premières publications de ce nouvel agrégat auront lieu en septembre 2010, en bêta, en quelque sorte (evaluation data). Les deux données,, l'ancienne et la nouvelle seront publiées afin de pouvoir les comparer et, surtout, de disposer d'une série continue de données d'audience. Un tel calcul d'audience moyenne est déjà pratiqué dans le cas de la syndication (sous le nom de Gross Average Audience) car il est fréquent qu'une même émission soit diffusée plusieurs fois dans la même semaine, dans un même marché (DMA). 
Certaines règles du médiaplanning s'en trouveront bousculées. Dans ces nouvelles conditions, que vaudra la notion de couverture à 1 contact (audience cumulée), voire à  un nombre donné, optimisé de contacts (effective frequency) ? L'effet de cette mesure, dit Nielsen, devrait être faible (1%) mais il s'accroîtra au fur et à mesure que changeront les comportements de consommation télévision. Cette modification touchera évidemment davantage les audiences différées, notamment les plus longues, le délai de prise en compte augmentant les chances d'une audience sur d'autres écrans que le téléviseur : C+3 (écran publicitaire / commercial + 3 jours), Live+7.

Comment cette mesure affectera-t-elle les comportements publicitaires et la programmation des chaînes ?  Cela encouragera les chaînes à diffuser davantage leur grille sur Internet. Du point de vue de la programmation publicitaire, l'un des premiers effets sera l'alignement exact de l'offre Internet (structure et emplacement des écrans) sur celle des chaînes, Internet étant traité comme un distributeur neutre, comme le câble. Ce n'est qu'un détour provisoire, une stratégie de conservation, de retardement ; bientôt, c'est la télévision qu'il faudra aligner sur la flexibilité de la publicité sur Internet.
Tous ces changements semblent effectués en faveur des chaînes qui cherchent à monétiser toutes leurs audiences, à faire valoir toute leur puissance. En revanche, les annonceurs vont devoir payer une partie de l'audience télé dont jusqu'à présent ils bénéficiaient gracieuseement.
Ce n'est qu'un début. La télévision change, la mesure de l'audience aussi.
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