mardi 6 avril 2010

Télé 7 Jours et Johnny Hallyday

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Télé 7 Jours est une institution historique de la télévision française très grand public. L'hebdomadaire, qui est toujours le roi du lundi dans les points de vente, fête ses 50 ans sous ce nom (en fait, il cache son âge : il est  issu du secteur public qui l'a revendu, né Radio 44, il a 66 ans ). Pour fêter cet anniversaire, Télé 7 Jours met Johnny Hallyday à la "une", pour la 26e fois de leur histoire. Le mariage de raison, en 1960, d'une "'idole des jeunes" et d'un nouveau média, célèbre aujourd'hui ses noces d'or. Tous deux restent populaires.

Beaucoup de lecteurs de Télé 7 Jours ont vieilli avec Johnny Hallyday
A ses débuts, il chantait déjà un prémonitoire "Souvenirs, souvenirs". Beaucoup, parmi celles et ceux qui prendront leur retraite bientôt, sont tombés amoureux sur "Retiens la nuit", un fameux slow, quitte à se dire, plus tard, "Elle m'oublie" et, enfin, "J'ai oublié de vivre"... Le premier magazine de cette génération, ce fut toutefois pourtant "Salut les copains" (1962) et tout se passait alors à la radio, en fin d'après-midi, sur Europe 1 ("SLC", émission lancée en octobre 1959), pas à la télé, rare à l'époque.

Johnny et l'image des marques
Le contexte publicitaire de ce numéro anniversaire trahit un positionnement populaire : une cible aux revenus modestes, qui serre son budget de crise. En page 2, "les flageolets Cassegrain, délicatement cuisinés" en quadri ; à l'intérieur, un cahier de 12 pages de LIDL (-20% sur les lasagnes, et un "super samedi" avec aspirateur de table) ; en 4 de couv, la Française des Jeux assure que "la chance appartient à tout le monde". Et pour la promotion de l'abonnement, un GPS à prix réduit, que ne gagnera jamais le fidèle lecteur qui, chaque lundi, achète son magazine au point de vente voisin.
Malgré un immense lectorat (près de 6 millions de personnes), un taux exceptionnel de reprises en main, des lectures régulières, le magazine souffre vraisemblablement de n'être pas celui que lisent les médiaplanners. Il pâtit aussi, comme toute la presse télé, d'un papier peu propice à l'expression des marques de luxe ; autant de clichés qu'il faudrait sans doute révoquer en doute, pour le principe. Le palmarès publicitaire de ce numéro est impressionnant : Carrefour, Sofinco, Optic 2000, Disneyland, Leclerc, Bouygues Telecom, Suzuki, Croisières Paquet, Cetelem, Cofidis, Educatel, Mr Bricolage, Go Sport, TMC, Picard, franprix, TF1, Nostalgie, et j'en passe... Qui dit mieux ? De plus, on peut y lire toute une analyse de sociologie de la culture et de la consommation en acte. "La distinction" et le médiaplanning, mêmes combats ?


"Sept quotidiens dans un hebdomadaire"
Ce siècle a 10 ans, la télé Internet perce sous la TNT... Que deviendront les magazines télé ? Aux Etats-Unis, depuis quelques années, il n'y en a plus. Le papier, le magazine n'offrent pas les ergonomies qui conviennent à un marché TV où l'on ne compte plus les chaînes, où la notion même de chaîne, avec YouTube, Netflix, la SVOD n'a plus de sens. Bien sûr, le magazine a développé son site Internet, sous un autre nom d'ailleurs, Premiere.fr, et une appli pour iPhone, sous un troisième nom, TELE 7, tandis que la diffusion du papier décline. Faut-il voir dans le choix de trois noms différents une réticence, compréhensible, à la notion de "marque média" ? Et aussi la conscience que la semaine de 7 jours (cf. "7 jours") n'est plus l'unité de temps de la télévision ?

Addendum : selon Lagardère (26 avril 2010), ce numéro s'est vendu à 1 552 200 exemplaires (abonnements compris).

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ah Johnny!!... le populaire milliardaire... à quand la chanson contre les impôts?