dimanche 22 juillet 2012

Design et simili : skeuomorphisme

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"Find my friend", appli iPhone,
imitation cuir, motif présent dans iCal
Tout élément d'un design doit-il renvoyer à une fonction de communication ?
On appelle "skeuomorphism", en anglais, une qualité, un objet ou une décoration quand son design est superfétatoire, quand il est sans lien aucun avec une fonctionnalité. Sa dénotation est vide, sa connotation sans pertinence. Logique sociale du simili : apparences du cuir, du bois (meubles, poutres), du marbre, de l'ancien... Logique du tuning automobile aussi. Faire riche avec du bon marché.

Selon le dictionnaire Bailly, le mot σκεῦος (skeuos) évoque un outil, un équipement militaire (des hommes, harnachement des chevaux) ; il connote aussi un costume (théâtre), un ornement, une décoration, la mode (qui en fait aujourd'hui grand usage). Le mot "skeuomorphism" suit d'assez près l'étymologie, le concept désignant certains types de design où la forme est sans fondement.

Dans un post intitulé "Where Microsoft has more taste than Apple" (sur le site Cult of Mac), Mike Elgan dénonce cette conception médiocre du design qui peut sévir partout, même chez Apple ! "More taste" est une allusion à un mot de Steve Jobs à propos de Microsoft (cf. Humanisme numérique). L'articulation stricte, minimaliste, du fonctionnel et de l'esthétique est la doctrine du Bauhaus (Walter Gropius - Bauhaus - Manifest, 1918) qui mettait l'accent sur le modèle artisanal (Handwerk).
Le design des applis se laisse souvent aller à ce skeuomorphisme, souvent hérité d'une métaphore inutilement filée dans l'interface utilisateur (UI) : l'agenda en cuir, les rayons de la bibliothèque, l'enveloppe du courrier, la boîte aux lettres, etc. En revanche, les Apple Store présentent un design réussi, à l'esthétique efficace.

Attention, un jugement peut en cacher un autre se confondent : l'un technique qui concerne l'optimisation de l'ergonomie d'un design pour que la fonction s'exprime clairement dans l'esthétique, que l'art et la technique se confondent, l'autre qui relève de la sociologie du goût et de la distinction !
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3 commentaires:

@charlie_thebird a dit…

Pour moi, le skeuomorphism s'apparente à de la masturbation visuelle. Il s'agit juste pour un designer de montrer qu'il est capable de faire une texture et une apparence ultra réaliste. Mais la technologie permet de nouveaux usages, de nouveaux concepts et on a pas besoin d'une interface du siècle dernier pour arriver à les rendre faciles d'utilisation.

Patrizia Lamprecht a dit…

Moi personnellement, j'aime beaucoup si des éléments réalistes sont intégrés dans des applis (comme l'agenda en cuir, les rayons de la bibliothèque, l'enveloppe du courrier etc). Je peux mieux comprendre l’usage et le maniement est très facile. Ce design m’attire plus. Mais on doit avoir en compte des différences culturelles et de la génération. Dans quelques années, les jeunes ne connaissent peut-être plus ce qui signifie l’agenda en cuir, parce qu’elle n’existera plus. On voit ce changement déjà chez Word : Pour enregistrer un document, on doit presser sur un « disk ». Il y a quelques ans, ce symbole était clair pour tout le monde et a signifié « Save ». Mais des jeunes d’aujourd’hui ne connaissent plus ce symbole dans la vie réelle et ne peuvent pas faire de liaison. Pour cela, on doit s’adapter à la technologie aussi par rapport au design.

François Aub226 a dit…

ALe skeumorphisme est au centre de nombreuses polémiques depuis la parution de cet article.
Pourtant l'idée n'est pas nouvelle puisque le premier OS avec interface graphique créé par Xerox et ayant donné naissance à MacOS puis Windows avait vocation à reprendre la symbolique du bureau avec des dossiers dont les icônes reprenaient le design des dossiers physiques.
Néanmoins, le concept de skeumorphisme a été poussé à son paroxysme avec l'avènement du tactile qui semble favoriser son utilisation.
Certains apprécient vraiment le fait de pouvoir retrouver un peu de réel dans le virtuel, tandis que d'autres, comme charlie_thebird y voient de la masturbation visuelle.
Il me semble qu'il faut savoir trouver un juste milieu. Ainsi, faire du skeumorphisme dans des apps alors que les textures n'existent pas dans la réalité conduit parfois à des excès qui sont pointés du doigt (la broyeuse à papier dans l'app Passbook par exemple).
En revanche, il est souvent louable d'ajouter des effets visuels pour rendre la technologie plus accessible, plus en lien avec le réel (le livre numérique dont on tourne les pages comme sur un livre en papier). L'utilisateur y trouve un confort certain et surtout comprend naturellement comment cela fonctionne. C'est pourquoi seniors comme bébés savent se servir d'un iPad.
Reste que les critiques se faisant de plus en plus vives, beaucoup ont salué le renvoi de Scott Forstall de chez Apple qui était considéré comme l'instigateur du tout skeumorphisme à l'inverse de Jonathan Ive qui lui est connu pour être contre ce type de design. Or, dans la réorganisation du conseil d'administration d'Apple, Johny Ive a encore pris du pouvoir. Ainsi, à n'en pas douter, le skeumorphisme va être de moins en moins utilisé dans les produit estampillés de la pomme et la polémique qui enfle sur les sites spécialisés (http://www.macg.co/news/voir/257111/interfaces-critiques-sur-le-skeuomorphisme-d-apple) se dégonflera sûrement.