Le magazine était consacré au nouveau président et à son épouse. Mais cette interview n'était diffusée que par une seule chaîne nationale : NBC diffusait du football, ABC du sport automobile. Fox rediffusait des séries et PBS, la chaîne de secteur public, une programmation locale. On est bien loin des habitudes télévisuelles françaises, si déférentes : le président américain a dû gagner son audience contre le foot !
L'entretien avec le journaliste (Steve Kroft) vaut à "60 minutes" sa meilleure audience depuis neuf ans. L'entretien couvrait les sujets politiques et économiques les plus graves mais aussi des questions plus domestiques, les enfants, l'école qu'elles fréquenteront, le chien que les parents ont promis, la vie quotidienne d'une famille de président des Etats-Unis. Avec une dernière question ... sur le football.
Excellente performance, d'autant que cette audience mesurée ne peut prendre en compte la diffusion sur Internet (dont CBSNews.com) et une grande partie de l'audience différée. Tout ce qui a été regardé hors du foyer, tout ce qui a été regardé sur Internet est ignoré. Cette mesure, pertinente pour les annonceurs, ne rend donc plus compte de l'ampleur de tels événements, qu'elle sous-évalue de plus en plus.
Cette audience indique aussi la situation d'une chaîne généraliste grand public, dans un pays où l'offre dite "élargie" est vraiment large et touche presque tous les foyers (près de 90% des foyers TV sont abonnés au câble, au satellite ou à l'ADSL) et où la télévision est banalisée. Cela remet en perspective les débats français qui fleurent encore à plein nez le temps béni de l'ORTF.
Une chaîne généraliste nationale a seule le pouvoir de réunir de grandes audiences autour d'un événement. Et 26% de part d'audience - mesurée -, c'est un événement.
2 commentaires:
"Tout ce qui a été regardé hors du foyer, tout ce qui a été regardé sur Internet est ignoré."
Il est vrai que tout ce qui a été regardé sur internet pourrait faire pencher encore plus la balance en faveur de l'interview d'Obama, néanmoins, est-ce que les visionnages hors foyers ne seraient pas plus portés sur des rencontres sportives et qui, du coup, rééquilibreraient ce constat par rapport aux part d'audience annoncées par Nielsen...?
Tristan & Emine
Que cette émission ait pu l’emporter sur d’autres diffusions, notamment le foot(qui en effet dans certains pays réussi, comme par enchantement à s’accaparer une majorité de l’audience) et à enregistrer son taux d’audience le plus élevé depuis 9 ans est réellement exceptionnel. Alors que l’intérêt pour la politique recul dans de nombreux pays, le peuple américain a ici prouvé le contraire. En effet, peut-on imaginer qu’une émission sur l’élection du Conseil Fédéral en Suisse reçoive un plus important taux d’audience qu’un match de foot pendant l’Euro? A réfléchir mais la réponse semble se dessiner sans grande difficulté.
Bien que cet interview fut diffusé lors du prime time et ceci uniquement sur une chaine nationale, le taux d’audience qu’a réussi à atteindre l’interview d’Obama est surement en lien avec le tournant politique exceptionnel que vivait les Etats-Unis en novembre 2008: tournant politique après l’élection d’un démocrate à la Maison blanche, première campagne électorale dans laquelle les médias sociaux étaient si présents et ont joué un rôle central dans la campagne menée par Obama, premier président américain noir, sondages étrangers reflétant une opinion très défavorable à l’égard des Etats-Unis et donc de grandes attentes de la population américaine à l’égard de son nouveau président...Bref beaucoup d’indicateurs expliquent l’intérêt du peuple américain pour la politique à ce moment. Mais ce taux exceptionnel d’audience souligne également l’importance toujours présente de la télévision directe et d’une chaine nationale alors même que différents moyens existent désormais pour regarder la télévision gratuitement sur internet, que ce soit au même moment ou ultérieurement.
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