samedi 17 décembre 2011

Le sport remet en question la distribution de la TV

.
Les droits sportifs atteignent de tels niveaux aux Etats-Unis qu'ils suscitent une contestation des  modalités de distribution de la télévision. Trop cher, le sport : certains abonnés, câble ou satellite, qui ne s'y intéressent pas, ne veulent plus payer. Les opérateurs craignent de reporter les augmentations sur la facture de leurs abonnés et veulent démanteler les packages (unbundle).

Mise à jour 7 janvier 2012 : MSG n'est plus repris par TWC sur les réseaux de New York et Buffalo ; MSG répond via TWC Conversations.
  • A New York (et à Buffalo), le câblo-opérateur, Time Warner Cable (TWC, 2 millions d'abonnés), refuse le prix que réclame MSG Network (Madison Square Garden), chaîne régionale (Regional Sport Network, RSN) qui détient des droits des Knicks (basketball, NBA) et des Rangers (hockey, NHL). L'opérateur du réseau câblé (MSO) paie actuellement 4,65 $ / abonné / mois à MSG (pour les deux chaînes, selon SNL Kagan). MSG, selon TWC, demanderait une augmentation de 53%. Mi-janvier alors qu'il restait aux protagonistes deux semaines pour se mettre d'accord, MSG espérait enrôler les amateurs de sport dans la bataille en ouvrant un site bilingue keepmsg.com avec pétition et mobilisation sur Twitter et Facebook invitant même les abonnés TWC à changer de fournisseur de télévision (cf. infra). Une campagne du même ordre tournait sur de nombreux sites, stations de radio et dans la presse new-yorkaise ; slogan : "Time Warner Cable Might Cancel Your New York Sports".
  • En 2011, selon SNL Kagan, ESPN obtiendrait 4,7 $ des opérateurs du câble (par abonné/mois) et demandera bientôt davantage car le renouvellement du contrat avec la NFL (football) jusqu'en 2022 coûtera cher (60% d'augmentation ?).
En bas à gauche, suggestion d'autres fournisseurs : satellite (DirecTV), opérateur  câble (RCN),  télécom (FIOS)
Avec le système actuel des abonnements (câble, satellite, télécoms), les chaînes sportives sont généralement placées dans un bouquet de base que tous les foyers abonnés au câble et aux bouquets satellite paient. Certains foyers ne veulent plus payer au forfait mais plutôt à la chaîne, à la carte, pour ne payer que ce qui leur convient. Quant aux opérateurs (MSO, etc.) certains se plaignent d'un "impôt" levé par les entreprises sportives sur la télévision. Certains MSO veulent placer certaines chaînes sportives dans un package optionnel (cf. Comcast / Tennis Channel).
A TWC, on suggère que les progarmmes sportifs soient vendus à part, dans un bouquet spécifique ("separate tier"). Ainsi, ceux qui aiment le spectacle sportif paieraient davantage et les autres beaucoup moins.

Un même raisonnement peut s'appliquer à toute chaîne, à toute thématique, non seulement au sport. Un foyer peut ne pas vouloir les chaînes d'information, ou de musique, ou pour enfants, ou généralistes. Ou bien ne vouloir s'abonner qu'aux chaînes sportives, qu'aux chaînes en espagnol, etc.
Affichette de TWC chez les revendeurs
La mise en question à l'occasion du sport des modalités de commercialisation des chaînes, voire des émissions, pourrait entraîner des changements radicaux dans l'économie de certaines chaînes qui perdraient non seulement des revenus directs payés par les opérateurs mais aussi, perdant de l'audience, des revenus publicitaires. Ce sont des chaînes sans audience que l'économie actuelle de la télévision subventionne. Time Warner Cable cite le cas de la chaîne musicale Fuse dont l'audience est presque nulle et que MSG impose (TWC a cessé de la retransmettre début décembre). Déjà en mai, le câblo-opérateur Cablevision avait réclamé à la FCC de mettre fin aux pratiques de "bundling" (dit aussi "tying"), épousant en cela les revendications des associations de consommateurs. Ce débat dure depuis des années.

Le problème soulevé ne concerne pas que les Etats-Unis ; le mode de vente au forfait groupé (bundling), par palier, est présent dans de nombreux pays où les abonnés pourraient réclamer de ne payer à la carte que ce qu'ils consomment, ou se désabonner.
  • On peut voir dans ce conflit un des signes de la progression d'une culture de consommation prudente qui favorise l'achat à la carte au détriment des engagements renouvelables automatiquement (abonnements, retraits automatiques, etc.).
  • La crise économique, l'endettement des ménages avec le risque de désabonnement qu'ils suscitent (cord-cutting) amplifient cette réflexion.
  • Le Web et la télévision connectée pourraient bientôt arbitrer ce débat en favorisant la consommation à la carte des émissions grâce au moteur de recherche et au micro-paiement (désarmant l'objection des coûts de transaction élevés brandie par les tenants du "bundling".

4 commentaires:

Matthieu Caste (CMI) a dit…

Il est en effet commun de nos jours de bénéficier d’un bouquet de plus de 300 chaines pour moins de 30 euros par mois et il serait intéressant de savoir combien d’entre-elles sont réellement consommées…

Cependant, l’effet pervers de ce système est la multiplication des offres payantes notamment dans le secteur du sport.
L’acquisition des plus gros packages des droits de L1 par la chaine Al-Jazeera, le partenariat historique de la Ligue avec Canal+ (et Foot +) et le retrait progressif d’Orange Sport signifient qu’il faudra maintenant souscrire à 4 abonnements supplémentaires en plus de l’abonnement normal pour suivre le football français.

Un changement qui impactera en premier lieu le portefeuille du téléspectateur…

PierreSDZ a dit…

Si le sport est de plus en plus financé par le paiement individuel, nous allons faire face à la construction d'une communauté de téléspectateurs qui consomment spécifiquement un type de programmes (et qui sont prêts à débourser un certain montant). TF1 perd le 1er lot de la Champions League. Jusqu'ici, la diffusion de telles rencontres n'était pas réservée à des téléspectateurs type au vue des bonnes audiences générées par les rencontres. Quid de la pérennité économique du Foot dans les prochaines années ? En effet, le caractère fédérateur (du point de vue des audiences) a profité au financement du Foot... Le grand écran laisse place à la petite lucarne !

Irina Venerito a dit…

Je me demande si ce phénomène et ce conflit pourraient ils etre favorisés aussi par un modèle de consommation dont la valeur ne réside plus dans l'offre mais dans la formation d'une demande toujour plus informée et renseignée.
D'un côté il n'y a aucun doute que les réseaux numériques ont changé radicalement le comportement du consommateur de base et donc que la télévision connectée pourrait favoriser la mise en question des modalités de commercialisation du sport par les chaînes de l'autre par contre je me demande si le net a vraiment un intérêt à la concurrence sur ce terrain.
Selon Laurent-Eric Le Lay, le PDG du groupe audiovisuel Eurosport, en Europe il y a dejà 400-450 chaînes de sport et je crois donc que la TV connectée pourra ne pas être intéressé à jouer un rôle d'attaquant dans ce domaine.
Plutôt autant que consommateur je suis persuadée que le web et la télé connectée peuvent apporter aux téléspectateurs de nouveaux services et enrichir l'offre existante avec le supports typiques de ces utiles comme des blog, des pages sur les réseaux sociaux, des photos, des tweets et des infos se superposant au direct.
La TV connectée, en permettant à plusieurs acteurs de devenir diffuseurs pourrai ansi élargir et augmenter la visibilité d'un événement surtout en conférant des opportunités d'exposition et de diffusion aux disciplines les moins médiatiques.

Simona Candrian a dit…

En Suisse le PayTV n’est pas très populaire, je ne connais presque personne qui paie pour des chaînes. Mais je m’ai informé que c’est la même chose avec le « bundling » et peut-être c’est à cause de ça, que PayTV n’est pas populaire. Je peux bien m’imaginer que le profite augmenterait si on pourrait choisir les chaînes librement. Je ne voudrais pas limiter mes chaînes de seulement un genre. Je préférerais une chaîne qui diffuse des films, une qui diffuse soaps et peut-être une qui diffuse plus de sport. Mais c’est claire, que cette possibilité de choix, diminuerait la diversité de l’offert. Une chaîne spéciale qui n’est pas populaire que pour toi, ne va pas survivre dans un système des chaînes libérales. Pour la diversité des médias, le système avec les packages est meilleure, mais pas pour le consommateur, parce qu’il paie aussi des chaînes moins populaires.

Le développement qui me fais plus réfléchir que le Pay TV est la fonction de enregistrer, pauser et passer rapidement, qui est offert par des fournisseurs divers. C’est très agréable et plus populaire que PayTV chez nous. Souvent on enregistre un film et on commence à le regarder demi heure après qu’il a commencé sur la chaîne. Comme ça on peut passer les pauses commerciaux rapidement et on fini au même temps, comme si on aurait regardé normalement. C’est un développement dangereux pour le FreeTV. Combien de temps les entreprises continuent à faire de la publicité et payer les chaînes, si personne la regarde ? J’ai des soucis que les fournisseurs ont vraiment fait du mal aux chaînes avec cette fonction.