"Parent" Standard A/300 Différentes sections de ATSC 3.0 Source : ATSC3.0, "What will the standard look like?" |
"Advanced Television Systems Committee" désigne un ensemble d'entreprises américaines représentant les différents métiers de la télévision, associées pour établir un nouveau standard : équipementiers (broadcast), cinéma, électronique grand public, câble, satellite, semi-conducteurs...
L'objectif de l'ATSC est de concevoir les standards correspondants à l'évolution récente de la télévision et notamment à sa réception sur divers terminaux (appareils), en de multiples lieux, par l'intermédiaire de diverses technologies, principalement via Internet. Ce n'est donc pas un seul standard mais plutôt une suite de standards (on évoque une série de boîtes à outils).
Le standard ATSC 3.0 se décompose en sections (standards parents, cf. ci-contre) chacune comprenant une suite d'une vingtaine de standards. Cette modularité est conçue pour faciliter les réparations et les adaptations (maintainability). A cet effet, elle doit être rigoureusement documentée (referencing).
Le précédent standard datait de 1996 ; il concernait la télévision linéaire (broadcast).
Une question majeure concerne la compatibilité entre le standard nouveau, ATSC 3.0, et celui de la télévision ancienne, linéaire (broadcast), télévision qui reste omniprésente à travers la télévision locale notamment mais qui chaque jour est de plus en plus minoritaire chez les consommateurs (cord-cutting, cord-nevers) : les deux tiers des foyers américains sont déjà équipés, d'une manière ou d'une autre, pour recevoir la télévision numérique, "connectée" (OTT). C'est le problème des périodes de transition, que de devoir faire coexister, pendant quelque temps, l'ancien et le nouveau, sans compromettre le modèle économique.
La FCC vient de donner son feu vert pour cette TV nouvelle génération (Next Gen TV). Ceci devrait donner davantage de possibilités à la télévision locale (terrestre) et ses stations, les annonceurs bénéficiant à terme de nouvelles capacités de ciblage, plus précises (adressabilité) et d'une standardisation nationale. Concurrencer les médias issus du web lui sera facilité .
Des tests techniques de viabilité ont lieu dans le DMA de Phoenix (model market) avec 10 stations (groupes Fox, Scripps, Meredith, Telemundo, Univision, Pearl TV, Tegna). Le DMA compte 1,8 million de foyers TV, un sur cinq utilisant directement la télévision terrestre.
Un groupe de stations explore également les possibilités qu'offre le nouveau standard aux stations de la télévision publique.
L'hostilité des MVPD à ce standard est liée à l'augmentation probable de leurs coûts et de leurs abonnements. La question de la mesure des audiences sera abordée dès le test.
N.B. Le standard ATSC 3.0 a été testé en Corée pour les émissions Ultra HD (2017) et sera utlisé pour la diffusion des Jeux olympiques d'hiver (2018).
4 commentaires:
Bonjour,
ATSC 3.0 envisage donc l'inter-connectivité entre de multiples appareils connectés à Internet. Si j'ai bien compris, le système que l'on s'apprête à accueillir est donc en quelque sorte " hybride" : le contenu télévisuel sera diffusé en direct, mais d'autres contenus personnalisés comme des annonces ciblées ( vers une TV programmatique ? ) seront intégrés à ces programmes?
Cela déploierait un certain nombre d'options pour les diffuseurs et les fournisseurs de contenu, les publicitaires mais aussi les plateformes de vidéo à la demande.
Par ailleurs, il me semble que ATSC 3.0 considère le mobile comme partie intégrante du package. Donc, en théorie, il serait possible de regarder un match de foot dans le bus sans utiliser de données 4G.
Hate de découvrir l'évolution de ces innovations...
Noémie Bécache
J'ai tout aussi hâte que Noémie de pouvoir voir ce fonctionnement hybride et surtout standardisé qui permettrait un environnement sans frictions et donc très fluide du point de vue du consommateur.
Seul bémol concernant le ciblage, cela pourrait rendre la télé trop intrusive au niveau du consommateur.
Concernant la TV, elle est utilisée par différentes personnes au niveau du foyer et souvent même ensemble, tandis qu'un ordinateur ou un téléphone portable s'adresse lui à un usage personnel. Je pense que la permission de ciblage induite par la TV hybride deviendrait un frein à l'utilisation de la TV comme média social et réunissant famille ou amis.
Le mass média qu'il est aujourd'hui pourrait se changer en média tellement ciblé qu'il aurait par définition le même usage qu'un ordinateur personnel et donc perdre sa fonction de masse.
Attention à ne pas trop implémenter la TV d'applications déjà présentes dans nos portables ou ordinateurs, sous peine de rendre justement ce média de masse inutile.
Là, toute est la difficulté de faire évoluer un média vieillissant tout en gardant son utilité de masse, faisant de lui encore aujourd'hui un média universel.
Loïc Ferreira
Le standard ATSC 3.0 promet une intégration totale d’internet au sein des flux et sur le téléviseur de l’utilisateur. Concrètement cette intégration va jouer un rôle décisif sur certains points qui était jusqu’à aujourd’hui difficile à gérer.
Notamment concernant les problématiques de mesure d’audience, la mesure d’audience est un pilier dans le business model de la TV gratuite. Aujourd’hui, elle n’est pas satisfaisante. Elle est basée sur des échantillons de population « représentatifs » d’une population. Elle est souvent cantonnée à la mesure TV. Les instituts de mesure peinent à trouver un moyen fiable pour agglomérer l’audience linéaire et non-linéaire sur les différents appareils avec lesquels le contenu peut être consommé. L’arrivée de ces nouvelles normes a donné naissance à des initiatives intéressantes à ce sujet. Les deux entreprises Pearl TV et Verance ont développé des solutions permettant de délivrer les first-party data sur les téléspectateurs comprenant notamment des informations démographiques et psychographiques.
La publicité ciblée est vraiment l'innovation qu'attend le marché de la TV pour booster ses investissements. Elle permettrait à la fois de cibler, si ce n'est les individus, les foyers tout en garantissant visibilité et brand safety.
Cependant, plusieurs questions restent à régler :
D'abord celle du prix. Les régies mettront-elles en place deux inventaires (broadcast et addressable TV) ? Ca semble innévitable, en terme de gestion. La publicité ciblée sera t-elle plus chère en raison des technologies misent en place ? Ou, au contraire, puisque le reach sera plus faible, le spot sera t-il moins cher ? L'inventaire broadcast sera-t-il donc inflaté ou déflaté ?
Aussi celle de la mesure de ces audiences : Nielsen ? comScore ?
Ou encore, quelle commercialisation pour ces espaces ? Programmatique ? Achat direct ? Upfront market ?
Bien des questions restent sans réponse...
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