mercredi 30 septembre 2009

Inside Larry and Sergey's Brain

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Note de lecture.
Un livre de plus pour conter Google. Comme la plupart de ces ouvrages, il combine des éléments biographiques et des anecdotes rapportées par des collaborateurs à différents moments de l'histoire de Google. Rien de neuf dans ce livre pour ceux qui suivent les développements de Google. Pour les autres, une sorte de roman, un conte de fées, de facture agréable. Sans révélation, souvent édulcoré, déjà un peu dépassé (par exemple, sur les relations avec Apple, la téléphonie, Google wave, etc.). Méthode journalistique, intuitive, à base d'interviews (pas celles des fondateurs, que l'auteur n'a pas rencontrés), comme si d'une accumulation d'opinions et de faits dont on ne sait comment ils sont "faits" émergeait nécessairement quelque vérité. Au bout du conte, on ne sait donc ni ce que l'on sait, ni ce que l'on ignore... Mais l'on passe de bons moments tel celui de la préparation de documents pour l'entrée en bourse, par exemple, avec son canular eulerien : la valeur totale anticipée des actions vendues est estimée à 2,717 281 828 $, soit les 9 premières décimales de e !


Difficile de tenir la promesse du titre : le cerveau de Google nous échappe ! On ne sait pas, en refermant le livre, comment pensent les fondateurs de Google. A coup sûr, ils pensent, et ils pensent (encore ?) autrement. De plus, ils pensent ensemble, et tout seuls. Chemin faisant, d'anecdotes en opinions, on comprend mieux leur originalité première, leur différence : culture de rigueur, obsession des faits, de l'analyse, de l'utilisateur. On perçoit surtout ce qu'il leur aura fallu de détermination pour résister, partiellement, à la machinerie financière qui accompagne la métamorphose parfois kafkaienne des entreprises naissantes en sociétés cotées, machinerie propre à décerveler des startups. On entrevoit aussi la puissance tentaculaire des forces de conservation : par exemple, les opérateurs de téléphonie avec leurs troupes de lobbyistes campant dans les couloirs de l'administration à Washington D.C., prêts à tous les coups (coûts) pour que rien ne change. L'idéalisme de Larry Page et Sergey Brin, et leurs erreurs - selon l'auteur - n'en paraissent que plus sympathiques et le succès de Google plus miraculeux. Et, du coup, on perd de vue des questions éludées, les fameux "blancs" de ce "discours lacunaire". D'abord, la question des effets à long terme, sur les cultures et sur les langues, de l'uniformisante googlisation des outils de travail intellectuel (par exemple, on n'a pas élucidé la résistance à Google des moteurs de recherche comme Yandex en Russie et Baidu en Chine. Résistance culturelle, langagière ? Cf. notre post sur Baidu et l'exception culturelle). Puis la question du pilotage d'une entreprise ayant une telle importance mondiale : la politique de Google doit-elle se faire "à la corbeille" (NASDAQ), peut-elle ne dépendre que d'actionnaires qui sont, par construction sinon par culture, insoucieux de l'intérêt général et du long terme ? La mondialisation que propagent les technologies numériques soulève des problèmes de politique internationale.

A la dernière page, en tant que consommateur d'information, on se dit que Google est ce qui est arrivé de mieux aux médias américains, depuis longtemps. Mais le Google dont on rêve alors est une entreprise de rêveurs, d'inventeurs, entreprise généreuse et enthousiaste. Depuis notre Europe périphérique - c'est si loin Stanford - douze ans après, on risque de ne retenir de cette histoire, une fois désenchantée, que l'habituel "calcul égoïste", l'habituelle langue de bois, les habituelles RP, les licenciements, les abdications, comme ailleurs... Et l'on s'éveille de son rêve. Rêve, le mot clef de notre lien à Google. Ce rêve de Google qui se manifeste "comme une réalisation de notre souhait (ou désir)" d'entreprise ("als eine Wunscherfüllung", Freud).
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lundi 28 septembre 2009

Bakchich : le papier au secours d'Internet ?

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Encore un média qui enfreint le postulat économique - au double deux sens du terme - selon lequel la presse doit saborder le papier pour se convertir à Internet. Bakchich est d'abord un site d'information statirique ouvert il y a un peu plus de trois ans. Le groupe lance maintenant un titre papier du même nom (100 000 exemplaires mis en place pour le premier numéro). En attendant probablement Bakchich.tv.
  • Sous-titre : "Informations, enquêtes et mauvais esprit". Superbe positionnement ! 
  • Slogan  : "Votre nouveau canard satirique", révérence au Canard Enchaîné, dont il ne semble pas concurrent. 
  • Bakchich hebdo (20 pages) est mis en place dans 1 800 points de vente le mercredi (le jour du Canard) pour 1,8€ (Le Canard est vendu 1,2€). Distribution NMPP. 

Cette initiative, comme une extension de marque, fait l'hypothèse tacite qu'il existe deux types de lectures, sinon de lecteurs. Si les ventes et les données d'enquête le vérifient, cela signifie que le papier suscite de nouveaux lecteurs, et qu'un lecteur papier ne se substitue pas à un lecteur en ligne (aura-t-on des données pour cette démonstration ?). Le papier peut aussi apporter les revenus publicitaires nouveaux grâce à la spécificité du support, des lecteurs, des lectures. Et le papier donne de la visibilité, une notoriété nouvelle grâce aux points de vente qui fonctionnent dans ce cas comme un réseau de 1 800 affichages. Enfin, le papier apporte un style différent, contraignant l'écriture et la mise en page à d'autres formes ; pour simplifier, on pourrait dire que le site d'information et l'hebdomadaire papier constituent deux genres journalistiques à forme fixe dans l'information, comme le sonnet et le roman en littérature.
Donc, Bakchich tente, à rebours des expériences classiques qui vont du papier vers Internet, un modèle économique deux fois mixte : (Internet + papier) X (publicité + ventes). Selon une dépêche de l'AFP (Google News), le site est déficitaire : dépense 50 000 € et en gagne 20 000. Le papier rajoute 40 000 aux dépenses. Toutes choses égales par ailleurs, le point d'équilibre global demande 70 000 € de rentrées pour le papier (pub + ventes).  Mais il y aura aussi des effets de la version papier sur la version on-line.

En attendant les leçons de cette innovation, leçons que seul pourra tirer le marketing du Groupe Bakchich, il faut remarquer que cette initiative, comme d'autres déjà (cf. liens infra), révoque en doute les clichés sur la fin du papier, sur l'inopportunité de la loi Bichet (dont le lancement de Bakchich est une parfaite illustration), etc. Et elle constitue une occasion de penser sans prévention la notion de marque média. A suivre....

Sur le passage on-line / off-line :
News from Net to Paper
Dans les papiers de Vendredi
La tentation du papier
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jeudi 17 septembre 2009

FanFeedr - SpaceFoot

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Comment la socialisation par les réseaux affecte-t-elle le sport et ses diverses composantes culturellles ? Pour l'entrevoir, observons la stratégie éditoriale de deux sites lancés récemment : FanFeedr (évoqué dans le post précédent), site consacré aux sports professionnels américains, et Spacefoot, site du football français, qui privilégie le sport amateur. Dans les deux cas, l'on voit se dessiner l'architecture dynamique de médias nouveaux, qui n'ont rien à voir avec le plaquage mécanique de médias analogiques sur Internet ; ce que sont la plupart des grands sites français de sport.

Notons, en marche, que le sport est l'un des rares domaines d'information où la séparation entre faits (résultats, calendriers, compositions des équipes, etc.) et opinions est manifeste. Qu'un média les confonde, et les fans, lecteurs ou internautes, réagissent et remettent les journalistes à l'heure. A la différence d'autres secteurs où l'on prend les opinions pour des faits : politique politicienne, critique artistique, etc. Dans le sport, on peut juxtaposer sans risque des opinions et des faits, personne ne s'y trompera.

FanFeedr
  • On peut sur fanFeedr devenir fan de telle ou telle équipe, de tel ou tel joueur, "suivre" à la Twitter, et faire converger centres d'intérêts et opinions en tout lieu : Twitter, FaceBook (via Facebook Connect), blogs, commentaires, articles, etc. (cf. la colonne de gauche du site). Bientôt uberVu, Digg et Bit.Ly. Le tout servi en mobilité par une application iPhone gratuite. Les fans partagent leur enthousiasme et personnalisent leur consommation d'information sportive en mettant à profit les réseaux sociaux. Symbolique : on peut s'inscrire avec son identifiant Facebook (OpenID). 
  • FanFeedr agrège et juxtapose, sans les mélanger, tous les ingrédients qui en font un média presque complet : des opinions, des résultats et des éléments issus du journalisme sportif.
  • FanFeedr ne traite que du sport professionnel, du sport spectacle et people. Il lui manque la relation aux pratiquants et aux amateurs. Il lui manque la relation au local qui reste lointain, réduit à une affiliation emblématique, souvent abstraite. Les sports ne sont traités par Fanfeedr que comme sports de spectateurs.
SpaceFoot et Footeo

Vidéo : Nicolas BEL, président et fondateur de Spacefoot.


Spacefoot et Footeo (sites désormais associés. cf. supra l'interview de Nicolas Bel) réunissent des acteurs du sport : pratiquants actuels et anciens, fans, entraîneurs, familles et amis de joueurs, dirigeants, collectivités locales, PME annonceurs... toutes les facettes des activités liées au sport. De ce fait, les conversations qui s'activent sur SpaceFoot et Footeo sont des conversations naturelles, pratiques, nécessaires. D'ailleurs, le rythme de ces conversations est celui, hebdomadaire, de la vie courante d'une équipe : dont résulte une fréquence moyenne de trois contacts par semaine, un rêve de médiaplanner proctérien ! 

  • Le réseau social du football local. Les membres de Spacefoot et Footeo partagent des photos, des vidéos, des opinions, des résultats. On est au coeur de la vie sportive amateur, vécue au quotidien, localement : constitution des équipes, présentation des installations du club, plan d'accès, calendrier des entrainements. 
  • Le média d'un sport. Spacefoot fait appel à ses propres reporters qui couvrent des matchs, effectuent des gros plans sur des clubs... complétant et enrichissant ainsi de façon plus systématique et standardisée les contributions spontanées des internautes ("user generated contents").
  • Ces milliers de clubs (déjà plus de 6 000) donnent à Spacefoot et Footeo une pénétration fine du tissu sportif français. Toute la longue traîne des clubs. Pour les annonceurs, ces sites constituent un moyen sûr de s'adresser aux internautes engagés dans leur passion, donc attentifs et impliqués ; ils constituent aussi une occasion rare en France de conduire des campagnes publicitaires locales ET nationales à la fois dont on sait qu'elles font le succès du 66/3 en presse régionale, le seul segment de presse qui ne connaisse pas la crise. La zone de chalandise d'un club recouvre celle d'une enseigne de la grande distribution (un hyper donné) et  l'image est nationale.
  • Questions : les réseaux Spacefoot et  Footeo demain : 
    • faut-il articuler ce réseau social du sport avec d'immenses réseaux comme Facebook ou Twitter (à la manière de fanFeedr) ?
    • comment donner à ce réseau la mobilité, tellement en affinité avec sa culture locale mais aussi avec l'urgence, la spontanéité des pratiques et des enthousiasmes sportifs ?
    • comment, quand on traite du sport amateur, effectuer une liaison pertinente avec le sport professionnel sans compromettre sa spécificité (USP) ?
Réponses de Nicolas Bel dans la vidéo.
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lundi 14 septembre 2009

Twitterisation ?

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Twitter va son chemin. Difficile de dire, en toute rigueur, sa puissance, sa pénétration, ses usages, ce qu'il en reste une fois passé le premier moment de curiosité ; des chiffres sont jetés de ci de là, dont on ne sait pas grand chose (la mondialisation de la statistique média n'arrange rien, pour l'instant, et rajoute encore de la confusion, en l'absence de repères nationaux). Des affirmations à l'emporte pièce, assises sur de vagues statistiques, courent le Web : Twitter rendrait bête (a twit !) -tandis Facebook rendrait intelligent -, Twitter ne servirait de rien, n'apportant aucune information utile...
Mais... Obama vante la réussite des créateurs de Twitter auprès des écoliers américains. Mais, Facebook, qui voulut acheter Twitter, le copie jalousement et s'inspire désormais de ses "@replies" (@ tags). Mais, un travail doctoral (PennState University, réalisé avec Twitter) indique que 20% des tweets impliquent une marque... confirmant la possibilité d'un modèle économique publicitaire. Encore un, et redoutable : les messages seront bien sûr ciblés selon les tweets qui sont autant de comportements ( "The service may include advertisements, which may be targeted to the content of information on the services, queries made through the services, or other information")... stipulent les conditions d'utilisation (Terms of Service).

Le plus remarquable succès de Twitter est sa colonisation des autres outils et sites de socialisation (outils de Google, Facebook, Seesmic Desktop, MySpace, etc.). Quelques illustrations récentes, de natures différentes :

  • FanFeedr, média social d'informations sportives qui se définit comme "real time personalized sports feed" : Twitter est mis à profit pour suivre des joueurs professionnels, des équipes (fans) tout en recourant aussi à Facebook. Accessible par une appli iPhone.
  • iTunes qui permet le partage presque immédiat des goûts musicaux avec Twitter et Facebook.
  • AIM (AOL) qui agrège en un seul flux (Lifestream) différents réseaux sociaux dont Twitter, Facebook, Digg, Delicious et Flickr. Accessible via une appli iPhone.
  • SportsFanLive  permet de justaposer deux flux parallèles alimentés par les tweets concernant deux équipes que choisit l'internaute, l'une que l'on aime, l'autre que l'on n'aime pas. Son slogan : "You are what you tweet".
  • La mise à jour du statut sur MySpace peut désormais s'effectuer avec Twitter (via le protocole OAuth).
  • Un blog du New York Times, "The Moment", recourt à Twitter pour agréger des commentaires concernant différents produits haute couture (cf. "The Moment on Twitter").
Cette socialisation des modes de socialisation numériques, l'intrication des moyens semblent une géneralisation nécessaire, une intégration commode réduisant  les coûts de transaction pour l'internaute (au même titre que l'OpenID auquel n'accède pas encore Twitter, mais qu'utilise fanFeedr). Peut-être le signe que la maturité de ces outils requiert une convergence souple, articulant le simple et le complexe, le bref et l'approfondi, l'immédiat et le réfléchi. Cette coordination, en temps réel, des conversations et des textes, ces partages qui se propagent, ces collaborations polyphoniques, c'est tout l'univers de l'information qui s'ébroue, cherche d'autres voies et orchestre tous les moyens que le numérique met à sa portée. Sans doute une ambition de GoogleWave.

Evidemment, Twitter comme Google (cf. Res Googlans), Facebook, eBay, iTunes, Mint, Amazon, Skype, etc. contribue à façonner "l'outillage mental" (Lucien Febvre, 1937) de ce début de siècle. Outillage incorporé devenant "seconde nature" (habitus), outillage qui creuse des écarts culturels et professionnels dans la population beaucoup plus qu'il n'uniformise, la défaillance de l'institution scolaire dans ce domaine n'arrangeant rien. Un ethnocentrisme numérique se fait jour... qui peut jouer des tours, notamment dans le marketing.
Ceux qui quotidiennement mobilisent ces outils de communication en sont transformés, transformation imperceptible et lente, d'autant plus efficace. Obama ne s'y est pas trompé. Le message, c'est d'abord le média.
Il faudra mettre à jour "Les Héritiers", et compléter McLuhan !
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dimanche 13 septembre 2009

HBO et les networks

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Voici les résultats des 61èmes Creative Emmy Awards, prix décernés par The Academy of Television Arts and Sciences (ATAS) le 12 septembre (communiqué de presse). 4 chaînes seulement concentrent plus de la moitié des 86 récompenses distribuées. Dans ce marché, qui compte des centaines de chaînes, la qualité de réalisation reste un atout des très grandes chaînes. Parmi celles-ci, deux chaînes payantes sans publicité, HBO et Showtime recueillent plus du quart des récompenses. A suivre, de HBO : un film, "Grey Gardens", réalisé d'après le scenario d'un film de 1976 ; le film a été diffusé sur la chaîne en avril ; et une miniséries de 7 épisodes, "Generation Kill", sur un journaliste participant à la guerre d'Irak (embedded) en 2003, diffusée cet été.

Les chaînes innombrables - des centaines - de la télévision américaine ne jouent manifestement pas dans cette catégorie, cantonnées dans les émissions bon marché et les rediffusions. Mieux que les audiences, ces résultats donnent à voir la fracture du marché télévisuel. Conclusion que l'on peut étendre au marché international : combien de chaînes européennes, pour nous en tenir à cette région, ne vivent que de la diffusion des produits de quelques grandes chaînes américaines ?

Les GRP ne disent pas tout. 
  • Comment évaluer les différences entre des audiences d'émisssions originales, parfaitement réalisées et des audiences de rediffusions ou d'émissions bon marché ? Pour un annonceur, tous les contacts sont-ils égaux ? 
  • Les "grandes" émissions, originales, ne méritent-elles pas de "grandes" créations publicitaires, originales elles aussi ? C'est ce qu'a fini par obtenir le Superbowl, programme de plus en plus célèbre pour ses créations publicitaires (cf. nos posts "100 000 $ par seconde" et "Superbowl super pubs"). Moins de répétition, donc moins d'encombrement publicitaire (clutter), plus de talent, plus d'attention : tout le monde y gagnerait. 
  • Et si l'on inversait le médiaplanning ? Jusqu'à présent, les annonceurs choisissaient les émissions ; et si les émissions choisissaient les créations publicitaires ? La suggestion vaut pour tous les médias diffusant des contenus originaux. Un nouveau type de place de marché ?
  • Ceci, qui renvoie à la notion de "GRP quali" (débat récurrent !), conduirait à une inflexion du modèle économique des grandes chaînes, dont "on" s'accorde à reconnaître qu'il est mal en point.
Nombre de prix :
  1. HBO (Time Warner)   16
  2. NBC Universal            11
  3. ABC Disney                  8
  4. Fox                               8
  5. Cartoon Network          6
  6. CBS                              6
  7. PBS (secteur public)      6
  8. Showtime                      5
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mercredi 9 septembre 2009

Vitrines : le premier des mobiliers urbains

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Toute vitrine est un média.
Pour les points de vente, elle relève des dépenses de communication. Que sait-on de son efficacité communicationnelle, de son audience ? Pas grand chose. Interrogés, des commerçants (prêt à porter) qui changent leur vitrine tous les mois estiment qu'elle leur apporte 20% de leur clientèle. La vitrine constitue un élément de la visibilité et de la notoriété d'un point de vente dans la ville. Dans quelle mesure ?

Fenêtres ouvertes sur le point de vente (windowSchaufenster), liaisons naturelles entre PLV placée à l'intérieur et publicité extérieure, les vitrines devraient regarder de plus près les passants qui les regardent, certains très attentivement, comme en témoigne le vocabulaire : "lèche-vitrines", "window shopping", "Schaufensterbummel". Qui est devant la devanture ? Couverture, répétition ?

Les vitrines sont lisibles à des distances variables, de près par les piétons (détail des produits, revendication des marques, prix), de plus loin par les automobilistes, les passagers des bus et des trams (slogans, promotions, soldes, etc.).
La vitrine doit "afficher" mais doit aussi être transparente ("vitre"), laisser entrevoir l'intérieur du magasin. Subtils arbitrages.


Alors que l'affichage en centre ville est encadré par divers dispositifs législatifs et réglementaires, la valeur publicitaire des vitrines devrait s'accroître et leur place s'affirmer plus nettement dans la stratégie des entreprises.
Les vitrines ne sont pas intrusives, leurs emplacements sont naturels, elles animent et éclairent la ville (voir toutefois le décret à venir sur leur extinction la nuit, dont la publication est prévue pour la fin de l'année 2012, début 2013, pour réduire les dépenses d'énergie). Par nombre de leurs aspects (coût, flexibilité, emplacement), les vitrines se comparent avantageusement au mobilier urbain. De nombreux annonceurs ont à leur disposition des réseaux urbains de vitrines, denses (banques, agences de voyage, services publics, etc.) ; or ces networks qui entre-tissent finement micro-local et national sont sous-utilisés et rarement pris en compte dans la stratégie média, encore moins dans les plans média et l'achat d'espace.

Une vitrine doit retenir l'attention, capter le regard, interpeller le passant, inviter ; selon les jours, afficher les promotions, faire rêver, donner à voir, envie. Les moyens sont multiples : mise en scène, adhésif dépoli ou en impression numérique, etc. Depuis quelque temps, beaucoup de magasins placent des écrans numériques en vitrine, sans trop savoir si la création est adaptée, si elle accroche le regard, si elle s'articule favorablement avec l'intérieur de la boutique, si elle reste lisible en plein soleil. L'avantage escompté de ces écrans est de faire vivre la vitrine, d'y introduire du mouvement.
Pour attirer les passants, les retenir, on teste des dispositifs interactifs (cf. Vitrines interactives), des vitrines audioactives, etc. Tout cela appelle une mesure de l'usure mémorielle de la vitrine, une estimation de son bêta pour optimiser le rythme des renouvellements.

L'avenir média des vitrines passe par l'évaluation de leurs effets, de leur perception assurée par des technologies numériques non intrusives. Cette mesure assurera aux vitrines une place dans la stratégie média et le planning de la communication des enseignes et des points de vente. A terme, l'association de ces données avec celles de la cartographie (cf. Streetview, de Google ; lecture / reconnaissance des éléments de la rue), avec celles du indoor location et les applis des appareils mobiles intégrera la vitrine encore plus profondément dans des dispositifs publicitaires globaux.

Photos prises dans le même quartier d'une ville de banlieue parisienne (juillet - septembre 2009).

dimanche 6 septembre 2009

Dictionnaire et désordres alphabétiques



C'est la rentrée des classes et des dictionnaires. Dictionnaires en papier, dictionnaires numériques (sur ordinateur, téléphone). De nombreuses différences les séparent, poids, encombrement, ergonomie, mobilité, mais l'une surtout est formidable : le dictionnaire éléctronique nous libère de l'alphabet. Entrez un mot dans le cartouche, et aussitôt arrivent le nom, sa définition, son étymologie, sa prononciation. Finis feuilletage et repérage approximatifs. Les moteurs de recherche ignorent l'ordre alphabétique. Le numérique promeut et instaure le désordre alphabétique.
  • Les élèves du numérique rechignent à rechercher dans le dictionnaire de papier, à errer selon l'ordre alphabétique. Certains dictionnaires jouent sur une double, voire triple, présence : sur ordinateur, sur téléphone et en volume papier. Lagardère (Larousse) publie son Dictionnaire de français en application sur iPhone (4,99€). 
  • Le spectre de la gratuité hante ce secteur. Un même destin guette la presse et le dictionnaire. Un dictionnaire numérique n'est pas un dictionnaire papier parachuté sur Internet (cf. Wikipedia). A quand le dictionnaire numérique, gratuit, laïque et obligatoire à l'école ? Combien déjà de très bons dictionnaires gratuits sur Internet ? Une marque unique ? Est-ce une bonne idée ?
Mises en ordre, annuaires, classements, listes : l'alphabet règne, alpha et oméga de toute bureaucratie et ceci, sans doute, depuis la Bibliothèque d'Alexandrie. Alphabétisés, nous sommes habités par l'ordre alphabétique, principe omniprésent d'indexation. Culture primaire, maternelle même, de l'alphabet qui se chante (sur un air de Mozart !) et se récite (cf. l'usage qu'en fit "Sesame Street" dont chaque émission est parrainée par une lettre de l'alphabet ; ici avec Cookie Monster). Abécédaires aux murs des écoles, abécédaires au point de croix (modèles publiés par les magazines). Inculcation continue. Rimbaud voyait les voyelles en couleur, la gematria assigne à chaque lettre de l'alphabet hébreu une valeur numérique à fin exégétique... L'ordre alphabétique fut au principe de nombreuses métaphores en mathématiques, théologie, génétique... "Abcedmindedness" disait M. McLuhan ("Joyce, Mallarmé, and the Press", 1954).
L'édition numérique rompt avec l'esprit alphabétique. Rupture profonde, et invisible.

L'humanité alphabétisée se distingue de l'humanité sans alphabet : cultures orales, cultures chinoises. L'enfant chinois commence par tracer des caractères, pas des lettres. Ces caractères, il les retrouve dans les dictionnaires, classés selon leur nombre de traits (les traits eux-mêmes s'exécutant selon un ordre imperturbable), ou selon le radical (ou "clé", 部首 ; il y en a 214).
C'est ainsi, par exemple, que l'ordre du défilé des équipes "nationales" aux J.O de Beijing fut établi selon le nombre de traits dans le premier caractère du nom du pays, pas selon l'ordre alphabétique. L'alphabet est, logiquement, une dimension de notre ethnocentrisme.

Photos : campagnes publicitaires en cours dans le métro et en abribus (septembre 2009, Paris).
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mardi 1 septembre 2009

La gratuité n'a jamais été aussi chère

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On ne cesse de dénoncer une culture de gratuité que propagerait Internet, entre autres. Culture de gratuité qui ruinerait les auteurs, les artistes, les créateurs, les médias, les producteurs... Le consommateur de l'ère numérique, radin et mal élevé, ne voudrait plus rien payer.
De quelle gratuité parle-t-on ? 
Notre médianaute numérique ne paie-t-il pas le fournisseur d'accès, la redevance télévisuelle et ses gabelous, les abonnements téléphoniques et leurs débordements, un abonnement télévisuel, câble ou satellite peut-être. Sans compter les équipements matériels et logiciels indispensables : routeur, ordinateur, téléphone, packs logiciel, console de jeux vidéo, écrans plats HD, appareil photo, cartes mémoire, sauvegardes, oreille Bluetooth, antivirus, applications, etc. Tout cela copieusement assaisonné de TVA. Triple play ? Triple pay. S'il voyage, le prix de l'indispensable connexion à l'hôtel lui semble souvent relever du racket, quant au roaming pour l'utilisation de son téléphone portable à l'étranger, les tarifs en restent inqualifiables... Et j'en oublie !
Et beaucoup de ces équipements mobiles sont individuels. Autant de personnes dans le foyer, autant de téléphones portables, d'iPods, d'ordinateurs...

La facture numérique est salée et le consommateur qui grogne et rechigne ne voit peut-être dans la gratuité qu'une juste compensation : il a déjà donné.
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